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Lu en V.O.

C'è livre écrit au début des années cinquante se présente comme un roman policier, tout y est : un assassinat, un tueur, un enquêteur qui essaie de résoudre l'affaire.
Mais c'est surtout une dénonciation frontale du pouvoir de la mafia dont l'existence à l'époque était largement niée.
Nous suivons l'enquête menée par un capitaine originaire de Parme. Dès les premiers instants, la fameuse omertà, la loi du silence, se met en place : la victime a été tuée alors qu'elle montait dans un bus rempli de passagers mais plutôt que de devoir témoigner, tous les occupants quittent le bus avant l'arrivée des autorités, et conducteur et contrôleur ne se rappellent de rien..
Est dénoncé évidemment la violence s'appliquant à tous ceux qui ne respectent pas les règles de la mafia , ses tentatives pour intimider tout témoin et la collusion de l'organisation avec certains politiciens.

Le style est fluide et sans fioritures.

Le roman eut un retentissement énorme en Italie, et a réveillé les consciences sur ce fléau hélas encore bien actuel aujourd'hui.
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Le roman du Sicilien Leonardo Sciascia (1921-1989) fit grand bruit à sa parution en 1961 et il est aujourd'hui un classique. Il propose une immersion dans le milieu de la mafia qui gangrène toute la société sicilienne de l'époque. Ce n'est pas un roman policier banal. C'est à la fois le récit d'une enquête policière sur un crime de la mafia conduite par un jeune officier des carabiniers, originaire de Parme mais aussi et surtout le récit du sabotage puis du déni de celle-ci. Parallèlement à l'enquête rondement et clairement menée par le capitaine Bellodi et son équipe de carabiniers locaux, on est témoin de mystérieuses conversations trouées de points de suspensions entre personnages non identifiés dont on devine qu'ils sont très haut-placés et liés les uns aux autres. L'enquêteur est plein de bonne volonté, de sagesse et de ruse et il croit fondamentalement en la justice. Mais que peut faire la chouette en plein jour ?
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Froidement, un homme est abattu alors qu'il monte dans un tramway.On est en Sicile , au début des années 60, et l'enquête ne s'annonce pas simple dans ce coin d'Italie encore marqué par le fascisme , où pointe une organisation encore confidentielle aux yeux du grand public, la mafia.

Cette lecture fut une belle découverte. L'auteur mène très astucieusement sa barque et son enquête policière n'est pas là pour nous tenir en haleine mais bien pour fustiger un système ou encore pour immerger le lecteur dans cette Sicile rurale qui bascule sous le poids de la menace mafiosa.
Confier l'enquête à un Parmesan ne doit pas non plus être un choix innocent , sans doute voulu pour accentuer le contraste Nord Sud dans un pays où la latitude a une grande importance.
L'auteur compare la montée en puissance de la mafia à la ligne de pousse des palmiers. Inexorablement , celle ci gagne 500 mètres vers le nord chaque année.C'est imperceptible mais personne n'y peut rien.Et une fois réalisée, il n'y a pas de retour en arrière.
Le face à face entre policiers et truands est très fort, servi par des dialogues où chacun est sur de son fait,l'auteur expliquant en fin d'ouvrage comment il a construit son roman et les garde fous qu'il a mis. il revient d'ailleurs sur le contexte très particulier que l'Italie impose à ses écrivains , metteurs en scène .

Une bien belle découverte d'un auteur dont le nom m'a été soufflé par la lecture alléchante d'une chronique récente .
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Quel beau montage !
Et nécessaire... (Question politique ; de vie ou de mort)
Tout est suggéré, en même temps tout est clair et net, bien ciselé
Le roman policier, à ce niveau de manipulation, c'est du théâtre ; une scène pour nous faire voir ce qui se trame malgré nous (ou à partir de nous) dans le discours silencieux de la peur
C'est également un concentré de langage cinématographique où la mafia est montrée pour ce qu'elle est, une organisation ; c'est-à-dire quelque chose se rapportant essentiellement au mystère, dans son existence même
Avec grand style et sans fioritures, l'auteur laisse entendre au lecteur ce que cela veut dire d'attirance suspecte et de danger véritable pour chaque témoin, chaque participant, chaque acteur du drame qui se joue sous nos yeux
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Sicile dans les années soixante, à l'heure où le car doit partir, un tir, un mort !

Un enquêteur, non sicilien, mène l'enquête , travail difficile quand les témoins s'envolent, que personne n'a rien vu ni rien entendu et que la mafia n'existe pas !

