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Blood Stain tome 2 sur 4
EAN : 9781632157683
128 pages
Image Comics (21/03/2017)
4/5   2 notes
Résumé :
Upon arriving to her new workplace, and meeting her new boss under some rather unflattering circumstances, Elly tries desperately to leave a good impression first day on the job. The only problem is-- both she and her new employer seem to be clueless as to what her job is supposed to be.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Blood Stain I. Il est paru en 2017, sans prépublication, écrit, dessiné, encré, mis en couleurs par Linda Šejić qui a également réalisé le lettrage. Bref, elle a tout fait. Il n'est pas forcément indispensable d'avoir lu le premier tome pour apprécier celui-ci.

L'histoire reprend à l'instant où le premier tome s'était arrêté. Il y a une coupure de courant dans la demeure de Vladimir Stein, et ce dernier est descendu à la cave avec Serge (le responsable de la logistique) et Elly (pour Elliott) Torres qui vient d'arriver, pour répondre à une offre d'emploi de laborantine. Il farfouille dans la cave à la lueur de la bougie, en concluant qu'il ne reste plus qu'à attendre le lendemain en espérant que l'électricité sera revenue. Alors que Stein remonte l'escalier en bois, il s'affale sur la dernière marche, s'étant endormi. Serge indique à Elly Torres que ça lui arrive régulièrement car il n'a pas d'horaires réguliers. Serge la conduit à sa chambre à l'étage qui s'avère très spacieuse.

Elly Torres s'assoit sur le rebord du lit et constate qu'il est confortable. Mais avant de faire son lit et de se coucher, elle se décide à appeler Daniel, son amoureux, pour le rassurer car ils se sont quittés de manière très précipitée dans le tome précédent. Elle a la surprise de constater qu'il décroche immédiatement, et la deuxième surprise qu'à peine a-t-il prononcé une phrase, que Clara (la soeur d'Elly) le lui prend des mains et commence à tancer sa soeur. Elle souhaite savoir où elle se trouve, et pourquoi elle n'a pas donné de nouvelles pendant 7 heures. Elle lui apprend qu'Henry (le mari de Clara) a été signaler sa disparition au commissariat. Elly la rassure sur sa situation, lui explique qu'elle a fini par accepter de répondre à la petite annonce postée à la fac, et qu'elle commence demain un nouveau boulot. Puis elle rassure ensuite Daniel. Mais elle commence à s'inquiéter car elle entend de drôles de bruits dans le couloir, et la clé est absente de la serrure de sa porte.

Le premier tome constituait une lecture sympathique, à la fois pour le caractère un peu tête en l'air d'Elly, pour l'humour gentil, et pour des dessins faisant bien ressortir l'état d'esprit des personnages. le lecteur retrouve ces caractéristiques dans ce deuxième tome. Linda Šejić continue sa narration sur le ton de la comédie de situation, sans beaucoup faire avancer son intrigue. Ses dessins ont conservé leur aspect à la fois très sophistiqué et très direct. Les personnages sont détourés de quelques traits simples, les formes des habits également, et les visages apparaissent assez lisses, avec des expressions un peu appuyées, et des bouches souvent ouvertes. Cela les rend très vivants, avec des émotions apparentes soulignées, comme si l'affect l'emportait à chaque réaction. le lecteur éprouve donc une forte empathie pour chacun des personnages. Il partage l'inquiétude d'Elliot face à ce monsieur en blouse blanche tâchée de rouge. Il s'exaspère avec elle de ces réponses confuses. Il la soutient dans son effort de déplacer de lourds meubles pour bloquer la porte de sa chambre. Il sourit aux émotions qui traversent son visage au fur et à mesure qu'elle réfléchit aux différentes possibilités, aux différents comportements à adopter dans une situation décalée. Il s'amuse à la voir brandir son aérosol anti-agression.

De la même manière le langage corporel et les expressions des visages des 2 autres personnages rendent compte de leurs émotions spontanées. À quelques reprises, Šejić insiste plus lourdement sur la manifestation des émotions, comme lorsque les larmes coulent en continue sur le visage de Clara soulagée d'apprendre que sa soeur va bien. La narration visuelle passe alors de la simple exagération dans un registre purement humoristique. Il en va de même quand elle représente des cheveux hérissés et désordonnés sur la tête d'Elly le temps d'une case, pour montrer son désarroi.

La simplification et la direction d'acteurs mises en oeuvre par l'artiste montrent des adultes qui se comportent pour partie comme des adolescents. Même s'ils sont gracieux, la dimension sexuelle n'est pas très présente, à tel point que le lecteur est un peu surpris de voir apparaître le haut des bas d'Elly le temps d'une case, encore plus que Stein fasse une remarque sur sa robe. Chaque personnage dispose d'une tenue vestimentaire en accord avec son caractère, mais aussi avec son occupation le docteur Stein se contente d'une blouse par-dessus un teeshirt. Elly se change en pantalon et en chemisier pour son premier jour de travail, puis elle enfile une blouse. Daniel porte encore son pantalon et sa chemise dans la maison de Clara, alors qu'Henry est dans une tenue plus décontractée et plus confortable.

