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Guadeloupe, 1802. Face à la menace de rétablissement de l'esclavage, aboli par la Convention en 1794, l'insurrection fait rage dans l'île. Un des chefs de la résistance, le libre de couleur Louis Delgrès se replie à Matouba. Acculé par les troupes de Richepance, il se fait sauter le 28 mai avec environ 300 hommes. Parmi les survivants capturés le lendemain se trouve Solitude. Enceinte, elle a participé comme de nombreuses femmes à tous les combats. Elle sera exécutée le lendemain de son accouchement, le 29 novembre, et son enfant sera esclave.
André Schwarz-Bart donne vie à cette figure féminine de la résistance dont on ne sait pas grand chose. de l'Afrique des griots au Passage du milieu, de la plantation du Carbet à l'habitation d'Anglemont, il fait de Solitude une "zombi-corne", fille de Bayangumay, de la tribu des Dioulas violée au cours d'une pariade sur un bateau négrier, bien décidée à rester libre et à combattre. La mulâtresse Solitude est un des rares romans qui montre l'impact de la révolution française en Guadeloupe à travers la destinée tragique d'une femme née esclave qui répondit au "cri de l'innocence et du désespoir" de Louis Delgrès.
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"Les nouveaux Maîtres l'estampèrent à l'épaule et la mirent au travail de la canne. [...] Il en alla ainsi pour les maîtres suivants, qui entendaient son rire et ouvraient leurs dix doigts ; et tous laissaient des initiales sur son corps, ..."

Ceci est le quotidien de bon nombre d'esclaves en Guadeloupe. Solitude, elle ne l'accepte pas et se révolte. Elle s'échappe d'abord dans sa tête puis choisit de rejoindre concrètement des contemporains qui se rebellent contre le rétablissement de l'esclavage par Napoléon.

La fin est malheureusement tragique et Solitude sera pendue. Restera néanmoins dans la mémoire collective l'idée qu'une cause juste, même condamnée n'est jamais vaine.

Nécessaire travail d'André Schwarz-Bart sur ce pan méconnu de l'histoire française. Dommage que la langue par endroits complexe, empêche de s'immerger dans le récit.
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Rosalie est la fille de Bayangumay venue d'Afrique de l'Ouest et transportée par bateau vers le Guadeloupe et d'un marin inconnu, née sous l'esclavage vers 1772.
Contrairement à sa mère qui travaille au champ, elle devra servir les Blancs.Mais c'est une révoltée!
Autour d'elle, quand l'esclavage est rétabli par Napoléon Bonaparte , les Noirs se révoltent et Rosalie appelée Solitude , enceinte, les rejoindra , se cachant dans les forêts de la Soufrière...

Belle écriture d'André Schwarz-Bart pour faire revivre cette mulâtresse qui résista avec les esclaves noirs en Guadeloupe!
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Pour accompagner le voyage à  la Guadeloupe, j'ai choisi La Mulâtresse Solitude - figure emblématique de la lutte contre l'esclavage - évoquée dans ce roman historique. 

Née vers 1772 - pendue le 19 novembre 1802.

Son histoire commence de l'autre côté de l'Atlantique avec celle de sa mère Bayangumay, en Casamance..

Bayangumay, violée sur le bateau négrier par un marin blanc,


Rosalie, qui se nommera plus tard Solitude est une métisse aux yeux vairons qui lui valent aussi le surnom "deux âmes". Petite fille, elle est offerte à la fille du maître de l'Habitation du Parc, à  Capesterre . Son sort est plutôt enviable tandis que sa mère s'enfuit malgré le sort amer qu'on inflige aux esclaves marrons 


Le livre raconte la vie dans les plantations à sucre. Vie des esclaves agricoles et de ceux qui servent dans la maison. Au delà de la biographie, c'est très intéressant. Rosalie qui  va prendre le nom de Solitude perd peu à peu la raison




"Selon une tradition orale, encore vivace à la Côte-sous-le-Vent, du côté des pitons de Deshaies, c'est vers l'âge
de onze ans que la petite fille de Bayangumay tourna en zombi-cornes. En ce temps-là, disent les vieux conteurs
créoles, 

[...]
Il y avait alors une grande variété d'Ombres dans les îles à sucre : nègres morts animés par magie, nègres vivants qui avaient chu dans un corps de bête, et d'autres, d'autres encore, dont l'âme était partie on ne savait où. Ces derniers portaient habituellement le nom de zombi-cornes.

[...]
les zombi-cornes étaient tout simplement des personnes que leur âme avait abandonnées ; ils demeuraient vivants, mais l'âme n'y était plus.

Et puis, survient la Révolution, tout d'abord la Révolution libératrice et c'est un des aspects les plus intéressants du livre. 

