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Elisabeth Landes (Traducteur)
EAN : 9782072991097
144 pages
Gallimard (18/05/2023)
3.57/5   118 notes
Résumé :
Sur le pont du paquebot qui le ramène en Europe après une ultime saison à New York, Gustav Mahler (1860-1911) laisse dériver ses pensées.
À cinquante ans, il est l'un des compositeurs et chefs d'orchestre les plus réputés de son époque, mais son corps perclus de douleur lui rappelle que sa fin est proche. Emmitouflé dans une épaisse couverture, l'oeil rivé sur la mer grise, son esprit vagabonde et le ramène aux années écoulées. Comme dans un ample fondu encha... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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Petit bouquin de 122 pages, le dernier mouvement de Robert Seethaler brosse le portrait tout en intériorité de Gustav Mahler né en 1860, plus célèbre en son temps comme chef d'orchestre mais dont le nom reste attaché aujourd'hui à une oeuvre de composition dont la dimension orchestrale et l'originalité musicale jettent un pont entre la fin du 19e et le début du 20e siècle.
Il m'a permis de faire connaissance plus amplement et surtout plus intimement avec Gustav Mahler, cet homme certes petit par la taille et au tempérament maladif, mais au talent ô combien grandissime !
L'écrivain autrichien imagine la dernière traversée de l'artiste, gravement malade, sur le paquebot Amerika qui le ramène en Europe après une ultime saison à New York. Il mourra peu de temps après, il avait 50 ans.
Emmitouflé dans une chaude couverture de laine et adossé à un container sur le pont supérieur du paquebot, échangeant quelques rares mots avec un jeune garçon de cabine affecté à son service, Gustav Mahler en proie à la fièvre et à la solitude se tourne vers son passé, des souvenirs surgissent, son appartement à Vienne, son mariage avec Alma, pour lui, la plus belle femme de Vienne. Il revoit également leur maison d'été à Toblach dans le Sud Tyrol, où avait été bâtie sa cabane de composition. Lui reviennent les images de ses voyages en Amérique, des souvenirs de soirs de représentation...
Parmi ces souvenirs, il en est un qui ne cesse de le hanter, la mort de sa fille aînée Maria à l'âge de 5 ans, emportée par la diphtérie. Il décrit également son désespoir lorsque récemment il découvre que sa femme Alma entretient une relation avec un architecte.
Deux rencontres, celle avec Auguste Rodin et celle avec Sigmund Freud permettent de tisser un lien avec l'époque.
Celle avec l'un des plus importants sculpteurs français de la seconde moitié du 19ᵉ siècle donne lieu à une scène de pose qui m'a littéralement sidérée tant l'un, Rodin, fait preuve d'une humeur renfrognée, morose et bourrue et l'autre, Mahler, d'une impatience inqualifiable ! La sculpture du buste n'aurait sans doute pas vu le jour sans la diplomatie dont ont fait preuve ce jour-là, Claire de Choiseul, dernière grande passion d'Auguste Rodin et Anna, l'épouse de Malher.
En imaginant ce dernier voyage de Gustav Mahler, accompagné par cette émergence de souvenirs plus ou moins douloureux portés par une musique omniprésente, Robert Seethaler ne nous livre pas une autobiographie exhaustive de cet homme illustre mais nous offre plutôt une sorte de survol musical nostalgique de quelques moments particuliers qui ont rythmé et marqué la vie de Mahler.
Récit court et simple mais intense et poétique, le dernier mouvement est également une poignante méditation sur la puissance de la création.

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1911. Gustav Mahler se repose, fragile silhouette de vieillard emmitouflée dans ses couvertures, sur le pont du transatlantique qui le ramène en Europe après une ultime saison à New York. Il n'a que cinquante ans, mais, malade et perclus de douleur, celui que tous considèrent comme un compositeur de génie et le plus grand chef d'orchestre de son temps, voit ses jours désormais comptés. Pendant que son épouse et sa fille, comme déjà lointaines, vaquent à leurs occupations quelque part à l'intérieur du navire, il laisse son esprit divaguer au gré de ses réminiscences, à peine rattaché au présent par la discrète mais vigilante présence du jeune garçon mis à son service par la compagnie maritime.


