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Félix Jobbé-Duval (Illustrateur)
EAN : 9782203135246
190 pages
Casterman (08/10/2003)
3.74/5   774 notes
Résumé :
Je ne suis pas mauvaise bête mais je n’aime pas être maltraité. Aussi je me suis enfui de chez la fermière qui me rouait de coups…
Vivant dans les bois, couchant à la belle étoile, j’ai eu cependant l’occasion de rendre quelques services. J’ai tiré une petite fille d’un incendie, secouru une vieille femme…
Ma bonne volonté se heurte souvent à l’ingratitude des hommes, mais, bah ! après tout, il est ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
3,74

sur 774 notes
Oui je sais, par cette chronique je vais en faire braire plus d'un. « Ah ! Il est retombé en enfance... » Ou bien encore : « Il organise déjà la bibliothèque de sa prochaine vie de grand-père... » Que nenni !
Non c'est tout simplement à la faveur d'un challenge Babelio,- 1001 pages féminines à lire en un seul week-end, que je suis revenu sur les pas d'une lecture qui m'avait enchantée presque cinquante ans plus tôt...
Mémoires d'un âne est selon moi un des récits les plus attachants de la Comtesse de Ségur, avec L'auberge de l'Ange-Gardien.
Les livres de la Comtesse de Ségur m'évoquent tout d'abord le souvenir d'une enfance dont j'ai parfois du mal à redessiner les contours. Longtemps je me suis demandé ce que j'avais fait à cette époque. Ma mère m'a donné l'envie des livres et dans sa bibliothèque elle avait elle-même le souvenir d'une enfance bercée par les multiples ouvrages de la Comtesse de Ségur qu'elle avait conservés pour nous en partager les récits. J'aimais ce charme désuet, où des personnages ne cessent de trébucher dans les pièges que le destin leur tend pour voir comment ils vont réagir. Plus tard, j'ai trouvé que les messages que ces ouvrages cherchaient à transmettre pouvaient revêtir un côté parfois agaçant, mais je ne parvenais pas à me détacher d'une atmosphère qui évoquait peut-être davantage une enfance à jamais disparue plutôt que la qualité littéraire des livres en question. Cela dit, ces textes offrent souvent pour les enfants un sens de la narration qui capte l'attention.
Vint plus tard un autre épisode marquant, celui où j'avais seize ou dix-sept ans, je ne sais plus. J'avais décidé de trouver un job d'été comme animateur en centre de vacances, à l'époque déjà on ne disait plus moniteur de colo... Je devais passer une sorte d'examen qui s'appelait le BAFA. Je pense que cela existe toujours puisque mes enfants à leur tour sont passés par là il y a très peu de temps. Une des premières étapes était un stage théorique. L'organisme en question avait un engagement social très marqué dans les quartiers défavorisés de Brest avec un discours pédagogique ancré dans la laïcité et une pratique éducative enracinée dans le quotidien, prônant la recherche de l'émancipation de l'enfant ; les enfants que nous accompagnerions plus tard l'été suivant au cours d'un séjour de trois semaines à la ferme étaient loin d'être des anges et de ressembler à ceux qu'on rencontre dans Les petites filles modèles ou Les bons enfants. Je me souviens qu'une des premières questions que nous posa l'éducatrice d'une voix tonitruante, pas vraiment sur le ton d'une question, mais plutôt sur