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EAN : 9782080445063
192 pages
Flammarion (27/03/2024)
3.9/5   151 notes
Résumé :
" La mafia est une association criminelle ayant pour fin l'enrichissement de ses membres, qui se pose en intermédiaire parasite, et s'impose par la violence, entre la propriété et le travail, la production et la consommation, le citoyen et l'État... J'ai cherché à comprendre ce qui faisait que quelqu'un était mafioso. C'est le sens de mon livre et, tout compte fait, je crois que c'est un bon livre, même si je le déteste... Je suis un instituteur qui s'est mis à écri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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Lu en V.O.

C'è livre écrit au début des années cinquante se présente comme un roman policier, tout y est : un assassinat, un tueur, un enquêteur qui essaie de résoudre l'affaire.
Mais c'est surtout une dénonciation frontale du pouvoir de la mafia dont l'existence à l'époque était largement niée.
Nous suivons l'enquête menée par un capitaine originaire de Parme. Dès les premiers instants, la fameuse omertà, la loi du silence, se met en place : la victime a été tuée alors qu'elle montait dans un bus rempli de passagers mais plutôt que de devoir témoigner, tous les occupants quittent le bus avant l'arrivée des autorités, et conducteur et contrôleur ne se rappellent de rien..
Est dénoncé évidemment la violence s'appliquant à tous ceux qui ne respectent pas les règles de la mafia , ses tentatives pour intimider tout témoin et la collusion de l'organisation avec certains politiciens.

Le style est fluide et sans fioritures.

Le roman eut un retentissement énorme en Italie, et a réveillé les consciences sur ce fléau hélas encore bien actuel aujourd'hui.
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Froidement, un homme est abattu alors qu'il monte dans un tramway.On est en Sicile , au début des années 60, et l'enquête ne s'annonce pas simple dans ce coin d'Italie encore marqué par le fascisme , où pointe une organisation encore confidentielle aux yeux du grand public, la mafia.

Cette lecture fut une belle découverte. L'auteur mène très astucieusement sa barque et son enquête policière n'est pas là pour nous tenir en haleine mais bien pour fustiger un système ou encore pour immerger le lecteur dans cette Sicile rurale qui bascule sous le poids de la menace mafiosa.
Confier l'enquête à un Parmesan ne doit pas non plus être un choix innocent , sans doute voulu pour accentuer le contraste Nord Sud dans un pays où la latitude a une grande importance.
L'auteur compare la montée en puissance de la mafia à la ligne de pousse des palmiers. Inexorablement , celle ci gagne 500 mètres vers le nord chaque année.C'est imperceptible mais personne n'y peut rien.Et une fois réalisée, il n'y a pas de retour en arrière.
Le face à face entre policiers et truands est très fort, servi par des dialogues où chacun est sur de son fait,l'auteur expliquant en fin d'ouvrage comment il a construit son roman et les garde fous qu'il a mis. il revient d'ailleurs sur le contexte très particulier que l'Italie impose à ses écrivains , metteurs en scène .

