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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Aujourd'hui, je vais vous parler des Haenyeo. Ce sont des femmes qui plongent en apnée pour ramasser des coquillages, poulpes et autres fruits de mer et assurent ainsi la subsistance de leur famille alors que les hommes s'occupent des enfants et des repas.
Société matriarcale, me direz-vous? Eh non, il s'agit d'une société matriafocale, c'est à dire centrée sur les mères et la famille maternelle. Ce sont elles qui effectivement assurent le financement de la famille, notamment des hommes et l'école des garçons. Mais pendant qu'elles plongent, souvent au péril de leur vie, à part s'occuper des marmots, les hommes n'en fichent pas lourd et passent leur temps à jouer et à picoler. Ca vous rappelle rien?

Dans ce récit qui se situe à Jeju, île en Corée du sud, nous suivons la destinée de Young-Sook et Mi-Ja, deux jeunes plongeuses liées par une solide amitié jusqu'à ce que la guerre et l'occupation par les japonais vienne mettre un terme à ce lien très fort qui les unissait.
Ce n'est donc pas seulement l'histoire des ces femmes au destin tragique mais, à travers leurs récits, celle d'un pays, la Corée, qui va traverser plusieurs occupations, arrestations, déportations, tortures et massacres en série qui continueront même après le partage de cette nation en 2 pays frères ennemis.
Et qui seront les principales victimes des ces traitements bien souvent inhumains? Oui, bien entendu, les femmes, qui comme dans toutes les guerres sont les proies faciles des bouchers barbares qui pullulent pendant les conflits.
Donc, c'est un livre dur, âpre même si parfois nous avons de belles histoires avec ces femmes extraordinaires qui font preuve d'une résistance hors du commun, propre à cette tradition des haenyeo.
Je vous conseille néanmoins l'histoire de L'île des femmes de la mer, un magnifique récit, tellement bien raconté par cette américaine d'origine coréenne, Lisa See et si j'osais, allez vous l'attendez tous, je vous dirais que ce roman est corrément magnifique! ;-)

Pour moi, c'est un coup de coeur!
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Haenyos. Île de Jeju-do. Corée du Sud
Comme moi ,beaucoup d'entre vous ne connaissent pas cette surprenante île où vit une société matriarcale depuis le 19° siècle
L'activité principale est la pêche sous marine où seules les femmes quelquefois âgées ont droit de participer
Avec beaucoup d'ironie , ces fameuses Haenyos considèrent que les hommes n'ont pas la capacité physique de plonger notamment dans les eaux froides nettement en dessous de 15°C.
Ils sont bien plus efficaces en restant à la maison pour les tâches ménagères et l' éducation des enfants
Présentées comme cela, ces femmes fortes dans tous les sens du terme m' ont paru bien sympathiques
Années 1930. Young-Sook et Mi-Ja sont deux jeunes amies qui rêvent d'intégrer ce groupe très hiérarchisé au niveau des compétences et de l'âge
L'histoire de cette amitié est très belle et j' ai cru, à ce moment, que c'était le sujet du livre
Mais Lisa See, avec beaucoup de talent et aussi avec de solides notions historiques, nous fait rentrer dans l' Histoire de la Corée et notamment les relation plus que houleuses avec le Japon
L'île sera occupée par les Japonais mais je vous laisse découvrir la suite de ce livre très riche et passionnant à tous les niveaux
Vous y découvrirez aussi la place du chamanisme , qui reste toujours très présent .
Je suis sûr que, comme moi, le livre terminé, vous irez faire vos recherches sur ces femmes très attachantes , féministes avant l'heure
Ce livre est une vraie bonne surprise car je m'attendais à une histoire plus convenue
L' irruption de l'Histoire dans le récit lui donne une vraie force et permet de découvrir une période bien sombre de la Corée et du Japon
Je ne connaissais pas Lisa See mais j'ai bien envie de découvrir les autres livres de cette auteure extrêmement connue
Je comprends maintenant pourquoi
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MAGNIFIQUE