celui d'un défi, fut celle-ci : « Est-ce qu'il y a ici autour de la table des personnes qui apprécient les livres de la Comtesse de Ségur ? » Je me suis alors dit à cet instant qu'il ne fallait peut-être pas trop faire le malin. On s'est tous un peu regardés, nos silhouettes glissant peu à peu jusqu'à l'intérieur de nos sièges comme si nous avions commis un crime affreux. Je sentais brusquement un des derniers vestiges de mon enfance en culotte courte disparaître dans ce cours d'éducation populaire... Une des stagiaires qui avait un peu plus d'aplomb que nous autres répondit : « Oui, moi ! Pourquoi ? » « Ce n'est pas bien ! » vociféra aussitôt l'éducatrice et elle partit sur une argumentation qui, je trouve, sur le fond tenait plutôt bien la route, mais sur la forme elle avait juste un défaut, celle de nous culpabiliser, de nous infantiliser... Elle évoqua les enfants dont nous aurions la charge durant l'été qui venait, des enfants souvent en rupture scolaire malgré leur âge, un peu livrés à eux-mêmes, le père absent parce qu'en prison ou bien mort ou bien parti ailleurs, les frères tous dealers... Alors dans ces conditions, parler d'un monde de goûters champêtres avec des domestiques et des gouvernantes, où le système éducatif présente une vision assez manichéenne de la bonté et de la méchanceté... Elle voulait surtout casser en nous l'image idyllique de nos représentations de l'enfance... Vu sous cette angle-là, oui c'est vrai, je reconnaissais qu'un ton un peu moralisateur, dégoulinant de sucrerie, n'est sans doute pas la meilleure manière de donner aux enfants quelques signes clairs d'émancipation pour avancer dans la vraie vie... Et ce n'est pas que je retiendrai non plus des récits de la Comtesse de Ségur...
Cependant... Cependant il reste une oeuvre peut-être plus moderne qu'on y pense et il faut sans doute y voir autre chose qu'une morale naïve et culpabilisante. À ce sujet, Marie Desplechin aborde dans un collectif intitulé L'une & l'autre, l'univers de la Comtesse de Ségur sous un angle nouveau et une approche moderne très intéressante.
Mais revenons à notre ami Cadichon, puisque Mémoires d'un âne lui donne la parole.
La tendresse qui s'en dégage vaut son pesant d'avoine. Une fois qu'on s'est tous accordés sur la morale agaçante, vient ce qu'il nous importe de retenir de ce récit... Tout d'abord le narrateur est l'âne lui-même ce qui est pour moi l'un des intérêts du récit. Et puis l'âne est sincère dans son propos, ne se donne pas toujours le beau rôle, montre comment parfois lui aussi est vindicatif, orgueilleux, têtu,- têtu un âne, allons donc ?-, trébuche à son tour... apprend de ses erreurs, grandit... Et puis enfin, on éprouve de la crainte, de la joie, de la compassion dans son itinéraire d'un âne trimballé...
C'est pour cela que j'ai voulu évoquer Mémoires d'un âne, un des récits de l'auteure, qui m'a le plus touché.
Et j'ai aimé entendre le propos de Marie Desplechin qui conclut: « Non vraiment, nous pouvons aimer l'enfant en nous qui aimait lire la Comtesse de Ségur. »
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La Comtesse de Ségur, ma petite madeleine à moi. J'ai lu et relu un certain nombre de ses livres enfant. Et curieusement, je ne connaissais pas Les mémoires d'un âne.

