Si ce roman avait été ajouté à ma wishlist par curiosité, et a rejoint ma bibliocartonthèque après avoir été dégotté en bouquinerie, le souvenir des quelques critiques mitigées que j'avais pu lire se sont effacées à la lecture de la préface plus qu'élogieuse de
Neil Gaiman. En effet, contrairement à Luria dont la critique se situe un peu plus bas, j'aime bien
Neil Gaiman. Assez pour lui faire confiance, en tout cas, quand il dit avoir beaucoup aimé ce livre.
Autant le dire tout de suite : je suis loin d'avoir partagé son enthousiasme.
Le simple fait d'avoir passé cinq jours sur ce petit bouquin d'à peine 350 pages imprimées gros en dit long en soi. Dès le début, j'ai eu du mal. Sans préambule, on nous balance deux fées bourrées qui débarquent et dégueulent chez Dinnie, personnage hautement désagréable s'il en est. Ambiance. La suite ne sera qu'une succession de péripéties décousues, fortement arrosées d'alcool, où les chemins de Dinnie, de sa voisine Kerry, de différents groupes de fées, d'une clocharde perdue dans son propre monde et d'un fantôme ne cessent de se croiser et s'entremêler, le tout autour d'une fleur faisant office de graal autant que de running gag, passant de main en main au gré des mésaventures des uns et des autres. Ajoutez à ça les péripéties d'un groupe de rebelles de l'autre côté de l'Atlantique... un sacré foutoir.
La narration n'aide franchement pas, certains chapitres laissant les protagonistes en fâcheuse posture pour les retrouver tirés d'affaire sur la page d'après, avant d'avoir droit à un bref récapitulatif. On passe également souvent sans transition d'un groupe ou d'un personnage à un autre. Certes, ça donne une vue d'ensemble... mais le souci, c'est que l'on devine, dès le départ, comment tout ça va finir. Et se farcir presque trois-cent pages de péripéties rarement intéressantes, parfois très répétitives, tout en sachant d'avance où l'on va... Bref, je me suis profondément ennuyé.
On sent également l'âge du livre via la grossophobie décomplexée concernant Dinnie, souvent réduit à sa masse corporelle et pour lequel la première étape pour séduire sa jolie voisine sera de devoir maigrir... Comme s'il ne pouvait pas devenir plus attirant et surtout plus agréable à vivre en restant gros ? Parce que son principal souci, ce n'est pas son apparence physique, mais bien sa personnalité exécrable.
A l'inverse, Kerry a été particulièrement bien traitée : atteinte de la maladie de Crohn, elle ne tombe ni dans le cliché de la battante-solaire-et-inspirante, ni dans celui de la fille-souffrante-et-désespérée. En fait, mis à part le sac où s'accumulent ses déjections, Kerry est une fille tout à fait normale, qui aime le rock, les fleurs et les friperies. Son obsession, c'est le concours d'art local et la fameuse pièce maîtresse de son alphabet des fleurs. Jamais le personnage n'est réduit à sa maladie. Et ça, c'est vachement cool.
Il faut également reconnaître un truc à ce bouquin, que finalement peu de livres peuvent de targuer de posséder : il a une âme, une vraie. le décor peu reluisant de la 4e rue, où les SDF semblent tous se presser pour mourir, les fées délurées, Kerry la hippie, les références musicales balancées un peu partout, entre rock et musique traditionnelle, la guerre qui couve chez les fées... et surtout le fait que tout s'imbrique parfaitement pour former un tout : il y a indubitablement quelque chose d'unique dans
Les petites fées de New York, un truc qui fait que paradoxalement, si je me suis fait assez ch****, j'ai bien aimé me plonger dans cet univers original, qui me restera sans doute longtemps en tête.
Eeeeet pourtant, je n'arrive décidément pas à qualifier ce livre de « bon livre ». Il n'est pas mauvais non plus, mais sa lecture a été suffisamment laborieuse pour qu'il n'en reste qu'un sentiment très mitigé.