Que voilà un bien beau roman ! Emotionnel, intelligent et qui nous permet d'appréhender l'histoire de la Corée au 20ème (que je ne connaissais pas vraiment d'ailleurs).
Young-sook, jeune fille coréenne fait la connaissance de Mi-Ja, jeune orpheline, fille de collaborateurs avec les Japonais. Elles deviendront amies.
Nous sommes dans les années 40, le Japon a envahi la Corée.
L'île de Jeju où elles vivent est très spécifique socialement ! Les femmes sont plongeuses er récoltent les champs marins. Elles ramènent de quoi manger et font donc un job ultra physique. Les hommes restent à la maison pour s'occuper des enfants, faire à manger,...
Ces femmes, ces sont les Haenyeo qui ont la faculté physique de plonger jusqu'à 20 mètres de profondeur. La maman de Young-Sook est chef de son collectif de pêche, et va donc apprendre aux filles à plonger.
Le temps passe, les filles sont mariées ce qui nous permet aussi d'appréhender les différnces de culture entre la Corée des villes et celle des champs.
Les américains chassent les japonais, le communisme monte. le soulèvement de Jeju du 3 avril 1948 éclate et il marque la fin de l'amitié entre Yong-Sook et Mi-ja. Young-Sook y perdra son mari et un de ses fils, le mari de Mi-Ja est du mauvais côté de la barrière.
La vérité permettra le pardon, et celui-ci sera apporté en 2008 par une jeune américaine.

Ce roman est un perle à plus d'un titre. J'ai adoré sa façon de décrire la société rurale de Jeju et la vie des Haenyeo. Il m'a appris énormément sur les événements en Corée au milieu du siècle dernier et l'implication des Etats-Unis dans ceux-ci. Enfin, l'histoire est jolie.
A lire !
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Un nouveau roman très réussi de la part de Lisa See ! Une lecture passionnante abordant divers thèmes, que ce soit au niveau anthropologique, sociétale, historique ou tout simplement sur la nature humaine.

Ce roman, comme le livre précédent de Lisa See (« La mémoire du thé »), peut être lu comme une étude anthropologique. En effet, il est foisonnant de détails sur les haenyeo et la société matrifocale (une culture centrée sur les femmes). Nous en apprenons beaucoup sur ces nageuses de l'île de Jeju, leur travail, leur quotidien et leur solidarité entre plongeuses. Ce sont des femmes fortes qui font vivre leur famille. Elles seules ramènent de la nourriture et de l'argent tandis que leurs maris sont des hommes au foyer, font la cuisine et gardent les enfants. le récit est absolument passionnant et j'ai adoré suivre ces femmes qui s'entraident et prennent soin les unes des autres, chantant des chansons colorées et abordant des sujets parfois grivois (pour l'époque). La mer est toute leur vie, elle leur donne de quoi vivre, mais est aussi dangereuse et destructrice. J'ai également aimé le détail selon lequel elles se reconnaissent à leur sumbisori qui est unique (le souffle et l'inspiration qu'elles prennent quand elles fendent l'eau et reviennent à la surface).

L'auteure nous dévoile l'importance du chamanisme qui est très présent sur l'île. Les haenyeo y font souvent appel, même pendant l'interdiction des croyances. Cela leur permet d'essayer de trouver la paix à la mort de l'une des leurs et de pouvoir replonger sans crainte.

Nous y voyons aussi comment peu à peu le métier évolue et tentent moins les jeunes filles au fil du temps qui, grâce à leur mère, peuvent enfin faire des études (qui n'étaient avant destinées qu'aux garçons) et privilégier un métier moins dangereux.

Nous en apprenons également beaucoup sur l'Histoire de l'île de Jeju, ayant connu moults drames. Nous y découvrons la vie difficile sous occupation japonaise, les enrôlements de force de jeunes hommes dans l'armée pendant la Seconde guerre mondiale, puis l'arrivée des Américains et les massacres ayant suivis, connus sous le terme d' « Incident du 3 avril ». Il est terrible de voir le nombre de morts et de familles détruites, ainsi que l'impossibilité à de nombreuses personnes de partir de l'île ou de faire des études à cause de la culpabilité par association, culpabilité d'ailleurs pour la plupart du temps absolument pas prouvée.