"Le 7 mai 1795, les troupes de la Convention débarquaient en Grande-Terre de Guadeloupe où elles répandaient le décret d'abolition de l'esclavage ; et le 12 mai suivant, grossies par les esclaves rencontrés en chemin, elles faisaient leur entrée dans les faubourgs de la Pointe-à-Pitre. 


Libération des esclaves, mais aussi guillotine,

"la guillotine avait quitté la Pointe-à-Pitre, elle hantait maintenant les deux ailes de l'île, escaladait les mornes
les plus raides, les plus abandonnés, à la recherche de citoyens qui ne comprenaient pas leurs nouveaux devoirs. Nombre d'entre eux, fuyant la liberté, l'égalité et la fraternité, gagnaient l'obscurité profonde des bois,..."

En 1802, l'esclavage est rétabli, les derniers combats opposent les marrons retranchés dans les forêts et les collines. Solitude s'est jointe à eux. Elle est une des héroïnes de leur lutte désespérée.


Solitude fut exécutée le 29 novembre 1802.


Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Tout débute en Afrique avec Bayangumay, petite fille que l'on voit grandir et se marier. Puis c'est l'horreur , on tue, on brûle, on enlève les survivants vers le bateau des blancs qui emmène sa cargaison aux Antilles, en Guadeloupe.

Bayangumay, enceinte après le viol d'un marin, met au monde une petite métisse dans laquelle elle a bien du mal à se reconnaître.

C'est cette enfant métisse que l'on va suivre, petite fille malheureuse qui ne trouve pas sa place et qui croise l'histoire avec la révolution française et fuit rejoindre les nègres marrons .

L'écriture est particulière, envoutante, poétique et décrit les horreurs de l'esclavage et la tragédie du déracinement
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Il est dommage que la forme de ce roman gâche un peu le fond.
Alors que "La Mulâtresse Solitude" est une icône guadeloupéenne qui incarne la résistance contre l'esclavage, André Schwarz-Bart raconte l'histoire de cette femme des Caraïbes dans un style poétique voire onirique que je ne trouve pas adapté à la réalité cruelle de l'esclavage.
D'ailleurs, le livre commence comme dans un conte pour enfant : il était une fois...
Cela met à distance l'histoire qui devient une sorte de légende alors que ce n'est pas le cas.

La première partie du livre est consacrée à la mère africaine de celle qui aura plusieurs noms, les esclaves n'ayant d'identité qu'en fonction de l'appartenance à un maître : Solitude c'est aussi Rosalie ou Deux-âmes.
De l'actuel Sénégal elle sera vendue pour l'île française de la Guadeloupe ou elle donnera naissance à une petite mulâtresse vers 1772.
C'est dans la deuxième partie du livre qu'on verra grandir Solitude dans le contexte du système esclavagiste puis rejoindre les marrons qui se sont battus pour la défense des idées de liberté et d'égalité.

Si je n'ai pas aimé les métaphores utilisées par André Schwarz-Bart (l'homme aux boucles blondes pour le blanc ou à la face de nuit pour le noir) je trouve important d'honorer la mémoire de ceux dont le destin éclaire le présent et permet de faire histoire commune dans un monde où se côtoient tant de cultures et d'héritages différents.


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C'est une histoire vraie mais un roman aussi. Solitude était le nom qu'elle se donnait, car de nom, elle n'en avait pas reçu d'autre que celui de l'esclave morte dont elle prenait la place. Ainsi allait la vie dans cette plantation guadeloupéenne, une liste de prénoms, cycliquement transmis des morts aux vivants. Sa date de naissance est ignorée. Qui se souciait, au XVIIIème siècle, de la biographie d'une femme, de basse extraction, noire de surcroît et nécessairement esclave ? En revanche, la date de sa mort est connue. Opposante au rétablissement de l'esclavage en Guadeloupe, elle mourut pendue, un 29 novembre 1802. Pour exécuter la sentence, on attendit sa délivrance. Cruel privilège des femmes condamnées à mort enceintes et souci économique non moins cruel. Pourquoi, au prétexte du châtiment, se priver d'un petit esclave ! L'enfant est né sous ce statut, d'une mère qui s'était rêvée et se voulut libre. C'est une langue savoureuse qui narre avec force, images et imagination, la mère africaine, déportée et violée, puis la vie de son enfant, devenue femme qui avait peut-être trente ans à l'heure de sa mort. Ainsi, battus, brimés, humiliés, vendus, achetés, séparés, ces hommes et ces femmes tentaient de vivre, même privés de vie, même objets de leurs propres corps. A lire, absolument.
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Intéressant de lire "la mulâtresse solitude" après "Bakhita" parce qu'ils traitent du même sujet : la douleur de l'esclavage. Un esclavage qui dure et jamais ne s'efface, même quand les chaînes sont brisées. La lecture de ce roman eut pour moi une saveur particulière, puisque je l'ai lu en Guadeloupe, non loin des champs de cannes à sucre où les malheureux héros du roman ont courbé l'échine. J'avais adoré "le dernier des justes". Dans un autre genre, mais dans la même veine, "la mulâtresse solitude" ne m'a pas déçu. La langue d'abord, forte et colorée, toute en retenue quand il faut décrire l'horreur. le récit ensuite, endiablé, inspiré, vous prenant aux tripes.
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Afrique 1750. Bayangumay vient au monde dans l'Afrique des griots, cette Afrique de traditions ancestrales où dès leur naissance les filles sont promises…
Une nuit les trafiquants d'esclaves attaquent son village, elle est emportée.

