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Critique de Erik35


FAERY'S NOT DEAD (OU PRESQUE).

Rien ne va plus au royaume des fées britanniques et d'ailleurs :

- deux morceaux d'un tissu précieux appartenant au clan Mac Leod ont été dérobé par deux fées délurées, musiciennes averties mais implacables faiseuses d'embrouilles monumentales et répondant aux noms de Heather MacKintosh et Morag MacPherson.
- le roi des fées de Cornouailles, converti à la révolution industrielle et à la civilisation marchande, est sur le point de conquérir de nouvelles parts de marché, par la force s'il le faut, et se prépare activement à assujettir les fées écossaises.
- les deux enfants de ce roi ne partageant pas ses nouveaux idéaux se sont enfuis avec les deux musiciennes frappadingues et quelques autres de leurs coreligionnaires, atterrissant sans l'avoir prévu mais par la grâce de champignons dont la consommation est réprouvée par la morale au beau milieu de Manhattan, non loin de Central Park.
- Dinnie, un gros balourd asocial, obsédé, vulgaire, égoïste et malpoli est désespérément amoureux de Kerry, la belle jeune femme d'en face ; elle même est en pleine déprime amoureuse car le beau et talentueux Dan, qui devait lui apprendre les solos de Johnny Thunders, feu le guitariste génial des New-York Dolls, l'a larguée en découvrant son sac de colostomie lui permettant de survivre à sa maladie de Crohn.
- Les mendiants meurent par dizaines - sans que cela ait le moindre rapport direct avec notre histoire - dans les rues malpropres de la métropole américaine mais cela n'empêche pas Magenta, une clocharde de trente-cinq ans, helléniste patentée et alcoolique notoire de diriger l'armée d'un Xénophon imaginaire contre les méchants perses commandés par Joshua, un autre SDF à qui elle a dérobé la recette d'un cocktail pire que du vitriol...
- Les fées autochtones - d'origine chinoise, ghanéenne et italienne - vivaient en paix et sans aucune interaction notable avant l'arrivée de Morag et de Heather... Pour le meilleur mais peut-être aussi pour le pire !
- Un malheureux violon magique qui ne cesse d'être perdu, détruit, oublié, retrouvé, réparé puis à nouveau détruit, etc
- Des écureuils très futés s'y font tour à tour historiens et politologues...

Le joyeux capharnaüm que voilà, accompagné de moult beuveries au whisky, au bourbon, à la bière, à l'alcool de riz et au vin, dans une ambiance enchaînant les solos de guitare Gibson Tiger Top 1958, de la musique underground des années 80/90 (un peu de garage, beaucoup de punk, pas mal de hardcore et de grunge, etc), des morceaux d'anthologie de la musique celte irlandaise et écossaise, au violon, à la flûte ou à la cornemuse, l'ensemble sur fond de Big Apple, omniprésente dans tous les clichés du genre.

C'est à lire rapidement et d'une traite de manière à ne pas trop avoir le temps de s'apercevoir des répétitions scénaristiques, des redites humoristiques, des petites lourdeurs et grandes facilités qui émaillent ce roman gentiment déluré qu'on prendra pour la plage ou pour réchauffer un long week-end de pluie. Ce n'est certainement pas le chef d'oeuvre annoncé par Neil Gaiman - qui en profite d'ailleurs pour faire la promo de son bouquin "American Gods", dont nous avons déjà fait la sévère critique : Gaiman n'est décidément pas pour nous -, ce n'est pas non plus absolument mauvais puisqu'on n'a guère le temps de s'y ennuyer, qu'on s'y amuse même régulièrement, que l'idée en est assez originale et que c'est suffisamment cultivé pour que, d'une référence à l'autre, le lecteur ait envie d'aller chercher de son côté tout ce qu'on y "entend".

Un livre sans importance majeure mais à prendre pour ce qu'il est - et ce n'est sans doute pas un hasard si la pièce de Shakespeare montée par l'un des personnages de l'intrigue n'est ni Richard III ni Hamlet mais le songe d'une nuit d'été, d'ailleurs tourné totalement en ridicule -, à savoir une aimable bouffonnerie qui fera parfois rire et plus souvent sourire, sans trop lasser ni trop déranger, juste le nombre de pages avant de se transformer irrémédiablement en indigestion. Ouf !
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