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Pierre Ménard (IV) (Traducteur)
EAN : 9782290352090
377 pages
J'ai lu (02/05/2007)
4.17/5   712 notes
Résumé :
Dans la Chine du XIXe siècle, le destin de deux jeunes filles est lié à tout jamais. Fleur de Lis, fille de paysans, et Fleur de Neige, d'origine aristocratique, sont nées la même année, le même jour, à la même heure. Tous les signes concordent : elles seront laotong, âmes sœurs pour l'éternité. Les deux fillettes grandissent, mais si leur amour ne cesse de croître, la vie s'acharne à les séparer. Alors que la famille de Fleur de Neige tombe en disgrâce et que la je... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (149) Voir plus Ajouter une critique
4,17

sur 712 notes
Comment vous dire ma joie, comment exprimer la puissance de ce que j'ai pu ressentir en refermant ce livre. Vous savez, cette impression de légèreté et de bien être qui accompagne la fin d'une mission accomplie. Si vous saviez comme je suis heureux d'en avoir fini avec ce bouquin qui m'a profondément ennuyé.
Pourquoi suis-je allé au bout? Parce qu'il m'a été offert par un ami à qui j'ai promis mes impressions et qui ne m'en voudra pas de n'avoir aucune complaisance pour ce titre. L'ami sachant que je charge souvent la mule quand je n'aime pas, ben… c'est parti.

Pratiquement cinq mois pour venir à bout des 378 pages, j'ai pris mon temps. Sans déflorer l'histoire, j'ai quand même profité du décès d'un personnage pour respecter une période de deuil de plus de trois mois en déposant le livre là où j'étais sur de l'oublier.
Plus de trois mois et quelques lectures plus tard, j'ai repris Fleur de neige et… je me souvenais de tout, les personnages, l'histoire, enfin quand je dis l'histoire… Je m'étais arrêté à la page 203 et je me souvenais bien que pendant les 202 premières, il ne s'était absolument rien passé dans cette Chine du XIXe siècle.
Dès le début j'ai eu la sensation que je revivais un moment déjà vécu il y a quelques années devant un film (Chinois ou Mongole je sais plus trop) sur Arte. Critiques top et tout et tout.

— Sympa de m'avoir attendu, c'est bon vas-y.
— de quoi tu parles?
— C'est cool d'avoir mis sur pause.
— J'ai pas mis sur pause, c'est commencé là.
— C'est la box qui merde, l'image a pas bougé depuis trois minutes.
— Cinq minutes.
— Allez lance la lecture, j'me lève tôt demain.
— Mais j'ai pas mis sur pause.
— Ya des piles dans la télécommande?
— Regarde, tu vas rien comprendre, une fois de plus.

Avec la bretonne qui partage mon quotidien, nous avions tenu à peu près un p'tit quart d'heure entre fou rire et consternation devant ce plan fixe d'un homme allongé dont la seule action consistait à un battement de cils toutes les deux minutes et un frémissement de narine tous les deux battements de cils. J'ai jamais su comment ça finissait.
Fleur de neige, c'est un peu comme ça que je l'ai vécu. Cent pages sur le bandage des pieds et la torture des gamines par la bande à Velpeau. Cent pages sur les préparatifs de deux mariages arrangés selon les traditions, à l'ancienne comme dirait aujourd'hui un directeur du marketing chez Justin Bridou ou chez Lactalis. Cent pages sur les pondeuses qui espèrent au loto de la procréation non assistée par l'amour, gagner un fils à chaque tirage. Cent pages pour terminer sur la colère, la vengeance et la culpabilité. le tout pour une histoire d'amitié, si je me fie aux nombreux billets lus ici.
C'est vrai que la torture, si on me demande dans un sondage dans la rue, je suis pas pour. Que ce soit la bande à Velpeau, la bande à Basile ou la bande au néon, sur des gamins en plus, ça partait pas terrible le bouquin. J'ai trouvé un peu long…
Le mariage, je suis pour et pour tous, enfin tous ceux qui veulent tant que c'est pas pour moi. Là c'était pas pour moi mais j'ai pas accroché non plus. Cent pages pour me raconter qu'au huitième jour du quatrième mois lunaire, entre deux heures moins sept et trois heures vingt quatre si le futur mari (qui a peut être 9 ou 10 ans à ce moment de l'histoire) fait pipi au pied d'un chêne orienté sud sud ouest, Fleur de neige aura un fils plutôt qu'une fille, j'ai trouvé un peu long…
Par contre coté traditions, là, c'est comme pour la torture, je suis pas pour. Sous aucune forme. Ici on oscille entre l'atelier couture et le délire broderie ascendant tout est programmé pour tes quarante prochaines années. J'ai trouvé un peu long… là aussi.
Pour ce qui est du reste (je vais grouper ça gagnera du temps), j'ai trouvé très long et n'ayons pas peur des mots, j'ai trouvé le tout très chiant.