Outre l'Histoire et la société coréenne, nous y trouvons également des thèmes universels : la puissance de l'amitié et de la solidarité, l'importance de la transmission, mais aussi la souffrance d'un deuil, le long chemin de la résilience et du pardon.

J'ai été très touchée par les deux héroïnes Young-sook et  Mi-ja, par la beauté de leur amitié, et bouleversée par leur destin et les drames auxquelles elles ont dû faire face.

Je vous recommande donc chaudement cette magnifique lecture, très touchante et passionnante. L'auteure a fait de nombreuses recherches pour écrire ce livre et nous fait part de sa bibliographie et de ses rencontres à la fin du roman.
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Un roman poignant, empathique, fruit de recherches de qualité, enrichissant.
Puissance de l'amitié - Sororité - Culpabilité - Drames influant les destins - Long chemin du pardon.

COREE DU SUD – ILE DE JEJU - Des années 1930 à 2000.
« Une vieille femme est assise sur la plage, un coussin calé sous les fesses, occupée à trier des algues échouées. Jeju est sa maison, une île connue pour ses Trois Abondances : le vent, les pierres et les femmes ».

Sur l'île de Jeju la société est matrifocale, culture centrée sur les femmes. Leurs activités professionnelles régentent l'organisation familiale. La mère et la mer sont au centre de la vie sur Jeju guidée par des rituels ancestraux.
« Quand elle est dans la mer, elle est dans le ventre du monde ».

Plongée et pêche sous-marine tissent leur quotidien rythmé par les chants, les croyances, les traditions et rites chamaniques. Ces femmes plongeuses sont des haenyeo, véritables légendes vivantes de l'île de Jeju.
Sur cette île, Grand-mère Seolmundae veille… « Elle est le grand volcan au centre de notre île. Certains l'appellent mont Halla, le Pic qui Attire la Voie Lactée, ou la Montagne de l'Ile Bénie. Pour nous, elle est notre île. »

Chargées de leur panier sur le dos, les haenyeo entament leur dur labeur, unies par la passion de la mer.
Les mères guident les filles qui expriment respect et gratitude envers leurs aînées.

Amour – Inspiration – Pulsation – Souffle – le sumbisori (souffle et inspiration au retour à la surface).

« Chaque femme qui entre dans la mer porte son cercueil sur son dos (…) Dans le monde sous-marin, nous portons le fardeau d'une vie difficile. Chaque jour, nous évoluons entre la vie et la mort ».

Dans les années 1930 Young-Sook et Mi-Ja sont deux jeunes filles, amies de toujours elles sont comme des soeurs, ces « plongeuses novices » s'apprêtent à débuter dans ce métier plein de dangers « une plongeuse avide est une plongeuse morte ».
Dans le village, on reste toujours vigilant, méfiant, face à l'intrusion des pieds-fendus les « chokpari » - menace permanente du Japon colonisateur, à la fois voisin et ennemi cruel.

Occupation japonaise, Seconde Guerre Mondiale, guerre de Corée - atrocités et massacres, tout vacille ; Young-Sook et Mi-Ja seront ébranlées par ces conflits, des vies seront bouleversées, fracturées.
« Peu importe le nombre d'offrandes que l'on fait aux déesses, il est presque impossible de changer son destin ».

Un roman rendant hommage à ces femmes aux visages burinés par la mer, le soleil, le froid, le vent, visages à la couleur du cuir tanné, aux rides de tristesse et de joie.
Formidable exemple de courage, de persévérance et d'humilité, travaillant de l'aube au crépuscule, ces femmes forcent l'admiration et le respect.
Elles vivent par et pour la mer - leur deuxième maison, leur préférée.
« Je la connais mieux – ses rochers, ses champs et ses canyons – que je connaîtrai jamais l'intérieur de notre île, sans parler de l'intérieur de l'esprit de mon mari. La mer est l'endroit où je suis le plus en paix ».
*
Les haenyeo sont aujourd'hui de moins en moins nombreuses, leur tradition est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'Unesco.
*
J'ai adoré ce roman puissant, dur et magnifique. Une très belle découverte.

