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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
«  le premier dictionnaire sicilien , en 1868 dit qu'en Toscane le mot MAFFIA signifie misère « La vraie misère est de se croire un homme supérieur par la seule force brute , qui ne démontre qu'une grande sauvagerie , et de n'être donc qu'un grand imbécile . » Cela te plait ? » .

«  Je vous laisse tomber , puisque toi et ceux qui pensent comme toi, vous avez la science du portefeuille , du fusil à deux coups et des automobiles bourrées de dynamite » .
Deux extraits significatifs d'une des treize nouvelles —— récits écrits entre 1959 et 1972, celle- ci nommée «  Philologie » ,une sorte de discussion philosophique sur l'origine du mot mafia goûteuse et des plus intéressantes , révélatrice , récits nous dit l'auteur qui , «  entre le premier et le dernier, se dessine une ligne circulaire qui n'est pas celle du chien. qui se mord la queue » .

À travers une prose éblouissante aux accents cyniques, ironiques , parfois drôles , le lecteur découvre l'humour féroce de l'auteur, au coeur de cette île chaude , aux paysages splendides , confrontée à cette mafia qui lui fait de l'ombre :
L'histoire de monsieur l'ingénieur : «  La mer couleur de vin », qui se rendait pour la première fois en Sicile, il voyage auprès de Luigi et Emanuele , les parents de deux enfants mal élevés : Lulu et Nené le plus petit .
Sur le point de se quitter les salutations durèrent longtemps …..subir cette famille et les quitter avec regret …..
«  Qui est rassasié ne croit pas ceux qui ont faim » .
Ou encore cette nouvelle la plus drôle : la discussion animée entre un syndicaliste communiste et son épouse toute dévouée au catholicisme …

Le mirage d'un voyage organisé par un passeur sans aucun scrupule, il monnaie très cher ses services afin d'organiser un voyage en Amérique…
Ou «  L'examen » dont la conclusion décrit le sauvetage d'une candidate à l'émigration vers la Suisse , organisée par mr Blaser , par son fiancé …
Je ne peux les décrire toutes , ma critique serait trop longue .

L'auteur balaie nombre de thèmes qui lui sont chers : dénonciation de la mafia, de la corruption , poids de la société et des traditions siciliennes , préjugés , importance incroyable de la religion, exploitation de la main d'oeuvre immigrée en proie à l'exil et à la pauvreté !
Il décrit avec talent le coeur battant de la Sicile et ses facettes les plus significatives , se révèle un grand témoin pertinent , convaincant de la réalité de cette île ensoleillée.
Il maîtrise parfaitement l'art délicat de la nouvelle .
Lu avec beaucoup de plaisir .
Oui, des histoires ironiques plaisantes , significatives, maîtrisées , témoins de cette Sicile si mystérieuse au fond !
Merci Idil !
«  Mais la vie tourmentée , opprimée ,
De ce Grand Homme infortuné,
Trouvait le réconfort de furtives tendresses ,
Le malheureux abandonnait son coeur à l'espérance ,
Un feu le consumait en l'exaltant ,
Son soupir était celui d'un homme ,
Dont la douleur est l'aiment
Quand le console une larme d'amour ,
Une céleste pitié , un coeur gentil ,
Eléonora….
Poème sur Le Tasse extrait de la nouvelle : Réversibilité .p17 .
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Le plus surprenant dans ce recueil de nouvelles est de mesurer l'aisance avec laquelle Sciascia varie les supports de ses différentes histoires pour nous donner à comprendre son pays et surtout sa région. Contes, intrigues policières, marivaudages, compte-rendus de procès, considérations linguistiques et anecdotes historiques ou politiques s'enchaînent ainsi.
J'ai un souvenir lointain du « K » de Buzzati, lu au collège, et de ma prof d'alors qui nous avait demandé d'établir notre « tiercé ».
Plus de quarante ans après, j'ai relevé le défi pour « La mer couleur de vin ». « Giufà », « Affaires de saints », « Un cas de conscience » sont donc mes nouvelles préférées. Si la plupart des nouvelles sont truculentes ces trois-là sont délicieusement irrévérencieuses. Cette dimension cocasse est tellement prégnante que je me suis permis de suggérer de rajouter l'étiquette « humour » à cet ouvrage. Un petit exemple ?
Michele arrache sa femme Filomena à un groupe de punaises de sacristie en prétextant que sa mère a eu un malaise. Suis le dialogue suivant :
Ce n'est rien, je te dis… Maintenant que j'y repense, tu peux très bien rester ici : d'autant plus qu'il y a là-bas le médecin, le prêtre…
Le médecin, le prêtre, mais, alors, c'est grave.
Seulement, une petite attaque, elle n'a perdu que la parole.
Et il pensa :
Si au moins c'était vrai.
Certaines nouvelles sont moins passionnantes que d'autres. Peut-être parce qu'elles sont datées, sûrement parce que je ne suis pas assez versé dans l'histoire de l'Italie en général et de la Sicile en particulier pour saisir l'acuité de l'analyse de l'écrivain sur son pays et ses multiples caractéristiques dont le poids de la religion et le pouvoir de la mafia semblent être les traits les plus marquants. Est-ce toujours ainsi en 2023 ? Mon ignorance n'a pas gâché mon plaisir de lecteur. La virtuosité de Sciascia est telle, que même si on ne saisit pas toutes les références, le livre reste avant tout une formidable machine romanesque. Prétendre que ce livre m'a rappelé cette île découverte il y a plus de vingt ans serait mentir : voyage archéologique, volcanique, gastronomique à coup sûr, mais surtout touristique… A part à la faveur de quelques agriturismo, nous n'avions pas noué de contacts humains très poussés. Dès lors, la Sicile ou plutôt siciliennes et siciliens restent en grande partie des inconnus.
En revanche, si un jour, des vents favorables me poussaient vers Palerme ou Lipari, je glisserais certainement quelques livres de ce romancier dans ma besace, espérant qu'ils constituent un sésame. Comment dit-on babéliote en sicilien ?
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Il y a maintenant longtemps de cela, bookycooky m'avait recommandé ce recueil de nouvelles d'un auteur que j'aime beaucoup. La première nouvelle faisait barrage à ma lecture. Il y a peu, j'ai insisté de nouveau.