J'ai lu un certain nombre de critiques où les « magnifique » « bouleversant » etc etc sont légion et pourtant, à la surprise générale, je vais rejoindre les trois babélioteurs sur les 866 lecteurs déclarés de Fleur de neige, ayant mis une étoile.
Fleur de neige, c'est le prototype même du bouquin qui n'est pas pour moi. Ce n'est pas qu'il soit mauvais mais ce genre de bouquin ne m'intéresse pas. Les grandes sagas racontées par l'ancien qui se souvient me laissent toujours à la porte voir de l'autre coté de la rue. Si en plus comme dans Fleur de neige, je trouve que l'écriture est sans relief, sans vie, sans couleurs, sans odeurs, que je sais que la page suivante sera aussi plate que la précédente, que j'ai l'impression de relire les mêmes phrases à l'infini, je m'ennui rapidement.
Le sujet aurait pourtant pu m'embarquer s'il avait été abordé différemment. La condition féminine dans la Chine du XIXe siècle abordé sans aucune révolte, juste de la résignation, quel dommage. Une révolte au moins dans l'âme aurait été la bienvenue, aurait donné un peu de contraste au tout.
Et puis cette fin avec le truc qui tue, le rebondissement (pas violent non plus comme rebond) cousu de fil blanc (atelier couture) qui amène le personnage principal à sombrer dans la culpabilité en cherchant à émouvoir le lecteur, quelle tristesse…
Ah Fleur de neige et sa laotong Fleur de lis (personnage principal), quel bouquet… inodore pour moi malheureusement. Même pas une Fleur de cactus pour mettre un peu de piquant.

Merci à toi qui m'a offert ce livre qui nous permet aujourd'hui d'en plaisanter entre nous. Et puis les gouts et les couleurs… on ne peut pas tomber pile à chaque fois, heureusement.
Sinon, j'ai trouvé un peu long quand même.
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Ce livre je l'ai gardé longtemps avec l'idée de le relire, lu bien avant mon entrée sur le site. Une histoire dure mais poignante, elle a laissé chez moi des traces plus profondes que les empreintes du Yéti dans la neige des montagnes du Tibet. Le titre originel donnerait "Fleur de Neige et l'éventail secret". L'éventail a malheureusement disparu dans la version française comme par magie. Un titre c'est important, tant qu'à le modifier, alors "Amitié et destinées" qui sonne comme un drame antique. Je garderai donc le secret sur l'éventail et me concentrerai sur l'amitié. J'aime l'idée du livre qui voyage, se transmet de mains en mains, acquérant ainsi un supplément d'âme. Je vais aussi vous amener à la découverte du paravent caché.

J'ai eu le grand plaisir de voir de ces paravents chinois au musée de la compagnie des Indes à Port-Louis : assemblages de plusieurs panneaux en bois massif laqué, souvent noirs aux motifs d'or raffinés, rien à voir avec ces paravents qui dévoilent ou laissent deviner les formes, l'opacité est totale, l'ensemble suffisamment solide et volumineux que pour contenir un assaillant. Il sera temps d'en reparler.

