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EAN : 9782330143206
174 pages
Actes Sud (06/01/2021)
2.97/5   18 notes
Résumé :
Tu vas mourir, aujourd’hui, et tu ne le sais pas encore.” Dès la première phrase de cette chronique d’une mort annoncée – dès la première minute de cette journée particulière où se reflète la brièveté de toute existence –, un homme fait à la fois figure de héros et de victime. Et c’est lui, inconscient, égotiste et jouisseur, que le roman interpelle et tutoie comme s’il tendait à notre insouciante finitude un miroir. Plaisir de se croire si beau, privilège d’aimer, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
«Tu vas mourir, aujourd'hui, et tu ne le sais pas encore. le sauras-tu jamais, même à l'ultime instant ?»

Le troisième roman de Sébastien Lapaque (2009, Actes Sud) débute ainsi, chronique de la mort annoncée d'un jeune homme anonyme. Cet homme, enrichi depuis la disparition tragique de ses parents, a fui Paris pour le Sud de la France. Là, il enseigne l'anglais et mène depuis cinq ans une vie distanciée, loin des passions et de l'ombre d'une famille marquée par des drames obscurs et des colères anciennes.

Dans sa vie étiolée, insouciante de cette issue annoncée à la cause mystérieuse, il côtoie les autres sans s'attacher, même aux femmes, qui semblent belles et vivantes, prêtes au mouvement, telle Caroline, la petite marchande de jouets aux yeux grands ouverts et au corps magnifique, avide de découvrir le monde au-delà du Sud-ouest où elle a grandi, rêvant de vivre à Paris avec cet homme sans qualités. Un des seuls points d'attache du héros est son ami Laroque, un professeur de philosophie qui aime les grandes phrases et le langage cru, écrivain en devenir, obstiné malgré la déception constante qui l'atteint lorsqu'il se relit.

Au fil de ce roman aux faux airs policiers, la chronique familiale se dévoile par morceaux, l'insoutenable aversion et la violence des oncles, groupe de brutes viriles imbibées d'eau de vie et de valeurs martiales, envers un père trop pacifiste, et la menace d'un désir de vengeance radical se précise.

Ce récit laissera sans doute une trace évanescente - à l'image de son héros détaché de la vie et de la mort, et qui laisse s'éloigner ces réalités qu'il a follement «aimées sous les tours des roues dentées du temps» -, mais il est le miroir des difficultés de s'attacher à une vie souvent peu remarquable dans une époque mutante et un monde dévasté, le miroir des regrets pour un monde qui s'en va, malgré l'art de vivre - une des scènes les plus marquantes est celle où le héros cuisine un poulet de ferme en buvant un vin espagnol en compagnie de Laroque -, et où la fin de vie de ce fantôme d'encre et de papier ne s'avère finalement que très accessoire.

«Aujourd'hui la guerre est loin et rien ne peut t'arracher à ta félicité. Tu songes à la chance que tu as dans l'instant, sans prétendre contester quoi que ce soit au destin. C'est drôle, cette capacité soudaine de se tenir le plus loin possible de la réalité. Tu sens quelque chose de régulier et de doux vibrer en toi. Tu penses aux amoureux partout dans le monde, à leurs bouches tendres, aux citronniers aux fruits acides, aux chants des fauvettes, aux bois d'oliviers de Rhodes qui t'attendent cet été. le monde tel qu'il ne va pas ne te tourmente plus, tu serais plutôt porté à en rire. Il te suffit d'observer les panneaux publicitaires : les visages des femmes sont radieux en surface, mais grimacent sous le masque du bonheur parfait.»
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Un cours de mathématiques? a²-b² = retour au collège? Jeu de style, Jeu de mots. Ce titre titille, émoustille, ouvre l'appétit.
Ouvrez une page, lisez une ligne, et l'Univers Lapaque vous a aspiré, conquis.
Pour les actifs, sachez que dès la première page, le roman à suspens est lancé, dix minutes plus tard le cadre est posé, le rythme ne ralentira pas et seul le dernier folio vous offrira le repos.
Pour les contemplatifs, goûtez la naissance des personnages, des situations et ce n'est que lentement tel un voile de brume déchiré par un soleil paresseux, que les indices, abstrus et imprécis comme la vérité, apparaitront ouvrant le chemin vers la vérité? Cette vérité qui s'avance cachée, qui dévoilée, mise à nu, exposée, n'en est que plus énigmatique.
Et ce style direct et rare, l'impression confuse qu'en s'adressant au malheureux héros, l'auteur nous interpelle, nous dérange par ses questions métaphysiques. Les phrases précises, concises, découpent le temps en révélant sa durée. Temps, durée, cher Bergson. Chaque vie, chaque pensée, chaque histoire inextricablement mêlées les unes aux autres sont étrangement exposées au regard de celui qui sait voir.
Cette injonction déchirante “Vois ceux que tu aimes.” résonne encore.

