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Critique de Melisende


Une illustration très marquée par l'Extrême-Orient, une héroïne qui semble forte et déterminée selon la quatrième de couverture… il n'en fallait pas beaucoup plus pour m'intriguer et me tenter.
Il est vrai, comme pour beaucoup d'autres lecteurs apparemment, que le synopsis m'a fait penser à la légende de Mulan (oui, on a les références qu'on peut en matière de travestissement d'héroïne) ; ce qui n'est pas forcément pour ravir Andréa Schwartz (si j'ai bien compris). Alors, même si la référence n'est pas voulue, force est de constater qu'elle parle au plus grand nombre et qu'elle m'a rendue curieuse de découvrir ce qui se cachait dans cet univers asiatique et dans la tête de cette héroïne.
KEL, premier du nom, n'a pas été un coup de coeur mais s'est révélé être un bon moment. Presque deux semaines après ma lecture, je garde des souvenirs assez forts de celle-ci… la preuve que ce premier tome a marqué mon esprit pourtant facilement sélectif !

Le lecteur est plongé dans le contexte très martial de cette histoire dès le premier chapitre puisqu'il assiste à la découverte que fait la jeune Shelun, alors qu'elle n'a que douze ans. Rentrant chez elle après un tour au marché dans la ville voisine (ou quelque chose comme ça), elle retrouve son village en ruines et les corps de sa famille dans les décombres de sa maison. Recueillie par Ieran, elle passe les cinq années suivantes à entretenir sa haine des Cheveux-Blancs - peuple à l'origine du raid qui lui a enlevé les êtres qu'elle aimait - malgré l'origine clairement métissée de son protecteur (ses cheveux sont blancs, exceptées les deux mèches noires qui encadrent son visage). Cinq ans plus tard, alors que les combats entre les deux empires font à nouveau rage tout près, Shelun meurt d'envie d'aller assouvir sa soif de vengeance mais dans cette civilisation, la guerre est une affaire d'hommes !
Travestie, Shelun se fait sa place sur le camp et monte vite en grade grâce à quelques coups d'éclat réussis. Si ses succès successifs peuvent paraître un peu gros et un peu trop faciles (je veux bien qu'elle ait été entraînée par un ancien soldat et que sa détermination fasse oublier son petit gabarit… mais quand même !), j'ai tout de même apprécié la voir se démarquer si vite, prouvant que les femmes sont autant capables que les hommes.

J'ai aimé cette première partie du texte dans laquelle l'auteure prend le temps d'installer son héroïne dans son nouvel environnement et s'attarde sur les nouvelles relations qu'elle noue avec les autres soldats. Malgré tout, quelques passages m'ont parfois semblé un peu longuets et j'étais donc contente de voir Shelun sortir un peu de sa nouvelle routine. Tout d'abord lorsqu'elle reprend ses atours féminins pour donner une représentation de danse (scène vraiment très réussie et marquante) et ensuite lorsqu'elle se retrouve nez à nez avec un Kel'yon dans la fameuse grotte. Ce passage signe l'arrivée des « choses sérieuses » et lance véritablement l'aspect plus émotionnel de l'histoire.
Car il y a deux poids deux mesures dans ce premier tome. D'un côté la guerre, la haine et l'aspect très martial du récit avec les descriptions des scènes de combat et donc une Shelun travestie, les seins bandés et l'arme au poing ; et de l'autre côté l'amour, les scènes plus « douces », les sentiments davantage mis en avant… avec la Shelun plus féminine. L'héroïne voyage entre les deux, hésite entre la haine qu'elle attise depuis sa naissance et l'amour qu'elle ressent pour un « Cheveux-Blancs ». Trahit-elle son empire et la mémoire de sa défunte famille ?
Au fil des pages Shelun se rend compte que les Kel'yon, malgré leurs cheveux blancs, ne sont pas si différents qu'elle ; que son peuple de Cheveux-Noirs n'est pas le peuple des gentils qui combat les méchants. Que ce n'est pas si simple que ça (que ce n'est pas manichéen, tout blanc ou tout noir ; non, la nuance de gris est bien là !) et que derrière l'excuse de la vengeance, la guerre ne cessera jamais… c'est le serpent qui se mord la queue. La prise de conscience et donc l'évolution de l'héroïne m'a paru très vraisemblable, très naturelle, et j'ai eu beaucoup d'intérêt à suivre ses hésitations.