Comme dans le premier tome, Linda Šejić dose le degré d'informations visuelles dans les décors, en fonction de la séquence. Lecteur peut s'agacer des fonds noirs des cases pendant toute la première séquence dans le sous-sol, mais il est vrai que l'éclairage à la bougie produit une très faible intensité lumineuse, n'éclairant pas très loin de la flamme. À l'opposé, lors du petit déjeuner, le lecteur admire le bois de la table, et regarde le carrelage du mur, la cuisine tout équipée, l'assiette décorée pour les toasts, la forme des chaises, les reflets sur la cafetière, etc. Il se livre au même exercice quand Elly s'enferme dans la salle de bain pour considérer ses options : un autre type de carrelage, l'étagère pour les serviettes, tous les anneaux du rideau de douche, les effets de lumière au travers du verre dépoli de la fenêtre, le type de chasseau d'eau et même le dévidoir de papier toilette. Par contre, il a un peu de mal à croire aux accessoires du laboratoire de Vladimir Stein, trop simples et trop d'une même sorte, sans donner l'impression d'avoir jamais servi.

Linda Šejić applique ce principe de gérer la nature des informations visuelles en fonction de la scène tout au long de ce deuxième tome. En particulier, lorsque l'esprit d'Elly commence à partir loin, très loin, la représentation peut passer sur le mode de ce qu'imagine le personnage. Après avoir effectué quelques tâches de lavage, elle se dit qu'il doit forcément y avoir un autoclave dans le bureau de Vladimir Stein, mais elle redoute d'avoir à pénétrer dans cette pièce. Pour se donner du courage, elle se représente cette tâche comme si elle était un preux chevalier pénétrant dans l'antre d'un dragon, et les dessins le montrent de manière littérale. Pour l'occasion, Linda Šejić réalise un dessin en double page, avec un luxe de textures et de détails, pour un effet très spectaculaire. Quelques pages plutôt, elle utilisait la même transposition littérale pour une séquence de rêve, avec un effet comique irrésistible. Tout du long du tome, le lecteur se rend également compte que si les contours des formes peuvent être simples, les surfaces bénéficient de la mise en couleur qui fait plus que de simplement rendre compte d'une teinte. L'artiste utilise les capacités de l'infographie pour jouer sur les nuances afin d'ajouter du relief aux surfaces, et pour rendre compte de l'ambiance lumineuse, soit enténébrée, soit ensoleillée (au petit-déjeuner), ou encore bleutée.

D'un côté les dessins peuvent donner l'impression que l'artiste réalise une bande dessinée pour la jeunesse, de l'autre leur degré de finition et l'humour sous-jacent en font une lecture agréable pour tous les publics. La nature des dessins relève de la comédie de situation, et effectivement ce récit s'inscrit bien dans ce genre. le lecteur avait déjà été un peu surpris par le développement minimal de l'intrigue dans le premier tome, où c'était à peine si le personnage sur la couverture apparaissait avant la dernière page. le lecteur pouvait supposer qu'il s'agissait juste d'un prologue avant de passer à l'histoire proprement dite, ce qui était déjà assez osé, 1 an séparant la publication des 2 tomes. Mais en fait ce deuxième tome se déroule sur moins de 24 heures, avec tout aussi peu d'événements. Il s'agit donc bel et bien d'une comédie de situation à tout point de vue. L'intérêt du récit repose sur l'incongruité des situations et le décalage dans les réactions des personnages. de ce point de vue, l'auteur s'amuse en regardant ses personnages interagir. À part le coup de fil à Clara et à Daniel, il n'y a que 3 personnages et l'auteure joue surtout sur les attentes et les inquiétudes d'Elly Torres, et le comportement imprévisible et saugrenu de Vladimir Stein. Au cours de ce tome, elle effectue des rappels qui finissent par couvrir l'intégralité du premier tome, assurant une compréhension à tous les lecteurs, y compris ceux qui l'ont lu il y a un an, et ceux qui ne l'ont pas lu.

Le comique nait des interrogations d'Elly sur sa situation, sur la probabilité qu'il s'agisse d'un travail sérieux, sur le comportement non-conformiste de Vladimir Stein, sur les assurances de Serge, immédiatement démenties par les brèves phrases prononcées par Stein. le lecteur se laisse emporter par l'entrain des personnages, mais en même temps l'absence de réelle intrigue réduit à néant tout suspense, tout implication dans la situation d'Elly. Šejić fait en sorte de faire comprendre au lecteur que son personnage ne risque rien et que Serge et Stein sont inoffensifs. Il n'y a pas de sous-entendus malsains ou glauques, ni d'exploitation de l'image de la femme. le lecteur se laisse donc volontiers prendre au plaisir de côtoyer ces individus un peu étranges. Il se retrouve dans quelques-unes de leurs lubies, dans une certaine forme de manque de confiance, dans la difficulté de comprendre une réalité inattendue. Dans le même temp, il s'impatiente de savoir ce que fait réellement Vladimir Stein, de quoi il vit, comment il finance ses mystérieuses expériences, de voir que la relation entre ces 3 personnages avance à une vitesse d'escargot cacochyme.

Ce deuxième tome s'inscrit dans la continuité directe du premier : une comédie de situation légère autour de 3 personnages un peu immatures, dans une situation qui manque de consistance. Linda Šejić sait rendre ses personnages sympathiques et vivants, mais le manque d'intrigue, ou plutôt le manque d'implication dans l'intrigue, rend la lecture futile, des pages agréables à regarder, des personnages sympathiques, et le grand vide fascinant de l'absence de réflexion.
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