Comment vous dire ma joie, comment exprimer la puissance de ce que j'ai pu ressentir en refermant ce livre. Vous savez, cette impression de légèreté et de bien être qui accompagne la fin d'une mission accomplie. Si vous saviez comme je suis heureux d'en avoir fini avec ce bouquin qui m'a profondément ennuyé.
Pourquoi suis-je allé au bout? Parce qu'il m'a été offert par un ami à qui j'ai promis mes impressions et qui ne m'en voudra pas de n'avoir aucune complaisance pour ce titre. L'ami sachant que je charge souvent la mule quand je n'aime pas, ben… c'est parti.
Pratiquement cinq mois pour venir à bout des 378 pages, j'ai pris mon temps. Sans déflorer l'histoire, j'ai quand même profité du décès d'un personnage pour respecter une période de deuil de plus de trois mois en déposant le livre là où j'étais sur de l'oublier.
Plus de trois mois et quelques lectures plus tard, j'ai repris
Fleur de neige et… je me souvenais de tout, les personnages, l'histoire, enfin quand je dis l'histoire… Je m'étais arrêté à la page 203 et je me souvenais bien que pendant les 202 premières, il ne s'était absolument rien passé dans cette Chine du XIXe siècle.
Dès le début j'ai eu la sensation que je revivais un moment déjà vécu il y a quelques années devant un film (Chinois ou Mongole je sais plus trop) sur Arte. Critiques top et tout et tout.
— Sympa de m'avoir attendu, c'est bon vas-y.
— de quoi tu parles?
— C'est cool d'avoir mis sur pause.
— J'ai pas mis sur pause, c'est commencé là.
— C'est la box qui merde, l'image a pas bougé depuis trois minutes.
— Cinq minutes.
— Allez lance la lecture, j'me lève tôt demain.
— Mais j'ai pas mis sur pause.
— Ya des piles dans la télécommande?
— Regarde, tu vas rien comprendre, une fois de plus.
Avec la bretonne qui partage mon quotidien, nous avions tenu à peu près un p'tit quart d'heure entre fou rire et consternation devant ce plan fixe d'un homme allongé dont la seule action consistait à un battement de cils toutes les deux minutes et un frémissement de narine tous les deux battements de cils. J'ai jamais su comment ça finissait.
Fleur de neige, c'est un peu comme ça que je l'ai vécu. Cent pages sur le bandage des pieds et la torture des gamines par la bande à Velpeau. Cent pages sur les préparatifs de deux mariages arrangés selon les traditions, à l'ancienne comme dirait aujourd'hui un directeur du marketing chez Justin Bridou ou chez Lactalis. Cent pages sur les pondeuses qui espèrent au loto de la procréation non assistée par l'amour, gagner un fils à chaque tirage. Cent pages pour terminer sur la colère, la vengeance et la culpabilité. le tout pour une histoire d'amitié, si je me fie aux nombreux billets lus ici.
C'est vrai que la torture, si on me demande dans un sondage dans la rue, je suis pas pour. Que ce soit la bande à Velpeau, la bande à Basile ou la bande au néon, sur des gamins en plus, ça partait pas terrible le bouquin. J'ai trouvé un peu long…
Le mariage, je suis pour et pour tous, enfin tous ceux qui veulent tant que c'est pas pour moi. Là c'était pas pour moi mais j'ai pas accroché non plus. Cent pages pour me raconter qu'au huitième jour du quatrième mois lunaire, entre deux heures moins sept et trois heures vingt quatre si le futur mari (qui a peut être 9 ou 10 ans à ce moment de l'histoire) fait pipi au pied d'un chêne orienté sud sud ouest,
Fleur de neige aura un fils plutôt qu'une fille, j'ai trouvé un peu long…
Par contre coté traditions, là, c'est comme pour la torture, je suis pas pour. Sous aucune forme. Ici on oscille entre l'atelier couture et le délire broderie ascendant tout est programmé pour tes quarante prochaines années. J'ai trouvé un peu long… là aussi.
Pour ce qui est du reste (je vais grouper ça gagnera du temps), j'ai trouvé très long et n'ayons pas peur des mots, j'ai trouvé le tout très chiant.
J'ai lu un certain nombre de critiques où les « magnifique » « bouleversant » etc etc sont légion et pourtant, à la surprise générale, je vais rejoindre les trois babélioteurs sur les 866 lecteurs déclarés de
Fleur de neige, ayant mis une étoile.
Fleur de neige, c'est le prototype même du bouquin qui n'est pas pour moi. Ce n'est pas qu'il soit mauvais mais ce genre de bouquin ne m'intéresse pas. Les grandes sagas racontées par l'ancien qui se souvient me laissent toujours à la porte voir de l'autre coté de la rue. Si en plus comme dans
Fleur de neige, je trouve que l'écriture est sans relief, sans vie, sans couleurs, sans odeurs, que je sais que la page suivante sera aussi plate que la précédente, que j'ai l'impression de relire les mêmes phrases à l'infini, je m'ennui rapidement.
Le sujet aurait pourtant pu m'embarquer s'il avait été abordé différemment. La condition féminine dans la Chine du XIXe siècle abordé sans aucune révolte, juste de la résignation, quel dommage. Une révolte au moins dans l'âme aurait été la bienvenue, aurait donné un peu de contraste au tout.
Et puis cette fin avec le truc qui tue, le rebondissement (pas violent non plus comme rebond) cousu de fil blanc (atelier couture) qui amène le personnage principal à sombrer dans la culpabilité en cherchant à émouvoir le lecteur, quelle tristesse…
Ah
Fleur de neige et sa laotong Fleur de lis (personnage principal), quel bouquet… inodore pour moi malheureusement. Même pas une Fleur de cactus pour mettre un peu de piquant.
Merci à toi qui m'a offert ce livre qui nous permet aujourd'hui d'en plaisanter entre nous. Et puis les gouts et les couleurs… on ne peut pas tomber pile à chaque fois, heureusement.
Sinon, j'ai trouvé un peu long quand même.