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Jeanne Colza (Traducteur)
EAN : 9782264018946
303 pages
10-18 (04/03/2004)
3.92/5   719 notes
Résumé :
1964.

Le désoeuvrement à Brooklyn. Le sexe et la violence comme passe-temps, parenthèses dans le déroulement d'une vie sans cours que l'on referme aux pissotières de Chez le Grec, un café sans intérêt si ce n'est qu'il est peuplé d'êtres semblables, humains même si l'on a du mal à le croire. Last Exit to Brooklyn est le premier livre de Selby, qui vient tard à la littérature. D'où peut-être une lucidité accablante, une compréhension psychologique que... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (57) Voir plus Ajouter une critique
3,92

sur 719 notes
« (Georgette dansait tout autour de la pièce en fredonnant des chansons, vêtue d'un slip de soie et d'un soutien-gorge rembourré, et un type était assis nu, au bord du lit, de la sueur roulait sur son corps luisant, il touchait la soie quand Georgette passait près de lui, il jouait avec ses parties génitales, se léchait les lèvres, de la salive lui tombant de la bouche ; puis elle ôta son slip et il le saisit, enfouit son visage dedans et tomba sur le lit en gémissant en se vautrant…) »

Je vais t'avouer un truc perso, dont je ne suis pas vraiment fier. Non, ce n'est pas moi ce type, surtout quand on sait ce qu'est Georgette. Je ne juge pas, je n'ai pas d'apriori. Non, mais je voulais me confesser car j'en éprouve subitement le besoin. Malgré mon grand âge, je viens d'être dépuceler. Non pas par Georgette. Je ne juge pas, je n'ai pas d'apriori. Mais par Hubert Selby Jr. Je peux dire qu'il y a un avant et un après. C'est le genre qui marque une vie entière. Je ferai le parallèle avec Charles Henri Bukowski. Lui aussi, il m'avait à sa façon dépuceler sans que je m'y attende, il y a quelques années. J'ai eu du mal à m'en remettre. D'ailleurs, m'en suis-je totalement remis. Je crois que j'en garde encore quelques sérieuses séquelles de nos différentes rencontres. Car, je l'avais fait plusieurs fois avec lui. le plaisir, le plaisir, la soumission et le plaisir. Tant de poésie dans ce monde de brute qui m'a submergé d'émotion et de jouissance.

Donc, tu oublies l'espace d'un instant ma vie, celle de Bukowski et tu plonges dans celle de Hubert Selby Jr. Sa vie, ses écrits, les deux ensemble. « Last Exit to Brooklyn » est donc mon premier et unique, jusqu'à présent. Je te l'ai dit : mon dépucelage. Donc autant commencer avec son premier. Les années soixante. A cette époque, j'écoutais peut-être Charlie Parker. Donc au passage, je vous propose un morceau de choix.
http://www.youtube.com/watch?v=f¤££¤19De Bukowski 49¤££¤8

Bird, il en est beaucoup question dans ce roman. du be-pop, du sexe et de la drogue. de perdition aussi. Car dans ces rues sombres de Brooklyn, j'y croise plus de paumés que de dingues. Des putes et des tantes, des marins ivres et des ouvriers perdus. le livre est dérangeant, pas pour la crudité de ses mots, mais plus pour l'affichage de cette société américaine faite de laissés-pour-compte et de marginaux. Une société de plus en plus violente, dans les actes mais aussi dans l'esprit de ces quelques pauvres types.

« Mary habilla le bébé et le mit dans son berceau. Harry l'entendait qui arrangeait le berceau. Il entendit le bébé qui tétait son biberon. Les muscles et les nerfs d'Harry se crispèrent et il frémit. Il aurait voulu pouvoir attraper ces bruits et les lui foutre dans le cul. Attraper ce bon dieu de môme et le lui refourrer dans le vagin. »

Mais que ne serait la violence sans un brin d'humour, parce que cette violence n'est jamais gratuite, qu'elle s'impose là, à la face du monde, à la face de ta face. Et heureusement que par moment mon esprit s'échappe avec quelques situations cocasses. Cela apporte quelques moments de légèreté où mon esprit peut vagabonder librement dans une chambre d'hôtel.

