Claude Seignolle, l'un des plus grands folkloristes français, a traversé le XXe siècle de sa très grande longévité (il a vécu centenaire).
La Malvenue, admiré par de grands écrivains, plusieurs fois remaniée par son auteur, a été écrite à l'origine entre 1946 et 1948. Ce court roman est considéré par beaucoup comme le clou de son oeuvre colossale.
On y retrouve clairement le goût de Seignolle pour les contes de nos terroirs, la sorcellerie, les histoires de diable que nos anciens racontaient au coin du feu avant l'ère de l'électricité, de l'alphabétisation pour tous, et de la télévision.
On suit la même ferme de Sologne, la Noue, à vingt ans d'écart environ, à l'époque de Moarc'h, un Breton têtu qui a hérité du domaine, puis à l'époque de sa fille, la fameuse Malvenue.
Le père va voir le soc de sa charrue buter sur une très ancienne statue visiblement maléfique, et la malédiction qui va en résulter va hanter la génération suivante.
Le tout est fort bien écrit et s'enchaîne sans problème, exceptés quelques passages que j'ai trouvés longuets, peu avant la fin.
Il y a une grande puissance évocatrice dans les scènes fantastiques, où le marécage putride de la Malnoue, secondé par cette affreuse statue, semble devenir un personnage à lui tout seul, une sorte de prédateur omniprésent et inexorable.