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E. G. Scott est le pseudonyme sous lequel sont réunis deux amis, Elizabeth Keenan et Greg Wands, qui ont décidé de mettre en commun leurs deux cerveaux et quatre mains pour écrire leur premier roman : Pour le pire, à paraître le 05.02.20. Merci à Babelio et Pygmalion de m'avoir permis de le découvrir en avant-première. Rebecca et Paul sont mariés, ils ont un chien, Duff, mais pas d'enfant et mènent une vie confortable jusqu'à ce que la crise de 2008 mette Paul, qui bosse dans l'immobilier, sur la paille et au chômage. Plus tard, Rebecca est elle aussi licenciée car, profitant de son travail de visiteuse médicale, elle ponctionne largement dans les stocks d'échantillons mis à sa disposition, toutes sortes de substances destinées à sa consommation personnelle, pudiquement appelée auto-médication. Ces revers de fortune financiers et professionnels servent de détonateur et fragilisent les époux - déjà instables en raison de leur enfance - qui s'expriment tour à tour pour livrer leur interprétation de faits, conversations ou sms ; Paul et Rebecca se mentent mais pas de la même façon, ils se trompent mais pas de la même manière. Ils sont les deux personnages centraux du roman, mais il convient de leur adjoindre maîtresse ou amant, patron, ami, policiers aux interventions sporadiques. Les deux auteurs complices mettent en place avec finesse un jeu de chat et de souris qui évoluent sur un échiquier où les pions humains, en fonction de leurs intentions ou dérèglements psychiques, se déplacent à toute vitesse, tantôt raisonnablement, tantôt irrationnellement. Le style est alerte, le vocabulaire riche, sans doute grâce à l'excellence de la traduction. L'intrigue bien ficelée et les rebondissements élaborés se concentrent presque exclusivement sur les motivations et pensées intimes des protagonistes impliqués. J'ai été fascinée par Rebecca, qui m'a permis de découvrir une addiction, que l'on devine sérieusement documentée par les auteurs, rarement évoquée dans les romans et que je connais peu et mal. Rebecca s'alimente en effet presque exclusivement d'analgésiques, anti-dépresseurs, hypnotiques, anxiolytiques, neuroleptiques, psychotropes, que sais-je ? En gélules, comprimés, patches, rien que des bonnes choses sans lien avec l'homéopathie, et dont les effets secondaires sont la paranoïa, les hallucinations, la désorientation, voire une transformation en Hulk survitaminé. En raison de sa défonce permanente, Rebecca devient une experte dans l'art de la surveillance et de la patience. Sur fond de vérités cachées, de mensonges avoués, de manipulation, d'addiction, d'adultère mais aussi de crise économique, Pour le pire est un roman bien écrit-bien construit, qui embrouille habilement le lecteur jusqu'à son épilogue. Une agréable et intéressante découverte ! + Lire la suite |