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« Il a eu tous les courages. Braver la Gestapo, soutenir, un des premiers, la cause des Noirs, aider à la création de l'Etat juif, braver le FBI, ne pas baisser l'échine, ne jamais renoncer, écrire à Roosevelt pour construire la bombe contre l'Allemagne et écrire à Roosevelt pour arrêter la bombe destinée au Japon. Soutenir les juifs opprimés par le Reich. Pétitionner. Etre en première ligne.
Mais aller voir son fils est au-dessus de ses forces. Il a trouvé ses limites. Seul l'univers ne connaît pas de limites. ».
Mileva Einstein a élevé ses deux fils seule, après le départ d'Albert et son remariage. Très proche d'Eduard, elle est néanmoins contrainte de le faire interner en 1930 au Bürghölzli de Zürich. Eduard n'a que 20 ans, et passera la plus grande partie de son existence dans cet hôpital.
« Nous sommes en 1930. La science a accompli des progrès fulgurants ». Sa mère et les maîtres de la psychiatrie tentent de lui faire suivre les traitements de pointe : électrochocs, cure de coma diabétique induit,… avec les résultats qu'on imagine !
L'auteur fait entendre la voix d'Eduard, diagnostiqué schizophrène, dont la bonne volonté et la lucidité –partielle- sont poignantes. En alternance, le récit s'attache aux pas de sa mère, douloureuse et passionnée, et à ceux de son père, incapable de faire face aux problèmes psychologiques d'Eduard. Albert Einstein aura été le grand absent de la vie de son fils, et ce depuis le jour de sa naissance, tandis que la renommée de ce géant aura pesé lourdement sur lui !

En plus de ces portraits psychologiques, le roman situe la vie d'Einstein dans son époque : la montée du nazisme à Berlin, la position de la Suisse pendant la guerre, l'attitude ambivalente des Etats-Unis par rapport à l'immigration d'Albert Einstein et la montée du maccarthysme,…
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Après avoir lu le roman " Madame Einstein" une amie m'a conseillé de lire cette biographie. Les deux récits se complètent.
Plus que l'histoire d'Eduard, ce deuxième fils d'Albert Einstein, ce livre raconte la longue descente d'un garçon oublié par son père. Enfin c'est ce qu'il croit. La schizophrénie de ce jeune homme de 20 ans provoque de tels tumultes que sa mère Mileva se voit dans l'obligation de le faire " interner". C'est une longue descente qui est racontée là par Laurent Seksik.
Parallèlement on assiste à la montée du nazisme et à l'exil de Albert Einstein vers les Etats Unis.
Un livre qui parle de la douleur d'une mère, et de son fils.
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Je ne connais pratiquement rien d'Albert Einstein. Si, juste qu'il a été un physicien nobelisé et que sa formule e=mc2 est THE formule. J'ai aussi en tête cette photo mythique de lui où il tire la langue et qui le présente comme un savant fou. C'est en lisant la 4ème de couverture, que l'occasion s'est faite de le découvrir. Il est très peu questions de ses travaux dans ce roman, comme l'indique le titre « Le cas Eduard Einstein », l'auteur s'attarde sur la maladie de son fils cadet Eduard.

Eduard Einstein se rêvait psychanalyste, Freud était son modèle. Il avait entamé des études de médecine mais lors de ses vingt ans, une ultime crise le conduit à l'hôpital psychiatrique. Les doutes d'Albert Einstein se confirme, Eduard souffre d'une schizophrénie grave, renforcée par des causes psychogènes. Alors que la deuxième guerre mondiale pointe le bout de son nez et que le nazisme s'affirme par l'accession d'Hitler au pouvoir, Albert Einstein se voit contraint de s'exiler aux Etats-Unis. Mileva Maric, mère d'Eduard et ex-femme d'Albert, n'aura de cesse de s'occuper et d'adoucir les maux de son fils.

J'ai trouvé beaucoup d'intérêt à cette lecture et pour plusieurs raisons. Tout d'abord, pour la description de ce trouble mental sévère qu'est la schizophrénie. La résignation d'Albert Einstein et la détresse de Mileva Maric sont poignantes. le combat que mène Eduard face à ces pulsions morbides est bouleversant.
Ensuite, pour les balbutiements de la psychiatrie avec comme seules alternatives la camisole, les électrochocs, la lobotomie ou encore la cure de Sakel (forte doses d'insuline qui bien souvent plonge le patient dans le coma).
Enfin, pour l'immersion dans les années 30, avec la montée du nazisme et la fuite d 'Albert Einstein aux Etats-Unis.