A quoi se résume une vie ? A tant de choses, et à la fois si peu, tant Robert Seethaler est parvenu à l'exprimer tout entière en quelques images significatives. Sans quasiment parler de cette musique dont il fait dire à Mahler que les mots sont impuissants à la décrire sauf quand elle est mauvaise, évoquant avec une sobriété confondante de naturel et de puissance suggestive les quelques traits qui suffisent à laisser sentir la personnalité et la vie qui se sont tant entremêlées à l'oeuvre, l'écrivain transcende les faits historiques pour nous faire pénétrer l'âme, si passionnée et si exigeante, du compositeur visionnaire qui bouscula son époque et s'imposa comme un prodige de l'orchestration.


Drôle parfois, comme lorsque se rencontrent un Mahler exaspéré et un Rodin mal embouché, la narration se fait le plus souvent poignante, alors que l'esprit de celui que la maladie a prématurément vieilli garde toute sa vigueur et sa lucidité. du bonheur simple des étés à la montagne au travail acharné et méticuleux du maître qui réforma l'Opéra de Vienne, de son amour torturé pour son épouse Alma, tombée dans les bras d'un amant plus jeune et plus disponible, à l'incommensurable chagrin de la perte de sa fille aînée, emportée par la diphtérie à l'âge de cinq ans, c'est toute une vie qui dans ce corps usé palpite encore, et qui, quand elle s'éteindra tout à fait, cédera la place à l'imposante éternité d'un chef-d'oeuvre qui nous dépasse. Alors, peut-être ou peut-être pas, pour nous comme, au lecteur d'en décider, pour le jeune et modeste employé placé par le hasard à la croisée d'un autre monde, continuera à vivre « l'indescriptible » musique de « Monsieur le directeur » Gustav Mahler.


Si la musique se vit et ne se décrit, il en est de même pour cet émouvant roman qui sait si bien, en un minimum de mots et avec une impressionnante puissance suggestive, nous ouvrir l'âme d'un homme qui repoussa jusqu'à l'épuisement les limites de son art. Coup de coeur.

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À quelle symphonie, huitième, neuvième, dixième, renverrait ce titre ? Difficile à savoir quand on sait que Malher par superstition n'aimait pas numéroter ses oeuvres. Est-ce une métaphore de son retour de N. Y. Mahler se sachant proche de la mort qu'a voulu souligner l'auteur ? Mélomanes et lecteurs à vous d'en décider. Fureur et démesure de la fièvre créatrice, passion du travail toujours remis sur le métier, l'oreille tendue vers la musique entre direction orchestrale et composition ainsi vécut semble-t-il Gustav Mahler jusqu'à la fin de sa vie. le créateur a suscité suffisamment de fascination pour prêter quelques-uns de ses traits à l'écrivain Gustav Aschenbach dans La mort à Venise de Thomas Mann et pour que Visconti emprunte un peu de sa cinquième symphonie pour accompagner l'adaptation du roman qu'il réalisa au cinéma. Dernière "croisière" transatlantique en tout cas d'une célébrité de l'époque qu'on accompagne ici rentrant malade et affaibli en Europe, à cinquante ans, par la voie maritime seule possible en 1911, après trois ans passés à la tête du Metropolitan opéra de N.Y. Retour qui avait suggéré à S. Sweig un portrait hommage au musicien en 1915 ; C'est ce moment biographique particulier qui inspire à Robert Seethaler ce texte court dans lequel il donne la parole à l'artiste pour faire entendre bien d'autres voix ; le musicien semble s'adresser d'abord à lui-même depuis le pont supérieur de l'Amerika, tout juste quelques propos sont-ils échangés avec un jeune homme porteur de thé affecté à son service dont les apparitions discrètes ne font que rendre plus sensible le lien ténu qui relie pour peu de temps encore Malher au reste du monde (Il meurt en mai 1911).

