Pourquoi on travaille

La « nature » donne une définition bien trop insuffisante du caractère des êtres humains. Dans une large mesure, nous sommes ce que la société attend de nous. Si elle nous demande peu, nous donnerons peu.
Dans un tel contexte, nous devons donc veiller à ce que les règles et les incitations poussent les individus à adopter un comportement qui viendra servir les intérêts de ceux qui fixent les règles et qui définissent les incitations. Si la société nous en demande davantage et organise ses institutions sociales en conséquence, elle obtiendra davantage.

La vie des chômeurs est un combat quotidien, même avec ces aides; sans elles, elle serait invivable. Pourtant bien des gens, au sein du gouvernement fédéral, s'y opposent.
Quel est le principal argument contre la prolongation de
ces aides ? En prolongeant la couverture chômage de ces
personnes, nous dit-on, on entamerait leur motivation pour travailler. À quoi bon travailler si on peut être payé à ne rien faire ? En filigrane de cet argument, on discerne bien évidemment l'idée d'Adam Smith selon laquelle la seule raison qui pousse les gens à travailler, c'est l'argent, et que s'ils n'ont pas besoin de leur salaire, ils ne travailleront pas.

Ce sont les individus qui considèrent leur travail comme une « vocation » qui le jugent le plus satisfaisant. Leur métier constitue l'une des facettes les plus importantes de leur vie. C'est une source de bonheur qui représente un
élément essentiel de leur identité et ils en tirent une grande
satisfaction. Ils estiment que leur quotidien fait avancer les
choses et ils encourageraient leurs amis et leurs enfants à
faire le même choix qu'eux.

Le fait de posséder les compétences nécessaires pour bien faire ce travail, ce jour-là, lui avait apporté de la satisfaction.Et cela avait aussi contribué à faciliter la vie du père du patient.
Au final, Luke adhérait aux objectifs de l'entreprise pour laquelle il travaillait, une adhésion qui contribuait à donner du sens à son travail. Oui, Luke et ses collègues étaient des agents de propreté. Mais des agents de propreté dans un hôpital- autrement dit, dans un lieu où des équipes se battaient pour soigner et soulager la souffrance et où,chaque jour, tandis que les gens accomplissaient leur travail,des vies se jouaient.

Certains enfants croient que l'intelligence est fondamentalement immuable -qu'il s'agit d'une entité fixe. Ce sont ces gamins qui ont tendance à être axés sur la performance. À quoi bon rechercher les défis et risquer l'échec si on ne peut accroître son intelligence ? D'autres enfants croient que l'intelligence n'est pas fixe- qu'elle peut s'accroître et que les gens peuvent devenir plus intelligents.

Consacrer du temps aux patients en souffrance sur le plan émotionnel, prendre le temps d'informer mes patients de l'évolution de leur maladie et la nature de leur traitement, et même obtenir le dossier médical complet d'un malade, toutes ces activités ont commencé à jouer un rôle moins central. Non pas que j'aie consciemment changé mes habitudes ... mais l'argent disposait d'arguments puissants pour altérer ma perception des choses ... On peut dire, sans exagérer, que l'argent s'est
infiltré dans ma vie par toutes les brèches ... »

Si nous aspirons à façonner une nature humaine qui cherche et trouve des défis, de l'implication, du sens et de la
satisfaction dans le travail, nous devons commencer à sortir
du fossé profond dans lequel trois siècles d'idées fausses sur la nature et la motivation humaines nous ont
plongés, et participer à la création de lieux de travail rendant possibles les défis, l'implication, le sens et la satisfaction

Il est dans l'intérêt intrinsèque de tout être humain de
se faciliter la vie autant que faire se peut ; et si sa rémunération est rigoureusement la même, qu'il accomplisse ou non un travail extrêmement laborieux, de l'accomplir de la manière aussi négligente et peu soignée que l'autorité le lui permettra. »
En d'autres termes, les gens travaillent pour l'argent et
pour rien d'autre. Convaincu du pouvoir des incitations
financières, Adam Smith estimait qu'il fallait organiser
le travail en le divisant en unités simples, faciles à répéter
et fondamentalement dépourvues de sens. Dès lors que
les gens étaient payés pour cela, la nature de leur activité
importait peu.

Certes, nous ne travaillerions pas si nous n'étions pas payés, mais l'argent ne représente pas la principale motivation.
En général, nous considérons d'ailleurs que les incitations
matérielles constituent une assez mauvaise raison de
travailler. D'ailleurs, quand on dit de quelqu'un qu'il « fait ça
pour l'argent», ce n'est pas un simple constat factuel, c'est
un jugement.

Pourquoi travaillons-nous ? Pourquoi nous extirpons-nous de notre lit tous les matins, au lieu de mener une vie faite d'aventures procurant exclusivement du plaisir ? Voilà une question idiote. Si on travaille, c'est pour gagner sa vie.
Certes. Mais est-ce la seule raison ? Non, bien évidemment.
Lorsqu'on demande à des gens épanouis dans leur vie professionnelle
pourquoi ils font ce travail, ils ne mentionnent presque jamais l'argent. La liste des raisons non financières,en revanche, est longue et convaincante.