C'est une lecture bien pesante que « Le cas Eduard Einstein ». Un tourment inéluctable et inconcevable que Laurent Seksik nous fait vivre à travers ce roman à trois voix. Tout comme lui, je n'ai émis aucun jugement, juste une profonde compassion.
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Einstein avait deux fils, dont l'un souffrait de schizophrénie. C'est cet angle que choisit l'auteur pour nous parler de la vie, surtout personnelle, du grand savant. Laissant sa femme et ses fils en Europe, il part aux Etats-Unis. Pendant ce temps, son fils Eduard va d'asiles psychiatriques en thérapies d'électrochocs…
Troublant de voir à quel point un homme si brillant a pu s'aveugler lui-même sur la chair de sa chair, comme s'il tenait à distance tout sentiment. En même temps, on le sent comme en-dehors de tout, du coup on ne le juge pas…
Une excellente biographie romancée, pleine de sensibilité et d'intelligence, belle découverte !
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Dans la famille Einstein, je voudrais le fils. le fils cadet plus exactement, le fragile, l'instable, l'hypersensible : Eduard.
Bonne pioche ?
Dans ce cas donnez-moi donc aussi la mère, Mileva, et enfin le père, le génie absolu, Albert.

Voilà, la famille est presque au complet*, Laurent Seksik peut commencer.
Commencer quoi ?
Une étonnante polyphonie, un concert à trois voix aux allures de thérapie familiale où chacun des trois personnages prendra tour à tour la parole pour dire sa vérité et mettre en lumière les profonds problèmes de communication et l'incompréhension mutuelle qui les a toujours tenus éloignés les uns des autres...
Alors qu'Albert consacre l'essentiel de sa vie à la science, son fils Eduard sombre inexorablement dans la schizophrénie et cherche par tous les moyens à se débarrasser d'un patronyme devenu trop lourd à porter ("une seule personne possède les épaules assez solides pour supporter un tel fardeau : mon père"), tandis que Mileva fait son possible - hélas sans grand succès - pour maintenir entre eux tous un semblant de cohésion. Son mariage n'y survivra pas.
La montée en puissance du nazime en Europe contraint Albert à s'exiler outre-Atlantique, pendant que son ex-épouse multiplie les allers-retour entre Vienne et Zurich, au gré des traitements de choc et des internements d'Eduard.

Quelle terrible histoire, donc, que celle de cette famille pourtant auréolée de gloire, mais dont le destin semble marqué par les drames et les déchirements, ainsi que Laurent Seksik nous le révèle ici.
Malgré une écriture parfois "aride" et une gestion un peu chaotique de la chronologie (pas de véritable trame, plutôt en enchaînement d'anecdotes et d'événements purement factuels), il  éclaire à sa façon les zones d'ombres - étonnamment nombreuses - dans la vie du célèbre physicien, ou plutôt dans celle de son fils cadet, puisque c'est bien autour de lui que l'auteur à construit son ouvrage. C'est lui qui s'exprime à la première personne du singulier (quand les chapitres consacrés à ses parents sont écrits à la troisième personne), c'est lui qui crie son mal-être, c'est lui qui a l'impression de passer à côté de sa vie ("hors mon père, je n'ai pas d'existence légale. Aviez-vous déjà entendu parler de moi avant que je débarque ici ? Non. Je n'existais pas. Qu'ai-je fait pour ne pas exister ? Rien. Je n'ai rien pu faire. Il n'y a pas de place dans ce monde pour un autre Einstein").

Albert bien sûr, n'est pas en reste. Seksik en fait ici un être torturé, rongé de contradictions et de culpabilité, accablé par le malheur de son fils mais fuyant dans le même temps ses responsabilités. Un homme infiniment plus à l'aise, finalement, dans son costume de prix Nobel que dans celui de mari et de père ("Il a cru en l'intelligibilité de l'architecture du monde [...] Il a toujours vu la raison se manifester dans la vie. Et la raison n'est plus nulle part dans l'esprit de son fils").