La construction est brillante, on voit d'emblée où ça va coincer. L'auteur a particulièrement bien rendu cette ambiance d'omerta qui caractérise la région. En douce, comme ça mine de rien il nous fait un portrait édifiant de cette époque.

On sait aujourd'hui que ce n'est que le début d'un grand combat contre la mafia, qui verra des juges tués, des lois spéciales crées, l'armée encercler des villages, des procès gigantesques se mettre en place pour faire reculer cette gigantesque et néfaste organisation.

Un excellent roman!
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Ce livre a été mon introduction à l'univers de Leonardo Sciascia. Et surtout à son style époustouflant fait de précision et de concision.

Chacun de ses ouvrages, et celui-ci en particulier, fait revivre tout un monde, non seulement ses aspects factuels et extérieurs, mais surtout son mode de pensée. Et sans pour autant se lancer dans de grands développements psychologiques, seulement à coup de subtiles notations et sous-entendus qui sont bien plus agréables à lire et tout aussi efficaces.

Évidemment, quand on parle de l'emprise de la loi du silence sur toute une population, ce style devient en parfaite adéquation avec son sujet. Chef d'oeuvre, donc.
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Plus que de la mafia, ce court roman parle du silence, du déni, du mensonge, de la complaisance et de la corruption qui l'entourent, et qui voudraient nous amener à croire que la mafia n'est que pure fantaisie...
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Hybride entre le roman policier et la réflexion sociétale, ce roman dit beaucoup de choses en peu de pages. Il s'ouvre sur une scène de meurtre en public, j'aimerais dire sous les yeux médusés des témoins mais non. le silence est total et les regards vides, comme s'il ne s'était absolument rien passé. On est en Sicile et on se dit alors que pour commettre un acte de façon aussi éhonté au vu et au su de tout le monde, il faut se sentir sacrément intouchable. Qui suis-je ?

Le sicilien Leonardo Sciascia s'est beaucoup attelé dans ses écrits à la démystification de la mafia dans son pays. Qui dans ce roman s'attelle elle-même avec beaucoup de soins à mystifier son existence et son champs d'action. La mafia serait une invention, mais une invention d'utilité publique attention, qui est là pour rendre service, prodiguer ses conseils en toute amitié voire pourquoi pas accorder sa protection et faire profiter de son pouvoir d'influence petits et grands. Son autorité valant à ses propres yeux celle de l'État. Mais tout cela est relatif, après tout sont-elles l'une comme l'autre légitimes ? Ne s'agit-il pas plutôt de luttes d'influence afin de tirer son épingle du jeu ? Telle est le discours ambiant, surtout celui des mafieux afin de justifier leur existence. Mais je m'égare. Pourquoi tout ce blabla puisque la mafia n'existe pas ?

Ce roman lance plusieurs pistes de réflexions dont certaines qui ne s'imposent pas naturellement à l'esprit si l'on ne baigne pas dans un environnement sicilien depuis toujours, et si la mémoire du fascisme de Mussolini n'a pas été transmise en héritage de génération en génération. Il n'est pas simplement question d'omerta et de déni à divers degrés, de craintes de représailles si l'idée incongrue de parler venait à faire surface. Pour cette méfiante population, une idée apparemment bien ancrée est que l'autorité et la violence dont fait preuve la mafia sont au fond aussi arbitraires que celles de l'État, sauf que lui le fait au nom de ses institutions et de sa légitimité constitutionnelle. L'autorité judiciaire peut devenir elle-même hors-la-loi lorsque des exactions sont commises dans un excès de zèle et restent impunies. Dans ce cas, à quoi bon collaborer avec les carabiniers contre la mafia ? le capitaine en charge de l'enquête dans ce roman est droit dans ses bottes, respectueux de ses interlocuteurs jusqu'au bout des ongles quelque soit leur bord. Il est prétexte à une autre réflexion : les avantages et inconvénients à rester dans le cadre constitutionnel lorsqu'il s'agit de faire appliquer la loi tout en sachant pertinemment que la mafia est l'adversaire et qu'elle a des accointances au plus haut niveau. Dans ses moments de dépits, le capitaine est parfois bien tenté de céder à la tentation d'utiliser des méthodes qui ne lui correspondent pas. Mais toujours le spectre du fascisme et des dérives de Cesare Mori – chargé d'éradiquer la mafia par Mussolini - reviennent et tuent dans l'oeuf ces velléités. Que ce soit du côté de la population ou des carabiniers, la question du rapport à la démocratie et à la dictature s'avère parfois ambiguë.

