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EAN : 9782848051673
249 pages
Sabine Wespieser (02/10/2014)
3.87/5   239 notes
Résumé :
Traduit de l’allemand (Autriche) par Elisabeth Landes

"Alors comment se fait-il que tout le monde tombe amoureux partout, à tout bout de champ ?
- Jeune homme, dit Freud en marquant un temps d'arrêt, on n'a pas besoin de comprendre l'eau pour y plonger tête la première."
En 1937, Franz débarque à Vienne chez Otto Tresniek, un buraliste unijambiste. Au tabac Tresniek, où se mêlent classes populaires et bourgeoisie juive, il fera l'appre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (81) Voir plus Ajouter une critique
3,87

sur 239 notes
Août 1937. C'est ce fameux jour où un violent orage s'abattit sur le Salzkammergut, au pied des Alpes autrichiennes, que la vie de Franz Huchel bascula. Suite au décès d'un ami de sa maman, qui, substantiellement, alimentait le compte en banque de cette dernière tous les mois, le jeune homme de 17 ans se vit contraint de quitter sa Haute-Autriche pour la ville de Vienne. Là-bas, un vieil ami, Otto Tresniek, buraliste de son état, vétéran et mutilé de guerre, veut bien l'accueillir dans son commerce pour lui donner un coup de main. Très vite, même si ses montagnes et ses champs lui manquent, Franz tombe amoureux de la ville et trouve en Otto un mentor qui lui ouvre l'esprit. Mais, il ne connait pas encore l'amour. Et, sa rencontre avec une jeune bohémienne et artiste de cabaret va le bouleverser. Apprenant que le célèbre docteur Sigmund Freud fréquente la tabac d'Otto, il espère ainsi recevoir quelques conseils...

En plein coeur de Vienne, l'on fait la connaissance de Franz, venu tout droit de ses montagnes, et qui va entrer de plein pied dans la vie. Outre l'amour qui le submerge, il devra faire face à une société "nouvelle". Nous sommes en 1937, soit un an avant l'Anschulß, l'Allemagne nazie étend son pouvoir et ses convictions. Certaines personnes tentent encore de faire front, notamment Otto, en acceptant les Juifs dans son magasin. le jeune Franz, quant à lui, ne comprend pas vraiment ce que l'on peut leur reprocher. L'auteur nous plonge à la fois dans une ambiance calme, légère, drôle avec ces échanges entre Freud et Franz, et dramatique. Un beau roman d'apprentissage porté par une écriture poétique et délicate...
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Ce roman de Robert Seethaler : le tabac Tresniek ne pèche pas par excès d'originalité puisqu'il se situe en grande partie en Autriche en 1938, année l'Anschluss et du début des persécutions nazies. La littérature qui couvre cette période est riche en romans, essais et témoignages.
Ce qui m'a plu dans ce roman ne vient donc pas de la thématique mais plutôt de la perspective choisie par l'auteur dans son récit que je qualifierais volontiers de trompe l'oeil.
On croit entrer dans un roman d'apprentissage avec le départ du jeune Frantz Huchel de son Salzkammergut natal pour venir travailler à Vienne chez un ami de sa mère, Otto Tresniek, propriétaire d'un bureau de tabac où défile une clientèle hétéroclite évoquée dans une série de portraits finement croqués et fort drôles. C'est d'ailleurs l'humour de l'auteur qui a emporté mon adhésion au récit et aux personnages dans toute la première partie du récit : par exemple le clin d'oeil sans doute au Candide de Voltaire tant son jeune héros, Frantz, lui ressemble par sa candeur, sa naïveté, son intelligence et sa vivacité d'esprit. Bien sûr ses pérégrinations amoureuses avec Anezka bien plus expérimentée que lui en matière amoureuse ne sont pas non plus sans rappeler les déboires du héros voltairien dans ce domaine. Mais la trouvaille de l'auteur qui m'a beaucoup amusée est d'avoir eu le culot de faire entrer dans son roman, devinez qui ? Freud, en personne, le "docteur des fous" comme l'appellent tous les clients du tabac Tresniek, car pour donner du piment au récit c'est Otto Tresniek qui est le fournisseur attitré en havanes du célèbre docteur viennois. C'est ainsi que Freud va devenir en quelque sort le Pangloss de Frantz. Et cela va donner lieu à de savoureux dialogues entre ces deux personnages avec pour Freud une vision iconoclaste de sa personne fort drôle ! Qui imaginerait en effet le célèbre psychanalyste tenir par moments avec Frantz des conversations dignes du café du commerce, tout en arrivant à ses fins, c'est-à-dire lui parler de sa libido. Mais Frantz n'est pas en reste. Et lors de sa dernière visite à Freud avant son départ pour l'Angleterre, le rapport de protection va s'inverser. Emu par la vieillesse et la fragilité de son mentor endormi, Frantz va quitter l'appartement en prenant soin de le couvrir...
C'est d'ailleurs le point de bascule du récit : la fête est finie à Vienne, les loups nazis s'installent et avec eux leur régime de terreur qui n'épargne personne, pas même Frantz qui passe brusquement de l'adolescence à l'âge adulte dans les pires conditions qui soient... Sa candeur cède à la place à une lucidité amère et sa confiance en l'amour et l'amitié sera battue en brèche par le désespoir!
La plume de l'auteur change aussi. Elle se muscle, devient véhémente avec quelques passages violemment sarcastiques, derrière lesquels on perçoit à la fois l'indignation et l'impuissance devant le déchaînement de la folie nazie.
Dommage que l'ultime fin du récit soit un peu en rupture avec ce qui précède , surtout une très belle scène à la fois émouvante et poétique qui évoque le geste fou et dérisoire de Frantz pour entrer en résistance contre les bourreaux de son cher Otto Tresniek, son maître d'apprentissage mais bien plus encore un père de substitution pour lui qui n'avait pas connu le sien. Un ultime baroud d'honneur qui lui sera fatal...
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Je participe au prix CL entre autre pour découvrir des livres que je n'aurais jamais lu de moi-même. Je fais souvent, de cette manière, deux ou trois belles découvertes par an. le tabac Tresniek n'est pas un livre que j'avais envie de lire de prime abord. Et bien, il fait sans aucun doute partie de mes belles découvertes de cette année !
Ce livre de R. Seethaler tient à la fois du roman d'apprentissage et de la peinture sociale d'une Vienne d'avant-guerre, décrivant la montée nazie précédant le début de la seconde guerre mondiale au travers du regard d'un jeune garçon de la campagne qui monte à la capitale. Franz est un jeune garçon touchant, un candide, un pur, sans pour autant être niais. Sa simplicité et sa ténacité lui feront découvrir l'amour, pas toujours simple, l'amitié d'un vieux monsieur à la fois professeur et juif, un certain Sigmund Freud, le monde parfumé des cigares que vend son maitre d'apprentissage, l'unijambiste Otto Tresniek, tout en gardant en lui l'image du lac auprès duquel il a grandi et en chérissant sa mère, avec laquelle il correspond.
Le sujet est grave, le monde devient fou, les voisins se battent ou se dénoncent, la gestapo surveille les entrées et sorties des bâtiments, les courriers, et les intellectuels sont en dangers et s'enfuient tandis que l'Autriche change... Parfois même, des gens disparaissent quand ils sont emmenés à l'hôtel Metropol.

