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EAN : 9782253056881
91 pages
Le Livre de Poche (01/05/1991)
2.44/5   8 notes
Résumé :
Bien que Caterina eût confirmé ce qu'elle avait avoué chez le sénateur, ajoutant d'autres détails concernant le sortilège opéré sur son maître, et reconnaissant clairement deux faits qui étaient, pour l'accusation, deux piliers d'une inattaquable solidité - le pacte avec le diable signé avec le sang, le fait d'avoir " négocié " avec lui en toute connaissance de cause et avec le plus grand plaisir - le Sénat, qui en eut relation par le capitaine de Justice, ordonna q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
N° 1564 - Juillet 2021

La sorcière et le capitaineLeonardo Sciascia – Fayard.
Traduit de l'italien par Jean-Marie Laclavetine.

Le prétexte de ce roman est un court passage du célèbre et unique roman d'Alessandro Manzoni, « Les fiancés » (1825) dans lequel il dépeint la réalité sociale du Milanais sous l'autorité espagnole de 1628 à 1830. Dans cet ouvrage il est noté que le célèbre et estimé médecin de cette cité, Ludovico Settala, avait été, au XVII° siècle, pris à partie par la population qui l'accusait d'avoir répandu la peste dans la ville. Il avait en outre contribué à faire torturer et brûler une pauvre femme laide, Caterinetta Medici, accusée de sorcellerie sous prétexte que son maître, le pieux sénateur Melzi, souffrait d'étranges douleurs stomacales. le sénateur fit donc appel au docteur Settala qui se révéla incapable de le guérir mais son illustre malade finit quand même par se rétablir. Cet épisode est également relaté dan « la storia di Milano » de Pietro Verri. de plus le capitaine Vacallo, retour de campagne et logé temporairement chez le sénateur, eut des rapports intimes avec cette servante dont il était amoureux.
L'atmosphère fanatico-religieuse de cette époque et les théories qu'elle inspirait alors, sa connotation avec la justice, l'exercice de la magie, les envoûtements, l'Inquisition, l'exorcisme, les sorts jetés, l'emprise du clergé doublée de confusions de personnes, les doutes sur leur existence effective, le tout ajouté à une passion du capitaine pour Caterinetta qui souhaitait l'épouser, il n'en fallait pas plus pour conclure à l'emprise du diable et à l'accusation de sorcellerie de la servante qui exerçait sur les hommes une véritable emprise.
La justice s'en mêla donc puisque, à l'époque, le poison était un arme facile pour se débarrasser de quelqu'un d'encombrant, mais, bizarrement, soit par calcul pour échapper au bûcher soit par honnêteté, la servante avoua tout ce qu'on lui reprochait, c'est à dire d'être une sorcière, d'avoir pactisé avec le diable et d'avoir eu avec lui des relations coupables et surtout d'avoir voulu séduire le sénateur, ce qui, d'évidence va l'envoyer au supplice. Pourtant, elle prend soin d'apporter des précisions, d'invoquer la Madone et autres saints, avec ex-voto, messes et prières, de faire appel à ses souvenirs d'enfant peuplés de récits terrifiants, à la mémoire collective nourrie par les supplices imposés par l'Inquisition. Évidemment tout cela ne pouvait que satisfaire la curiosité des juges et provoquer leur verdict. Elle fut donc soumise à la « question » dont la torture n'était pas forcément reconnue comme un moyen de découvrir la vérité, de sorte que les juges voulaient surtout créer un monstre qui ressemblât le plus possible à ce à qu'ils voulaient, même si cela ne correspondait en rien à la réalité. Bizarrement Caterinetta, prise dans une sorte de maelstrom où les superstitions le disputent au mensonge, ne pouvait qu'y consentir !

Sciascia qui est un écrivain célèbre et connu, s'approprie un événement qui semble appartenir à la littérature de l'époque en même temps qu'à la petite histoire de la ville de Milan. C'est là un choix respectable pour un écrivain n'est pas obligé d'être constamment dans la fiction. S'il choisit de s'inspirer d'un évènement réel, il s'enferme lui-même dans les faits qu'il ne peut modifier (en cela les références produites attestent qu'il s'agit effectivement d'un fait avéré). Ainsi, il abandonne son thème favori, (pourquoi pas ?), la mafia, mais ne peut s'empêcher d'y faire allusion dans en évoquant des faits contemporains. Cela donne un roman un peu confus, un texte peu clair peuplé de trop nombreux personnages parfois furtifs, des faits contradictoires rapportés... le titre fait mention d'un capitaine alors qu'ils sont trois qui interviennent dans la tranche de vie de cette femme, de sorte qu'on ne sait plus vraiment de quel officier il s'agit . J'ai été un peu déçu.
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Leonardo Sciascia nous conte la contre-histoire d'un procès pour sorcellerie arrivé au cours du XVIIe siècle italien. Pour ce faire, il se fonde sur divers documents qu'il cite abondamment.