On pourrait regretter l'excès de théâtralisation autour de la personne de Mahler. Seul sur le pont du navire, face à l'immensité de l'océan qu'il prend à témoin. Mais l'auteur rend vite à Gustav son univers musical, vocal et orchestral, au sein de ses horizons affectifs et montagnards de prédilection. Derrière sa carrière accaparante hors norme riche de saisons triomphales et de déconvenues (notamment les dix années passées à réformer sans relâche l'opéra impérial de Vienne pour en faire une institution de premier plan entre 1897 et 1907 laissèrent leurs traces d'aigreur et de ressentiment), le Maître revient mentalement et inexorablement sur ses dernières années de création et vers les paysages bucoliques du Sud-Tyrol face aux Dolomites, ceux des étés heureux et féconds en famille à Toblach (où il composa le "Chant de la terre" et ses dernières oeuvres dans une nouvelle cabane de composition) ; conversant toujours avec ses vieux démons invaincus - au rang desquels les déboires d'un corps récalcitrant soumis depuis l'enfance aux migraines, crises, transes et fièvres diverses (qui lui vaudront sa consultation promenade de quelques heures avec S. Freud !). Mais ces horizons aimés font encore résonner l'écho douloureux de la mort prématurée de l'aînée de ses deux fillettes et esquissent l'ombre de son amour trop intransigeant puis jaloux, où pointent quelques sarcasmes, pour Alma Schindler (1879-1964), également musicienne, dont il connaît la liaison avec "le petit maître d'oeuvre" (W. Gropius). Alma, pourtant avec lui sur le bateau du retour, dont la présence/absence en creux par dialogues remémorés assure finalement à cette introspection fictive les accents authentiques d'un chant d'adieu personnel tragique que R. Seethaler fait composer à Mahler pour sa femme.
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Robert Seethaler nous propose dans ce court livre de partager les derniers moments de Gustav Mahler, chef d'orchestre très célèbre de son temps, mais qui est resté dans l'histoire de la musique avant tout comme un immense compositeur, faisant en quelque sorte le lien entre le XIXe et XXe siècle. Sa musique a mis un certain temps à s'imposer, et de son vivant c'est en tant que chef d'orchestre qu'il était reconnu. Bien évidemment, les derniers moments sont favorables aux évocations, aux souvenirs, et nous partageons avec Mahler un certain nombre de moments ou sentiments clés. La mort de sa fille Maria, ses relations compliquées avec sa femme, Alma, la création de la 8e symphonie etc.

Robert Seethaler a une très belle plume, qui permet de suivre ce portrait du musicien avec un réel plaisir. Il entremêle habilement des moments différents de son existence, ce qui permet de varier les atmosphères et sentiments, et de résumer en peu de pages l'essentiel d'une vie. En nous laissant entrapercevoir le contexte de l'époque, et en particulier l'antisémitisme de la société viennoise du début du siècle dernier. Un contrepoint, apporté par la présence d'un jeune garçon commis au service de Mahler pendant la dernière traversée qu'il a effectuée entre les États-Unis et l'Europe permet de relativiser les événements.

C'est de la belle ouvrage, et un vrai plaisir de lecture. Cela n'est sans doute pas une révélation pour ceux qui connaissent un peu Mahler et sa vie, c'est classique dans l'écriture et dans la manière de mener le récit. Plus un joli moment agréable qu'une grande découverte ou un bouleversement, mais c'est recommandable.
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Un livre court , pour une fois trop court
Robert Seethaler raconte la dernière traversée transatlantique de Gustav Mahler. L'homme est allongé ,sur le pont supérieur, le plus luxueux,face à la mer , face à sa vie aussi. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à la scène finale de Mort à Venise
L' écriture deSeethaler est très visuelle
Nous sommes tout de suite avec le grand Gustav Mahler
Il se sent malade , proche de la fin. Il est célèbre mais à quoi bon.
