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EAN : 9782070425846
Gallimard (18/04/2024)
4.01/5   65 notes
Résumé :
Ce vertigineux polar livre un point de vue implacable sur la société sicilienne et ses impasses.
Sciascia y reprend un thème qui lui est cher : démystifier l'organisation criminelle, son prétendu code d'honneur et sa noblesse, pour la montrer sous son vrai jour, celui d'un réseau crapuleux et violent. Roman noir s'il en est, A chacun son dû est une charge féroce contre les trois intouchables qui asphyxient la société sicilienne des années 60 : la mafia, la bo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai peu lu finalement, les grands auteurs italiens. de Sciascia, j'avais bien aimé les nouvelles de « La mer couleur de vin ». J'avais beaucoup apprécié les adaptations cinéma de ses romans par Francesco Rosi ou Elio Petri. Mais « A chacun son dû » restait une découverte tant littéraire que cinéma. J'ai tout de suite été plongé dans les turpitudes des habitants d'un village de Sicile. Imaginant parfaitement Gian Maria Volonté dans le rôle principal. Sous la forme d'une intrigue policière, l'auteur nous montre les dévoiements, la méchanceté, les rancunes tenaces des notables du village mais également de toute la classe politique italienne de droite comme de gauche, au vu et au su de tout le monde. L'Église et la maffia viennent s'y superposer. On n'a aucune difficulté à s'identifier au pauvre professeur Laurana qui essai de mener sa propre enquête personnelle. Sciascia dénonce, sous un style ironique et cynique plus qu'humoristique toute cette gabegie. Pour moi cette intrigue, bien que située dans le contexte des années 60, trouve certainement un écho dans la politique italienne actuelle et reste donc parfaitement d'actualité. A redécouvrir.
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Une petite ville sicilienne dans les années 60 . le pharmacien montre à ses amis une lettre anonyme le menaçant de mort. Tous , et lui-même ,considèrent qu'il s'agit d'une mauvaise farce . Mais quelques temps plus tard il est abattu en compagnie du Docteur Roscio . le double meurtre est l'objet principal des conversations mais l'enquête s'enlise. le timide professeur Laurana , ami des deux victimes , découvre , presque par hasard , des indices qui le mettent sur la piste de l'assassin et surtout du commanditaire . Mais la fréquentation des classiques littéraires et sa vie rangée ne le préparent pas vraiment à comprendre les rouages occultes (la sainte trilogie :bourgeoisie, Eglise et mafia) mis en jeu dans l'affaire et ne le protègent pas du charme vénéneux d'une trop belle veuve et d'un trop puissant suspect. Sous des apparences de roman policier c'est un passage au scanner des arcanes de la société sicilienne que nous livre Sciascia , avec cruauté et humour noir.
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le professeur Laurana est un intellectuel, timide mais curieux et lorsque le pharmacien Manno, lui montre une lettre anonyme le menaçant de mort il pense comme tout le monde à une farce oui mais lorsque celui-ci est assassiné en compagnie du docteur Roscio il se souvient du mot UNICUIQUE qui appartient au registre lexical de l'observator romano et donc devant le peu de réactivité des carabinieris il se mêle à l'enquête
Les siciliens ne tuent pas le samedi comme les milanais mais quand c'est opportun et ils le font sans état d'âme
Sciascia réunit dans ce petit livre la sainte trinité sicilienne les notables, l'église et la mafia, protagonistes indispensables pour commenter les deux meurtres et essayer de comprendre ce qui s'est passé ou alors le contraire éviter d'y penser trop sérieusement pour ne pas avoir à le regretter.
Les premiers reflètent bien l'image de la vie de village avec ses médisances, ses petites jalousies, ses méchancetés et les jugements à l'emporte-pièce du principe il n'y pas de fumée sans feu.
Pour la seconde d'une part on a affaire a l'archiprêtre véritable saint qui sait gérer les affaires de familles avec discernement c'est à dire intérêt et d'autre part au curé du village haut en couleur, sorte de défroqué encore en soutane pour l'hostie, amateur de bonne blague et fin connaisseur de l'âme humaine et qui en sait des choses.
Et le dernier la mafia omniprésente mais qu'on ne voit jamais à se demander si elle existe surtout en Sicile parce que les meurtres, en fait, ne seraient peut-être qu'une banale affaire de crime d'honneur de la part d‘un cornard, la deuxième victime s'étant trouvée au mauvais endroit au mauvais moment et pourtant.
Leonardo Sciascia nous livre là une véritable enquête policière, courte mais de qualité. Il l'enrobe de pensées philosophiques profondes sur l'âme humaine, la corruption, le crime, la politique et la religion.