Lectori salutem
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Il faut l'avouer, j'ai jadis rencontré Sébastien Lapaque en Grèce, à Athènes. Je l'avais trouvé suffisant, mais bon c'était sans doute normal, il était (est toujours) journaliste au Figaro, et ce piedestal lui autorisait sûrement et sereinement une morgue.
Néanmoins, je ne suis pas là pour juger les livres à l'aune de leurs auteurs, comme jadis Sainte-Beuve avec le résultat que l'on sait.

Le héros de ce roman a 36 ans, est professeur d'anglais à Bayonne, a un ami Laroque, sympathique professeur de philosophie, une petite amie, marchande de jouets, Caroline.
Ses parents ont péri dans l'incendie de leur appartement du quartier de l'Observatoire à Paris. Sa mère était nettement plus âgée que son père, et une ombre a voilé cette union. Profiteur ou paresseux, le héros n'a pas voulu connaître le secret de sa naissance.

Parallèlement, une femme, mademoiselle Mystère et son frère, Olivier veulent se venger de lui. Pourquoi ? Comment ?

A force d'égrener les tares des familles bourgeoises, Sébastien Lapaque largue un peu son lecteur. C'est rempli de lieux communs, de secrets aussi pesants qu'un gâteau dominical. C'est parfois même un peu prétentieux lorsque Lapaque, par le biais de son héros, étale ses références littéraires, cuturelles, audiovisuelles,....

Pourtant, le style est honnête, il y a des phrases heureuses, une petite musique Lapaque très douce à l'oreille et alerte, mais l'inspection du nombril est une tare trop actuelle, trop française et bien ancrée.

Allez, c'est tout de même le livre d'un auteur, Sébastien Lapaque et malgré mon propos critique, je suis persuadé qu'il a du talent.

Lien : http://livrespourvous.center..
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Ainsi commence l'histoire des "Identités remarquables" et ce début est si beau que j'étais sûre que j'allais adorer mais de remarquables dans ce roman, je n'ai trouvé que le titre et cette toute première phrase.
C'est d'ailleurs ce qui a suffi pour me donner l'envie de ce livre qui n'est plus tellement d'actualité puisqu'il date déjà d'il y a trois ans et que la mode, en ce moment, est aux livres qui vont concourir pour les prix de la rentrée.
C'est donc de la chronique d'une mort annoncée dont il est question dès la première page et le récit est celui de cette unique journée banale mais à l'issue qui devrait être tragique. C'est habile. La curiosité du lecteur est amorcée et son attention ne faiblit pas même si son ennui s'accroît tout au long de sa lecture.
C'est qu'il s'agit de savoir si le narrateur mourra comme prévu à la dernière page... et puis soudain j'ai eu un doute. Qui est au juste celui qui raconte en s'adressant toujours à lui-même comme à un autre ou comme s'il s'agissait d'un autre, celui dont on ne connaît le nom qu'à la fin: Louis Lamballe - et qui est alors ce Laroque, son seul ami qui se donne tant de mal pour devenir écrivain?

Tout cela sur fond d'amours contrariées et de vengeance familiale.
Deux femmes poursuivent le héros: une Mademoiselle Mystère le condamne d'avance de sa haine féroce et une tendre Caroline de son amour indestructible.
Rien à faire: ça n'a pas marché pour moi! Mon intérêt du début s'est envolé en cours de route. Qu'il meure ou pas à la fin, j'ai fini par ne plus avoir si envie que ça de le savoir. Un comble!
Lien : http://liratouva2.blogspot.f..
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Mon nouveau statut de Libraire, me donne un privilège inestimable : pouvoir lire les romans de la rentrée Littéraire avant même leur parution ! Si je n'ai pas beaucoup écrit ces derniers jours, j'ai cependant lu… alors voilà le résultat… je sais que ça fera plaisir à FaFa qui me réclame à corps et à cris ! et du même coup je marque un premier point pour le Challenge 1% Littéraire !

Le premier roman donc, est celui de Sébastien Lapaque, à paraître mi-août. J'ai eu la chance de rencontrer l'auteur lors de la soirée organisée par les Editions Actes Sud (pour vous remémorer l'évènement c'est LA !). L'auteur m'avait beaucoup plu : humour pince-sans-rire, tout ce que j'aime… et je me faisais une joie de lire son petit roman m'attendant à retrouver cet esprit dans sa prose !

