L'histoire d'une rencontre entre deux solitudes.
Maria Filgueira Pedrosa, 45 ans, kinésithérapeute, et Xosé Canosa Mendez, 49 ans, professeur d'histoire dans l'enseignement secondaire.
Elle, palpe des corps meurtris et marqués par des histoires de vies difficiles, côtoie des souffrances qui font, quelque part, écho aux siennes... Lui, enseigne dans un lycée, sans envie ni conviction. Seuls et manquant cruellement de confiance en eux et en la vie, tous deux sont pris dans les fils de leurs blessures respectives. Deux parcours de vie marqués par la rupture, la déception, la névrose. Les jours se suivent, difficilement, douloureusement, chacun s'accrochant comme il peut à ce qu'il lui reste.
Et puis vient la rencontre, fortuite, venant raviver les flammes jusque-là presque éteintes, et avec elles son lot d'espérances...
Interférences.
Une bête histoire de câbles forçant le destin et ouvrant l'accès au plus intime ; une connexion entre deux âmes, blessées, sensibles. Deux âmes ayant conscience de leurs fêlures et de la fragilité de ce semblant d'équilibre trouvé...
Ce qui est marqué avant tout à la lecture de ce livre, c'est l'écriture : des chapelets de phrases parfois dénués de ponctuation, à l'image des idées qui défilent dans l'esprit des personnages et des processus psychiques qui opèrent. Des métaphores à foison, riches, illustrant aussi bien la profondeur des maux que la beauté de cette histoire. Des chapitres courts qui rendent la lecture plus aérée. le narrateur m'est apparu comme une petite voix dans l'esprit des personnages, sorte de présence inconsciente, assaillante ou rassurante. Car c'est ici la place à laquelle nous met l'auteur pour nous raconter cette histoire : dans la tête des personnages.
Ce fut pour moi un agréable moment de lecture.
J'aime particulièrement ces écrits qui nous invitent à lire entre les lignes, évoquent ce contraste entre le côté visible de l'iceberg ou ce qui est visible socialement parlant, et ce qu'il se trame au fond des coeurs... Si le ton général est plutôt sombre, j'ai trouvé ce texte d'une extrême et profonde sensibilité, les personnages se percevant et percevant le monde à travers le prisme de leurs souffrances.
Manuel Seixas nous dévoile une histoire atypique à la fin tout à fait surprenante... Certes, ce n'est pas ce que l'on pourrait appeler une histoire très gaie ; elle est à l'image de ces vies ternes et affaiblies par la tristesse et la lassitude, auquel un regain d'amour suffit à redonner de l'élan, comme un nouveau souffle... et en cela, j'ai trouvé cette histoire très belle.