Mileva, à l'inverse, assume pleinement son rôle de mère, et l'énergie qu'elle déploie pour l'amour de son fils est tellement sans mesure qu'elle finira par la consumer. L'auteur en a fait un personnage très fort, un point d'ancrage qui m'a séduit.
Pour le reste, j'avoue avoir trouvé le texte parfois décousu, sans réelle continuité, et j'ai parfois eu l'impression de me trouver devant un amoncellement de détails biographiques pointus (attestant d'un énorme travail de documentation) plutôt que devant des portraits de personnages véritablement incarnés.

La trame de fond historique est en revanche passionnante, et je regrette que Seksik ne l'ait pas étoffée davantage. Il livre quand même ici un bel hommage à Eduard Einstein, lui qui passa 35 ans derrière les murs d'un hôpital psychiatrique et que L Histoire a oublié.
Il nous renvoie par la même occasion une image nouvelle et contrastée de l'immense génie que fut son père :
"Il a eu tous les courages. Braver la Gestapo, soutenir, un des premiers, la cause des Noirs, aider à la création de l'Etat juif, braver le FBI, ne pas baisser l'échine, ne jamais renoncer, écrire à Roosevelt pour construire la bombe contre l'Allemagne et écrire à Roosevelt pour arrêter la bombe destinée au Japon. Soutenir les juifs opprimés par le Reich. Pétitionner. Être en première ligne. Mais aller voir son fils est au-dessus de ses forces. Il a trouvé ses limites. Seul l'univers ne connaît pas de limites."


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* ne manquent que le frère aîné Hans Albert (qui apparaît brièvement dans le livre) et la petite Lieserl, la première née et la première disparue (morte en bas-âge de la scarlatine dans le plus grand secret, au point que le monde n'apprendra sa brève existence qu'en 1986).
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Einstein, un homme illustre d'on ne connaît généralement que son prix Nobel, sa formule E=Mc2, ses travaux, sa fuite des nazi vers les USA, et c'est à peu près tout.

Rares sont ceux connaissent la vie d'Einstein, de sa sa famille, de ses enfants.

Laurent Seksik nous fait suivre principalement le destin de 3 personnes, Einstein d'une part, sa première épouse d'autre part, et enfin leur fils Eduard, schizophrène.

Et là l'image d'Einstein en « prend un coup ».
Ayant abandonné femme et enfants, alors très jeunes, il fuit aux USA pour échapper à Goebbels, en 1933, 11 ans après son Prix Nobel; Il abandonne son épouse handicapée physique (et peut être mentale), et ses deux fils dont un est schizophrène, pour partir avec une cousine. A part le second fils qui comme lui émigrera, son épouse et son fils interné en hôpital psychiatrique en Suisse ne le reverront jamais plus. le fils émigré aux USA, abandonnera longtemps toute relation avec Einstein.


Tour à tour chacun parle, de lui, des autres; Phrases très dures pour son père du fils abandonné dans son asile suisse « Avoir pour père le génie du siècle ne m'a jamais servi à rien », « J'avais déjà mentionné que c'était un père absent. Maintenant c'est l'homme invisible…. Mon père a honte de moi », père qui confiait à des tuteurs le suivi de son fils.

Phrases également dures de la mère pour son ex mari, elle lui reproche de lui avoir pris son travail, elle est diplômée de polytechnique dans son pays, femme adorée par son fils malade et qui supporte seule la dégradation de son état de santé. Lucidité du père qui ne parle jamais de son fils: « Mon fils est le seul problème qui demeure sans solution », écrira Albert Einstein en exil, un Albert Einstein également coureur de jupons. Décédé en 1965, Eduard, n'aura jamais revu son père.

Mais ce livre n'est pas seulement un livre sur les relations entre Albert Einstein, son épouse et ses enfants. C'est aussi un livre qui rappelle les relations entre les nazis et les banques suisses, entre Edgar Hoover et Himmler, entre le gouvernement américain et Einstein. Soupçonné de sympathies communistes, et parce qu'il soutient les noirs américains, Einstein a pour adversaire Edgar Hoover, grand patron du FBI : « Son visa temporaire ne le protège pas d'une expulsion. Ses appels au pacifisme, sa critique du système capitaliste, ses sympathies socialistes, son engagement en faveur des Noirs américains plaident en sa défaveur. Des groupes américains rêvent de le voir renvoyé en Allemagne ». Et pourtant c'est l'un des pères de la bombe d'Hiroshima,également évoquée…Il a écrit à Roosevelt….pour que celui-ci réalise cette bombe