Fleur de Lis, Fleur de Neige, la première pauvre paysanne, la seconde de bonne famille, leur destin dépendra de leur mariage et leur mariage de la richesse de leur famille ou de la beauté de leurs petits pieds. Ainsi débute cette histoire, par d'interminables allées et venues les pieds bandés, à l'étage sur un parquet, cela prend des heures, des jours, voire des semaines jusqu'au sinistre craquement final. C'est casse-pied, je l'avoue. N'aurais-je pas pleuré tout mon soûl à huit ans sur Tintin et le Lotus bleu que... . Mais existe une autre tradition, celle que j'appellerai de l'amitié indéfectible orchestrée par la marieuse pour les filles pauvres aux pieds parfaits. Un foyer d'accueil chez une famille aristocratique leur est trouvé, ainsi en fut-il pour Fleur de Lis...

L'ami à qui j'ai offert le livre a détesté. Il n'y a pas eu rencontre. Ce n'est pas grave, je sais que la lecture est pareille à une promenade. Particulièrement sous le ciel changeant de Bretagne le même paysage diffèrera d'un jour sur l'autre et les émotions ressenties pareillement, la mer toujours la même et autre à la fois. Je pense que beaucoup de lecteurs savent cela. En face d'un beau paysage il est tentant de faire des photos, elles seront bien évidement affectées par la couleur du ciel et le cadrage. Perso, même pour un paysage j'aime bien intégrer un avant plan. Souvent cela prend plus de temps car il faut choisir et l'objet du détail et ce que l'on garde dans le champ. Vient alors la décision sur la focalisation, la plupart focalisent sur l'infini, j'aime régulièrement donner de la netteté sur ce qui est à l'avant plan. Choix tout à fait personnel et comprenons nous bien je ne suis pas en train de dire que c'est comme cela qu'il faut faire une photo, ou qu'il faut lire, ni en aucun cas de tenter d'amener mon ami à revoir son jugement. Je prétends juste que c'est pareil pour une lecture ; et pour celle-ci, je confirme avoir centré mon attention sur "Amitié et destinée" laissant dans le flou le décor, les costumes, les coutumes et les à-cotés. Comme au théâtre, n'accordant crédit qu'au jeu des acteurs. Ce livre prend alors une dimension intemporelle et universelle. Et c'est alors qu'apparaîtra le paravent caché.

Le Lotus bleu m'a mis au courant depuis ma tendre enfance des revers de fortune qu'ont entraînés en Chine le jeu et l'opium, j'ai donc assisté sans surprise à la lente déchéance de Fleur de Neige de part l'inconduite de son père. En pareil cas beaucoup s'enferment dans une spirale de lamentations sur l'injustice de leur sort, attribuant au seul destin tous leurs malheurs. Mon souvenir est que Fleur de Neige affronte plutôt courageusement la tempête des évènements qui se déchaine sur elle et se dévoue énormément pour en atténuer le négatif. A l'inverse Fleur de Lis doit à la seule grâce de ses petits pieds un bon mariage et de là une vie aisée. Mais combien totalement redevables aux faveurs du hasard n'en attribuent-ils pas tout le mérite à leurs seules actions ? Cela ne serait qu'un demi-mal si pour entretenir cette illusion ils ne devaient faire usage du paravent caché. Il faut bien se protéger des misères du monde, les cacher derrière le paravent. Et puisque par leur propre vertu ils considèrent avoir fait que la vie leur soit douce, s'enchaîne forcément l'implacable réciproque : celle ou celui dans le malheur ne doit s'en prendre qu'à ses erreurs. Ainsi donc au malheur s'ajouteront l'opprobre et les reproches. Ce paravent inavouable restera longtemps caché, en premier lieu aux yeux de Fleur de Lis. Le décor a voulu que cette histoire se passe au XIX siècle en Chine, mais le drame est universel et intemporel.

Alors là oui, j'ai vraiment pleuré aux destinées souvent croisées, à cette Amitié plusieurs fois perdue par bêtise, par éloignement, par paresse, par lâcheté...

