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EAN : 9782081316577
304 pages
Flammarion (21/08/2013)
3.92/5   751 notes
Résumé :
"Mon fils est le seul problème qui demeure sans solution", écrit Albert Einstein en exil. Eduard a vingt ans au début des années 1930 quand sa mère, Mileva, le conduit à l'asile. Le fils d'Einstein finira ses jours parmi les fous, délaissé de tous, dans le plus total dénuement.

Trois destins s'entrecroisent dans ce roman, sur fond de tragédie du siècle et d'épopée d'un géant. Laurent Seksik dévoile un drame de l'intime où résonnent la douleur d'une m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (160) Voir plus Ajouter une critique
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Ouawh ! Désolée de commencer cette critique par cette banale exclamation mais c'est le premier mot qui me vient à l'idée pour vous parler de ce superbe ouvrage !
Bon, je vais essayer de reprendre un tantinet mes esprits afin de vous décrire le mieux possible, dans un langage correctement lisible et qui ne relèverait pas du langage parlé pour vous communiquer, je l'espère, mon enthousiasme concernant ce livre.

Ce livre est bien plus qu'un simple roman ; certes, vous me rétorquerez qu'il s'agit également d'une biographie mais c'est encore bien plus que cela. Ce livre est également un ouvrage historique puisqu'il rend compte de l'état de l'Europe en ce début de XXe siècle notamment l'ascension d'Hitler au pouvoir et l'extermination massive des juifs ainsi que des handicapés (physiques ou mentaux) et des personnes âgées (bref, toutes les personnes considérées par le parti nazi comme étant inaptes au travail donc pas assez rentables pour pouvoir participer à l'effort de guerre).
Albert Einstein, bien que son nom soit connu de tous grâce à sa célèbre formule E = mc2, n'était avant de devenir un génie, simplement un homme. Un homme juif qui plus est donc pourchassé par l'état allemand de l'époque. Mais également un être (écartons tout ce qui concerne la religion ou encore le fait d'âtre un des plus grand physiciens de tous les temps) qui a aimé et a décidé d'épouser celle qu'il aimait en ce début de XXe siècle, malgré le fait que sa famille lui ait fortement déconseillé ce mariage. Cette femme, malgré qu'elle soit boiteuse et ait des difficultés à marcher, s'est trouvé belle dans les yeux de son Albert car ces défauts-là, lui, ne les voyait pas. Elle s'appelait Mileva Maric et était d'origine serbe. Mileva et Albert eurent trois enfants ensemble : une petite fille (qui, pour leur plus grand malheur, ne vivra que quelques mois) et deux garçons : Hans-Albert et Eduard. Ils étaient beaux, ils avaient vingt ans et étaient complètement insouciants. Cependant, leur mariage se dégrada rapidement quand Albert prend la décision de partir pour Berlin, seul, abandonnant ainsi sa femme et ses deux enfants sur le quai de la gare.
Un père absent donc dans la vie de Hans-Albert et d'Eduard et qui même s'il a refait sa vie et épousant sa cousine et n'a jamais laissé sa femme à court d'argent en lui laissant notamment toute la bourse du Nobel, n'a jamais été là pour ses enfants qui, eux, ne réclamaient qu'un peu de chaleur paternelle. Et je crois que pour Eduard, qui a commencé à avoir de sérieux troubles mentaux à partir de dix-neuf - vingt ans, troubles très graves car allant jusqu'à la schizophrénie, cette absence de père a été encore plus traumatisant que pour son frère aîné qui, lui, est devenu un brillant ingénieur, s'est marié et a eu deux enfants.
Pour Eduard, la vie est toute autre puisqu'il ne peut pas travailler ne même se débrouiller seul puisqu'il ne fait même pas la distinction entre le bien et le mal ou encore entre la vie et la mort. Pourtant, il n'y a pas plus sensible que lui et être plus attachant. Il partagera ainsi sa vie entre l'appartement qu'il partage avec sa mère et l'asile de Burghölzli à Zurich, où il passera trente-trois années de sa vie. C'est sa seconde maison d'ailleurs.