Commenter  J’apprécie          2012
Sur la petite île de Jeju en Corée du Sud, vivent les «femmes de la mer», les haenyeo. Dès leur plus jeune âge sous la tutelle de leurs aînés, les filles suivent une formation rigoureuse pour plonger dans les profondeurs de l'océan et récolter des oursins, des poulpes et autres délices, qui constituent la principale source de revenus des habitants. le plus étonnant, c'est que les haenyeo plongent dans des eaux glacées vêtues uniquement d'un costume de bain fin en coton fait maison, sans réservoir d'oxygène ni autre appareil de plongée.
Dans un renversement de rôle inhabituel à l'époque, les femmes subvenaient aux besoins de leur famille tandis que les hommes restaient à la maison pour s'occuper du foyer et des enfants. C'était une vie difficile et souvent pauvre. La mer, on le sait tous est imprévisible et impitoyable.
Dans ce récit, nous sommes entraînés dans l'histoire de Mi-ja et Young-sook qui se sont rencontrées pour la première fois à l'âge de sept ans et sont devenus des amies de coeur en partageant leurs secrets les plus profonds, leur amour de la plongée et de nombreuses aventures, tout en se promettant de toujours rester ensemble. Les troubles et bouleversements politiques mettent finalement leurs vies sur une autre voie et l'une des filles commet un acte impardonnable....une décision instantanée, un choix déchirant et les conséquences étouffantes les hanteront pendant de très nombreuses années.
le roman s'étend sur des décennies et comprend l'occupation japonaise de l'île dans les années 30 et 40, la Seconde Guerre mondiale, la guerre de Corée, l'insurrection communiste et le soulèvement du 3 avril 1948 qui a fait des dizaines de milliers de morts. Comme dans tous les livres de l'autrice, j'étais complètement fascinée par l'histoire. J'ai honte de dire que je ne savais absolument rien de la Corée ou le contexte historique de l'époque.
La culture et l'histoire de l'île de Jeju sont à la fois tragiques et triomphantes. Tragique, car il y avait toujours un gouvernement quelque part qui voulait prendre le contrôle de l'île en raison de son emplacement militaire stratégique. Triomphant parce que, comme les haenyeo inspirantes avec leurs capacités étonnantes, les habitants de l'île se sont propulsés des profondeurs vers la surface à maintes reprises.
Lisa See explore son sujet de prédilection: l'amitié entre femmes. À travers les yeux, les coeurs et les expériences de deux jeunes filles qui mûrissent et deviennent à leur tour des femmes avec leur propre famille, nous sommes transportés de manière transparente entre le passé et le présent.
J'ai tout aimé dans ce roman : l'histoire, les personnages, le décor et les nombreuses choses que j'ai apprises.
Une belle histoire, envoûtante et inspirante! Lisa See ne manque jamais de m'impressionner à travers son incroyable narration. Je recommande ce livre à 1000 % !
Commenter  J’apprécie          150
Il me tardait de me plonger dans ce roman, et quel roman ! J'ai adoré 'La mémoire du thé, 'L' île des femmes de la mer' est un nouveau coup de coeur !
C'est un beau mélange comme je les aime d'Histoire et d'histoires et plus précisément l'Histoire de Jeju Island, et de ses femmes qui en font sa renommée : les haenyeo ou en leur jargon : les jamnyeon, jamsu, jomnyeon. Je suis subjuguée par ces femmes sur lesquelles reposent la vie de la famille (on est dans les années 30!) , avec ce rôle non affiché de cheffe de famille. le poids des traditions, fort ancré, est magnifiquement décrit tout comme chaque événement historique, tout comme le travail et les ressentis des haenyeo quand elles se préparent, plongent et s'en reviennent chargées de leurs filets dans leur bulteok.
