" Grâce à la poésie, une sérénité arrive. La poésie m'aide à avancer à travers les cicatrices, la blessure ne s'en ira pas, mais des fleurs ont poussé dessus pour la rendre plus douce...pour tenter..."
Voila ce qu'écrit
Juliette Schweisguth, jeune femme morte à trente-huit ans, en 2011,suite à une grave malformation cardiaque. Les haikus rassemblés ici lui ont permis d'inscrire l'immuable dans l'éphémère, de s'épanouir au-delà de la maladie. le recueil est bien sûr fort émouvant mais pas du tout larmoyant. Clochelune, comme on la surnommait , a toujours été curieuse de tout, ouverte sur le monde, le mystère aussi. Il y a une fraicheur d'âme dans ses textes, qui m'a beaucoup touchée.
le chat roulé en boule de la couverture , on le retrouve à l'intérieur de ce beau petit livre, ainsi que les traces de ses pas. le chat de Juliette" Schubert", comptait beaucoup pour elle. Elle l'évoque souvent, ici avec humour:
" La queue du chat
trempe dans mon bol de thé
Ne le réveillons pas!"
Il est aussi le confident de ses chagrins:
" le chat
écoute tomber la pluie
lèche mes larmes"...
Tous ces mots tracés témoignent avec délicatesse et imagination de ces instants saisis, volés à la mort proche. Embruns bretons, feuilles d'automne, neige, cerf-volant, son regard et son coeur si défaillant captent tout.
le dernier haïku , porteur de vie en dépit du sursis, est magnifique:
" une année s'éteint
dans mon coeur un oiseau bleu
s'ouvre"
Tes poèmes resteront en nous, Juliette. Sois-en sûre.