Je voudrais mentionner un personnage qui m'a beaucoup touché dans cet ouvrage. Il s'agit de Heimrat, l'un des gardiens d'Eduard à Burghölzli puisque c'est le seul qui sera véritablement humain avec lui et qui ne le considérera pas comme un débile profond ou encore comme un animal de foire, dépourvu de sentiments.

Un ouvrage extrêmement touchant très bien écrit, avec des chapitres courts, chaque chapitre étant consacré à une personne différente, qu'il s'agisse de Mileva, d'Albert, d'Hans-Albert au encore d'Eduard. le lecteur sait parfaitement que cet le personnage principal de ce livre est bien Eduard , l'éternel enfant qui restera toute sa vie "dérangé" pour dire les choses pas trop brusquement et non pas à son père comme l'on pourrait s'y attendre, lui, le Grand Albert Einstein, prix Nobel de physique puisque dans les chapitres consacrés à Eduard, l'auteur emploi le pronom personnel "je" (c'est à dire qu'il le laisse parler en quelque sorte tandis que dès qu'il s'agit des autres membres de la famille Einstein (que se soit le père, le mère ou encore l'autre fils), il emploie le pronom personnel "il" ou "elle".

Je trouve vraiment l'idée excellente d'avoir consacré un livre entier à Eduard car c'est une personne que j'ai trouvé vraiment très attachante et loin d'être bête (contrairement à tout ce que l'on veut bien lui faire croire) car en plus de son malheur, il faut rajouter qu'Eduard sait qu'il est loin d'être intelligent (bien qu'il l'ait été) mais que cela ne l'empêche pas d'Exister et d'être Lui. A découvrir !
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Regardez bien cette photo en couverture, on y voit deux Einstein : Eduard et Albert, le fils et le père. Cette photo immortalise leur dernière rencontre, juste avant le départ d'Albert Einstein fuyant l'Allemagne nazie pour les Etats-Unis. La scène se passe à Zurich, dans l'hôpital de Burghölzli. Les Einstein sont sur leur 31, ils viennent de donner un concert ensemble, ils ne se regardent pas. Albert porte un élégant costume trois pièces et une cravate (un peu de travers), il tient un violon et un archet, il a l'air absent et triste. Eduard arbore un noeud papillon et semble totalement absorbé par la lecture d'une partition, il a l'esprit ailleurs, comme s'il cherchait à s'extraire de l'instant présent et à s'isoler de la réalité, peut-être pour ne pas avoir à parler à son père, qu'il déteste.

Sur cette photo, tout est dit.

Sur cette photo, on ne devine pas que le fils est fou, qu'il est schizophrène. Qu'il entend dans sa tête des loups hurler et voit parfois des choses qui n'existent pas. On ne devine pas qu'il a plusieurs fois tenté de se suicider. Eduard Einstein, né en 1910, passera la plus grande partie de sa vie dans cet hôpital psychiatrique, jusqu'à sa mort en 1965. Cette photo de couverture, premier contact avec le livre, ressurgit de façon époustouflante à la fin du récit.

Laurent Seksik a choisi de faire parler à tour de rôle les trois personnages principaux de cette histoire familiale. Eduard, Albert, et bien sûr Mileva, née Maric, la mère d'Eduard et la première femme d'Albert dont elle se sépare en 1914 lorsque Eduard a quatre ans.

Laurent Seksik parvient de façon incroyable à donner corps à ses personnages, à les reconstituer dans leur réalité humaine. Bien entendu, des esprits chagrins pourront toujours prétendre que les pensées et les dialogues intérieurs, voire certaines anecdotes du récit, ne sont que le résultat de l'imagination de l'auteur et peuvent s'écarter de la réalité historique. Mais ces éventuelles critiques doivent être balayées devant l'efficacité du procédé qui permet d'accéder à la psychologie et à l'intimité des personnages, de façon logique et presque évidente, à partir d'éléments retrouvés dans des lettres et des témoignages.

