Une vie fantasque Où l'on apprend que la vie n'est pas un longue fleuve tranquille chez les princes et les princesses, trop de rigidité peut flinguer une vie, Wallis, l'unique amour du prince , a du subir toute sa vie les pics de la cour britannique. Jamais reconnu, jamais reçu, sauf au moment du décès du prince Edward. Instructif comme livre, comme quoi, c'est pas toujours rose la vie des déchus ! A lire !
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Dans un couple ordinaire se mariant au début du XXe siècle, où la femme n’avait ni carrière ni désir d’en avoir une, la perspective naturelle était de créer une famille, surtout chez les Spencer. Ainsi, quand au bout de plusieurs mois Wallis n’est toujours pas enceinte, il est tout à fait possible qu’elle ait consulté un médecin et subi un examen. À ce moment-là, le médecin a pu être surpris de ne pas voir le col de l’utérus. Mais même ce constat a pu être source de confusion et, comme il existait peu de connaissances scientifiques sur la procédure à suivre en cas d’infertilité, le médecin embarrassé a peut-être seulement conseillé à sa jeune patiente d’attendre et d’espérer. À l’époque, les recommandations se limitaient parfois à des remèdes de bonne femme – tels que boire le premier lait du matin d’une race de vache particulière. Considérant son ménage comme malheureux, Wallis ne s’en est peut-être pas beaucoup préoccupée.
La plupart des individus soumis à des problèmes d’identité sexuelle survivent émotionnellement grâce à la ferme conviction qu’ils sont spéciaux ou qu’ils sortent de l’ordinaire. Cette croyance est vieille de plusieurs siècles, puisque que ces anomalies n’ont rien de nouveau. Dans le cas de Wallis, on constate logiquement la volonté de devenir l’être le plus parfait en surcompensant cette tare intime, cachée et humiliante.
Ce n’est pas seulement une manière de compenser. C’est aussi une façon de gérer le sentiment d’inadéquation qui prévaudrait autrement. Si une femme sait qu’elle détient un secret faisant d’elle une personne unique, elle peut vivre avec cette différence en se persuadant que celle-ci la démarque des autres.
Wallis ne sera jamais de ces « femmes femmes ». Elle veut sortir de l’ordinaire féminin. Elle est drôle, futée, intelligente et élégante. Ce n’est pas aux autres femmes qu’elle veut se mesurer, mais aux hommes, dans un monde fait par et pour les hommes. Fine observatrice de la comédie des apparences, elle connaît l’importance d’un nom. Bien sûr, elle a vu sa mère passer d’Aly à Alice. Mais ce n’était qu’un geste discret, délicat, à peine remarqué. Le choix du prénom Wallis dans sa jeunesse est la première pièce de cette armure que sa garde-robe et la décoration de ses intérieurs, sélectionnées avec tout autant de soin, viendront compléter dans ses années de maturité.
Dès qu’elle s’est remise de l’opération, elle s’attache à divorcer et à prendre un nouveau départ. Dans les milieux diplomatiques internationaux où elle évolue, c’est ce que font les femmes qui ont fait fausse route, et cette pratique n’a rien de honteux, contrairement à ce que sa famille prétend, elle est même tout à fait ordinaire. Bientôt, elle trouve le biais qu’elle cherchait. En Virginie, elle pourra obtenir le divorce pour un coût total de 300 dollars (une somme non négligeable) pour des motifs d’abandon du domicile conjugal, si elle peut prouver trois années de séparation loin de son mari.
Mais le fait de vivre dans une ville où au moins un tiers des résidents est né à l’étranger renforce l’impression de discrimination, surtout parmi la population se considérant comme pauvre – ce qui est clairement le cas de Wallis et sa mère. En outre, pendant l’enfance de Wallis, quarante ans après l’abolition de l’esclavage, la ségrégation raciale se pratique encore à Baltimore, tout comme dans de nombreuses villes du Sud. C’est pourquoi la question de savoir où la jeune Wallis Warfield va pouvoir vivre et aller à l’école préoccupe grandement le reste de sa famille.
King's College London: Anne Sebba: The Rise of the Woman Reporter