Les évènements ne glissent pas sur Franz, ils le sculptent, le dégrossissent, pour qu'il ne reste plus que l'essentiel : un jeune homme ouvert, juste, bienveillant et courageux. Mais bien sur, pas plus le monde d'avant-guerre que celui d'aujourd'hui ne peut se permettre de laisser marcher dans ses rues de tels jeunes gens.
Un livre que je vous conseille.
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Oú nous côtoyons dans cet ouvrage, un certain août 1937, Sigmond Freud, un vieillard célébre certes mais désabusé et épuisé d'un cancer qui lui ronge la bouche et oú une autre tumeur gâte son quotidien :la montée du national-socialisme dans son pays et l'attraction de la croix gammée...C'est une plongée captivante dans la Vienne de ces années là. Ainsi, " le docteur des fous" dont le monde vieillissait de jour en jour ,va croiser le jeune Franz Huchel venu de son Salzkammergut natal, un petit montagnard naïf, un peu inculte, envoyé dans la capitale par sa mère, employé d'Otto Tresniek, un buraliste unijambiste qui vend du plaisir, du désir, parfois du vice, chez qui le docteur Freud achète la presse et ses havanes....Franz est un coeur tendre, un garçon en pleine éclosion, très vite mis au fait de la situation politique. Il va faire son éducation sentimentale dans cette Vienne animée et bourgeoise oú il découvre l'érotisme dans les cabarets secrets du Prater. Follement amoureux d'une insaisissable bohémienne nommée
Anezka, Franz mendiera auprés du vieux Freud des conseils sur les femmes et l'amour , " cet incendie de forêt que personne ne veut ni ne peut éteindre ".....
Son insouciance sera bientôt annulée par la dangerosité de l'époque, l'Anschluss et l'irruption de la Gestapo...L'écrivain se glisse avec bonheur dans une langue élégante, à la fois réaliste, chatoyante et imagée, un humour caustique, une intrigue oú la tension ne se relâche pas,dans la peau du jeune Franz, vif et curieux, candide mais de moins en moins : un monde en clair obscur, une société déboussolée,malgré les douceurs pâtissières de la cuisine Viennoise, les exquises odeurs de chocolat chaud et d'amandes fraîchement grillées, les parties de tir et les tours de grande roue...
L'horreur va bientôt triompher de l'innocence : "Dans ce monde qui est devenu fou, une tumeur, un cancer, un bubon de peste puant et purulent va bientôt éclater et déverser son contenu répugnant sur l'ensemble de la civilisation".....
Un beau roman sur les mystères du sentiment amoureux et l'éveil brutal d'une conscience politique...
Même si ces événements tragiques ont été de nombreuses fois évoqués, l'ouvrage vaut le détour par la beauté de l'écriture, la reconstitution du 19 Berggasse oú recevait Sigmond Freud....il vivait là depuis cinquante ans,avec son épouse Martha et sa fille Anna jusqu'à son départ pour Londres début 1938....et la peinture de cette Vienne encore aisée et frivole, plus pour longtemps.....
Un auteur autrichien à découvrir!