Le style interpelle d'entrée : le narrateur s'adresse au personnage à la 2ème personne, et annonce dès l'incipit : “Tu vas mourrir aujourd'hui, et tu ne le sais pas encore“… belle accroche, il est vrai, qui vous saisit dès la première ligne lue, avec une vague réminiscence de Butor dans La Modification, même si pour le coup il s'agit du VOUS ! mais le VOUS n'est-ce pas un TU de politesse ?

la suite c'est là
Lien : http://leslivresdegeorgesand..
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
“François Mitterrand avait été élu Président de la République et s’efforçait de dissimuler au Français que le changement d’époque allait être brutal. Un dernier chef d’Etat lettré avant la guerre. Un monde se préparait qui n’allait ressembler à aucun autre. Il allait être tyrannique et doux, obscène et puritain, dense et disloqué, ouvert et asphyxiant, brutal et cajoleur, anxieux et orgueilleux.”
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“L’allégresse de ce monde de perfection technologique est empruntée. Sa tristesse n’est cachée qu’à ceux qui ne veulent pas la voir. Sa bêtise est révélée par les anxiolytiques, la chirurgie esthétique, les rires enregistrés.”
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Caroline aime tout chez toi, sauf tes secrets. Au début, elle n’en avait aucun pour toi, maintenant
elle en invente. Caroline a une amie qui lui répète qu’elle devrait te quitter. Elle s’appelle Justine, elle travaille avec elle et lui ressasse que tu n’es pas un
garçon sérieux. A l’entendre, jamais tu ne l’épouseras et, avec toi, jamais son ventre ne s’arrondira.
Un charlatan taciturne : voilà l’image qu’a trouvée pour toi Justine, grande fille toute en os et en cheveux, sèche, cérébrale et prétentieuse, à qui Caroline confie tout. Justine ne t’aime pas. Elle dit que tu racontes n’importe quoi. Qu’est-ce qui lui permet
de dire ça ? Elle devine si peu de chose. C’est Caroline qui lui rapporte tes confidences. Justine
ne veut pas croire que tu as été un petit garçon blond que sa mère habillait tout en noir. Justine ne veut rien croire. Elle n’entend rien aux fantômes
qui te poursuivent dans tes rêves, aux grandes douleurs qui t’ont fertilisé. Un jour, elle se l’est juré,
elle réussira à convaincre Caroline de tourner la page. Mais Caroline ne sait pas. Elle veut quitter cette ville avec toi. Le jour viendra de te convaincre, elle espère. Mais, toi, tu es déjà mort.Sous les platanes de la rue ensoleillée, tu suiston chemin sans prêter attention .
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Le monde lui apparaît hostile, peuplé d’hommes et de femmes
gras, difformes, boiteux, méchants. C’est le genre de choses qu’elle ne raconte à personne, même pas à son frère. Depuis ce matin, elle a le sentiment que les gens la regardent. Et lorsqu’elle les fixe,
droit dans les yeux, ils baissent la tête.Elle observe une jeune fille en t-shirt, sans soutien-gorge, qui avance en parlant dans son
téléphone portable, les yeux fixés vers le sol. Une autre plus loin, en rangers et pantalon de treillis.
Il y a aussi un punk, avec une chevelure verte, un clochard roulé dans son vomi, derrière le kiosque à journaux. Il y a tous ces titres à la une des magazines féminins – “Spécial rajeunir, lifting light, micro-Botox et soins bluffants”, “Mon psy est plus
fou que moi”, “Si on essayait la fessée ?” –, un labrador noir qui aboie, la sirène des pompiers qu’on entend au loin. Putain, c’est la guerre. La fête va être grandiose. Les femmes vont sortir les couteaux pour venger les pères tués sans droit. Le fils va poignarder la mère adultère, le frère laver dans le sang l’honneur de sa sœur.
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Leur association est ainsi faite, à la fois sansbsecret et déséquilibrée. Celle-ci pense à se venger,celui-là veut vivre. Quand le corps de celle-ci vibre la chair de celui-là somnole. Encore une fois, ellelui a expliqué ce qu’ils cherchaient. Il lui obéit de
manière aveugle. Elle n’a pas besoin de le surveiller.
Elle se retient lorsqu’elle est tentée de lui donner des ordres. Chez toi, elle a été parfaite. Les poings serrés, elle l’a laissé agir. Pour enregistrer tout ce qu’elle voyait, elle s’efforçait de rester calme. Prudente, elle aurait attendu dans sa petite Citroën de
location garée trois rues plus loin, de l’autre côté de l’avenue aux grands platanes. Mais elle n’est
pas prudente. Bouillante et intrépide, rageuse, elle veut voir, savoir, toucher. Et sentir. C’est une olfactive, habituée à avoir du monde et de la vie un usage animal. La première chose qu’elle a faite en entrant dans l’appartement : humer.Dans la grande pièce, dans ta chambre, dans la cuisine, elle a trouvé l’odeur fraîche.
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Le Chemin des estives : récit Charles Wright Éditions Flammarion Collection Littérature française
Ce monde est tellement beau Sébastien Lapaque Éditions Actes Sud Collection Domaine français
Les Murs Blancs Léa Domenach Hugo Domenach Éditions Grasset Collection Littérature française
Être père avec saint Joseph : petit guide de l'aventurier des temps postmodernes Fabrice Hadjadj Éditions Magnificat
Le Courage de la nuance Jean Birnbaum Éditions du Seuil
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