Quelle jolie lecture ! J'ai suivi avec plaisir les aventures et mésaventures de l'âne Cadichon, animal si injustement, selon Cadichon lui-même, catalogué bête, têtu et parfois méchant.
Têtu, notre héros à quatre pattes le fut, méchant parfois également, mais bête, jamais. Cet âne extraordinaire comprend l'homme mieux que lui-même et appréhende la vie avec sagesse et modestie.

Mais avant de jouir de cette sérénité, il a fallu qu'il apprenne de ses erreurs et de ses expériences, qu'elles soient tristes ou heureuses.

Avec mes yeux d'adulte, j'ai bien entendu été plus sensible au côté « morale » du roman, mais cela n'a en rien altéré ma lecture, l'écriture est un délice, les personnages ont ce côté désuet que j'affectionne, le rythme est soutenu.

Un joli retour au pays des livres de mon enfance.
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Mon préféré ! Lu à maintes reprises dans mon enfance.

Niveau style, égal à ce que cette chère Comtesse peut produire de mieux.

Niveau narration, l'originalité de faire de Cadichon le personnage central et le narrateur rend ce roman unique en son genre. J'ai particulièrement affectionné ce petit âne, j'ai suivi avec crainte et compassion ses mésaventures et ses joies.
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Lorsque je pense aux livres qui ont marqué mon enfance, celui-ci est l'un des premiers à me venir en tête (à égalité avec Bilbo le Hobbit). Il faut dire que j'ai déjà une grande affection pour le livre en lui-même, trouvé dans un coin du grenier des mes grands-parents quand j'avais 6 ou 7 ans. Depuis, je l'ai relu un nombre incalculable de fois, même si ma dernière lecture remontait jusqu'à aujourd'hui à une bonne quinzaine d'années.

C'est donc avec délice que je me suis replongée il y a quelques jours dans les aventures de l'âne Cadichon, qui nous raconte sa vie et comment il a appris la sagesse et l'humilité.

Avec délice, mais aussi avec un peu d'appréhension. En effet, j'avais un souvenir très vif de certains passages qui m'avaient fait pleurer toutes les larmes de mon corps, et donc oui, à 28 ans, je redoutais d'arriver à l'histoire de Pauline... C'est vous dire à quel point ce livre m'a marqué !

Heureusement, je n'ai pas été traumatisée par cette relecture, même s'il est incontestable que le style très "réaliste" de la Comtesse de Ségur semble bien différent de la majorité des livres pour enfants actuels. le fait que l'histoire soit contée par un âne atténue un peu la violence de certains passages, mais il y a quand même des moments très durs. Heureusement, ils sont contrebalancés par des moments plus joyeux voire carrément drôles, et l'on passe donc très rapidement du rire aux larmes.

J'ai tout de même trouvé l'ambiance générale du livre plus légère que dans mon souvenir, aidée par le style de l'écriture et les situations désuètes qui rendent souvent l'histoire plus mignonne qu'elle ne l'était sans doute au départ. Car oui, tous ces petits gamins qui se comportent comme des adultes étaient sûrement très réalistes à l'époque, mais le côté daté de leurs attitudes les rend absolument adorable aujourd'hui.

Enfin, j'ai trouvé très drôle tout le côté "leçon de morale" du livre, que je n'avais pas du tout perçu quand j'étais enfant. du classique "il ne faut pas faire de mal à son prochain" à la plus originale apologie du gendarme, il y en a pour tous les goûts. Cependant, cela s'intègre très bien au style de l'histoire, et même si c'est parfois très appuyé, ça n'en devient jamais lourd, juste parfois comique.

En résumé, j'ai adoré ce livre à 7 ans, et, même si l'histoire est moins intense que dans mon souvenir, j'ai adoré cette relecture. J'espère vraiment que les enfants d'aujourd'hui auront encore la chance de découvrir ce livre car, même si l'écriture est assez vieillotte, il n'y a rien d'insurmontable, et je pense que c'est vraiment un roman dont les jeunes lecteurs sortiront grandis.