Lui reviennent ses souvenirs heureux musicaux ou intimes lors de la rencontre de son épouse ou avec ses enfants, malheureux avec la mort de sa fille, ses déboires conjugaux ou l'impression d'avoir perdu dix ans de sa vie avec un orchestre à Vienne qui ne comprenait rien à la musique ou encore la rencontre avec Rodin qui lui fait perdre son temps
La rencontre avec Freud sera courte mais plus riche
Et, par dessus tout, il y a la musique qui occupe toute sa vie
Compositeur de génie, chef d'orchestre adulé à la tête d'ensemble monumentaux ( la symphonie des Mille) mais aussi capable de tirer le meilleur de chaque instrument, capable dans la même symphonie de passer de passages tonitruants à un adagio tout en finesse et en douceur
Trois étoiles seulement car j' aurais aimé que Robert Seethaler aille plus loin dans ce livre tant sur le plan musical que personnel
Un livre lu dans la journée qui m'a donné envie d' écouter à nouveau Mahler , d'entendre à nouveau certaines interprétations inégalées (Kathleen Ferrier dans le Chant de la Terre)
Pour ceux qui connaissent peu Mahler, c'est le livre idéal pour rentrer dans son univers musical exceptionnel
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critiques presse (6)
Telerama
12 juin 2023
Cet homme-là a toujours mal dormi, toujours souffert de migraines et ici, sur ce paquebot qui le ramène en Europe après une dernière saison à New York, le musicien adulé est encore tourmenté par la douleur.
Lire la critique sur le site : Telerama
LaCroix
09 septembre 2022
Sous la plume du romancier Robert Seethaler, Gustav Mahler déroule le triste et glorieux roman de sa vie dont il sent approcher les derniers instants.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Telerama
09 septembre 2022
Son dernier livre, consacré à l’artiste Gustav Mahler, est une œuvre forte, vivante et épurée.
Lire la critique sur le site : Telerama
LaLibreBelgique
04 mai 2022
Robert Seethaler orchestre les pensées et les souvenirs du musicien [Gustav Mahler] au soir de sa vie.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
20 avril 2022
L’ascèse, l’intériorité, le clair et l’obscur : tout Seethaler est dans ces mots. L’homme fuit l’artifice, le paraître, tout ce qui l’éloigne de l’essentiel. Cette quête de vérité, on la retrouve dans ses romans [...].
Lire la critique sur le site : LeMonde
SudOuestPresse
01 mars 2022
Tout en subtilité, l’écrivain autrichien dévide dans « Le Dernier Mouvement » les souvenirs du compositeur. Une méditation sur la puissance de la création
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Gustav Mahler est une petite flamme qui vacille dans la tourmente de son propre désespoir. Quelque pisseur de copies l’avait ainsi décrit, la « petite flamme » renvoyant bien évidemment à sa frêle carrure et à sa taille, qui n’excédait pas le mètre soixante. Il avait éclaté de rire et déchiré la feuille en morceaux. Mais, dans son for intérieur, il savait bien que le pisseur de copies avait raison. À même pas cinquante ans, il était un mythe, le plus grand chef de son époque, et peut-être même de toutes celles qui suivraient. Mais cette gloire, il la payait du désastre d’un corps qui se consumait lui-même inexorablement.
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Il eut un rire bref. Rodin claqua une motte d’argile sur le buste et marmonna quelque chose d’inintelligible.
« Pardon ? dit Mahler.
– Si monsieur voulait bien avoir l’obligeance de rester immobile, traduisit Claire de Choiseul.
– C’est bon, dit-il.
– Non, justement, cela n’est pas bon, dit Claire. Nous voulons que le travail avance, n’est-ce pas ?
– Qui ça nous ?
– Nous tous ici dedans et la plupart d’entre nous dehors. Tant que nous n’avançons pas ici dedans, le monde dehors tourne au ralenti.
– Puisse-t-il cesser complètement de tourner, dit Mahler. Voilà qui réglerait bien des choses.
– Ne l’écoutez pas, intervint Alma. Il est un peu fatigué.
– C’est faux, objecta Mahler. Je n’ai jamais été aussi en forme.
– Tais-toi ! dit Rodin. Tais-toi, putain ! *
– Que dit-il ? demanda Mahler.
– Il vous prie encore instamment de rester immobile, dit Claire. La journée n’est pas terminée.
– Elle semble même partie pour être interminable, dit Mahler. Mais bon, je m’en vais rester assis sans bouger. Jusqu’à ce que mort s’ensuive.
– Gustav, s’il te plaît, fais un effort !
– Mais pourquoi donc, c’est la solution : rester immobile jusqu’à la fin des temps. Vous pourrez m’embaumer ou m’empailler ou les deux. Ça nous épargnera tout ce travail avec ce buste. Sans parler du coût.
– Ne l’écoutez pas, dit Alma.
– Nous faisons notre possible, dit Claire.
