Kado

Cap sur une entreprise pas toujours aisée, expliquer L Histoire à nos petites têtes blondes. C'est pourtant l'ambition affichée de Thomas SCOTTO et Eric BATTUT à travers cet album jeunesse publié aux éditions A PAS DE LOUPS (que je remercie chaleureusement ainsi que l'équipe Babelio pour cet envoi).

KADO nous ramène à une époque peu glorieuse de l'histoire des civilisations, celle de l'esclavage et du colonialisme (apparemment britannique au regard des quelques indices graphiques). Thomas SCOTTO nous expose à travers la voix et les yeux d'un petit garçon africain surnommé "KADO", l'arrachement à la terre natale, le choc des cultures et l'incompréhension.

Cet angle de vue a pour effet d'éveiller les consciences de nos chérubins et de piquer leur curiosité tout en les ménageant, par des mots simples et une approche assez objective et factuelle, des illustrations riches et aux couleurs très vives (superbes au demeurant), qui contrastent franchement avec le destin sombre de ce garçonnet. Il interroge intelligemment l'enfant sur la question de l'appropriation d'un autre être humain, une belle entrée en matière en terme d'enseignement civique et moral, dans sa construction de futur citoyen du monde.

Une initiative, loin de se vouloir moralisatrice, s'inscrivant dans un mouvement qui a de plus en plus le vent en poupe et qui a le mérite de prendre en considération la capacité des jeunes enfants à appréhender ce type de nourriture intellectuelle et culturelle.
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Lorsque j'ai ouvert ce livre, la première impression que j'en ai eu a d'abord été la lumière! Kado se présente comme ensoleillé, mystérieux, et épuré avec un dessin naïf presque minimaliste; il est envoûtant et nous invite à l'ailleurs.

A la lecture, les pages semblent tellement texturées qu'on a envie de les caresser pour vérifier qu'elles ne sont pas en relief! le texte est simple, mais poétique; tout est entendu à demi-mot.
Il favorise les explications et le côté interactif de la lecture avec un enfant. Mélancolique, doux et plein d'espoir, il raconte en quelque lignes l'esclavagisme avec la voix d'un enfant, sans faux semblant, mais sans trop en dire non plus.

Je le recommanderais sans hésiter à tous les enfants qui rentrent dans la lecture et ont envie d'en savoir un peu plus sur l'esclavage, tout en lisant eux-mêmes l'histoire!

Le jour où ils sont arrivés, ils ont brûlé tous les villages et tué tous les habitants. Ils n'ont gardé que lui, le petit garçon qui sera offert à la Reine, le cadeau. Un rôle bien important grâce auquel il apprend à dire « Oui, ma Reine », « Tout de suite, votre Majesté ».

Avec ses mots toujours justes, à hauteur d'enfant, Thomas Scotto évoque la grande Histoire, celle de la colonisation, dans cet album poétique et, mine de rien, violent. Mine de rien car les grandes et riches peintures très colorées d'Eric Battut, tout en petits personnages, contrastent avec le sombre destin d'esclave de ce petit garçon, de Kado, le petit serviteur de la Reine. Mais c'est aussi ce qui fait toute la réussite de ce bel album sur le déracinement, cette façon dont les mots plein d'émotions de Thomas Scotto, la terrible violence de l'histoire, le bel espoir de la fin et les superbes images d'Eric Battut s'assemblent. Un album fort et sensible.
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