J'ai retrouvé cet auteur dont j'aime l'humour et le regard. Ces nouvelles ont un côté ironique, et donnent une vision imprégnée de dérision, parfois de satire, de cette culture populaire profondément italienne. Il se focalise également sur certains aspects plus précisément siciliens (sur la mafia pour une ou deux nouvelles, les règlements particuliers et les anecdotes du cru, parfois historiques, …). D'autres nouvelles racontent des voyages en train comme dans la nouvelle titre « la mer couleur de vin », où un célibataire doit voyager avec toute une famille fort bruyante, qu'il ne connaît pas mais dont il fera connaissance, ou bien « un cas de conscience », où un avocat qui aime lire durant ses voyages, se trouve un jour à court de lecture et ramasse un magazine féminin gisant dans un wagon, pour y lire le courrier du coeur, où une lettre attirera son attention. Il y a aussi des récits de migrations aux itinéraires peu probables.

Bref, un très beau recueil de nouvelles qu'il a écrites entre 50 et 70 et conçu lui-même. Merci à bookycooky pour ce bon conseil de lecture.
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Treize récits écrits entre 1957 et 1972, publiés dans des journaux, des revues, ont été réunis et publiés en 1973.
Presque tous ont pour cadre la Sicile et sa "mer couleur de vin"
Le titre est emprunté à Homère (Odyssée ) "naviguant sur la mer couleur de vin vers des gens étrangers"...

On trouve des thèmes variés : historiques, folklore d'origine arabo-sicula, l'inévitable mafia, du polar, la religiosité populaire et la passion politique, le drame de la pauvreté et de l'immigration.
On a aussi la Sicile vue par les yeux d'un ingénieur septentrional attiré par une charmante jeune fille dans un long voyage en train.

Dans ces récits, de longueur et d'importance diverses, on trouve l'habituelle légèreté de l'écriture et, en certains cas, l'ironie, dolente ou indignée, d'un grand témoin de la réalité, pas seulement sicilienne.

Bien sûr, j'ai aimé certains récits plus que d'autres. Quelques uns font nettement sourire.
Comme Guifà, dont le nom est écrit en arabe, ce babbeo (nigaud) qui n'en rate pas une, qui en "invente une plus grosse que l'autre" mais réussit toujours à s'en sortir. Est-il niais ou astucieux?

Sciascia à une grande capacité à dire les hommes, leurs qualités, leurs défauts.
J'
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En lisant ces nouvelles de Leonardo Sciascia, j'ai senti la chaleur, l'ambiance, le coeur battant de la Sicile. Surtout dans les neuf premières nouvelles qui mettent en situation des gens simples pétris de bonne volonté ou des situations amoureuses compromises par les principes.
La Sicile est la terre de la rivalité entre villages, entre clans de mafia. Celle aussi où la religion pèse sur les consciences mais n'empêche pas certains comportements. Celle où l'amour ou le mariage conduit à tous les excès. Une terre que certains veulent quitter pour trouver du travail mais qui reste toujours au fond du coeur et qui vous attire en retour.
Léonardo Sciascia maîtrise l'art de la nouvelle créant en quelques lignes une histoire qui enveloppe le lecteur dans une ambiance et le conduit vers une chute appropriée.
Le ton reste toujours plutôt jovial même dans les situations sombres. Maris ou femmes infidèles, arnaques, dérives d'un simple d'esprit, méfiance envers les étrangers, vendettas, meurtres en série sont autant de situations qui mettent en avant ce caractère bien trempé et naturel des italiens que Stendhal relevait déjà dans Chroniques italiennes.
Ma nouvelle préférée est celle qui donne son titre au recueil. Elle traduit la rencontre avec des gens à « l'incontinence verbale », avec des enfants terribles qui cachent derrière leurs manières un peu lourdes une grande générosité et simplicité. Des gens très attachants.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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