« Alberta baissa les yeux et rit. Tu as encore tes chaussures et tes chaussettes noires. Harry cligna des yeux. Il était debout les jambes écartées, le pénis dressé devant lui, nu à l'exception de ses chaussures et de ses chaussettes noires. Alberta rit puis elle lui enleva ses chaussures et ses chaussettes. Viens cher amour. Elle l'attrapa par le pénis et le conduisit dans la chambre. »

Donc la prochaine fois, penses à enlever tes chaussettes, cela enlèvera ton ridicule. Car forcément, Harry c'est toi, c'est moi, c'est le mâle perdu qui va dans une piaule miteuse avec une fille qui s'appelle Alberta ou Georgette. Toi, tu te poses sur le lit, tu ne sais pas quoi faire, avec ton truc qui pendouille entre les jambes, et qui se redresse quand tu la vois sortir de la porte des chiottes. Cette nana qui te plait tant et qu'enfin tu t'apprêtes à lui faire la fête. Oui, la lecture est aussi festive, pleine d'entrain, de bonheur et de jouissance. Tu éjacules et tu sens cette satisfaction sortir de toi. Tu n'as pas honte, le bonheur est aussi simple qu'un petit jet. Oui, quand on découvre Hubert Selby Jr, le désir est là à chaque page, à chaque coin corné à force de tourner frénétiquement les feuillets, lentement, puis de plus en plus vite, les mains collantes, mélange de sueur, de bière et de sperme. Ta tête explose.

« Mais que devait-elle faire ? Bien sûr elle n'avait jamais même laissé entrevoir la vérité aux autres filles, elle était vierge. Elle avait parlé avec quelques unes des filles là-bas chez elle et elles lui avaient dit comment s'y prendre, l'avertissant de ne jamais l'enlever de sa bouche quand ça venait parce que tu pourrais en prendre partout et même dans les yeux et tu sais, chérie, on peut devenir aveugle, et de toute façon c'est le moment où tout explose et tu n'auras pas envie de l'enlever… »

Mais voilà, ce roman est spécial. Il n'est pas fait pour toutes les têtes, ni même tous les esprits. Il y a cette violence, parfois extrême, un brin choquante qui ne satisfera pas les âmes les plus pures. Il faut avoir un esprit malsain, comme toi qui furète sur ma chronique, ou comme moi qui se délecte des malheurs d'autrui, qui jouit de plaisirs littéraires même les plus disgracieux. Oui, je t'ai percé à jour : si tu es encore là, c'est que tu es encore plus tordu que moi et peut-être que si tu n'as pas cliquer sur le bouton arrêter de ton ordinateur, c'est que secrètement tu attends la grande tirade de Hubert Selby Jr, celle qui te fera frémir toute la nuit et que je garde pour la fin, celle qui te fera commandé dès demain matin une dernière sortie pour le paradis, the « Last Exit to Brooklyn ».

Cette grande tirade étant strictement interdit aux moins de 40 ans, elle ne sera visible que sur mon blog (ah, ah, ah)

Lu dans le cadre du super challenge : 'des lectures pour dévergonder ManU17' !!!
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Last Exit to Brooklyn
Traduction : J. Colza

