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EAN : 9782359496277
336 pages
Don Quichotte éditions (18/05/2017)
3.88/5   4 notes
Résumé :
L'étranger est par essence louche, suspect, imprévisible, retors, de taille à commettre des avanies, même s'il survit dans le plus profond dénuement, s'il souffre de la faim, du froid, qu'il n'a pas de toit pour se protéger. L'étranger, homme, femme ou enfant, représente toujours un danger, qu'il faut combattre à tout prix. La loi dispose que "toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
En 2015, suite à l'émoi international suscité par l'affaire Aylan Kurdi, l'enfant syrien noyé et échoué sur un rivage en Turquie, l'éditeur Points avait publié Bienvenue !, un recueil de nouvelles rédigées par « 34 auteurs pour les réfugiés », tous bénévoles, dont les droits seraient reversés au Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR). Des noms célèbres avaient participé à cette publication, par des nouvelles très courtes.
En 2017, l'éditeur Don Quichotte (groupe Seuil) repropose une initiative semblable, au bénéfice des associations La Roya citoyenne et Terre d'errance, par un recueil de nouvelles sur le thème de l'accueil et de la solidarité aux migrants. le titre : « Ce qu'ils font est juste » se réfère à la désobéissance civile à l'ignoble article l'622-1 qui, depuis un décret-loi de 1938 (antérieur donc à Vichy et jamais révoqué), instaure un « délit d'hospitalité ou de solidarité », indépendamment de la nature onéreuse ou gratuite des actes d'accueil – instrument juridique, donc, qui n'est pas utilisé uniquement pour la lutte contre les réseaux de passeurs clandestins, comme le prouve encore récemment l'affaire Cédric Herrou (étudiant aujourd'hui agriculteur à Breil-sur-Roya) et qui pourrait à tout moment rendre hors la loi et justiciables (sans modification législative) les centaines d'associations, organisations caritatives et de collectifs français qui portent assistance et secours aux migrants.
Cet ouvrage collectif, sous la dir. de Béatrice Vallaeys, comporte, après une section les planches du dessinateur Enki Bilal, les nouvelles de 27 auteurs. Par rapport à l'ouvrage de 2015 (en format poche), et malgré un nombre inférieur de participants, le nombre de pages de ce livre est pratiquement doublé : les nouvelles sont généralement beaucoup plus longues, et la « liberté fictionnelle » par rapport à la thématique impartie est également plus grande. Sans doute, la thème de l'hospitalité envers l'étranger se prête-t-il à une élaboration plus métaphorique que celui de la migration, peut-être le lectorat, en quelques années, s'est-il préparé à entendre des voix encore plus disparates et hétérogènes sur ces sujets. Toujours est-il que, grâce aussi à deux nouvelles traduites de l'italien et une de l'anglais, l'éventail des genres littéraires (y compris l'humour, la science-fiction, la mythologie antique, la poésie etc.), les cadres historiques et géographiques des récits, outre les styles s'avèrent très variés.
Ma préférence personnelle, pourquoi le dissimuler ?, va quand même aux nouvelles qui ont un ancrage dans le réel – contemporain ou historique.
Pour nommer quelques textes qui m'ont marqué, je mentionnerai : « Les étoiles de Platon » de Fabienne Kanor, « Laissez passer les loups » de Serge Quadruppani et « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » de Pascal Manoukian, qui met en scène un certain Pal, refoulé de France en 1948, et son fils Nicolas, qui naîtra (en 1955) et grandira en Hongrie, et sera donc décoré parmi les cadets du Parti, plutôt que d'accéder au Palais de l'Élysée...
La postface de Béatrice Vallaeys, « L'immigration, ça fait toujours des histoires », qui retrace l'histoire du fameux article l'622 en citant abondamment Patrick Weil – dont les essais sur les politiques françaises de l'immigration sont absolument essentiels – est également très appréciable.
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Ce recueil commence avec des dessins de Enki Bilal et comprend 27 nouvelles, toutes d'auteurs différents et très variées que ce soit dans le style ou le thème mais elles ont toutes un point commun et mettent en avant : l'étranger, la solidarité et l'hospitalité.
Quelques-unes peuvent déconcertées par le style, d'autres vous happées mais aucune ne m'a laissée indifférente. de plus, cela m'a permis de découvrir des auteurs.
Ma préférée : Laissez passer les loups de Serge Quadruppani.
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Lu pour Carole Martinez dont j'avais lu le coeur cousu
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
de Serge Rezvani