La demoiselle, bien que personnage principal, n'est pas la seule figure à retenir de cette histoire. Elle est entourée de toute une armée (c'est le cas de le dire) de soldats. Certains d'entre eux m'ont plu, d'autres m'ont moins marquée et se sont noyés dans le nombre ; mais dans l'ensemble, les personnages secondaires sont bien croqués.
J'ai beaucoup aimé Aydred, l'amant aux cheveux blancs qui a un caractère très ambigu. Tout au long de ma lecture, j'ai douté de lui et de ses sentiments ; ce qui rend sa relation avec Shelun beaucoup plus tendue et passionnante, à mon goût. En parlant de cette histoire d'amour, j'ai vraiment apprécié son aspect mature. Andréa Schwartz ne se contente pas de nous balancer une romance mignonette et niaise mais complexifie les choses puisque la couleur des cheveux n'est pas la seule chose qui sépare les deux amants, vous verrez.
Je retiens également la figure du protecteur Ieran, le « sang-mêlé » mystérieux et généralement très bougon. Sa présence, malgré son caractère désagréable, a un côté réconfortant et apaisant. Enfin, l'autre figure féminine du texte m'a fait très forte impression, même lorsque sa relation avec notre héroïne s'étiole dans la deuxième partie.

La deuxième partie, parlons-en d'ailleurs. La direction prise par l'intrigue est un point très positif à mon sens. Outre le fait de relancer le rythme en cassant la routine qui s'était installée précédemment, elle a eu l'avantage de me surprendre. Je ne m'attendais pas à un tel choix de l'auteure… bonne surprise, donc ! Bonne surprise également que le dénouement qui, bien loin d'apaiser le lecteur, le laisse avide de découvrir la suite !

KEL est classé dans la fantasy mais j'aurais presqu'envie de le déplacer du côté des récits historiques. Certes, le monde présenté est imaginaire, mais il est si maîtrisé qu'il semble palpable, réel. Ici, point de créatures merveilleuses, mais une civilisation humaine régie par des codes stricts. J'ai eu le sentiment qu'Andréa Schwartz savait où elle allait, connaissait son univers sur le bout des doigts ; c'est appréciable et cela se ressent dans les nombreux détails offerts dans les descriptions (sur la hiérarchie des armées ou sur la généalogie des personnages, par exemple). Les passages descriptifs ne souffrent donc pas de superficialité et sont habilement entrecoupés de dialogues. de ce fait, si j'ai parfois ressenti quelques longueurs, celles-ci étaient vite effacées par l'intervention des personnages et par des rebondissements dans l'intrigue.
Quelques coquilles sont à déplorer et il est vrai qu'un glossaire contenant les noms et descriptions des personnages rencontrés pendant l'aventure, aurait pu être utile (certains pseudonymes se rapprochent fort, on peut s'y perdre) ; mais dans l'ensemble, je félicite Andréa Schwartz pour sa maîtrise du texte. Pour un premier roman, c'est plus qu'encourageant et prometteur… je lirai la suite, c'est évident !


Une héroïne à la fois forte et fragile, qui revoit ses convictions profondes après une certaine rencontre, dans un univers maîtrisé dans le moindre détail ! Quelques baisses de régime ont vite été oubliées grâce aux rebondissements qui rythment finalement le récit jusqu'aux dernières pages… qui appellent la suite au plus vite !
Lien : http://bazardelalitterature...
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