Le voyage qui, depuis Carcassonne, remonte la vallée de l'Aude, quitte bientôt le pays fertile pour un réduit raviné et sauvage que la nature et l'Histoire se sont acharnées à tourmenter : le Razès.
A cent pas de là, sur une terrasse embrassant tout l'horizon, se dresse un ensemble de monument d'un luxe agressif, dans le goût qui sévissait au siècle dernier, d'une laideur que fait bientôt oublier leur allure insolite à l'extrême. C'est d'abord une tour néo-gothique à deux étages, carrée, crénelée, flanquée d'une échauguette et sur laquelle on lit, étonné, le mot "Magdala". Vient ensuite un chemin de ronde hémicirculaire supporté par une enfilade de salles et manant à une spacieuse orangerie coiffée d'une verrière conique. Cet ensemble enclot un grand parc orné d'un bassin et d'allées tirées au cordeau. On voit enfin une villa cossue, du dernier bourgeois, dont la porte est surmontée d'une statue du Sacré-Cœur et au fronton de laquelle est gravé le mot Béthanie".
Dans un pays où les étés secs succèdent à la fonte printanière des neiges font beaucoup varier l'étiage des eaux, cette remarquable régularité, tenue pour merveille, a fait naître une vénération sacrée dont Dames Blanches et Vierges Noires se disputent, d'une fontaine à l'autre, le privilège.
Rennes-les-Bains n'était autrefois que les Bains de Rennes, le simple faubourg balnéaire d'une autre Rennes, l'ancienne Aereda, devenue Radae ou Rhedae, qui donna son nom au Rhedesium, c'est-à-dire au comté de Razès. Cette ville de 30 000 habitants dominant qui l'entoure, puissamment fortifiée, égalée à Carcassonne par le poète Théodulphe (Inde revidentes te, Carcassonna Rhedasque... ) et dont les derniers rois wisigoths, au VIe siècle, firent l'une de leurs deux capitales, l'autre étant Tolède, fut effacée en 1361 par les terribles routiers aragonais d'Henri de Trastamare. Il n'en reste aujourd'hui qu'un village perdu de quelques feux qu'on peine à trouver sur la carte : Rennes-le-Château.
Il n'en reste aujourd'hui qu'un village perdu de quelques feux qu'on peine à trouver sur la carte : Rennes-le-Château.
Blanche de Castille n'aurait obtenue la reddition de Montségur qu'en échange de documents généalogiques de haute importance.
A trente-trois ans, âge symbolique pour un prêtre, Béranger Saunière meurt à sa vie d'homme sans histoire : il ne va pas tarder à ressusciter sous les traits d'un héros d'une fabuleuse aventure.
Le 1er juin 1885, ceux-ci le nomment curé de Rennes-le-Château : ils ne se doutent pas qu'ils viennent d'ouvrir à celui qu'ils exilent ainsi les portes d'un destin hors série.
Tout près, la vieille église du village, rapiécée depuis le XIe siècle, contraste par sa simplicité, du moins quand on la voit de dehors. Car à peine y est-on entré qu'un trouble malaise vous saisit. On voit d'abord un diable difforme supportant le bénitier, puis l'œil découvre peu à peu tout un peuple de statues grimées comme des mimes, figées dans des postures insolites, hurlant de toutes leurs couleurs et fixant sur le visiteur leur insoutenable regard de verre. C'est saint Sulpice devenu fou, le musée Grévin des Écritures. Mais bientôt, comme malgré soi, on s'attarde à examiner ce monde étrange où chaque détail semble, on ne sait dans quel dessein, concerté.
Le bâtisseur de tout cela, certains de ceux qui l'ont connu vivent encore ; nous les avons interrogés un à un ; peu à peu, les archives se sont ouvertes ; c'est ainsi que nous avons découvert la prodigieuse histoire de l'abbé Saunière.