– Mais sûrement pas l’impossible, dit Mahler.
– De quoi parlent-ils, ces idiots ? *» demanda Rodin.
Ses yeux étaient injectés de sang, les poils de sa barbe tressaillaient autour de sa bouche.
« De rien, dit Claire. Monsieur fantasme sur la mort *. »
Rodin secoua la tête. Puis il se leva, marcha vers la sculpture à moitié terminée d’un satyre qui émergeait du sol, et lui asséna un coup de pied magistral. Il ne se calma que lorsque Claire se fut approchée doucement de lui par-derrière, pour lui passer les bras autour du cou et lui souffler quelques mots à l’oreille d’une voix contenue mais pressante. Sans un regard pour le satyre anéanti, il revint au buste. Il rectifia encore une fois la racine des cheveux, passa l’index en travers du front, puis il s’affaissa sur lui-même, le souffle rauque, et ferma les yeux.
« Qu’est-ce qui se passe encore, maintenant ? demanda Mahler.
– Le maître a terminé, dit Claire en se levant de sa chaise. Il faut que cela sèche à présent et que ce soit moulé. Le buste vous arrivera par la poste.
– Et l’histoire finit bien, à la bonne heure, s’écria Mahler en sautant de son trépied. Allons-y, Alma ! »
(* en français dans le texte)
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« Désirez-vous encore un peu de thé ? » demanda le jeune homme. Il avait ôté sa casquette, Mahler voyait le bleu du ciel dans ses yeux.
« Tu restes assis tout le temps en bas des marches ? demanda-t-il.
– Pas tout le temps, dit le garçon.
– Qu’est-ce qu’ils t’ont dit de moi ?
– Ils ont dit que vous étiez célèbre. À cause de la musique. Et que je dois veiller sur vous. Que vous n’ayez pas froid. Que le thé ne soit pas trop chaud. Ce genre de choses.
– Mais il faut que le thé soit chaud.
– C’est comme vous le souhaitez.
– D’ailleurs c’est complètement idiot qu’il n’y ait pas de thé blanc russe sur ce bateau.
– Je ne savais même pas que cette sorte de thé existait. Il est bon ?
– C’est le meilleur. Il apaise l’âme.
– Alors je m’en procurerai dès que nous serons à terre. Et la prochaine fois que vous voyagerez avec nous, je vous servirai tous les jours une tasse de thé blanc russe.
– C’est très obligeant de ta part, dit Mahler. Je crois que tu iras loin.
– Je ne sais pas si c’est ce que je veux. Qui va loin, arrive tard.
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Il (Gustav Mahler) repensa au travail. Le chantier de la Neuvième était en bonne voie – sans plus. Tout était toujours en chantier. Et lui toujours sur la brèche. Travailler signifiait toujours retravailler. Maintes et maintes fois, à peine ses pièces terminées, il les avait rejetées, rayées, déchirées, pour, aussitôt recommencer du début.
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Au demeurant, la plupart des musiciens, voire des gens qui tripotaient un instrument, vivaient dans l'idée qu'eux seuls étaient à même de faire advenir la musique. Ce qui, bien entendu, était, premièrement, l'expression d'une insigne présomption, et deuxièmement, une absurdité caractérisée, la musique dépassant d'emblée, de par sa nature même, tout ce qu'on pouvait imaginer. La musique avait toujours laissé loin derrière elle tout être humain et n'avait, en fin de compte, pas plus besoin de musiciens que d'auditeurs. La musique n'avait besoin de rien ni de personne, elle était là tout simplement. (p. 70-71)
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Vidéo de Robert Seethaler
Yann de la librairie le Divan partage ses lectures de la Rentrée littéraire 2023 "Seethaler fait ce qu'il sait très bien faire : raconter le temps qui passe, à l'échelle d'une ville, à l'échelle des Hommes."
Notre mot sur "Le Café sans nom" de Robert Seethaler ----- https://bit.ly/3Mrkwrz #coupsdecoeurduDivan #YannDivan #LeCafesansnom #RobertSeethaler #editionssabinewespieser #booktok #litteraturetraduite #ebook #livrenumerique Tous nos conseils de lecture ICI : https://www.librairie-ledivan.com/
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