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EAN : 9782825105979
119 pages
L'Age d'Homme (30/11/-1)
4.5/5   4 notes
Résumé :
Le propos de ce livre est de réaffirmer la noblesse native de la nature humaine déiforme.

120 pages.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
« Le Premier » (Al-Awwal) : le Principe Suprême en tant qu'il est « avant » la Manifestation, et en tant que son Infinitude « désire » son Rayonnement. Mystère de l'Origine, de la Perfection primordiale.

« Le Dernier » (Al-Akhir) : le Principe en tant qu'il est « après » la Manifestation, et en tant que son Absoluité « désire » son Unicité. Mystère du Bien terminal, de la Paix éternelle.

« L'Extérieur » (Azh-Zhâhir) : le Principe en tant qu'il se manifeste par et dans le monde ; il en résulte la perspective d'analogie. Mystère de la Manifestation universelle ; du Symbolisme.

« L'Intérieur » (Al-Bâtin) : le Principe en tant qu'il demeure caché derrière les apparences de la Manifestation ; il en résulte la perspective de l'abstraction. Mystère de l'Immanence aussi bien que de la Transcendance.

« Dieu » (Allâh) : le Principe en tant qu'il englobe tous ses aspects possibles. Mystère de Divinité.

« L'Un » (Al-Ahad) : le Principe en tant qu'il est Un en Lui-Même. Mystère d'Unité intrinsèque.

« L'Unique » (Al-Wâhid) : le Principe en tant qu'il est Un par rapport à la Manifestation. Mystère d'Unité extrinsèque.

« L'Impénétrable » (Aç-Çamad) : le Principe en tant que rien ne peut lui être ajouté étant donné qu'il contient tout ; il n'y a rien qu'il ne possède déjà, rien ne peut donc entrer en Lui. Mystère d'Exclusivité.

« Lui » (Hua) : le Principe en tant qu'il est Lui-même ; l'Essence, au-delà des Qualités. Mystère d'Ipséité, d'Es- sentialité, d'Aséité.

« Il n'y a pas de divinité hormis la seule Divinité » (Là ilâha illâ 'Llâh) : le Principe en tant qu'il exclut et annule le monde illusoire, tout en affirmant l'unique et suprême Réalité. Mystère de Négation et d'Affirmation ; de Réalité.

« Le Clément » (Ar-Rahmân) : le Principe en tant qu'il est dans sa nature de vouloir communiquer sa Bonté, sa Beauté, sa Béatitude ; en tant qu'il est le Souverain Bien « avant » la création du monde. Mystère de Bonté intrinsèque.

« Le Miséricordieux » (Ar-Rahîm) : le Principe en tant qu'il manifeste sa Bonté « après » la création du monde et dans celui-ci. Mystère de Bonté extrinsèque. (pp. 115-116)
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Il faudrait pouvoir restituer au mot « philosophie » sa signification originelle : la philosophie —- l'« amour de la sagesse » — est la science de tous les principes fondamentaux ; cette science opère avec l'intuition, qui « perçoit », et non avec la seule raison, qui « conclut ». Subjectivement parlant, l'essence de la philosophie est la certitude ; pour les modernes au contraire, l'essence de la philosophie est le doute : le philosophe est censé raisonner sans aucune prémisse (voraussetzungsloses Denken), comme si cette condition n'était pas elle-même une idée préconçue ; c'est la contradiction classique de tout relativisme. On doute de tout, sauf du doute(1).

La solution du problème de la connaissance — si problème il y a — ne saurait être ce suicide intellectuel qu'est la promotion du doute ; c'est au contraire le recours à une source de certitude qui transcende le mécanisme mental, et cette source — la seule qui soit — est le pur Intellect, ou l'Intelligence en soi. Le soi-disant « siècle des lumières » n'en soupçonnait pas l'existence ; tout ce que l'Intellect pouvait offrir — de Pythagore jusqu'aux scolastiques — n'était pour les encyclopédistes que dogmatisme naïf, voire « obscurantisme ». Fort paradoxalement, le culte de la raison a fini dans cet infra-rationalisme — ou dans cet « ésotérisme de la sottise » — qu'est l'existentialisme sous toutes ses formes ; c'est remplacer illusoirement l'intelligence par de l'« existence ».