La Complainte du réfugié
Chanson

il est né bien loin de la France
Il était né dans un lointain pays
Où l'on rêve de la France
Comme du seul pays promis

dans son pays si loin de la France
Ses amis se mouraient en prison
Lui seul avait eu la chance
de réussir son évasion

Mais en fuyant vers la France
Il ne savait pas y trouver
Cette déception cette souffrance
D'être si violemment rejeté

Ce doux pays cette doulce France
Dont le passé donnait espoir
A ceux qui croyaient vaincre
L'intolérance
Mais suffit-il de le vouloir ?

Car pourtant c'est grâce à la France
Qu'en tous pays on a pu croire
En la victoire de l'intelligence
Car il n'y a pas d'autre victoire

Dans les prisons si loin de France
Dans les bagnes c'est ce savoir
d'une Liberté venue de France
Qui sauve les gens du désespoir

Alors pourquoi débarqué en France
L'avait-on tout de suite mis à l'écart
Frappé menotté avec violence ?
T'as rien à foutre sur not' territoire

Sans attendre jeté hors de France
Sur un charter aussitôt embarqué
Enchaîné baillonné sachant d'avance
Qu'à l'arrivée il serait fusillé

Voilà comment par la doulce France
Donneuse d'espoir en la Liberté
En les Droits de l'homme l'espérance
D'un réfugié a été trompée ( p. 255-256)
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Alain Schifres

Maurice

Il feuillète mon passeport comme si c'était le Nouveau Testament. Il montre la photo et demande qui est ce type. Je lui dis que c'est moi, qu'il s'agit d'un Photomaton. avec Photomaton, vous n'avez pas du tout l'air en voyage d'affaires, mais condamné à errer de par le monde sans sépulture. (p. 257)
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La loi dicte que "toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irrégulier d'un étranger en France" encourt jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende.
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On ne peut pas évaluer les besoins réels d’un individu sur la base de ce qu’il exprime. Je veux dire par là qu’il y a des gens champions pour réclamer ce qu’ils ont déjà, quand d’autres n’exigent rien, alors qu’ils sont dans le besoin, on ne peut pas savoir, ce serait trop simple, ce serait tellement plus simple s’il suffisait de ne donner que lorsqu’on est obligé.
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Avec les barils d’explosif d’Assad, les bombes à fragmentation de Poutine, le gaz sarin de l’Etat islamique et les munitions de diverses milices tombant sur Alep, il a eu le sentiment (qui nous semble assez juste) que venait sur lui et les siens un déluge annonçant la fin des temps.
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Videos de Jean-Marie Laclavetine (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Marie Laclavetine
Carte Blanche à Sciences Humaines
Intervenants: Vinciane DESPRET, philosophe, professeure à l'université de Liège, Jean-Marie LACLAVETINE, éditeur et écrivain, Héloïse LHÉRÉTÉ, directrice générale du magazine Sciences Humaines, Adèle VAN REETH, directrice de France Inter Les morts hantent les vivants. Ils leur parlent, les inspirent, s'installent en douceur dans leur vie intérieure et travaillent leur existence. Les trois auteurs que nous proposons de rassembler ont enquêté, chacun à leur manière, sur "la vie des morts". A mille lieues des théories du deuil, qui enjoignent à l'oubli et à la reconstruction, Jean-Marie Laclavetine (écrivain et éditeur), Adèle van Reth (journaliste, philosophe et écrivaine) et Vinciane Déprêt (anthropologue) racontent cette conversation secrète et quotidienne que beaucoup d'entre nous entretenons avec nos chers disparus. Ces hommes, femmes, enfants que nous avons aimés ne laissent pas seulement un manque. Ils sont aussi une présence, réelle, à la fois triste et réconfortante. Ils imprègnent en profondeur les vivants et guident leurs pas.
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