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Critique de Pancrace


« Femme à la Mobylette » : Pourrait être le nom d'une toile peinte avec les pinceaux des mots émouvants, justes et précis du peintre de l'âme : Jean-Luc Seigle.
Au premier plan : Reine, femme sans emploi, trois enfants, quittée par son mari.
Le noir des ténèbres de la misère, de la tristesse et de la désillusion domine sur l'ensemble de l'oeuvre.

Cette peinture sociale est éclairée par la « bleue », mobylette emblématique érigée par l'artiste en véritable sauveur de la condition de Reine.

Le style hyperréaliste nous entraîne droit au coeur de l'intrigue. Nous sommes littéralement absorbés, happés par les phrases courtes en petites touches alertes à croquer pour en conserver l'urgence, le cri du désespoir.

J'ai un travail ! Elle illuminera la mort en apprêtant les corps par son métier de thanatopractrice.

La palette des sentiments de Reine est extrêmement bien nuancée particulièrement dans ses rapports avec ses enfants, ses ancêtres et notamment avec sa grand-mère Edmonde qui l'a élevée, forgée.

La lumière viendra d'ailleurs, orange irisée, produite par le clignotant du camion de Jorgen, routier hollandais qu'elle rencontrera sur un parking, mobylette en panne.
« Tu es le modèle de la vie ». Sincérité, amour. le bleu du ciel se déverse sur Reine. Jorgen veut la peindre, la compare à Bethsabée de Rembrandt. « C'est mon tableau, le préféré au monde. Et toi, ma femme à la mobylette, tu es belle comme elle ».

Reine n'échappera pas à la triste réalité. « Il faudrait que les pauvres se contentent de la joie d'être en vie ».

Jean-Luc Seigle est un hypnotiseur, ses phrases ensorcelantes te dévorent, dévorent ton sommeil. Tu vies la vie que tu lis. Ce roman est triste, sa fin l'est encore plus.

Si ce n'était que moi, sur le porte-bagage de la mobylette, dans un cageot, j'y aurais bien mis deux litres de « rouge » pour faire plus beau dans le tableau et surtout pour oublier le chagrin et le malheur mais pas la façon de les dépeindre.
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