Albert Einstein n'a jamais pu s'occuper correctement de son fils. Son divorce, sa fuite et son exil peuvent revêtir l'apparence d'une lâcheté teinté d'égoïsme, malgré l'argent promis et versé. On peut penser cependant que jusqu'à sa mort, il regrettera d'avoir été un père absent et inutile.

Mileva Maric consacrera sa vie à veiller sur Eduard. C'est une scientifique. Elle a probablement aidé son mari à bâtir sa théorie de la relativité tout au début de sa vie de couple. Divorcée, oubliée de tous, son destin est tragique.

Les monologues d'Eduard Einstein sont les plus poignants. Malgré sa folie, il est cultivé, sensible et intelligent. Il est conscient de sa différence et de ses brusques excès de violence, même s'il n'en perçoit pas toujours la portée. Il reste toujours digne, bienveillant avec son entourage, et s'attache surtout à ceux qui ont la bonté de s'intéresser à lui. Les électrochocs et la camisole constituent l'essentiel des soins prodigués et sont peut-être d'ailleurs partiellement responsables de son état. Les méthodes thérapeutiques permettant de soigner les fous en ce début de XXe siècle sont encore balbutiantes et sans doute inéfficaces. Mais son principal problème reste sa relation conflictuelle avec son père. Ce dernier est paradoxalement omniprésent et absent, sa renommée est trop écrasante pour le fils et il est coupable d'avoir abandonné sa famille.