Challenge Petits Plaisirs 2014-2015
Challenge Variétés 2015
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Comme beaucoup ici, j'ai raffolé des histoires de la Comtesse de Ségur quand j'étais enfant, passant tout mon argent de poche à compléter ma belle collection Casterman (celle avec la couverture rose flashy, les illustrations de Marcel Marlier qui a aussi illustré les Martine et les dessins en quatrième des différentes aventures des enfants). J'ai autant adoré cette collection à dix ans que je l'ai détesté trois ou quatre ans plus tard, pour les mêmes raisons!
J'ai choisi de relire pour le challenge solidaire l'un d'eux, celui dont je me souviens le moins et qui du coup m'intriguait.
Mémoire D un âne est différent des autres parce que cette fois-ci les enfants sont relégués au second plan, tout en étant encore très présents. C'est l'âne Cadichon qui s'exprime, et quel âne: très intelligent, malin et par là même capable du meilleur comme du pire. Cadichon a l'âme vengeresse, et si sur le coup ses vengeances contre les méchants maîtres lui apportent du plaisir, elles finissent par le rendre méchant lui-même, au point que même le meilleur des enfants, Jacques, son petit protégé, finisse par s'éloigner de lui.
Avec cette relecture, j'ai retrouvé l'univers de la Comtesse de Ségur, ses enfants dégourdis, ayant bon coeur mais capables de bêtises dues aux défauts de leurs caractères. J'ai retrouvé cette violence aussi encore une fois, car ici, on bat les animaux, les domestiques, les femmes, les brigands et les enfants comme solution à tout, parfois à mort... une violence dérangeante quand j'étais enfant et qui l'est encore plus aujourd'hui;
Bien sûr, chacun de ces romans finit par une morale qui fait du bien au coeur quand on est enfant, claire à comprendre, juste.
Une relecture plaisante et originale par cette narration due à un animal.
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Pour mieux vous faire connaître ce que sont les ânes, j'écris et je vous offre ces Mémoires. Vous verrez, mon cher petit maître, comment moi, pauvre âne, et mes amis ânes, ânons, ânesses, nous avons été et sommes injustement traités par les hommes. Vous verrez que nous avons beaucoup d'esprit et beaucoup d'excellents qualités (...) Vous verrez que lorsqu'on a lu ce livre, au lieu de dire bête comme un âne, ignorant comme un âne, têtu comme un âne, on dira : de l'esprit comme un âne, savant comme un âne, docile comme un âne.

(L'âne est le narrateur durant tout l'ouvrage)
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Je ne me souviens pas de mon enfance ; je fus probablement malheureux comme tous les ânons, joli, gracieux comme nous le sommes tous ; très certainement je fus plein d'esprit, puisque, tout vieux que je suis, j'en ai encore plus que mes camarades. J'ai attrapé plus d'une fois mes pauvres maîtres, qui n'étaient que des hommes, et qui, par conséquent, ne pouvaient pas avoir l'intelligence d'un âne.
Je vais commencer par vous raconter un des tours que je leur ai joués dans le temps de mon enfance :
Les hommes n'étant pas tenus de savoir tout ce que savent les ânes, vous ignorez sans doute, vous qui lisez ce livre, ce qui est connu de tous les ânes mes amis : c'est que tous les mardis il y a dans la ville de Laigle un marché où l'on vend des légumes, du beurre, des oeufs, du fromage, des fruits et autres choses excellentes. Ce mardi est un jour de supplice pour mes pauvres confrères ; il l'était pour moi aussi avant que je fusse acheté par ma bonne vieille maîtresse, votre grand'mère, chez laquelle je vis maintenant. J'appartenais à une fermière exigeante et méchante. Figurez-vous, mon cher petit maître, qu'elle poussait la malice jusqu'à ramasser tous les oeufs que pondaient ses poules, tout le beurre et les fromages que lui donnait le lait de ses vaches, tous les légumes et fruits qui mûrissaient dans la semaine, pour remplir des paniers qu'elle mettait sur mon dos.
Et quand j'étais si chargé que je pouvais à peine avancer, cette méchante femme s'asseyait encore au-dessus des paniers et m'obligeait à trotter ainsi écrasé, accablé, jusqu'au marché de Laigle, qui était à une lieue de la ferme. J'étais toutes les fois dans une colère que je n'osais montrer, parce que j'avais peur des coups de bâton ; ma maîtresse en avait un très gros, plein de noeuds, qui me faisait bien mal quand elle me battait.
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Caroline remonta sur son âne, et prit le petit garçon sur ses genoux. Il lui indiqua le chemin, et, cinq minutes après, nous arrivâmes tous à la cabane de la mère Thibaut, qui était morte de la veille et enterrée du matin. L'enfant courut à la maison et appela : « Nourrice, nourrice ! » Aussitôt une chèvre bondit hors de l'écurie restée ouverte, courut à l'enfant et témoigna sa joie de le revoir par mille sauts et caresses. L'enfant l'embrassait aussi ; puis il dit : « Téter, nourrice ». La chèvre se coucha aussitôt par terre ; le petit garçon s'étendit près d'elle et se mit à téter comme s'il n'avait ni bu ni mangé. »
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J'avais été acheté par un monsieur et une dame qui avaient une fille de douze ans toujours souffrante et qui s'ennuyait. Elle vivait à la campagne et seule, car elle n'avait pas d'amies de son âge. Son père ne s'occupait pas d'elle ; sa maman l'aimait assez, mais elle ne pouvait souffrir de lui voir aimer personne, pas même les bêtes. Pourtant, comme le médecin avait ordonné de la distraction, elle pensa que des promenades à âne l'amuseraient suffisamment. Ma petite maîtresse s'appelait Pauline ; elle était triste et souvent malade ; très douce et très jolie. Tous les jours elle me montait ; je la menais promener dans les jolis chemins et les jolis petits bois que je connaissais. Dans le commencement, un domestique ou une femme de chambre l'accompagnait; mais quand on vit combien j'étais doux, bon et soigneux pour ma petite maîtresse, on la laissa aller seule. Elle m'appela Cadichon : ce nom m'est resté.