D'aucuns ont cru pouvoir remplacer la prémisse de la pensée par cet élément arbitraire, empirique et tout subjectif qu'est la « personnalité » du penseur, ce qui est la destruction même de la notion de vérité ; autant renoncer à toute philosophie. Plus la pensée veut être « concrète », et plus elle est perverse ; cela a commencé avec l'empirisme, premier pas vers le démantèlement de l'esprit ; on cherche l'originalité, et périsse la vérité(2).

Ce sont les sophistes, Protagoras en tête, qui sont les véritables précurseurs de la pensée moderne ; ce sont eux les « penseurs » proprement dits, en ce sens qu'ils se bornaient à ratiociner et ne se souciaient guère de « percevoir » et de rendre compte de ce qui « est ». Et c'est à tort qu'on a vu en Socrate, Platon et Aristote les pères du rationalisme, voire de la pensée moderne en général ; sans doute, ils raisonnent — Shankara et Râmânuja en font autant — mais ils n'ont jamais dit que le raisonnement est l'alpha et l'oméga de l'intelligence et de la vérité, ni a fortiori que nos expériences ou nos goûts déterminent la pensée et priment l'intuition intellectuelle et la logique, quod absit.

Somme toute, la philosophie moderne est la codification d'une infirmité acquise ; l'atrophie intellectuelle de l'homme marqué par la « chute » avait pour conséquence une hypertrophie de l'intelligence pratique, d'où en fin de compte l'explosion des sciences physiques et l'apparition de pseudo-sciences telles que la psychologie et la sociologie(3).

(1) Pour Kant, l'intuition intellectuelle — dont il ne comprend pas le premier mot — est une manipulation frauduleuse (Erschleichurtg), ce qui jette un discrédit moral sur toute intellectualité authentique.

(2) Ce n'est pas de philosophie, c'est de « misosophie » qu'on devrait parler ici. Ce terme a été appliqué, avec raison, à des idéologues paranoïdes du XIXe siècle, et le moins qu'on puisse dire est qu'il n'a rien perdu de son actualité.

(3) Au XIXe siècle, le désir de réconcilier la foi et la raison, ou l'esprit religieux et la science, apparut sous la forme de l'occultisme : phénomène hybride qui malgré ses fantasmagories avait quelques mérites, ne serait-ce que par son opposition au matérialisme et à la superficialité confessionnelle. (pp. 11-12)
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Indépendamment de toute question de naturalisme, il arrive fréquemment dans l'art moderne — aussi en littérature — que l'auteur veuille trop dire : l'extériorisation est poussée trop loin, comme si rien ne devait rester à l'intérieur. Cette tendance apparaît dans tous les arts modernes, y compris la poésie et la musique ; ici encore, ce qui manque est l'instinct du sacrifice, la sobriété, la retenue ; le créateur se vide jusqu'au bout, et en se vidant, il invite les autres à se vider également et à perdre ainsi tout l'essentiel, à savoir le goût du secret et le sens de l'intériorité, alors que la raison d'être de l'oeuvre est l'intériorisation contemplative et unitive.

Sans vouloir être trop systématique, on peut dire que chez la plupart des artistes traditionnels, c'est l'élément « objet » qui détermine l'oeuvre ; chez la majorité des artistes modernes, c'est au contraire l'élément « sujet », en ce sens que les modernes, individualistes qu'ils sont, entendent « créer » l'oeuvre et, en la créant, exprimer leur petite personnalité toute profane ; d'où l'ambition et la recherche de l'originalité. Certes, l'artiste non-moderne exprime également sa personnalité, et par la force des choses ; mais il le fait par l'objet et par la recherche de l'objet. Inversement, l'artiste moderne — nous voulons dire « moderniste » — se préoccupe forcément de l'objet, mais c'est dans le cadre de son subjectivisme et dans l'intérêt de celui-ci(1) ; l'apprenti-artiste ne doit pas apprendre à dessiner, il doit apprendre à « créer » ; c'est le monde à l'envers.