Dans ce roman qui se lit très attentivement, l'écriture est pleine de subtilités et avant tout fonctionnelle. Les descriptions sont réduites aux strict minimum, elles ne sont pas là pour embellir mais pour poser un décor qui a souvent son propre sens. Les personnages sont des vitrines, des fonctions chargées d'incarner les différentes facettes de la situation. Avant de mettre un nom sur eux, ils sont d'abord systématiquement présentés de façon anonyme avec quelques indices par-ci par-là. Les lieux le sont également et sont désignés par des lettres. Incitant ainsi le lecteur à réfléchir par lui-même, à faire les liens entre les personnages et les situations. Au-delà de l'enquête, il peut se faire son propre détective. Ces subtilités narratives permettent de focaliser l'attention sur le fond et non sur la forme, l'enquête policière n'étant qu'un prétexte. J'ai beaucoup aimé cette démarche qui est de tirer le lecteur par le haut et j'ai personnellement parfois pris ma lecture comme un jeu. Malgré un style assez austère, l'auteur parvient quand même à infuser un peu d'humour dans son récit. Parfois juste pour alléger les propos, parfois pour montrer tout le cynisme du discours mafieux. Avec un vrai talent pour dépeindre des personnages peu recommandables, à la croisée des chemins entre l'exagération méridionale et l'implacabilité mortelle :

«  Si tu t'attaques à la Sainte Eglise, que puis-je bien te faire, mon cher ? Rien du tout. Je te dis seulement que tu es mort dans le coeur des amis. »

Adeptes également des métaphores qui claquent : « La vérité est au fond d'un puits. Vous regardez dans un puits : vous y voyez le soleil et la lune. Mais si vous vous jetez dans le puits, il n'y a plus ni soleil ni lune ; il y a la vérité »

Il y est aussi étrangement question de respect envers un certain type d'autorité judiciaire, une sorte de duel d'homme à homme.

L'auteur ne cache pas que la rédaction de ce roman a été un jeu d'équilibriste entre le message qu'il voulait faire passer et l'auto-censure pour ne pas froisser les susceptibilités. En tant que lectrice qui aime découvrir les livres sans arrière-pensées, je me félicite de ne pas avoir lu l'introduction en premier. Qui a à la fois le mérite de totalement spoiler l'histoire mais aussi d'apporter des éclairages sur la manière dont est construit et rédigé le roman : aspect théâtral et cinématographique, alternance par thèmes des parties paires et impaires, les jeux linguistiques sur les prénoms des personnages, les subtils et multiples jeux de miroirs. Tous ces aspects m'avaient totalement échappés et me font dire que si je relisais ce roman, je le percevrait probablement autrement. Détenir quelques connaissances supplémentaires sur la culture, la politique et l'histoire italienne aux XIX et XXème siècles m'aurait par ailleurs été bien utile.
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« Moi, en ce qui concerne l'observance de la bonne règle qui consiste à faire court également un récit, je ne puis dire que le temps m'ait manqué ; j'ai mis toute une année de travail, d'un été à l'autre pour raccourcir ce récit : non pas une année d'un travail intense, évidemment, mais en marge d'autres travaux et de préoccupations d'un ordre bien différent. le résultat auquel ce travail de coupure tendait à arriver, bien plutôt qu'à donner de la mesure, de la concentration et du rythme à mon récit, c'était de parer les révoltes éventuelles de ceux qui eussent pu se considérer plus ou moins directement atteints par mon récit. On n'ignore pas qu'en Italie il ne faut pas jouer avec le feu ; qu'on imagine ce qu'il en est quand on ne désire pas jouer, mais parler sérieusement. Les Etats-Unis peuvent présenter dans leurs récits et dans leurs films des généraux imbéciles, des juges corrompus et des policiers canailles. L'Angleterre aussi, la France aussi (tout au moins jusqu'à aujourd'hui), la Suède aussi et ainsi de suite. L'Italie n'en a jamais présentés, n'en présente pas, n'en présentera jamais.[…] Je ne me sens pas l'héroïsme de défier, de propos délibéré, des imputations de diffamation et d'outrage au gouvernement. C'est pourquoi, lorsque je me suis aperçu que mon imagination ne tenait pas suffisamment compte des limites imposées par les lois et, plus encore que par les lois, par la susceptibilité de ceux qui sont chargés de faire respecter ces lois, j'ai commencé à supprimer, supprimer, supprimer.
[…]
Inutile de dire qu'il n'existe pas, dans ce récit, de personnage ou de fait ayant une correspondance autre que fortuite avec des personnes existantes ou des faits qui se sont réellement produits. »