Laurent Seksik ne parle pas, sauf çà et là par petites touches, projetées comme des éclaboussures par des événements extérieurs au récit, des faits d'armes scientifiques et des différents engagements qui ont rendu célèbre Albert Einstein. On plonge donc ici surtout dans l'intime, dans les replis oubliés de la biographie du savant. Ce livre n'est pas un essai mais un roman. Cependant, il dévoile une partie importante et méconnue de la vie du plus grand scientifique du XXe siècle, qui fut l'un des artisans de la théorie des quantas (pour laquelle il obtient le prix Nobel) et le père de la relativité, mais également le père de… comment déjà ? Ah oui, le père d'Eduard Einstein, le fils oublié de l'histoire, le fou qui voulait devenir psychanalyste.
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Si personne n'ignore l'existence de Albert Einstein qui reçut le prix Nobel de physique en 1921 et dont le travail est notamment connu du grand public pour l'équation E=mc2, beaucoup plus rares sont ceux qui connaissent les enfants qu'il a eu avec Mileva Maric, une jeune physicienne brillante serbe dont il se sépare en 1914.
C'est sur le cas du fils cadet, Eduard, né le 23 juillet 1910 à Zurich dont la santé va se détériorer brutalement alors qu'il est âgé de vingt ans que Laurent Seksik se penche.
Tout comme son frère aîné Hans-Albert, Eduard a beaucoup souffert de la séparation de ses parents. Très intelligent, il est en première année de médecine, compte s'orienter vers la psychiatrie quand la maladie se déclenche et que son état devient ingérable.
Sa mère n'a d'autre choix que de le conduire à l'asile, dans la clinique psychiatrique Burghölzli de Zurich.
La lourde porte de l'établissement se referme quand débute le roman…
C'est donc la chronique de la vie et de la maladie incurable de Eduard, la schizophrénie, avec en fond, la plongée de l'Europe dans le nazisme.
Trois destins s'entrecroisent dans le roman.
Celui de la mère dont la vie a chaviré et dont le monde s'est obscurci depuis l'internement de son fils. Son univers est depuis délimité par le tracé de la route qui va de sa maison à la porte du Burghölzli. Sa douleur résonne tout au long du roman.
Celui du père, ce père absent, ce père complètement désarmé et désemparé devant la maladie de son fils et qui depuis Princeton où il vit en exil depuis 1933 avouera l'ampleur de son désespoir et son impuissance en écrivant : « Mon fils est le seul problème qui demeure sans solution. »
Une troisième voix est celle d'Eduard lui-même, que Laurent Seksik a parfaitement su imaginer et rendre plus que crédible, n'hésitant pas à le faire dialoguer avec un infirmier.
Nous entendons alors tous les questionnements qui ont pu le traverser, son admiration pour sa mère, la nostalgie de la belle époque quand ils vivaient encore tous les quatre, ses hallucinations, ses sentiments, ses souffrances évidemment et son immense douleur liée à l'abandon de son père.
Eduard va subir de nombreux électrochocs, sera enserré dans une camisole lors de ses accès de violence. Seront également expérimentés sur lui des chocs à l'insuline, des heures terribles à vivre qui détruisent Eduard plus qu'ils ne le guérissent.
Parallèlement à ce monde inhumain des soins psychiatriques d'alors, c'est à la montée du nazisme et de l'antisémitisme que nous assistons et au climat de terreur qui s'installe en Allemagne.
Après avoir été vénéré pour ses travaux, alors qu'en son honneur, avait été élevée à Potsdam la tour Einstein dont l'immense télescope était destiné à vérifier la validité de ses théories, Albert Einstein subit des attaques visant ses origines juives, sa sécurité est menacée. Devenu une cible ambulante, il doit quitter l'Allemagne et part s'installer en Amérique.
Mais contrairement à l'opinion répandue, l'Amérique n'accueille pas Einstein à bras ouverts. Il est accusé de sympathies communistes, on lui reproche son pacifisme et son engagement en faveur des Noirs américains ne plaide pas en sa faveur. le FBI enquête et Edgar Hoover, le nouvel homme fort de l'Agence pense qu'Einstein est un agent à la solde de Moscou…
Très bien documenté, notamment grâce à la correspondance entre Mileva et Albert Einstein,
Le roman de Laurent Seksik, un drame intimiste, remet sur le devant de la scène ce fils oublié qui finira ses jours parmi les fous, délaissé de tous, dans le plus grand dénuement et analyse de façon remarquable le lien particulier entre celui-ci et son père, Albert Einstein.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Déjà 72 critiques sur ce livre, je vais donc tenter de la faire brève. L'histoire du fils cadet d'Albert Einstein se déroule en Suisse, dans les années 1930,
Eduard est déclaré schizophrène et enfermé dans un asile où il subit divers traitements dont des électrochocs, à cette époque, on endormait pas pour ce genre de" torture". Seule sa mère, Mileva, va s'occuper de lui et lui rendre visite jusqu'à son dernier souffle. Albert vit à Berlin, Mileva n'a pas voulu le suivre et est restée en Suisse, d'où à la longue le divorce. Albert finira par s'exiler en Amérique, il était recherché par les nazis. Il ne viendra jamais voir son fils.
L'un après l'autre, dans le 1er chapitre, c'est la mère qui parle, dans le second chapitre, c'est Eduard et dans le 3ème, c'est le père et ainsi de suite. C'est fascinant de découvrir ainsi la vie de cette famille dont le père est un grand savant, on se fait parfois des idée, souvent fausses, sur la vie des "grands" de ce monde, on imagine un tas de choses et finalement, ce sont des êtres humains comme les autres avec leurs secrets, leurs défauts et leurs sentiments. On a seulement appris en 1985 après avoir découvert et publié la correspondance entre d'Albert Einstein et sa femme Mileva, l'existence d'une petite fille Lieserl, morte à l'âge de deux mois après avoir été abandonnée à une nourrice, pas déclarée," enterrée dans un coin de Serbie connu d'eux seuls et dont ils ne révéleront jamais le lieu". Ce livre nous décrit également la vie dans un asile de fous à cette époque. C'est une vraie découverte, j'ai aimé, j'en parle autour de moi tant j' ai été remuée par ce roman biographique
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L'enquête de Laurent Seksik sur Eduard, fils d'Albert Einstein et Milena Maric, est aussi intéressante qu'éprouvante et c'est pourquoi j'ai laissé passer quelques jours avant de rédiger ce commentaire.