Laurent Seksik s'est appuyé sur une importante correspondance, citée en annexe, pour écrire cet ouvrage passionnant qui éclaire d'un jour nouveau un personnage illustre et l'Histoire récente.
Lien : http://mesbelleslectures.com..
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On ne sait que très peu de choses de la vie intime du grand Albert Einstein, ce roman nous conte la pudeur d'un père impuissant devant la maladie de son fils, la douleur d'une famille entière ; le bouleversant destin d'un homme atteint de folie, fils d'un génie du siècle dernier.

Tour à tour, c'est Albert, puis Mileva qui nous parlent de la maladie de leur fils cadet, Eduard.
Mais c'est surtout celui-ci qui va nous donner sa vision de sa propre maladie, de ce qu'il ressent, de son incompréhension du monde qui l'entoure, de sa haine envers ce père que tout le monde adule alors qu'il les a abandonnés, lui, son frère et sa mère.

Une histoire très forte et triste, un autre pan de la vie du savant, de son exil forcé en ces années '30 qui voient la montée du nazisme.

Un roman prenant, qui nous pousse à la réflexion encore un bon moment après en avoir tourné la dernière page!

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C'est officiel… je suis fan de Laurent Seksik. J'avais déjà clamé mon amour naissant dans ma précédente critique sur Les derniers jours de Stefan Zweig, mais là on atteint la phase dite de maturité. Celle-ci se décrirait ainsi : premièrement, l'écriture de Laurent Seksik est tout simplement belle, limpide, elle coule de source c'est un bonheur littéraire sans pareil. Deuxièmement, quel talent pour coller au plus près des sentiments des personnages, pour décrire avec autant d'acuité et de sensibilité un tel éventail d'émotions. Troisièmement, le travail de recherche effectué, minutieux, fourni (correspondances, essais, biographie etc.) démontre tout le soin apporté à la quête de vraisemblance (voire de véracité).
Cette fois Laurent Seksik s'attaque à une figure sacralisée, à un génie adulé autant que critiqué, voire haï, Albert Einstein. Mais pas que… Vous l'aurez compris le titre du livre n'est pas le cas Albert Einstein mais bien le cas Eduard Einstein, le fils schizophrène interné plus de la moitié de sa vie dans un centre de Zurich. Fruit du premier mariage d'Albert Einstein avec Mileva Maric, scientifique qui l'a assisté et mené à sa gloire, Eduard est interné à l'âge de 20 ans et mourra dans cette clinique spécialisée seul et oublié. le roman est un récit à trois voix : Mileva, la femme blessée, l'ex épouse trahie, la mère éplorée prête au sacrifice ultime pour son fils adoré ; Albert Einstein, qui toute sa vie n'aura de cesse de fuir ce poids familial, ce secret, cette vilenie qu'il ne sait pas circonscrire et expliquer ; enfin le fils Eduard, poète à ses heures perdues, fils aimant mais ingrat, juge impitoyable de ce père absent qui lui a préféré la gloire et les honneurs.
Je ne saurais pas décrire la kyrielle de sentiments et d'émotions qui m'ont parcourue : pitié et profonde compassion pour Mileva Maric, cette femme sèche et meurtrie ; pitié pour ce fils écrasé par la poids d'un père dont l'ambition et la démesure l'ont éloigné des siens ; reproches, colère mais aussi pitié pour le père, imparfait et maladroit, mais dont on sait qu'un amour sincère l'a lié à son ex-épouse et à ce fils incompris.
Que de louanges pour un très beau roman et pour un talentueux écrivain que je suivrais dorénavant avec beaucoup d'attention!
Lien : http://livreetcompagnie.over..
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Le fait que cela puisse être une partie de l'histoire de la famille Einstein nous pousse forcément à lire ce livre.
"Ah oui ? Alors comme cela, le grand scientifique aurait délaissé son fils schizophrène ? Et ben, c'est pas du joli ! "

Pour ma part, je ne l'ai pas ressenti ainsi, comme un livre voulant jeté de la boue sur la face de ce monsieur à la chevelure hirsute tirant la langue.
Même si parfois, j'aurai souhaité qu'il réagisse autrement, je n'avais pas envie de juger trop durement cette homme car l'auteur m'a dépeint une situation complexe avec des personnes complexes.
Ce qui semble normal lorsqu'on décrit des êtres humains.
Et Einstein était humain. Il a donc lui aussi ses faiblesses, ses lâchetés.

