La lune a disparu. Le jour se lève. Velléda, en robe blanche ourlée d’une broderie verte, imitant la fougère. Bras nus, cheveux fauves, couronnés de verveine. Une ceinture d’or, entrelacée de feuilles de chêne, retient sa robe à la taille. Une faucille d’or y est suspendue. — Elle sort, à gauche, les yeux hagards, comme absorbée dans sa méditation, s’arrête un instant devant le chêne, monte les marches de l’autel, ranime le feu et fait un geste d’imploration en levant les deux bras. L’Archidruide, qui vient au-devant d’elle est un homme encore dans la force de l’âge.
— Elle va paraître. Mais attendez, un mot encore... Velléda ne peut prononcer l’oracle, qui décidera du sort de la Gaule, avant que le sanctuaire ne soit purifié d’un sacrilège. Un inconnu s’est présenté au seuil de cette enceinte, il revendique une haute origine, mais refuse de dire son nom. Il voulait consulter la prêtresse et réclamait son oracle. J’ai chassé ce téméraire, qui est peut-être un espion des Romains. Or, la nuit où Velléda accomplit les rites devant le feu, l’impudent a franchi l’enceinte du sanctuaire. Les eubages l’ont saisi, au moment où il allait se jeter sur la Druidesse et lui arracher de force l’oracle. Depuis ce jour, le captif garde un silence obstiné. Je vous le demande à tous : qu’a-t-il mérité ?