Basé sur les correspondances familiales et une bibliographie impressionnante, cette plongée dans les secrets de la famille s'inscrit dans un contexte qui est celui de la première moitié du XX siècle, de l'effondrement des empires allemands et austro hongrois, puis du nazisme et des persécutions raciales. Une période riche sur le plan scientifique avec le développement de la mécanique quantique et de la psychanalyse. Une époque inquiétante avec la montée des théories eugénistes et de pureté raciale qui condamnaient doublement les juifs handicapés mentaux.

Albert Einstein (1879-1955) rencontre Milena Maric (1875-1948) à Zurich et conçoivent Lieserl née en janvier 1902 et décédée quelques semaines plus tard. Albert et Milena se marient en janvier 1903 malgré la farouche opposition des parents Einstein. Hans-Albert né en mai 1904 et Eduard-Tete en juillet 1910. le couple se sépare en 1914, divorce en 1919. Albert obtient le prix Nobel de physique en 1921 et en donne la totalité des bénéfices à Milena qui se consacre alors à l'éducation de leurs fils.

Albert retrouve en 1912 sa cousine Elsa Einstein (1878-1936), alors divorcée de Max Lowenthal dont elle a eu deux filles Ilse et Margot. Albert et Elsa se marient en juin 1919 ; ils n'auront pas d'enfants.

Eduard-Tète (Tete = petit) connait peu son père qu'il verra une dernière fois en 1933 quand le savant s'exile aux USA. Il manifeste des troubles psychiques, est diagnostiqué schizophrène en 1931 et interné dès l'année suivante à l'hôpital suisse de Burgholzli jusqu'à sa mort en 1955. Il a donc vécu la moitié de son existence en asile, souffrant d'une pathologie héritée de sa mère dont plusieurs proches sont sujets à des troubles mentaux. Et pourtant Eduard-Tete était un excellent musicien, un poète, et un étudiant en médecine prometteur, mais sa personnalité était complexe, la relation avec son père difficile et les traitement médicaux qu'il a enduré ont probablement aggravé ses problèmes.

Laurent Seksik offre un choeur à trois voies où Albert, Milena et Tete s'expriment successivement au fil des chapitres permettant au lecteur de se mettre dans la position de chacun d'eux. Tete juge sévèrement son père. Celui ci confesse que son fils est un problème qui le dépasse complétement …

Cette « histoire de fou » m'a beaucoup appris sur Einstein et son entourage familial et scientifique ; elle m'a bouleversé en montrant les souffrances de Tete ; elle m'a ému en révélant le dévouement infini de Milena qui a consacré près de quarante ans à son fils.
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critiques presse (3)
Culturebox
11 octobre 2013
En s'appuyant sur ces trois voix, Laurent Seksik donne à lire une fiction très documentée, recrée des scènes poignantes. Un voyage aux accents de tragédie, de 1896 à 1965, de Novi Sad, la ville natale de Milena, à Zurich, en passant par Berlin, Princeton et Vienne où Eduard subit un traitement barbare.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Lexpress
27 septembre 2013
[Laurent Seksik] nous conte avec talent cette Europe des années 1930 et nous rappelle tout en doigté les douleurs intimes des grands de ce monde, la pesanteur des filiations, la complexité de l'âme humaine. Passionnant.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LesEchos
25 septembre 2013
C’est une gageure de rendre, avec des mots, la folie. Seksik y parvient avec force lorsqu’il fait parler Eduard. Obsessions rabâchées, violence, extrême sensibilité, visions, hallucinations, on pénètre à l’intérieur de son cerveau.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (285) Voir plus Ajouter une citation
Contrairement à l'opinion répandue, l'Amérique n’accueille pas Einstein à bras ouverts. Un groupe de pression important, la Woman Patriot Corporation, mène campagne pour lui interdire le droit d'entrée aux États-Unis. Une pétition organisée en ce sens a rassemblé des milliers de signatures. Le groupe et ses soutiens l'accusent de sympathies communistes. On lui reproche son pacifisme. Le FBI enquête.