Mon avis :

J'aurais pu vous présenter la 4ème de couverture comme je le fais d'habitude ou encore vous faire un bref résumé « maison » comme ça m'arrive parfois mais cette fois-ci j'ai choisi de vous recopier partiellement la note écrite par l'auteur que j'ai trouvée à la fin de mon exemplaire du Jour de la chouette de Leonardo Sciascia. J'ai pensé, qu'en plus d'éveiller la curiosité, elle représentait assez bien le ton et l'ambiance du récit de Sciascia.
Car dans ce récit, Sciascia s'attaque à un des fléaux de l'Italie, à un sujet « tabou », vous l'aurez compris, il s'agit de la mafia.
Le Jour de la chouette se présente comme un roman policier, nous avons des assassinats, des témoins, des enquêteurs et des suspects. Ne vous attendez pas à un roman à suspense ou à la construction traditionnelle dans le style d'Agatha Christie. Non rien de tout ça ici.
La construction du texte se fait cinématographique, il n'y a pas de chapitres mais plusieurs séquences séparées par un blanc. Les séquences nous présentent chacune une scène, tantôt une scène d'interrogatoire, tantôt un dialogue entre deux mystérieux interlocuteurs dont on ignore les noms mais dont on devine au fur et à mesure de la conversation le statut social et la fonction.
Le tout est très court et se lit en quelques heures à peine, comme un film.
Le récit s'ouvre sur la première scène, celle d'un assassinat où Sciascia met en lumière une des caractéristiques de l' « état » mafieux : l'omerta, autrement dit la loi du silence. On a des témoins mais ils n'ont rien vu, rien entendu, ne connaissent personne et ne savent rien. C'est sur cette base fragile que le capitaine Bellodi va devoir mener son enquête.
L'action se situe en Sicile, le capitaine Bellodi est de l'Italie du Nord et ne connaît donc pas les « coutumes » locales et surtout ne compte pas s'y plier. Il va donc faire son travail consciencieusement avec tout le zèle nécessaire et fera grincer des dents.
Sciascia se serait inspiré d'un véritable enquêteur pour créer le personnage de Bellodi et se serait basé sur un livre écrit par cet enquêteur, un livre entièrement consacré à la mafia.
Vous aurez donc dans ce roman un aperçu des procédés mafieux, de la véritable toile d'araignée qu'est la mafia de la base aux plus hautes strates du gouvernement. Et vous verrez à quel point il est difficile de la faire tomber surtout lorsque même le gouvernement nie son existence (et on comprend pourquoi …)
Grâce à ce livre, j'ai notamment appris l'existence et le rôle qu'a joué un préfet très connu en Sicile pour son action : le préfet Mori surnommé le préfet de fer, envoyé par Mussolini pour porter un coup fatal et faire cesser les agissements de la mafia. Mori a eu les pleins pouvoirs pour son opération ( les moyens extrêmes employés par ce dernier transparaissent d'ailleurs à travers certains des propos que Sciascia met dans la bouche de ses personnages) et a bien failli réussir. Et on comprend ainsi pourquoi la Sicile s'est massivement pliée au fascisme.
Un conseil si vous choisissez de lire ce récit et si vous prenez la même édition que moi : ne lisez surtout pas l'introduction d'abord, elle en dit beaucoup trop et surtout donne des clés de compréhension. Mieux vaut donc la garder pour la fin.
Jusqu'à la fin, Sciascia nous livre là un récit assez politique et surtout réaliste, tellement réaliste qu'on pourrait le croire tiré d'une histoire vraie (peut-être ?) et j'ai d'ailleurs du mal à parler de ce livre comme d'un roman.
Mais le mieux est que vous jugiez par vous-même.



Lien : http://booksandfruits.over-b..
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Définir la mafia sous la forme d'un animal est particulièrement fin et périlleux en même temps. C'est ce que s'engage à faire Leonardo Sciascia dans son livre. La mafia est partout, elle agit partout, elle s'organise, elle planifie et touche les hautes sphères politiques et financières. Elle a des tentacules. Ici, la chouette la représente puisqu'elle agit dans l'ombre et les ténèbres! Elle observe et guette! cinq étoiles à ce livre ;)
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