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Critique de Eve-Yeshe


Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio.com et les éditions Flammarion qui m'ont permis de lire ce roman dans le cadre de la dernière opération « masse critique ».

J'apprécie particulièrement Laurent Seksik, que j'ai découvert avec « le cas Eduard Einstein » puis « L'exercice de la Médecine » en passant par la BD « Les derniers jours de Stefan Zweig » (je n'ai pas encore lu le roman et cela ne saurait tarder…) donc celui-ci était pour moi !!!

L'auteur a choisi de mettre en scène deux journées décisives dans la vie de Romain Gary, qui vont lui faire découvrir les mensonges, les trahisons: les 26 et 27 janvier 1925 pour nous parler de la vie de sa mère Nina que nous connaissons bien (Romain en a parlé dans « La promesse de l'aube » par exemple), celle de son père que nous connaissons peu, leur vie de couple qui vacille.

On retrouve cette mère particulière, encore amoureuse de son mari qui a rencontré une autre femme, et dont l'unique raison de vivre est son petit Roman, prunelle de ses yeux et qui vit dans des conditions précaires, assaillie par les huissiers qui ont tout saisi, sa boutique ayant dû être fermée.

Une jolie scène : elle rallonge les ourlets de pantalon de Roman pour montrer qu'il devient un homme :

« Se mettre à genoux devant Roman pour coudre, c'était dans son esprit comme s'incliner face au destin, se prosterner devant la vie qui continuait. Elle rallongeait le tissu, elle prolongeait les jours, conjurait le malheur à grands coups de ciseaux. »

On fait la connaissance d'Arieh, le père de Roman, fourreur comme l'était ses ancêtres, soumis à la stature imposante de son père, écartelé entre ses deux femmes au grand dam de sa famille, juive très pratiquante, rigide qui n'a jamais aimé Nina trop extravagante et libre à leur goût.

Il y a un autre personnage très important dans ce roman : le ghetto de Wilno (Vilnius) en Lituanie avec l'intolérance, l'antisémitisme qui vont crescendo, entre adultes et entre enfants et Roman, perdu dans cette situation familiale complexe, pensant que c'est à cause de lui, se culpabilisant, espérant le retour de son père, en fait les frais.

J'ai bien aimé ce roman, il s'agit bien d'un roman et non d'une biographie je le précise, dont le rythme est soutenu, les descriptions de la ville, des quartiers, du mode de vie dans le ghetto sont précises, et émouvantes.

On fait face à deux attitudes opposées : Nina qui sent qu'elle n'a plus reine à faire dans cette ville, dans ce pays et ne rêve que de partir pour la France, et Arieh Kacew et sa famille qui pensent qu'il ne peut rien leur arriver car ils habitent là depuis si longtemps malgré les pogroms.

Je connais mal l'histoire de le Lituanie, j'ai commencé à m'y intéresser au moment où les Pays Baltes se sont soulevés contre l'ex URSS, pour obtenir leur indépendance, donc je ne savais rien de l'extermination totale et méthodique de « la petite Jérusalem du Nord » (à ce propos, l'épilogue est magistral), donc je vais aller me documenter.

Amoureux ou non de Romain Gary et ses mystères, ou pour approfondir ses connaissances sur la Lituanie, son histoire, ce livre est vraiment à découvrir et il se dévore.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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