Globalement, ce livre est naze (désolé). Pour parler de manière plus autorisée : ce récit n'entre pas dans les attendus que je place dans l'art littéraire.

Pour moi, la littérature est une vaste machine à complexifier. Si elle n'inquiète pas, si elle ne révèle pas un pan de l'existence, le roman manque son objet.

Or en l'occurrence, ce bouquin n'est rien d'autre que le produit d'une machine à simplifier. En effet, M. Sciascia se contente d'opérer un autre procès dans les entrelacs du procès qu'il décrit : le jugement par l'histoire d'un événement historique. On y découvre ainsi la thèse révolutionnaire selon laquelle "brûler des sorcières c'est pas gentil et en plus les sorcières ça existe même pas d'abord !".

Aucune mise en perspective, aucun jeu narratif, juste la réinterprétation de l'événement avec une position critique qui n'a rien de novatrice (critique des techniques du procès, focalisation sur la pensée de la "sorcière" pour mettre en évidence le fait qu'elle se trouva simplement dépassée par les évènements).

À ce compte, M. Sciascia eût mieux fait d'écrire un essai qu'un récit.

Le tribunal de l'histoire n'est qu'une simplification aberrante de la complexité historique, l'imposition irréfléchie d'un sens unique à un objet nécessairement plurivoque.

La littérature est là pour empêcher cette barbarie intellectuelle. M. Sciascia fait l'impasse de ce constat.

Si vous vous documentez sur ce thème, c'est un bouquin intéressant en ce qu'il renvoie à de nombreuses sources qui permettront d'enrichir la perspective. La traduction française n'est pas mauvaise, j'imagine que l'original italien non plus. Si vous cherchez un roman (même un récit), passez votre chemin.

Je n'ai pas lu le reste des productions de M. Sciascia et ma critique voit donc naturellement son périmètre restreint à ce petit livre.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
De retour à la maison, après avoir brûlé les objets maléfiques, et après que le curé de San Giovanni eu proprement exorcisé le sénateur, Ludovico décida d'affronter Caterina, et de la contraindre d'avouer et de réparer. Il dit l'avoir prise à l'écart : mais on comprend mal à l'écart de qui, puisque Cavagnolo était certainement présent, et, à ce qu'il semble, d'autres encore, appelés par la suite à témoigner. Il l'accusa ex abrupto d'avoir ensorcelé son père, et la prévint que si elle ne faisait pas disparaître ces maléfices, elle serait brûlée. Caterina tenta de nier, "mais Cavagnolo lui ayant dit qu'elle ne pouvait nier être connue de lui comme sorcière", elle avoua aussitôt avoir dérobé au sénateur "un lacet et une languette de ses chausses ", et qu'au lacet elle avait fait un noeud : cela dans le but de s'attirer l'amour de son maître. "Lacet" est un mot qui a le même sens de nos jours qu'à cette époque ; et le vestiaire d'alors en comportait beaucoup - rubans, cordelettes, cordonnets ; mais en ce qui concerne la "languette", nous pouvons simplement subodorer qu'il s'agissait d'un fil ou d'une bandelette.
Ayant obtenu cette première confession, ils la laissèrent aller : et il semble étrange qu'ils n'aient pas poursuivi l'interrogatoire, avantagés comme ils l'étaient par l'ex abrupto. A moins qu'ils ne lui aient suggéré de tirer conseil de la nuit, qui selon l'antique sagesse, le porte toujours bon et juste : et pour Caterina, à ce point, après le premier aveu, le conseil ne pouvait être que celui de se confesser pleinement et de libérer le sénateur de ses coliques;
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Videos de Leonardo Sciascia (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Leonardo Sciascia
Le 1.10.2022, Hubert Prolongeau présentait “Actes relatifs à la mort de Raymond Roussel” de Leonardo Sciascia dans “Mauvais Genres” (France Culture).
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