Fleur de Neige et Fleur de Lis, Tintin et Tchang, Hervé et Tchang des figures d'amitié ; leurs histoires m'ont laissé des traces aussi profondes que les empreintes du Yéti sur la neige du Tibet dans lesquelles je tente encore d'inscrire mes petits pieds. Et voilà pourquoi, plutôt que le relire, j'ai offert ce livre en symbole, comme un gage...
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Magnifique roman qui nous fait plonger au coeur des traditions de la Chine de l'ancien régime, telles que le bandage des pieds ou l'apprentissage d'une langue secrète pratiquée exclusivement par les femmes : le nu shu. le texte est très émouvant, l'histoire des deux héroines du roman est passionnante. Un très beau livre, vivant, riche, empli d'émotions et de poésie. Un superbe texte qui fait voyager dans l'espace et dans le temps. Une belle découverte de cet auteur que je retrouverai avec joie et intérêt.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Chine, XIXè siècle.
Bien que née dans une famille de paysans pauvres, Fleur de Lis est repérée par une entremetteuse pour la beauté de ses pieds. Elle se voit donc proposer, à condition que ses pieds soient correctement bandés, un bon mariage dans une riche famille. Pour faire d'elle, une fille vraiment exceptionnelle, l'entremetteuse la met en contact avec Fleur de Neige, une aristocrate née le même jour, la même année, à la même heure. Les deux fillettes seront laotong, un lien d'amitié indéfectible plus fort encore que celui qui unit des époux. Elles ont sept ans quand elles se rencontrent pour la première fois et vont au fil des années échanger confidences, promenades au temple et messages secrets calligraphiés sur un éventail. Quand sonne l'heure du mariage, Fleur de Lis, grâce à sa laotong et à la grâce exceptionnelle de ses petits pieds bandés, s'élève dans la société en intégrant une famille riche et puissante. Fleur de Neige n'a pas cette chance, sa famille est ruinée, son père a mauvaise réputation et elle doit lier son destin à un boucher qui la traite durement. le rapport de force s'est inversé : la fillette pauvre est devenue riche, l'aristocrate sombre dans la misère. Sauront-elles faire perdurer leur amitié malgré tout ?

Un roman passionnant qui, au-delà du destin mouvementé de Fleur de Lis et Fleur de Neige, évoque le sort des filles, puis des femmes dans la société chinoise du XIXè siècle.
Dans les familles, surtout les plus pauvres, les filles sont un poids. Elles sont vouées à partir pour servir leur belle-famille à qui elles devront obéissance. Mais pour arriver jusque-là, il faudra passer la dure épreuve du bandage des pieds. Une terrible souffrance qui peut conduire à la mort et qui font d'elles des mannequins désarticulés incapables de marcher longtemps. de toute façon à quoi bon pouvoir se déplacer ? Les femmes vivent dans leurs appartements et n'ont sur le monde que la vue que leur offrent les persiennes toujours baissées.
Elles n'ont pour seul utilité que de donner un fils à leur mari qui lui, peut les affamer, les battre comme plâtre et leur imposer une ou plusieurs concubines.
Dans ce monde de frustrations, de douleurs et d'humiliations, l'amitié qui unit les deux protagonistes est un refuge, une consolation. Elles communiquent entre elles dans un langage secret, le nu shu, une écriture interdite aux hommes et partagent confidences et secrets. Pourtant il sera difficile pour Fleur de Lis d'être fidèle à ses promesses d'amitié éternelle. Sa belle-famille fait pression pour qu'elle abandonne sa laotong déchue et miséreuse…
Une belle histoire racontée avec sensibilité et pudeur.
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Le roman de Lisa See évoque la Chine au XIX siècle, et nous parle de la condition de la femme. Attachée au poids des coutumes ancestrales la vie des femmes est renoncement, soumission, obéissance et souffrance.
Elles mènent une vie servile dans leur foyer. Il n'y a pas d'échappatoire possible, elles restent cloitrée dans l'appartement des femmes, leur mariage est arrangé dès leur plus jeune âge. Viendra ensuite une vie de dévouement sans faille à leur belle famille.
Ainsi va être scellé le sort de Fleur de neige et Fleur de Lis. Cependant elles sont « Laotong » ou âme-soeur, elles se sont jurées amour et fidélité. Cette amitié va être un refuge et un réconfort, ensemble elles endurent l'atroce période du « bandages des pieds », elles brodent et reçoivent une éducation de femmes accomplies. Elles communiquent dans un langage mystérieux aux hommes le « nu shu » et se consolent dans de tendres confidences la nuit sur l'oreiller.
Même si l'histoire est dure, triste et très douloureuse, ce livre est une merveille de délicatesse. Lisa See écrit tout en finesse, avec sa sensibilité féminine exacerbée, elle nous happe dans cet univers de la société chinoise et nous bouleverse profondément.
Lisa See écrit un très beau roman mais pas seulement, car on sait qu'elle s'est très bien documentée… Un livre donc que l'on oubliera pas.

