Un monde intemporel nous entraîne dans une épopée à travers le temps et l'Histoire, dans un combat épique pour la liberté et la justice. le tout empreint d'une atmosphère celtique, où des animaux totems, des pouvoirs ancestraux et une vieille magie vibreront à l'unisson.
Du manichéisme déjà vu et pourtant
Une fois n'est pas coutume, les personnalités malfaisantes du récit restent un peu trop empreintes de noirceur, alors que les personnages du côté de bien s'affublent de manteaux gris et de pensées troubles. L'héroïne, notamment, surprend par sa personnalité multiple et par tous les effluves indescriptibles qui combattent en elle.
Le lecteur s'attache vite à cette jeune femme contradictoire, à la fois fragile et résistante, qui nous ressemble pour avoir vécu sur
Terre, à l'image d'une personne normale en somme. Ses doutes et questionnements, légitimes, ne la décrédibilisent pas, au contraire ils la renforcent. Un peu comme un Anakin Skywalker, qui deviendra un Dark Vador, notre héroïne, elle, parvient à se retrouver, et surtout à s'accepter. Cette ambivalence et cette construction douloureuse mais durable, est plaisante à suivre, et diffère de certains romans du genre, où tout tombe dans la main des héros avec trop de facilité.
Une magie présente mais parfois impalpable
La magie, les légendes celtes, les paysages forestiers, et les animaux totems parcourent les pages de ce roman. Pourtant, les descriptions manquent cruellement, se font même trop rares. Cela nous empêche de saisir réellement toute la saveur et la féerie de cette époque. Une ère liée au rêve et à l'évasion, remise au goût du jour, dans tous les domaines artistiques.
Alors que l'héroïne traverse Brocéliande, terre de légendes et foyer de
Merlin, les pages du roman ne nous retransmettent pas toute l'ambiguïté du lieu, son essence mystérieuse, son passé féérique et ne s'attarde pas sur ses peuples qui l'habitent. le décor semble vide de toute substance, alors qu'il porte également l'histoire.
Heureusement, la présence des animaux totems, ainsi que les passages concernant l'enseignement de l'héroïne, nous renvoient à cet âge du passé, où les druides transmettaient leur savoir à l'oral. D'ailleurs, les chapitres nous racontant l'apprentissage de l'héroïne s'avèrent passionnants, et même trop courts !
Un temps qui passe trop vite
Les ellipses de temps, certes nécessaires, brisent cet élan, tous ces instants qui transforment l'héroïne, pour l'aider à devenir une magicienne combattante, capable de protéger une lignée entière, de repousser le vice et de perpétuer l'Histoire. Plus d'explications, plus de descriptions à propos de sa nouvelle vie n'auraient pas été de refus.
Ces accélérations du temps donnent la sensation que l'histoire avance trop vite ; le lecteur n'a pas le temps d'apprécier un passage, qu'il doit subir un bond de plusieurs années et se plonger dans une toute autre réalité.
Une intrigue complexe et originale
Le coeur de l'intrigue est démystifié plutôt tôt dans le récit. Cela ne diminue pas notre envie de poursuivre la lecture. Les noeuds, sous-intrigues et éléments perturbateurs majeurs s'avèrent fascinants pour une histoire de traversée du temps, et de lutte contre le mal ; des thèmes, si pris à part, qui n'ont rien de bien novateurs en littérature.
Les secrets familiaux, les mensonges et les cachotteries entre personnages tapissent le récit, renforçant certaines relations on en délitant d'autres. Les fils et branches choisis par le récit ne cessent de se complexifier. Les révélations, dénouements et fins réussissent à nous captiver, sans forcément nous surprendre, du moins pour certains d'entre eux. L'ensemble satisfaisant forme une oeuvre de qualité, qui mériterait encore plus de profondeur et de détails pour devenir un coup de coeur.
Des personnages secondaires hauts en couleur
L'héroïne ne saurait avancer sans l'un de ses compagnons : un nordique sarcastique, qui n'a pas sa langue dans sa poche. Sa vision de la femme, ses réflexions douteuses et son humour parfois un tantinet grossier en font une personnalité malgré tout séduisante, surtout lorsqu'il se montre sous sa vraie nature.
La mère de l'héroïne captive également, même si elle se veut bien moins présente.
Son passé nous touche, et la relation qu'elles entretiennent, d'abord froide puis plus chaleureuse, donne du baume au coeur.
Des messages intéressants
Un monde intemporel dépeint des scènes violentes ; le sang coule à flots, et l'horreur ressentie par les personnages est palpable. le texte prend son temps dans ces instants douloureux, il laisse la place aux peines des protagonistes, qui expriment alors tout leur dégoût et souffrance face à d'aussi terribles spectacles.
Les sujets de la guerre, des liens familiaux, de l'acceptation de soi, de l'envie d'être mère, de l'amour et de l'amitié trouvent également leur place dans l'histoire, sans que le récit ne devienne trop lourd ou trop enfantin. D'ailleurs, la phase amoureuse, même si attendue, n'a rien de romantique ou niaise. Elle se perd dans les méandres du récit, en toute discrétion.
Avec
Un monde intemporel, le dépaysement est assuré, même si quelques défauts dans les descriptions et la présence de flash-backs incomplets viennent noircir le tableau.
[Je publie des chroniques littéraires sur lavisqteam.fr et celle de ce roman est présente au lien suivant : http://www.lavisqteam.fr/?p=54097
J'ai mis la note de : 14/20]
Lien :
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