On n'imagine pas que cette partie insulaire de la Corée du Sud touristique, propice aujourd'hui pour les lunes de miel a connu tant d'annexions, de massacres, d'injustices, de souffrances physiques et morales.
Chapeau bas à Lisa See pour toutes ses recherches, rencontres..qu'elles nous partagent ici au travers de l'histoire de Young-sook et Mi-ja, et de leur amour de la mer et de leur amitié...de 1938 à 2008.
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Challenge les Féminines**Difficile de faire entrer ce roman dans une case, hormis celle du coup de coeur. du méga coup de coeur !
Lisa See maitrise son sujet et, bien qu'elle aborde de nombreuses thématiques, sociétales, culturelles, historiques, le point de liaison reste la nature humaine et les relations qui en découlent, fortement influencées par l'éducation, la grandeur d'âme et les évènements. Et jamais l'auteure ne s'égare tant sa trame est bien ficelée et tous les sujets s'imbriquent parfaitement entre eux.
Si, comme moi, vous ignorez tout de la culture des haenyeo, que vous en savez, si peu sur l'histoire de la Corée du sud, sur la famille matrifocale — attention à ne pas confondre avec matriarcale —, que vous n'imaginiez même pas que des grands-mères coréennes aient passé toute leur vie dans l'eau, dans des conditions étonnantes difficiles et étonnantes, croyez-moi, vous ressortirez époustouflée, impressionnée, émue à l'issue de cette lecture, particulièrement passionnante et touchante.
Le récit, foisonnant de détails, sans que cela soit ni lourd ni ennuyeux vous transporte dans 2 périodes différentes, la contemporaine et dans le passé de nos protagonistes centraux, de leurs enfance à leur vie d'adulte, un peu plus centré, néanmoins sur l'une d'elle. Choix délibéré de l'auteur qui saura nous surprendre et nous émouvoir. Avec elles nous découvrons le mode de vie d'une des famille de Jeju, île coréenne, alors sous le joug japonais. le volet historique s'y trouve très présent, en parallèle d'une histoire d'amitié puissance. Culture et traditions y tiennent également une grande place, et sont essentiels à l'intrigue générale.
On ne ressort pas indemne d'une telle lecture, Lisa See ne nous épargnant pas les dures conditions de vie de ce peuple et les divers faits historiques, — dont personnellement je n'avais jamais entendu parler — et qui ne laissent pas indifférent, d'autant que l'auteur les utilise pour les imbriquer à la vie de ses personnages.
Le récit suscite de l'émotion et nous déconcertera jusqu'au bout sans que nous devinions l'issue avant les derniers chapitres relatifs aux évènements présents et qui conclura, admirablement et de manière surprenante la relation amicale entre Mi-ja et Young-Sook. J'avoue que que l'auteure m'a scotchée.
Mon premier livre de Lisa See et probablement pas le dernier.
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Nous voilà en Corée du Sud, sur l'île de Jeju, entre 1938 et 2008.
Le roman commence en 2008, Young-Sook, octogénaire, se remémore sa vie; c'est une haenyo, c'est à dire une femme de la mer, une plongeuse capable de descendre en apnée, jusqu'à 10 mètres, hiver comme été, pour pêcher poulpes, ormeaux...
A 7 ans, elle rencontre Mi-Ja, orpheline,fille d'un collaborateur avec le Japon, que tout le monde rejette; la mère de Young-Sook la prend en pitié et va la nourrir, lui apporter de l'amour, en faire une haenyo. Une amitié très forte unit les fillettes qui sont comme des soeurs, jusqu'à ce qu'elles soient mariées à 21 ans et soient séparées; la vie familiale, l'éloignement distendent les liens mais ce sera surtout le massacre du 3 avril 1948 où Young-Sook perdra son mari, un fils et sa belle-soeur sans que MI-Ja ne l'aide à les sauver; Young-Sook se sent trahie et en voudra à Mi-Ja toute sa vie, tout pardon étant impossible jusqu'en 2008.
