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EAN : 9782130531821
558 pages
Presses Universitaires de France (12/11/2002)
3.7/5   5 notes
Résumé :

Cet ouvrage est paru en 1989 dans la collection Pratiques théoriques dirigée par Etienne Balibar et Dominique Lecourt. L'auteur a passé 5 ans (entre 1980 et 1985) en tant qu'enseignant dans une ville du Nord bouleversée par la crise de l'industrie minière. Il a réalisé parallèlement à son enseignement une enquête ethnographique sur la population ouvrière en voie de disparition.C'est aussi un réc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Au moment de glisser quelques citations, j'aurais aimé lire sur ce livre des brillantes critiques qui m'auraient évité d'essayer de pauvrement le présenter...

Mais bon, je m'y colle, brièvement, en espérant ne pas négliger l'essentiel.

Olivier Schwartz est un grand sociologue discret des classes populaires. Il n'est pas de discussion sur le sujet où il ne soit cité malgré un nombre limité d'articles et plus encore de livres. Mais parfois il en suffit d'un pour faire date.

Cependant je vous préviens : c'est une somme, un pavé, résultat d'années d'observations dans une ville du Nord, au moment où la crise minière bouleverse le monde ouvrier dans la région, comme d'autres crises l'ébranlent partout.

Olivier Schwartz suit et retrace les parcours de plusieurs familles, la façon dont ils se représentent et font société. Ce n'est pas de la littérature, c'est un rendu rigoureux et minutieux qui demande une lecture attentive. Je pense qu'il faut être soi-même sociologue ou très vivement intéressé par le sujet pour s'embarquer pour des semaines dans ce livre peu flamboyant mais d'une grande intelligence, écrit sans afféteries et de ce point de vue accessible.

"Le monde privé des ouvriers" c'est à la fois l'intimité dans laquelle Olivier Schwartz mène ses observations et les transformations et tensions qui font imaginer à certains la disparition de la classe ouvrière, dans son sens historique sinon marxiste.

Et c'est en quoi le livre est une ressource importante pour essayer d'appréhender les mutations du monde ouvrier, plus ou moins noyé aujourd'hui dans la notion de classes ou catégories populaires.
Bref, les gens qui "ne sont rien", quand autrefois la classe ouvrière était "l'avenir du monde".
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
À la télévision, Jean-Louis « peut tout voir », mais inversement par elle (en elle?) il peut aussi se blottir et ne pas être vu. Se cacher : car l’installation dans le chômage permanent délégitime entièrement son être social et l’oblige à fuir le regard des autres.
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— la phase prolétarienne allait de pair avec une forte vie collective du groupe ;
— la montée du pôle privé reflétait une tendance globale vers la dépaupérisation ;
— la reprolétarisation actuelle de certaines couches sociales s’accompagne, au contraire, d’un renforcement des défenses privatives. C’est dans un tel contexte que le monde privé prend son caractère le plus appauvri et le plus rétracté. On peut parler d’une fermeture par « insularité ».
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Dans la lutte d’autorité qui constitue un aspect structurel de leurs rapports, hommes et femmes manient des armes différentes. Les hommes jouent sur le corps et sur les privilèges associés à leur sexe. Les femmes se servent de l’arme verbale comme d’une technique de contestation et de mise à mal du narcissisme masculin.
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Alors qu'une caractéristique fréquente des univers ouvriers anciens était d'être fortement ségrégés, coupés du monde qui les entourait, les membres des classes populaires contemporaines, à la fois plus scolarisés et plus tertiarisés, se caractériseront sans doute par des habitudes et des capacités plus étendues de contact avec le monde extérieur. Les barrières sociales entre les classes ne disparaîtront pas pour autant - tout aujourd'hui indique le contraire -, mais se maintiendront sous d'autres modes.
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Bien des femmes à qui un « régime » est conseillé se refusent à le suivre, parce que la nourriture est un droit acquis, une victoire sur la frustration, dont le renoncement est mal supporté.
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