Son opposition au régime nazi jette le doute sur lui. Ses articles parus dans la presse américaine dès 1925 contre la ségrégation raciale lui valent d'innombrables ennemis. On l’a prévenu, il ne sera pas facile d’obtenir la citoyenneté américaine. Les portes d'Ellis Island commencent à se fermer. L’administration Roosevelt exige pour tout immigrant juif allemand une attestation de bonne conduite délivrée par le gouvernement... nazi ! Le Département d'État refuse l'admission de tout réfugié fiché par la Gestapo.

Sa réponse aux attaques de la Woman Patriot Corporation a fait la une du New York Times : « Jusqu'ici, je n’ai jamais fait l'objet d'un tel rejet de la part du beau sexe, ou si cela m'est arrivé, ce ne fut jamais de tant à la fois. Mais n'ont-elles pas raison, ces citoyennes vigilantes ? Pourquoi ouvrirait-on sa porte à quelqu'un qui dévore les capitalistes sans cœur avec autant d'appétence ? »
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Le retard mental n’engendre pas automariquement l'inadmissibilité à moins que le requérant manifeste ou ait manifesté un comportement destructeur. En vertu de la loi, est par ailleurs inadmissible le demandeur qui risque, à n'importe quel moment, de devenir un fardeau pour l'État.