Ce roman, c'est d'abord deux magnifiques portraits de femmes liées par une amitié qu'elles croyaient indéfectible, à l'épreuve du temps et de l'adversité; c'est leur fierté d'être des haenyo, c'est leur dévouement et l'amour qu'elles portent à leurs enfants, c'est la résilience face à l'adversité, c'est la difficulté à pardonner, la culpabilité.
Ce roman, c'est bien plus que cela; c'est un hommage aux haenyos qui portent leur famille à bout de bras, dans cette société matrifocale, centrée sur les femmes; ce sont elles qui travaillent, elles qui ramènent l'argent pendant que les hommes restent au foyer, s'occupant des enfants. Hommage au courage de ces femmes qui luttent contre le froid, le danger mais qui sont unies par une immense fierté, une communauté de destin, qui s'entraident, se soutiennent.
Ce roman, c'est aussi un hommage à un style de vie en communion avec la nature; les haenyos n'ont jamais voulu s'équiper de bouteilles d'air pour éviter de surpêcher; elles entretenaient et entretiennent encore les fonds marins, s'assurant de leur durabilité. Elles sont à l'écoute de la nature pour déterminer quand et où pêcher. Elles n'ont fait qu'une concession à la modernité, s'équiper de de combinaisons de plongée, les protégeant du froid. L'auteure décrit avec émotion et justesse, le sentiment de liberté que procure la mer lorsqu'on s'enfonce dans ses flots comme si on retrouvait le calme, la sécurité de la matrice originelle.
Ce roman, c'est la découverte de la culture coréenne des années 30 jusqu'aux années 2000, avec le respect dû aux anciens, au parents, le chamanisme, la croyance en des déesses protectrices, les mariages arrangés, la cuisine....
Ce roman, c'est, en arrière-plan, l'histoire de la Corée qui a connu l'occupation japonaise pendant 40 ans, la 2ème guerre mondiale, une dictature militaire soutenue par les États-Unis, la division du pays de part et d'autre du 38ème parallèle, la guerre inter-coréenne; l'auteure inscrit l'histoire des deux amies dans L Histoire, en particulier, l'Incident du 3 avril 1948, euphémisme choquant, pour ce qui fut en fait un massacre suite à une rébellion des habitants de Jeju, férocement réprimée; cette rébellion dura jusqu'en mai 1949 et marqua l'île à jamais : sur 300 000 habitants, il y eut jusqu'à 80 000 morts, 40 000 s'enfuirent au Japon et 70% des villages furent incendiés. L'auteure s'est beaucoup documentée mais ce roman ne se transforme jamais en livre d'histoire : il donne une épaisseur, une profondeur au destin des personnages. J'ai beaucoup appris sur l'histoire de cette région à laquelle j'avais commencé à m'intéresser avec la saga familiale "Pachinko" de Min Jin Lee (2021).
J'ai été happée par ce magnifique roman, touchée par le destin poignant des deux personnages féminins principaux mais aussi par le destin de ce pays encore déchiré en deux états. Je n'en ai pas fini avec la Corée puisque m'attend dans ma PAL "Filles de la mer" de Mary Linn Bracht sur un sujet particulièrement douloureux et longtemps tabou : les filles de réconfort.
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Fabuleux, Lisa See vous embarque littéralement dans le pays avec les femmes de la mer !
Elle décrit tout cela avec une telle précision que l'on a l'impression de vivre avec ! quel courage ! quelle volonté que ces femmes qui gèrent tout !
J'aime beaucoup cette culture asiatique ça m'a toujours attirée par leur façon de voir les choses de la vie....
Et puis l'histoire de cette île, de la Corée est très très enrichissante, c'est rare cette partie de découvrir cette partie de l'histoire. J'aime beaucoup les livres qui traitent d'un sujet et racontent le pays en même temps !
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