Science & vie, n°840

Admettre le franglais dans le langage courant n'est guère opportun, car la tentation sera irrésistible, par exemple dans des cours d’instruction, de les écrire tels quels et donc de les propager. On ne saurait d'un côté parler le franglais et pratiquer le sabir, et de l'autre, prétendre écrire un français intelligible.
Pierre Bourdieu a admirablement démontré dans « Ce que parler veut dire » que le jargon témoigne au fond d'une arrogance impardonnable de la part de ceux qui détiennent un certain savoir, aussi bien que d'une prétention dont nous avions espéré que Molière nous avait débarrassé avec les « Les précieuses ridicules ». C'est ainsi qu'en d'autres domaines, les femmes de ménage d’antan, qui exerçaient une profession honorable autant que pénible, se sont vues transformées en « préposées de surface ».
Nous continuerons donc à combattre chaque fois qu'il y à lieu tous les charabias, jargon et sabirs qui ne peuvent que favoriser le déclin du génie de la langue française et encourager les mômeries linguistiques de petits marquis de la technique.

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