« Tout cela, vous le savez hélas, cher professeur, cependant il est bon parfois de rappeler les choses essentielles. Donc, après une étude sommaire de cas semblables aux vôtres puisque nous savons tous les deux que vous n’avez rien sollicité, je dirai à titre personnel qu'un fils sur deux c'est beaucoup mieux que la plupart des demandes de vos semblables que j'ai à traiter aux portes d'Ellis Island. Et j'ajouterai à titre personnel que la Suisse est un pays qui s'honore de traiter ses malades mentaux mieux quaucun autre. Allez, cher professeur, je serai ravi de signer l'acte de naturalisation de Hans-Albert Einstein et de le recevoir dans notre beau et grand pays. Tous les Einstein sont les bienvenus chez nous. Du moins, ceux qui ont la tête bien faite. »
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(Einstein se rend pour la première fois au Burghölzli où Eduard vient d'être interné)
Il est seul dans le compartiment. Le train roule maintenant depuis plus de quatre heures. La vallée est recouverte d'un manteau de brume que, de temps à autre, le vent descendu des montagnes vient dissiper.
Parfois des larmes silencieuses coulent sur ses joues. Parfois il éclate en sanglots.
Il a arpenté les quais de toutes les gares d'Europe, marché dans les rues de Tokyo, foulé le pavé des ruelles étroites de Jérusalem, a traversé le canal de Panama. Il a été salué par le président des États-Unis et l'empereur du Japon, a été reçu par l'archevêque de Canterbury inquiet de savoir si ses découvertes remettaient en cause l'existence de Dieu. On l'a acclamé à Shangai, accueilli en héros sur la cinquième Avenue. La terre entière l'a porté en triomphe. Et lorsqu’il revenait s'asseoir à son bureau, le voyage se poursuivait dans son esprit, vers des univers que nul homme n'avait foulés. Il explorait des nouveaux mondes dans la poussière des astres, naviguait au milieu des planètes, traversait des espaces sans fin, repoussait les frontières de l'entendement humain. Il défrichait des îlots de particules élémentaires, mesurait l'expansion de l'Univers, avait cru deviner des étoiles naines, des masses noires gigantesques. Il remontait jusqu'à la source de la création, des milliards d'années en arrière, fouillait pour entrevoir la lumière, approcher des premiers commencements, avant l'instant où il est dit : " Que la lumière fût. " Ses yeux contemplaient l'infiniment petit, son regard se portait dans l'immense absolu. Dans la solitude de sa chambre, il inventait une nouvelle ère dominée par la matière et affranchie du temps. Il unifiait les lois physiques, donnait une nouvelle définition de la lumière. La lumière est à la fois onde et corpuscule. Une autre définition du temps. Le temps s'écoule plus lentement au niveau de la mer qu'en altitude. Une autre définition de la matière : la matière est la courbure de l'espace-temps. Il pressentait l'impensable : des ondes gravitationnelles existent. On avait usé à son égard des superlatifs les plus insensés. Il était l'objet des plus violentes controverses. Il était encensé, adulé, haï. Il était le génie du siècle, le Christophe Colomb des temps modernes ou le diable incarné. Aujourd'hui, c'est un homme seul qui roule vers son malheur.
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Le programme d'extermination des malades mentaux allemands est sur la place publique depuis que l'évêque catholique de Berlin a dénoncé les « meurtres baptisés euthanasie ». Durant le mois de juillet 1940, tous les malades mentaux juifs hospitalisés du Reich ont été envoyés à Brandebourg-sur-la-Havel pour y être gazés. Puis le programme s'est étendu aux handicapés non-juifs. 50 000 malades auraient été assassinés par gazage à l'intérieur des hôpitaux. Le processus a été officiellement arrêté grâce à la pression de l'évêché allemand, relayé par un sermon de l'évêque de Munster, Clemens von Galen, diffusé sur les ondes de la BBC.
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Concernant les personnes handicapées et le droit à l'immigration aux Etats-Unis. Bien entendu je ne parle de personne en particulier. Bien entendu, je n'ai été mandaté par personne et vous pourrez présenter le dossier de quiconque à l'administration et M.Hoover s'occupera personnellement de votre cas, donc, reprenons : aux Etats-Unis, l'immigration est régie par la législation de l'Immigration Act et par ses interprétations dans chaque Etat. Tous les demandeurs d'un visa d'immigrant doivent passer un examen médical physique et mental. Les données relatives à l'état de santé d'un requérant sont issues de l'examen médical que doit effectuer un médecin civil agréé selon les directives précises. Est inadmissible quiconque est jugé avoir soit un trouble mental ou physique et une conduite liée à des troubles de comportement pouvant constituer un danger pour la propriété, sécurité ou au bien-être de l'étranger ou d'autrui, comportement risquant de se reproduire ou de provoquer d'autres comportements traumatiques et destructeurs. Le retard mental n'engendre pas automatiquement l'inadmissibilité à moins que le requérant manifeste ou ait manifesté un comportement destructeur. En vertu de la loi, est par ailleurs inadmissible le demandeur qui risque, à n'importe quel moment, de devenir un fardeau pour l'Etat.
" Tout cela , vous le savez hélas, cher professeur, cependant il est bon parfois de rappeler les choses essentielles. Donc, après une étude sommaire de cas semblables aux vôtres puisque nous savons tous les deux que vous n'avez rien sollicité, je dirai à titre personnel qu'un fils sur deux c'est beaucoup mieux que la plupart des demandes de vos semblables que j'ai traiter aux portes d'Ellis Island. Et j'ajouterai à titre personnel que la Suisse est un pays qui s'honore de traiter ses malades mentaux mieux qu'aucun autre. Allez, professeur, je serai ravi de signer l'acte de naturalisation de Hans-Albert Einstein et de le recevoir dans notre beau pays. Tous les Einstein sont les bienvenus chez nous. Du moins, ceux qui ont la tête bien faite."
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