'Va te promener avec Cadichon, lui disait son père ; avec un âne comme celui-là, il n'y a pas de danger ; il a autant d'esprit qu'un homme, et il saura toujours te ramener à la maison.'

Nous sortions donc ensemble. Quand elle était fatiguée de marcher, je me rangeais contre une butte de terre, ou bien je descendais dans un petit fossé pour qu'elle pût monter facilement sur mon dos. Je la menais près des noisetiers chargés de noisettes ; je m'arrêtais pour la laisser en cueillir à son aise. Ma petite maîtresse m'aimait beaucoup ; elle me soignait, me caressait. Quand il faisait mauvais et que nous ne pouvions pas sortir, elle venait me voir dans mon écurie ; elle m'apportait du pain, de l'herbe fraîche, des feuilles de salade, des carottes; elle restait avec moi longtemps, bien longtemps; elle me parlait, croyant que je ne la comprenais pas; elle me contait ses petits chagrins, quelquefois elle pleurait.

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J'étais heureux, je l'ai déjà dit ; mon bonheur devait bientôt finir. Le père de Georget était soldat ; il revint dans son pays, rapporta de l'argent, que lui avait laissé en mourant son capitaine, et la croix, qui lui avait donnée son général. Il acheta une maison à Mamers, emmena son petit garçon et sa vieille mère, et me vendit à un voisin qui avait une petite ferme. Je fus triste de quitter ma bonne vieille maîtresse et mon petit maître Georget ; tous deux avaient toujours été bons pour moi, et j'avais bien rempli tous mes devoirs.
Mon nouveau maître n'était pas mauvais, mais il avait la sotte manie de vouloir faire travailler tout le monde, et moi comme les autres. Il m'attelait à une petite charrette, et il me faisait charrier de la terre, du fumier, des pommes, du bois. Je commençais à devenir paresseux ; je n'aimais pas à être attelé, et je n'aimais pas surtout le jour du marché. On ne me chargeait pas trop et l'on ne me battait pas, mais il fallait ce jour-là rester sans manger depuis le matin jusqu'à trois ou quatre heures de l'après-midi. Quand la chaleur était forte, j'avais soif à mourir, et il fallait attendre que tout fût vendu, que mon maître eût reçu son argent, qu'il eût dit bonjour aux amis, qui lui faisaient boire la goutte.
Je n'étais pas très bon alors ; je voulais qu'on me traitât avec amitié, sans quoi je cherchais à me venger. Voici ce que j'imaginai un jour ; vous verrez que les ânes ne sont pas bêtes ; mais vous verrez aussi que je devenais mauvais.
Le jour du marché, on se levait de meilleure heure que de coutume à la ferme ; on cueillait les légumes, on battait le beurre, on ramassait les oeufs. Je couchais pendant l'été dans une grande prairie.
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