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Citations et extraits (75) Voir plus Ajouter une citation
On s'attend à ce que nous aimions nos enfants, nous autres femmes, à peine sont-ils sortis de notre ventre... Mais laquelle d'entre nous n'a pas ressenti une cruelle déception en découvrant qu'elle venait de mettre au monde une fille ? Ou une panique croissante - même s'il s'agissait du fils tant attendu - en berçant sous le regard désapprobateur de sa belle-mère son nourrisson qui n'arrêtait pas de pleurer ? Même si nous aimons nos filles de tout notre coeur, nous devons les élever en leur apprenant à souffrir. Nous aimons nos fils plus que tout au monde, mais nous sommes exclues de leur univers et du monde extérieur des hommes. Nous sommes censées aimer notre époux dès l'instant où a été contracté le lien qui nous unit à lui, alors que nous devrons attendre des années avant de découvrir son visage. On nous enseigne d'aimer nos beaux-parents, mais nous débarquons dans leur famille en étrangère et avec le rang le plus bas, à peine mieux traitées qu'une domestique. On exige que nous aimions et honorions les ancêtres de notre mari et nous exécutons donc les rites et les devoirs appropriés, même si notre coeur se porte plus volontiers vers nos propres ancêtres. Nous aimons nos parents parce qu'ils prennent soin de nous, mais ils nous considèrent comme les branches les plus inutiles de l'arbre familial : nous épuisons leurs ressources et ils nous élèvent pour nous voir partir un jour dans une autre famille. Quel que soit le bonheur que nous éprouvons dans notre foyer d'origine, nous savons toutes que cette séparation sera inéluctable. Nous aimons donc notre famille en ayant conscience que cet amour prendra fin dans la tristesse d'un départ. Ces diverses variétés d'amour naissent du devoir, de la reconnaissance ou du respect. Comme le savent les femmes de notre district, elles sont généralement source de tristesse, de mésentente et de violence.
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À l’époque, je n’avais jamais vu un seul exemple d’écriture masculine, aussi m’était-il impossible de faire la comparaison. Mais à présent, je sais que les caractères utilisés par les hommes sont plus épais, chacun remplissant l’intérieur d’un carré, tandis que notre nu shu fait plutôt penser à des pattes de mouche ou aux empreintes que laissent les oiseaux dans la poussière. Contrairement à l’écriture masculine, chaque caractère en nu shu ne représente pas un mot spécifique. Nos signes sont plutôt de nature phonétique. Ainsi, un même caractère peut servir à noter plusieurs mots, dont la prononciation est identique ; un seul caractère sert à noter les mots « paire » et « père », par exemple, mais le contexte permet généralement d’en déterminer le sens. Néanmoins, il faut être très attentive à ne pas commettre d’erreur sur ce plan. Beaucoup de femmes – à l’instar de ma mère et de ma grand-mère – n’ont jamais appris à écrire mais connaissent tout de même une partie des histoires et des chansons du répertoire, dont beaucoup obéissent à un rythme régulier.