Il est significatif que dans l'art extra-traditionnel(2) les œuvres valables — qui peuvent être des chef-d’œuvre — s'accompagnent nécessairement d'un flot de productions soit insignifiantes, soit subversives, et cela souvent chez un même auteur ; c'est la rançon d'un excès de liberté, ou disons d'une absence de vérité, de piété, de discipline à base spirituelle. Sans conteste possible, c'est là le drame de toute la « culture » moderne, et cela dès ses origines ; et ajoutons que cette culture finit par se détruire elle-même, précisément à cause de la contradiction entre les droits qu'elle revendique et les devoirs qu'elle ignore. L'iconophobie sémitique semble en avoir conscience implicitement, bien que sa motivation principale soit le danger d'idolâtrie ; ce danger, en tout cas, contient d'une certaine façon et à titre secondaire celui du culte et du « génie » et de la « culture ».

(1) Faisons remarquer qu'à l'origine, le mot « sujet » était synonyme de « prédicat » et aussi de « substance » ; ce n'est que par Kant que le « sujet » est devenu le conscient, le connaissant et le pensant. Mais comme cette interprétation est devenue commune dans le langage moderne, nous suivons l'usage.

(2) Nous ne parlons pas du pseudo-art ultramoderne, lequel pour nous est inexistant. (pp. 51-52)
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Afin de résoudre l'épineux problème du mal, d'aucuns ont prétendu que rien n'est mauvais puisque tout ce qui arrive est « voulu de Dieu », ou que le mal n'existe qu'au « point de vue de la Loi » ; ce qui n'est nullement plausible, d'abord parce que c'est Dieu qui promulgue la Loi, et ensuite parce que la Loi existe à cause du mal et non inversement. Ce qu'il faut dire, c'est que le mal s’intègre dans le Bien universel, non en tant que mal mais en tant que nécessité ontologique, comme nous l'avons fait remarquer plus haut ; cette nécessité est sous-jacente dans le mal, elle lui est métaphysiquement inhérente, mais sans pour autant le transformer en un bien.

Donc, il ne faut pas dire que Dieu « veut » le mal — disons plutôt qu'il le « permet » — ni que le mal est un bien parce que Dieu n'est pas opposé à son existence ; par contre, on peut dire que nous devons accepter la « volonté de Dieu » quand le mal entre dans notre destin et qu'il ne nous est pas possible de lui échapper, ou aussi longtemps que cela ne nous est pas possible. Au demeurant, ne perdons pas de vue que le complément de la résignation est la confiance, dont la quintessence est la certitude à la fois métaphysique et eschatologique que nous portons au fond de nous-mêmes ; certitude inconditionnelle de ce qui est, et certitude conditionnelle de ce que nous pouvons être. (pp. 69-70)
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Un mot sur la « libre-pensée », ou plus précisément sur l'obligation quasi morale qui est faite à tout homme de « penser par lui-même » : cette exigence n'est nullement conforme à la nature humaine, car l'homme normal et vertueux, en tant que membre d'une collectivité sociale et traditionnelle, se rend compte en général des limites de sa compétence. De deux choses l'une : ou bien l'homme est exceptionnellement doué sur tel ou tel plan, et alors rien ne peut l'empêcher de penser d'une manière originale, ce qu'il fera d'ailleurs en accord avec la tradition — dans les mondes traditionnels qui seuls nous intéressent ici— précisément parce que son intelligence lui permet de saisir la nécessité de cet accord ; ou bien l'homme est d'intelligence moyenne ou médiocre, sur un plan quelconque ou d'une façon générale, et alors il s'en remettra aux jugements de ceux qui sont plus compétents que lui, et c'est là dans son cas la chose la plus intelligente à faire. La manie de détacher l'individu de la hiérarchie intellectuelle, c'est-à-dire de l'individualiser intellectuellement, est une violation de sa nature et équivaut pratiquement à l'abolition de l'intelligence, et aussi des vertus sans les quelles l'entendement réel ne saurait s'actualiser pleinement. On n'aboutit ainsi qu'à l'anarchie et à la codification de l'incapacité de penser.
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