Rosalie nait d'un viol perpétré sur le bateau qui amène sa mère en Guadeloupe vers son destin d'esclave.

Si au début je me suis ennuyée, ensuite j'ai été fascinée et terrifiée par les descriptions que l'auteur nous fait du sort de Bayangumay. Vieille avant l'heure, mutilée, devenue boiteuse, défigurée, flétrie par les tortures infligées par les blancs. J'ai toujours du mal à imaginer que des humains aient pu infliger de telles souffrances sans états d'âme, et peut-être même avec une délectation malsaine dans un sentiment de toute puissance. Et pourtant...

C'est le sort des esclaves, ramenés aux rang d'animaux voire pire, qui nous est raconté là, à travers la vie de la mulâtresse Solitude qui a existé. C'est terrifiant de cruauté et de mépris. L'homme blanc s'est toujours cru au dessus du reste de l'humanité, mais pourquoi donc ?

Née Rosalie du nom d'une morte car les prénoms se recyclent chez les maîtres, surnommée Deux-âmes à cause de ses yeux de couleurs différentes, avant de devenir Solitude, elle sera une cocotte pour la petite demoiselle de la maison, parce qu'elle est jolie. Elle sera comme un petit toutou gentil et obéissant. Mais au fond d'elle, la révolte bout, face à toutes les cruautés des blancs envers ses frères et soeurs de couleur.

Il y a de nombreux passages insupportables, révoltant, sidérants : "Et la petite fille se demanda ce qu'elle préférait : si c'était de tourner en chien à forme de chien, ou bien en chien à apparence humaine, tel ce nègre efflanqué, tout en os, qu'elle avait vu avec Mlle Xavière, le jour de la visite aux voisins du Bas-Carbet ; ce vieux nègre tout nu dans sa niche, les yeux clos, un collier de fer autour du cou."

Mon intérêt pour ce récit a pris les montagnes russes malgré de très belles envolées poétiques. La narration, les termes parfois employés, sans lexique pour éclairer le lecteur mais que je crois avoir compris plus tard - nègres d'eau salée (africains), nègres d'eau douce (nés en esclavage), nègres marrons (fuyards) - mais aussi les formulations et tournures de phrases m'ont empêchée de garder un intérêt constant pour l'histoire. Rien n'est explicité dans le détail, tout paraît onirique et donc tortueux.
Pourtant il s'agit d'une page d'histoire importante, celle des révoltes d'esclaves dans les îles, où la souffrance absolue et la négation de leur humanité les à poussés à un déchaînement de violence dans un seul but, la liberté ou la mort.
L'auteur ne nous dit pas clairement à quel moment de son récit l'esclavage a été aboli ni quand il a été réinstauré. Enfin si, il nous l'explique à la toute fin du roman. Jusque-là on se débrouille pour comprendre et vraiment je n'ai pas trouvé ça clair du tout. de plus, Solitude semble perpétuellement sous l'effet du cannabis ou sous acide… ou tout simplement folle.

Dans le même thème j'ai largement préféré un livre lu il y a des années, L'île sous la mer de Isabel Allende. Il traitait des révoltes d'esclaves à Saint Domingue, c'était effarant et captivant, car elle expliquait bien que c'était dans les îles que la cruauté envers les esclaves avait été la pire de toutes car ils étaient considéré comme du matériel qu'on pouvait casser et racheter, et que c'est ce qui avait amené à une révolte sanguinaire envers les blancs.
Lien : https://mechantdobby.over-bl..
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L'histoire déchirante d'une jeune esclave guadeloupéenne, issue du viol de sa mère africaine par un marin lors de la traversée de l'Atlantique. Arrachée à ses racines africaines et refusant la servilité de la vie sur l'habitation sucrière, Solitude ne parvient pas à se complaire. On la croit transformée en "zombi-cornes", errant sous sa forme humaine mais dépourvue de son âme. Elle finit par rejoindre la fameuse révolte d'esclave de 1802 faisant suite à la décision de Napoleon de rétablir l'esclavage dans les colonies.

Une histoire saisissante rendue dans un langage poétique, parfois complexe. L'intrigue reste peu élaborée, de même au niveau de la description des personnages qui reste en surface. On n'a pas de véritable accès aux pensées des personnages et c'est un point plus décevant.





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