le professeur Laurana est un intellectuel, timide mais curieux et lorsque le pharmacien Manno, lui montre une lettre anonyme le menaçant de mort il pense comme tout le monde à une farce oui mais lorsque celui-ci est assassiné en compagnie du docteur Roscio il se souvient du mot UNICUIQUE qui appartient au registre lexical de l'observator romano et donc devant le peu de réactivité des carabinieris il se mêle à l'enquête
Les siciliens ne tuent pas le samedi comme les milanais mais quand c'est opportun et ils le font sans état d'âme
Sciascia réunit dans ce petit livre la sainte trinité sicilienne les notables, l'église et la mafia, protagonistes indispensables pour commenter les deux meurtres et essayer de comprendre ce qui s'est passé ou alors le contraire éviter d'y penser trop sérieusement pour ne pas avoir à le regretter.
Les premiers reflètent bien l'image de la vie de village avec ses médisances, ses petites jalousies, ses méchancetés et les jugements à l'emporte-pièce du principe il n'y pas de fumée sans feu.
Pour la seconde d'une part on a affaire a l'archiprêtre véritable saint qui sait gérer les affaires de familles avec discernement c'est à dire intérêt et d'autre part au curé du village haut en couleur, sorte de défroqué encore en soutane pour l'hostie, amateur de bonne blague et fin connaisseur de l'âme humaine et qui en sait des choses.
Et le dernier la mafia omniprésente mais qu'on ne voit jamais à se demander si elle existe surtout en Sicile parce que les meurtres, en fait, ne seraient peut-être qu'une banale affaire de crime d'honneur de la part d‘un cornard, la deuxième victime s'étant trouvée au mauvais endroit au mauvais moment et pourtant.
Leonardo Sciascia nous livre là une véritable enquête policière, courte mais de qualité. Il l'enrobe de pensées philosophiques profondes sur l'âme humaine, la corruption, le crime, la politique et la religion.
Une narration qui n'est pas là pour nous amuser mais qui est surtout véritable étude de moeurs menée avec finesse et un certain cynisme sur la société sicilienne. On peut sourire de l'humour mais pas avec n'importe qui.
Il est amusant de constater qu'il mêle à sa narration
Pirandello, un confrère où il est fait allusion à Feu Matthias qui a eu trois vies et surtout trois morts, ici toutefois, il n'y en a que deux et c'est déjà pas mal.
D'autre part il parle d' Antonio Paro et de la passion du Christ une pièce ou l'acteur disparaît pendant une scène et là on retrouve Camilleri avec son livre «La disparition de Judas» , le mystère de la passion du christ appelé «les funérailles»
Un plaisir donc de trouver trois auteurs siciliens sur ce thème, ainsi que
Moravia d'ailleurs qui pratiquent l'humour mais assez noir et désabusé, mordant mais pas vraiment politique car il faut savoir de quoi on parle et surtout de qui ça évite d'être «crétin»
Un excellent roman très bien écrit et un grand plaisir à le lire.