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C'est l'histoire de Franz, jeune autrichien arrivant à Vienne et travaillant chez une connaissance de sa mère, un buraliste.
Et parmi, ses clients, il y a le grand professeur Sigmund Freud, une sacrée chance puisqu'il devient une sorte de confident au cours de son périple.
Il découvre l'amour, la traîtrise, puis la violence…
Parce que nous sommes en 1938… et ce pauvre Otto Tresniek (buraliste) est accusé de vendre des lectures dites libertines… Et Freud doit fuir son pays…
une histoire touchante… ou la haine et la trahison mènent le jeu au cours de ce récit…

Un roman à découvrir !

Bonne lecture !

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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Ça fait un bon moment que je suis à la ville maintenant, mais franchement, c'est comme si tout m'était de plus en plus étranger. Mais c'est peut-être toujours comme ça dans la vie: dès la naissance on s'éloigne tous les jours un peu plus de soi, et il arrive un moment où on ne sait plus du tout où on en est. Est-ce possible que ce soit vraiment comme ça ?
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Personne ne sait rien de l'amour. Et pourtant, la plupart des gens l'ont vécu à un moment ou un autre. L'amour va et vient, on n'est pas plus avancé sur l'amour après qu'avant, et encore moins quand il est là. Je vais te dire une chose : personne n'est vraiment fait pour l'amour, et pourtant, ou peut-être justement à cause de ça, il attrape presque tout le monde un jour ou l'autre !
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Tu me demandes si je sais quoi que ce soit de l'amour. À vrai dire, je ne sais rien de l'amour. Même si je l'ai connu. Personne ne sait rien de l'amour. Et pourtant, la plupart des gens l'ont vécu à un moment ou à un autre. L'amour va et vient, on n'est pas plus avancé sur l'amour après qu'avant, et encore moins quand il est là. Je vais te dire une chose : personne n'est vraiment fait pour l'amour, et pourtant, ou peut-être justement à cause de ça, il attrape presque tout le monde un jour ou l'autre.

Cela me fend le cœur d'apprendre que tu es parfois triste. Que te dire ? Il y a autant de manières d'être triste que de moments dans la vie. Et même peut-être encore plus. Que tu saches d'où vient tel ou tel moment de tristesse ne change rien à l'affaire. Cela fait partie de la vie. Si tu veux mon avis, même les animaux ont leurs moments de tristesse. Et peut-être même aussi les arbres. Il n'y a que les pierres qui n'en n'ont pas. Elles restent simplement là par terre sans rien faire. Mais qui aurait envie d'être une pierre ?
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Enfin, il avait exprimé ce qui lui chamboulait le coeur et la cervelle depuis si longtemps, en fin de compte depuis le jour où ses premiers poils pubiens avaient commencé à poindre.
"Jusqu'à preuve du contraire, la grande majorité des gens y est bien parvenue ! remarqua Freud, en chassant un caillou du trottoir d'un coup de canne bien ajusté.
- Ca ne veut pas dire que je vais y arriver, moi !
- Et pourquoi ferais-tu exception à la règle ?
- Parce que, là d'où je viens, on s'entend peut-être à exploiter la forêt ou à soutirer de l'argent aux touristes, mais l'amour, on n'y comprend rien de rien !
- Voilà qui n'a rien d'exceptionnel. Personne ne comprend quoi que ce soit à l'amour.
- Même pas vous ?
- Surtout pas moi !
- Alors, comment se fait-il que tout le monde tombe amoureux partout, à tout bout de champ ?
- Jeune homme, dit Freud en marquant un temps d'arrêt, on n'a pas besoin de comprendre l'eau pour y plonger la tête la première.
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"Fondamentalement, la politique bousillait tout et tout un chacun, quel que fût le personnage au fessier hypertrophié qui constituât le gouvernement : feu l'empereur, ce nabot de Dollfus, son disciple Schuschnigg, ou là- bas, de l'autre côté , ce mégalomane de Hitler. La politique bousillait, gâchait, sabotait, âbetissait et détruisait définitivement tout et tout un chacun......"
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Vidéo de Robert Seethaler
Yann de la librairie le Divan partage ses lectures de la Rentrée littéraire 2023 "Seethaler fait ce qu'il sait très bien faire : raconter le temps qui passe, à l'échelle d'une ville, à l'échelle des Hommes."
Notre mot sur "Le Café sans nom" de Robert Seethaler ----- https://bit.ly/3Mrkwrz #coupsdecoeurduDivan #YannDivan #LeCafesansnom #RobertSeethaler #editionssabinewespieser #booktok #litteraturetraduite #ebook #livrenumerique Tous nos conseils de lecture ICI : https://www.librairie-ledivan.com/
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