Maintenant, difficile de ne pas entendre et de ne pas être ému par la demande d'Eduard de revoir son père ou son souhait que ce dernier soit fière de lui.
Oh oui, il crie haut et fort qu'il ne l'aime pas, qu'il ne lui manque pas mais il reste son père.
Ce sont les chapitres d'Eduard qui m'ont le plus touchée.
Ainsi que ceux d'Albert quand ils abordaient son fils et son incapacité à y faire face.
J'ai moins apprécié ceux de la mère qui finalement me semblaient plus utiles qu'intéressants.

La vraie histoire ici, et celle qui nous pousse à continuer à lire ce livre est finalement la relation délicate entre un père et son fils.
On en oublierait presque qu'on parle de la famille Einstein tellement le thème est universel.
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Magnifique récit qui se penche sur un coin d'ombre dans la vie d'Einstein, celui de son fils Eduard.

Un récit à trois voix magnifiquement orchestré par Laurent Seksik. On entend tour à tout par le biais de courts chapitres : Mileva, la mère - Eduard, le fils et Albert, le père.

Eduard Eisntein est né le 23/07/1910; C'est un enfant brillant, hypersensible, doué pour la musique, son rêve devenir psychiatre. Il vit avec sa mère Mileva Maric d'origine serbe. C'est la première épouse d'Einstein. Elle vit à Zurich depuis leur divorce en 1914, ayant refusé de s'installer à Berlin avec Albert. C'est une femme brillante, mathématicienne qui a tout abandonné pour se consacrer à l'éducation de ses garçons Hans-Albert (brillant ingénieur) et Eduard. Elle souffre depuis sa jeunesse d'une déformation de la hanche qui la rend claudiquante et l'a fait souffrir. Au fond d'elle, la souffrance de la perte de leur fille Lieserl (née deux ans avant le mariage) est toujours présente.

Elle a tout abandonné pour s'occuper d'Eduard et c'est la mort dans l'âme, impuissante à la violence des crises de son fils qu'elle conduit Eduard ce matin de novembre 1930 à l'asile des âmes en détresse : le Burghölzi de Zurich.

Eduard ne va pas bien, il entend hurler les loups, il se sent habité et devient très agressif. Il a besoin d'aide. Diagnostiqué schizophrène à l'âge de vingt ans, il passera les trente-cinq années restantes de sa vie entre l'asile et l'appartement de sa maman.

Il subira les traitements de l'époque : électrochocs, camisole de force, coma diabétique... Beaucoup de souffrances. C'est difficile d'être le fils de , de ne pas se sentir aimé par son père et peut-être le silence sur l'absence de sa soeur complètement effacée est aussi la cause de son état ?

Albert lui s'occupera financièrement de son fils mais rattrapé par L Histoire, lui qui était adulé, porté en héros dix ans plus tôt devient ennemi public numéro un par son statut de juif. Il quittera le pays en 1933 pour trouver refuge aux Etats-Unis. La photo de couverture est prise lors de la dernière rencontre avec son fils, on y perçoit la tristesse dans le regard d'Albert. Déchirure, résignation, déception , impuissance de n'avoir jamais su apporter de réponse et solution à la maladie d'Eduard.

Albert a bravé bien des choses ; la gestapo, le FBI qui le prenait pour un communiste, il a soutenu la cause noire, les juifs opprimés. Il n'a pas toujours été le bienvenu dans son pays d'accueil, mais il n'a jamais pu se résoudre à voir son fils.

Un récit palpitant retracant le climat et le contexte historique des années trente en filigranne, le maccarthysme, la ségrégation, la poussée du nationalisme, s'attachant surtout à l'intime de la famille Einstein.

La troisième personne est utilisée pour Mileva et Albert, la première pour Eduard que j'ai trouvé attachant. Un magnifique récit, intense, une plume énergique, très intéressante. Un petit bonheur de lecture.


Ma note : 9.5/10
Lien : https://nathavh49.blogspot.b..
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