« La vérité historique est souvent une fable convenue »
Napoléon Bonaparte.
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Tendresse et Espoir…
Ce sont ces mots qui ont résonné en moi durant ma découverte, en compagnie du troisième roman d'
Elisabeth Ségard, de ce prestigieux monument français qu'est l'hôtel des Invalides.
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L'espoir d'un monde qui ne les oubliera pas et celui d'une seconde vie après l'enfer, pour ces soldats de tous les champs de bataille, dont le sang a coulé pour la Patrie. Cabossés, mutilés, frères à jamais dans l'adversité et dans leur nouvelle maison, celle des Invalides…
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La tendresse aussi, envers ces autres pensionnaires de l'hôpital des Invalides, rescapés de la folie humaine, dont la vie s'est soudainement arrêtée, comme suspendue aux portes de l'angoisse, pour s'être retrouvés un jour au mauvais endroit, dans le champ de déflagration d'une ceinture meurtrière ou d'une balle perdue. Infirmes et traumatisés, victimes des attentats, ces civils pensionnaires ne sont que de passage aux Invalides, le temps de leur rééducation, mais font aussi partie de la famille…
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Indochine, Algérie, Tchad pour les uns… Bataclan, Marseille, Nice pour les autres… Pour ne citer que les plus récents. Ces mots résonnent toujours un peu quelque part, dans les couloirs pétris d'histoire des Invalides.
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Après en avoir franchi les lourdes et imposantes portes bronze et or, vous y ferez la connaissance d'Abdel et Maurizio, deux anciens soldats, estropiés pour la France. Certes, ils ne sont pas aussi vieux que Louis XIV, le fondateur des Invalides, ni même que
Bonaparte, qui en fera le plus prestigieux bâtiment de Paris en y instaurant la première remise de médaille de la Légion d'Honneur, mais ils en ont tout de même connu des présidents, ces deux bougres ! Ils sont un peu la mémoire de ce lieu, attachants mais aussi rouillés que les roues de leurs fauteuils roulants !
Alors, quand ils feront la connaissance de Gab, un petit garçon venu s'assoir sur un banc du jardin des Invalides, qui aime les popcorns et voir sa maman heureuse et voudrait découvrir le secret de Charles, le petit tambour de l'Empereur – parce que c'est plus facile à trouver que les dinosaures – c'est leur quotidien qui va s'en trouver chamboulé, une chasse au trésor à mener et de nouvelles couleurs en perspective dans la monotonie de leur vie d'êtres cabossés…
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Tout comme
Elisabeth Ségard, je ne connaissais des Invalides que son superbe dôme, son hôpital militaire et le tombeau du Petit Caporal qu'il abrite. Avec
Si fragiles et si forts, j'y ai rencontré l'Histoire, voyageant du
Premier Empire à nos jours, en passant par l'occupation allemande de 40. Avec ses mots, emplis de fraîcheur, de tendresse et d'humour, Elisabeth nous narre un joli conte dans lequel les personnages secondaires sont autant attachants que Maurizio, Abdel et Gab. Gab, qui m'aura d'ailleurs fait penser à certains moments à Momo dans La vie devant soi ou dans Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran.
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J'avais déjà beaucoup aimé
Les Pépètes du cacatoès, aux éditions City. Il en est de même pour ce troisième roman.
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Merci pour la dédicace Elisabeth. Pourvu… Pourvu pourvu que le suivant s'écrive bientôt. :)