Disparus aujourd'hui des sacs des dames, les sels y avaient alors nécessairement leur place. Dans ces petits flacons de cristal à facettes décorés, dans ces petites amphores en argent, il y avait bien des mélanges de sels: très odorants, on croyait que le fait de les respirer pouvait ranimer. Mais il nous semble nous souvenir qu'à un certain moment ces sels ne furent plus peut-être que de l'éther sulfurique: l'éther des chimistes, mais aussi l'éther des poètes, uni au soufre; le ciel le plus pur dans les veines infernales de la terre. Lorsqu'il y avait encore un ciel et une terre.
Comme Polimanti avait raconté qu'il avait vu la comtesse dans les bras de l'agronome par le trou des deux serrures, Me Raimondo demande que, ces constatations étant en effet douteuses, on établisse un procès-verbal. Mais la partie civile s'y oppose : on ne saurait dresser un procès-verbal si les constatations ne sont pas attestées par un expert assermenté. L'objection semble absurde, et, si elle avait été vraiment dictée par le Code de procédure pénale, il faut dire qu'était (ou qu'est) d'une absurdité abyssale une norme qui exige un expert juré pour prendre acte de ce qui se voit par un trou de serrure. Un expert en voyeurisme du trou de serrure : il semble impossible, s'agissant d'un vice aussi secret, qu'on puisse en trouver ! Mais la cour, on ne sait comment, ni au vu de quels titres, le trouve aussitôt et le designe. Sur le divan, le procureur embrasse le greffier : par le trou, l'expert voit, jure, certifie.
Il paraît que D'Annunzio disait de Marinetti que c'était un crétin qui avait quelques éclairs d'imbécillité.
Le 1.10.2022, Hubert Prolongeau présentait “Actes relatifs à la mort de Raymond Roussel” de Leonardo Sciascia dans “Mauvais Genres” (France Culture).