Une narration qui n'est pas là pour nous amuser mais qui est surtout véritable étude de moeurs menée avec finesse et un certain cynisme sur la société sicilienne. On peut sourire de l'humour mais pas avec n'importe qui.
Il est amusant de constater qu'il mêle à sa narration Pirandello, un confrère où il est fait allusion à Feu Matthias qui a eu trois vies et surtout trois morts, ici toutefois, il n'y en a que deux et c'est déjà pas mal.
D'autre part il parle d' Antonio Paro et de la passion du Christ une pièce ou l'acteur disparaît pendant une scène et là on retrouve Camilleri avec son livre «La disparition de Judas» , le mystère de la passion du christ appelé «les funérailles»
Un plaisir donc de trouver trois auteurs siciliens sur ce thème, ainsi que Moravia d'ailleurs qui pratiquent l'humour mais assez noir et désabusé, mordant mais pas vraiment politique car il faut savoir de quoi on parle et surtout de qui ça évite d'être «crétin»
Un excellent roman très bien écrit et un grand plaisir à le lire.
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Connaître l'âme de la Sicile et de l'Italie, son Histoire et ses traditions, comprendre sa langue, sa culture (ses écrivains : MORAVIA et PIRANDELLO sont évoqués), sa politique, l'Economie du pays et ses lois est indispensable pour adhérer à ce texte. Assimiler et adopter au premier abord ce roman - en fait, bien plus qu'un simple roman policier - me parait très difficile et pour oser une argumentation constructive, il faut être un expert, connaître Leonardo SCIASCIA et ses origines.

Toutes considérations mises à part et pour ne présenter qu'une brève définition, À CHACUN SON DÛ est sans nul doute une des oeuvres majeures de la littérature (policière) italienne. ''Policière'', entre parenthèses, car la ''matière policière'' est ici prétexte à un genre littéraire bien particulier, nourri de réflexions sur la société, sur la politique, sur la littérature... construit en roman policier. A mon sens inclassable et insaisissable, à la fois roman, documentaire, scènes réunies pour matière à pièce de théâtre ou donc réflexions d'essai, le lecteur est impliqué (pour la partie visible de l'iceberg) dans les rouages d'une enquête très complexe menée finement par le professeur LAURANA, au destin prévisible. Un roman policier, mais pas uniquement.

Etudes et documentations complémentaires sont donc toutes indiquées pour un approfondissement et relecture(s). Un livre à analyser et à étudier. Pour avertir les autres lecteurs : ce serait donc une erreur de considérer ce roman comme un simple ''polar'' pour le plaisir de se distraire.
Pour une découverte de l'auteur : peut-être existe-t-il un oeuvre plus simple pour les premiers pas.

Pas de déception cependant, mais toujours la curiosité de lire et de découvrir encore.
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Dans une petite ville de Sicile, Manno, pharmacien de bonne réputation reçoit une lettre anonyme fort inquiétante. Ne se connaissant pas d'ennemis et pensant n'avoir rien à se reprocher, il croit à une plaisanterie de mauvais goût. Mais quelque temps plus tard, au cours d'une partie de chasse, il est assassiné ainsi que son partenaire, le bon docteur Roscio. Craignant que l'enquête ne mène à rien, Laurana, professeur de son état et grand ami du docteur, décide de rechercher le coupable. Il fait alors quelques découvertes étonnantes sur la vie privée des deux notables et n'est pas loin de confondre le coupable du double meurtre. Mais rien ne se passe comme prévu.
« À chacun son dû » est plus une parodie de roman policier qu'un authentique « whodonit » style Agatha Christie. Sciascia se sert du motif criminel pour nous dépeindre une société sicilienne d'après-guerre gangrénée par les diverses mafias et apparemment encore nostalgique de l'époque mussolinienne. Sa plume est acérée et son esprit sarcastique a quelque chose de Simenon bien que lui-même soit plus influencé par Pirandello, auteur auquel il semble vouer une grande admiration, au point d'en imiter le style et même de mettre en scène le maître par le biais d'un personnage secondaire, Don Luigi. Ce dernier a même le tout dernier mot : « C'était un crétin ! » en parlant du pauvre Laurana. Humour et désenchantement sont au rendez-vous. Un bon moment de divertissement.
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
— « (…) Mais vous, allons donc : en quoi êtes-vous mêlée à cela ?
— En quoi ? Vous n'avez pas entendu les horreurs qui ont été répandues ?