Crevant de rage et d'un désespoir absolu, irradiant l'alcool, les drogues dont la légendaire Benzédrine, le sang, le sperme, la déviance sexuelle, la violence paroxystique et la déchéance humaine, "Last Exit To Brooklyn", que certains Etats américains et la Grande-Bretagne interdirent pour obscénité lors de sa parution, ressemble à une grêle de coups de poing furieux assenés par un boxeur fou dans l'estomac du malheureux et innocent lecteur.
Plus qu'un roman, au sens habituel du terme, il s'agit d'une suite d'histoires plus ou moins longues reliées entre elles par une bande de petites "frappes" qui roulent les mécaniques d'une virilité ambiguë dans un quartier où sévit déjà la misère économique. La "Gay Pride" n'est pas encore envisageable, loin s'en faut. Alors, tous se veulent des mâles et, dans l'univers de la rue, un mâle se bat, viole, torture, tue, se pochardise, se drogue, vole, défie les flics, fait de la prison et, de temps en temps, se fait tuer. Si certains ont des petites amies ou même se marient, cela ne les empêche nullement de répondre aux avances que leur font les homosexuels, déclarés ou non, qui se meuvent dans leur ombre.
C'est ainsi que Vinnie, une sombre petite crapule qui se glorifie d'avoir fait de la prison, est aimé par Georgette, un jeune homosexuel qui rêve de vivre avec lui un grand et véritable amour. le pauvre garçon en sera pour ses frais de romantisme ...
Harry Black, lui, est un homosexuel refoulé qui s'est marié et a eu un enfant mais ne supporte plus désormais que sa femme le touche. Dévoré par les frustrations de toutes sortes, il mène la vie dure aux patrons de l'usine où il est salarié et où il est devenu "l'homme du Syndicat." A l'occasion d'une grève, il va découvrir et accepter sa véritable nature sexuelle. Hélas pour lui, cela sera sans lendemain. Rejeté par des gigolos travestis lorsqu'il n'a plus suffisamment d'argent pour leur payer leurs caprices, il ne peut que rentrer chez lui. Mais chez lui, il n'est plus rien : désormais, il lui est impossible de se mentir à lui-même. Alors, il sort et il ...
Il y a aussi Tralala, une ado comme on dirait aujourd'hui de 15 ans, qui couche à droite et à gauche non pas tellement pour de l'argent au début mais peut-être parce que "cela se fait ..." Elle sombrera vite dans l'alcool et sa fin est, avec celle du "Dahlia Noir" d'Ellroy, l'une des plus atroces qu'il m'ait jamais été donné de lire.
Il y a encore les marins en bordée, que l'on gruge et que l'on tabasse, parfois si bien qu'ils en meurent. Mais il n'y a jamais de témoins, bien sûr. Et puis le petit monde affreusement noir de ce quartier où à vrai dire, personne ne survit parce que tout le monde est déjà mort, assassiné par les contraintes sociales et morales, par les non-dits puritains d'une société en pleine déliquescence.
Comme dans le "Voyage ..." de Céline, il n'y a ici plus aucun espoir. de temps à autre, c'est vrai - voyez la façon dont Vinnie écoute Georgette lire un poème d'Edgar Poe ou la tendresse qui, brusquement, s'éveille en Harry Black et ne sera jamais payée de retour - Selby nous chuchote que les choses auraient pu être différentes.
Ailleurs. En d'autres temps. Peut-être. Dans un pays imaginaire, en somme.
Mais certainement pas dans le Brooklyn qu'il nous dépeint.
Un livre douloureux, épouvantable, monstrueux même. Mais un grand livre ! ;o)
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Y a des trucs, que veux-tu, ça se discute pas : Peugeot ou Renault ? PSG ou OM ? Apple ou Samsung ? Papier ou liseuse ? Selby or not Selby ?

Alors si t'as du mal avec le noir très noir, l'alcool en mode biture, le sexe en mode trav et trash, la violence dans tout ce qu'elle a de plus machiste et la désespérance généralisée, passe ton chemin !

Pour les autres, c'est parti pour Last Exit to Brooklyn, oeuvre majeure d'Hubert Selby Jr (vaillamment traduite par Jean-Pierre Carasso et Jacqueline Huet) qui a longtemps, trop longtemps, trainé dans ma PAL.

Dans ce Brooklyn des bas-fonds et des grands paumés, Selby nous plonge dans le quotidien d'Alex, Rosie, Georgette, Vinnie, Harry, Lucy, Abe ou de l'inoubliable Tralala. Des femmes, des hommes, des travestis, des gays, des bis qui survivent sous perfusion de zedrines, de shit, de binouses et de sky.

Mais ces artifices ne sont même pas suffisants pour oublier la dèche du quotidien. Reste alors la violence. Sur un biffin égaré. Ou à défaut, une prostituée, sa femme, un enfant…

Voyous, prostitués ou syndicalistes, ils n'ont qu'une obsession : profiter du système ou plutôt de ses failles. Un protecteur à conserver, un client à pigeonner, une position sociale temporaire à surexploiter : tout est bon pour quelques dollars.