Une bien belle découverte d'un auteur dont le nom m'a été soufflé par la lecture alléchante d'une chronique récente .
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Le roman du Sicilien Leonardo Sciascia (1921-1989) fit grand bruit à sa parution en 1961 et il est aujourd'hui un classique. Il propose une immersion dans le milieu de la mafia qui gangrène toute la société sicilienne de l'époque. Ce n'est pas un roman policier banal. C'est à la fois le récit d'une enquête policière sur un crime de la mafia conduite par un jeune officier des carabiniers, originaire de Parme mais aussi et surtout le récit du sabotage puis du déni de celle-ci. Parallèlement à l'enquête rondement et clairement menée par le capitaine Bellodi et son équipe de carabiniers locaux, on est témoin de mystérieuses conversations trouées de points de suspensions entre personnages non identifiés dont on devine qu'ils sont très haut-placés et liés les uns aux autres. L'enquêteur est plein de bonne volonté, de sagesse et de ruse et il croit fondamentalement en la justice. Mais que peut faire la chouette en plein jour ?
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Quel beau montage !
Et nécessaire... (Question politique ; de vie ou de mort)
Tout est suggéré, en même temps tout est clair et net, bien ciselé
Le roman policier, à ce niveau de manipulation, c'est du théâtre ; une scène pour nous faire voir ce qui se trame malgré nous (ou à partir de nous) dans le discours silencieux de la peur
C'est également un concentré de langage cinématographique où la mafia est montrée pour ce qu'elle est, une organisation ; c'est-à-dire quelque chose se rapportant essentiellement au mystère, dans son existence même
Avec grand style et sans fioritures, l'auteur laisse entendre au lecteur ce que cela veut dire d'attirance suspecte et de danger véritable pour chaque témoin, chaque participant, chaque acteur du drame qui se joue sous nos yeux
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« Moi, en ce qui concerne l'observance de la bonne règle qui consiste à faire court également un récit, je ne puis dire que le temps m'ait manqué ; j'ai mis toute une année de travail, d'un été à l'autre pour raccourcir ce récit : non pas une année d'un travail intense, évidemment, mais en marge d'autres travaux et de préoccupations d'un ordre bien différent. le résultat auquel ce travail de coupure tendait à arriver, bien plutôt qu'à donner de la mesure, de la concentration et du rythme à mon récit, c'était de parer les révoltes éventuelles de ceux qui eussent pu se considérer plus ou moins directement atteints par mon récit. On n'ignore pas qu'en Italie il ne faut pas jouer avec le feu ; qu'on imagine ce qu'il en est quand on ne désire pas jouer, mais parler sérieusement. Les Etats-Unis peuvent présenter dans leurs récits et dans leurs films des généraux imbéciles, des juges corrompus et des policiers canailles. L'Angleterre aussi, la France aussi (tout au moins jusqu'à aujourd'hui), la Suède aussi et ainsi de suite. L'Italie n'en a jamais présentés, n'en présente pas, n'en présentera jamais.[…] Je ne me sens pas l'héroïsme de défier, de propos délibéré, des imputations de diffamation et d'outrage au gouvernement. C'est pourquoi, lorsque je me suis aperçu que mon imagination ne tenait pas suffisamment compte des limites imposées par les lois et, plus encore que par les lois, par la susceptibilité de ceux qui sont chargés de faire respecter ces lois, j'ai commencé à supprimer, supprimer, supprimer.
[…]
Inutile de dire qu'il n'existe pas, dans ce récit, de personnage ou de fait ayant une correspondance autre que fortuite avec des personnes existantes ou des faits qui se sont réellement produits. »

Mon avis :

J'aurais pu vous présenter la 4ème de couverture comme je le fais d'habitude ou encore vous faire un bref résumé « maison » comme ça m'arrive parfois mais cette fois-ci j'ai choisi de vous recopier partiellement la note écrite par l'auteur que j'ai trouvée à la fin de mon exemplaire du Jour de la chouette de Leonardo Sciascia. J'ai pensé, qu'en plus d'éveiller la curiosité, elle représentait assez bien le ton et l'ambiance du récit de Sciascia.
Car dans ce récit, Sciascia s'attaque à un des fléaux de l'Italie, à un sujet « tabou », vous l'aurez compris, il s'agit de la mafia.
Le Jour de la chouette se présente comme un roman policier, nous avons des assassinats, des témoins, des enquêteurs et des suspects. Ne vous attendez pas à un roman à suspense ou à la construction traditionnelle dans le style d'Agatha Christie. Non rien de tout ça ici.
La construction du texte se fait cinématographique, il n'y a pas de chapitres mais plusieurs séquences séparées par un blanc. Les séquences nous présentent chacune une scène, tantôt une scène d'interrogatoire, tantôt un dialogue entre deux mystérieux interlocuteurs dont on ignore les noms mais dont on devine au fur et à mesure de la conversation le statut social et la fonction.
Le tout est très court et se lit en quelques heures à peine, comme un film.
Le récit s'ouvre sur la première scène, celle d'un assassinat où Sciascia met en lumière une des caractéristiques de l' « état » mafieux : l'omerta, autrement dit la loi du silence. On a des témoins mais ils n'ont rien vu, rien entendu, ne connaissent personne et ne savent rien. C'est sur cette base fragile que le capitaine Bellodi va devoir mener son enquête.
L'action se situe en Sicile, le capitaine Bellodi est de l'Italie du Nord et ne connaît donc pas les « coutumes » locales et surtout ne compte pas s'y plier. Il va donc faire son travail consciencieusement avec tout le zèle nécessaire et fera grincer des dents.
Sciascia se serait inspiré d'un véritable enquêteur pour créer le personnage de Bellodi et se serait basé sur un livre écrit par cet enquêteur, un livre entièrement consacré à la mafia.
Vous aurez donc dans ce roman un aperçu des procédés mafieux, de la véritable toile d'araignée qu'est la mafia de la base aux plus hautes strates du gouvernement. Et vous verrez à quel point il est difficile de la faire tomber surtout lorsque même le gouvernement nie son existence (et on comprend pourquoi …)
Grâce à ce livre, j'ai notamment appris l'existence et le rôle qu'a joué un préfet très connu en Sicile pour son action : le préfet Mori surnommé le préfet de fer, envoyé par Mussolini pour porter un coup fatal et faire cesser les agissements de la mafia. Mori a eu les pleins pouvoirs pour son opération ( les moyens extrêmes employés par ce dernier transparaissent d'ailleurs à travers certains des propos que Sciascia met dans la bouche de ses personnages) et a bien failli réussir. Et on comprend ainsi pourquoi la Sicile s'est massivement pliée au fascisme.
Un conseil si vous choisissez de lire ce récit et si vous prenez la même édition que moi : ne lisez surtout pas l'introduction d'abord, elle en dit beaucoup trop et surtout donne des clés de compréhension. Mieux vaut donc la garder pour la fin.
Jusqu'à la fin, Sciascia nous livre là un récit assez politique et surtout réaliste, tellement réaliste qu'on pourrait le croire tiré d'une histoire vraie (peut-être ?) et j'ai d'ailleurs du mal à parler de ce livre comme d'un roman.
Mais le mieux est que vous jugiez par vous-même.