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Dans l'espoir que ma famille me témoigne la plus élémentaire tendresse, j'ai accepté comme on l'a exigé de moi d'avoir les plus petits pieds bandés du district - et donc que mes os soient brisés, broyés, remodelés. Lorsque la souffrance s'avérait insoutenable et que mes larmes mouillaient mes bandages ensanglantés, ma mère venait me parler à l'oreille et m'encourageait à supporter une heure, un jour, une semaine de tourments supplémentaire, en me rappelant le bonheur qui m'attendait si je tenais bon un peu plus longtemps. Elle m'enseignait ainsi à endurer - non seulement les souffrances physiques liées au bandage et plus tard la grossesse, mais la douleur plus souterraine qui affecte notre coeur et notre âme. Elle mettait aussi l'accent sur mes défauts et m'apprenait à m'en servir, à les retourner en ma faveur. Dans notre contrée, nous appelons teng ai ce type d'amour maternel. Mon fils m'a expliqué que, dans l'écriture des hommes, il se compose de deux caractères : le premier signifie douleur, le second amour. Tel est l'amour maternel."
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A cause d'une mauvaise manipulation je ne peux pas écrire ma critique donc je vais l'écrire ici.
C'est important pour moi d'en écrire une car ce roman m'a bouleversé ! Il est tout simplement sublime.
Au travers de ce livre on peut voir la condition de la femme chinoise au XIXème siècle depuis sa naissance à sa mort; en passant par le bandage des pieds, les tâches quotidiennes, ses fiançailles, son mariage, son statut au niveau de sa nouvelle famille mais surtout sa condition en tant que Femme. On peut voir le destin d'une petite fille complètement changé grâce à sa "Laotong" qui se traduit par âme-sœur. C'est un texte dur mais aussi émouvant qui montre que le destin peut -être cruel comme bienveillant mais aussi l'importance des mots qui peut à tout jamais sceller le destin d'une personne.
Je conseille ce livre fortement car il est prenant, réaliste, émouvant et vous transportera au delà de ce que vous pouvez imaginer.
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Pour que mes pieds soient considérés comme parfaits, il fallait qu'ils obéissent après le bandage aux sept critères suivants : ils devaient être minuscules, étroits, élancés, pointus et cambrés, tout en restant parfumés et doux au toucher.
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Vidéo de Lisa See
« Inspirée par des faits réels, Martha Hall Kelly a tissé l'histoire de trois femmes durant la Seconde Guerre mondiale, une histoire qui montre le courage, la lâcheté et la cruauté de ces années. Cette part de l'Histoire ? et de l'histoire des femmes ? ne doit jamais être oubliée. » Lisa See, auteure de Filles de Shanghai
« Un roman qui met en lumière les souffrances de ces femmes, et de tant d'autres. J'ai été émue aux larmes. » San Francisco Book Review
À New York, Caroline Ferriday travaille au consulat français. Mais lorsque les armées hitlériennes envahissent la Pologne en septembre 1939, c'est tout son quotidien qui va être bouleversé.
De l'autre côté de l'océan, Kasia Kuzmerick, une adolescente polonaise, renonce à son enfance pour rejoindre la Résistance. Mais la moindre erreur peut être fatale.
Quant à l'ambitieuse Herta Oberheuser, médecin allemand, la proposition que lui fait le gouvernement SS va lui permettre de montrer enfin toutes ses capacités. Mais une fois embauchée, elle va se retrouver sous la domination des hommes...
Les vies de ces trois femmes seront liées à jamais lorsque Kasia est envoyée à Ravensbru?ck, le tristement célèbre camp de concentration pour femmes. À travers les continents, de New York à Paris, de l'Allemagne à la Pologne, Caroline et Kasia vont tout tenter pour que L Histoire n'oublie jamais les atrocités commises.
Un premier roman remarquable sur le pouvoir méconnu des femmes à changer L Histoire à travers la quête de l'amour, de la liberté et des deuxièmes chances.
Plus d'infos sur le livre : http://www.editionsleduc.com/produit/1393/9782368121931/
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