— Commérages, dit la vieille Mme Laurana, commérages qu'aucune personne un peu douée d'esprit de charité et de bon sens ne peut prendre en considération. » Et comme elle-même ne brillait pas excessivement par son esprit de charité : « Mais feu votre mari n'a jamais éveillé vos soupçons … ?
— Jamais, madame, jamais … On a mis dans la bouche de ma femme de chambre une histoire de scène de jalousie que j'aurais faite à mon mari, à propos de cette … De cette jeune fille en somme, la pauvre, qui venait à la pharmacie par nécessité … Et si vous saviez à quel point ma femme de chambre est stupide, à quel point elle est ignorante : elle tremble rien qu'à entendre parler de carabiniers … Ils lui ont fait dire ce qu'ils voulaient … Et ceux-là, les Roscio, les Rosello … Même notre saint homme d'archiprêtre, même lui … Ces gens-là se sont aussitôt mis à raconter que le docteur — paix aussi à son âme — était mort par la faute des vices de mon mari. Comme si nous ne nous connaissions pas tous, comme si nous ne savions pas ici ce qu'il en est de chacun, ce que chacun fait : s'il spécule, s'il vole, si … » Elle mit la main devant sa bouche, comme pour y retenir d'autres réflexions plus cuisantes. Puis avec une malignité calculée elle soupira : « Ce pauvre docteur Roscio, dans quelle famille avait-il été se nicher !
— Mais il ne me semble pas …, commença Laurana.
— Nous nous connaissons tous, croyez-moi, l'interrompit Mme Manno. Vous, on le sait, vous ne vous occupez que de vos études, de vos livres …, dit-elle avec un certain mépris. Vous n'avez pas le temps de vous occuper de certaines choses, de voir certaines choses ; mais nous, ajouta-t-elle en s'adressant d'un air entendu à la vieille Mme Laurana, nous, nous savons …
— Eh oui, nous savons, admit la vieille dame. »
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Qu'un crime s'offre aux enquêteurs comme un tableau où les éléments matériels et, pour ainsi dire, stylistiques consentent, s'ils sont finement repérés et correctement analysés, à une parfaite distribution des rôles, c'est la règle dans tous ces romans policiers dont s'abreuve une bonne partie de l'humanité. Mais dans la réalité il en va autrement : les coefficients d'erreur et d'impunité sont levés non pas (ou pas seulement, pou pas toujours) à cause de l'intelligence un peu faible des enquêteurs, mais parce que les indices fournis par le crime lui-même, sont d'ordinaire tout à fait insuffisants. Dans un crime, s'entend, commis et organisé par des gens qui font tout pour contribuer au maintien d'un haut coefficient d'impunité.
Les éléments qui conduisent à résoudre le problème d'un crime présentant un caractère de mystère ou de gratuité sont la confidence qu'on peut qualifier de professionnelle, la délation anonyme, le hasard. Et un peu, un peu seulement, la subtilité des enquêteurs.
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À un âge comme le mien, ceux qui ont la fortune d'y arriver sont disposés à croire que la mort est un acte de volonté ; un petit acte de volonté dans mon cas : le moment viendra où je serai excédé d'entendre la voix de ce bonhomme, ajouta-t-il en montrant le tourne-disque, et le bruit de la ville, la femme de chambre qui depuis six mois chante une scie où il est question d'un visage et d'une larme, et ma bru qui, depuis dix ans chaque matin, s'informe de ma santé dans l'espoir à peine voilé d'apprendre que je suis enfin au bout du rouleau. Je déciderai de mourir, comme on raccroche le téléphone quand à l'autre bout du fil il y a un fâcheux ou un crétin...
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Sans doute y a-t-il des cas où les innocents se comportent en coupables et courent ainsi à leur perte ; on peut même dire que presque tous les Italiens ont tendance à se comporter en coupables quand ils se trouvent sous le regard du gendarme ou du juge.
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- Vous ne sortez jamais de chez vous?
- Jamais, depuis pas mal d'années.. A un certain moment de ma vie, j'ai fait des calculs précis : si je sors de chez moi pour trouver la compagnie d'une personne intelligente, d'une personne honnête, je m'expose, en moyenne, à rencontrer douze canailles et sept imbéciles qui sont à, tout prêts à me faire connaitre leurs opinions sur l'humanité, sur le gouvernement, sur l'administration communale, sur Moravia... Vous croyez que cela en vaut la peine?
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Videos de Leonardo Sciascia (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Leonardo Sciascia
Le 1.10.2022, Hubert Prolongeau présentait “Actes relatifs à la mort de Raymond Roussel” de Leonardo Sciascia dans “Mauvais Genres” (France Culture).
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