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Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
Mais, en attendant, je vous demande comme une grâce de suivre de très près les enquêtes de ce Bellodi... Et pour vous, qui n'y croyez pas, à la mafia, tâchez de faire quelque chose ; envoyez quelqu'un qui sache "y faire". Qu'il n'aille pas chercher querelle à Bellodi ; mais tout de même... "Ima summis mutare" : vous comprenez le latin ? Non, pas celui d'Horace, je veux dire le mien.
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- La vérité est au fond d'un puits. Vous regardez dans un puits : vous y voyez le soleil ou la lune. Mais si vous vous jetez dans le puits, il n'y a plus ni soleil ni lune ; il y a la vérité.
Le brigadier commençait à se fatiguer. Il se sentait comme un chien obligé de suivre le chasseur au milieu de pierres arides sans la moindre piste de gibier. Un long chemin tortueux. C'est à peine s'ils effleuraient les victimes des assassinats : tout de suite ils élargissaient le cercle : l'Eglise, l'humanité, la mort. Une conversation comme au Cercle, nom de Dieu. Avec un criminel...
- Vous avez aidé beaucoup d'hommes, dit le capitaine, à trouver la vérité au fond d'un puits.
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"Cherchez la femme", disait, en résumé, le journaliste, en bon journaliste et en bon Sicilien. Au contraire, pensait le capitaine, le précepte qu'il aurait fallu inculquer à la police, en Sicile, était de ne pas chercher la femme, précisément parce qu'on finissait toujours par la trouver, pour le plus grand préjudice de la justice.
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- Le peuple ! ricana le vieux. Le peuple ! Le peuple a toujours été cocu et reste cornard et cocu ! L'unique différence, c'est que le fascisme n'accrochait qu'un seul drapeau aux cornes du peuple, tandis que la démocratie laisse chacun se l'accrocher lui-même, à ses propres cornes, en choisissant la couleur qui lui plaît... Nous en revenons à ce que je disais tout à l'heure : il n'y a pas seulement certains hommes qui naissent cocus, mais des peuples entiers. Cocus depuis l'antiquité. Une génération après l'autre.
- Moi, je ne me sens pas cocu ou cornard, dit le jeune.
- Moi non plus. Mais nous, mon cher, nous marchons sur les cornes des autres. C'est comme si nous dansions.
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Tous les jours, par peur de mourir, ils affrontaient la mort. Enfin l'heure de la mort sonnait, la dernière, la définitive, il n'y en a qu'une ; ce n'était plus le double jeu, la double mort de toutes les heures.
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