Roman à la construction, au style et à la syntaxe incroyables, Last Exit to Brooklyn est le roman de la désespérance absolue, du fond touché massivement, de l'inhumanité assumée, de l'amour jamais assouvi.

Et n'attend pas une lueur d'espoir chez Selby, même si certaines scènes chez le Grec ou à Manhattan touchent au grandiose malsain quand cette cour des miracles festoie, rappelant parfois des passages De La Famille royale de Vollmann.

Voilà un must-read qui en rebutera plus d'un (et d'une), un livre sous tension traversé par le saxo de Bird et une première incursion chez Selby qui m'a réjoui et qui en appelle d'autres.
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Une claque, ce bouquin. Une plongée dans les bas-fonds du New-York des années soixante, et dans ceux de la nature humaine. C'est sordide, cru, violent, exalté, terriblement réaliste. Selby ne s'est jamais fait d'illusion sur la valeur de l'homme, mais là, rien n'est à sauver dans cette société pourrie de l'intérieur. Moins abouti sans doute que le Démon, écrit dix ans plus tard, ce premier roman jette à la face du lecteur un style qui fera la marque de l'auteur: foutraque, déjanté, peintures de caractères au plus proche des personnages. Quelques longueurs aussi, sans doute (la partie portant sur la grève d'ouvriers, notamment). le fumet est certes faisandé, mais au final, on est emporté, tétanisé devant cette succession de scènes dignes de Dante et de Brueghel. le lecteur devient voyeur, ce qui, après tout, est peut-être le signe que l'on est, sinon devant un grand livre, du moins devant un livre important.
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Dernière sortie pour Brooklyn et
dernière sortie tout court car il s'agit bien du dernier arrêt pour les âmes échouées qui hantent ce roman culte d'Hubert Selby.

Terminus de la misère humaine semblant sorti tout droit de l'enfer, on y retrouve les blessés de la vie, les junkies, les amputés du coeur, et tous les désespérés pour cause de trop peu d'importance. (*)

Selby explore le psyché de ces personnages borderline et décrit leurs actes parfois monstrueux sans pour autant les juger. Il adopte une neutralité dérangeante semblant nous dire qu'"eux" et nous faisons malgré tout partie de la même humanité.

Ici point de rédemption (**) , juste une continuité et une reproduction du même. "Last exit to Brooklyn" est un roman très dur, cru, violent et d'une noirceur abyssale, une descente dans les tréfonds de l'âme humaine dont on ne sort pas indemne. Vous qui entrez, abandonnez toute espérance...

(*) Jacques Brel, Avec élégance.
(**) Je ne l'ai retrouvée que dans un seul de ses
livres "Le saule", magnifique roman à part dans l'oeuvre de Selby.



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critiques presse (2)
Bibliobs
09 janvier 2014
Hubert Selby Jr. regarde les hommes tomber et décrit l'enfer humain, [...] C'est une version X des saintes écritures en six épisodes introduits chacun par un verset de la Bible.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Telerama
08 janvier 2014
Que ceux qui n'y sont jamais allés voir soient prévenus : voici un roman éprouvant, composé de récits juxtaposés qui mettent en scène, de façon tout à la fois réaliste et hallucinée, la déchéance de plusieurs personnages dans le quartier portuaire de Red Hook, à Brooklyn.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
C'était frais. Cela rafraîchissait. Oui, il faisait plus frais et sa tête avait merveilleusement chaud et elle aurait encore Vinnie et la prochaine fois, un jour, il l'embrasserait. Et ils sortiraient ensemble. Au cinéma. Et ils se tiendraient la main ou bien ils iraient se promener et il lui allumerait sa cigarette... oui, il ferait un abri de ses mains autour de l'allumette, la cigarette pendant au coin des lèvres, et je mettrai mes mains autour des siennes et il soufflera l'allumette et la jettera au loin... mais nous n'aurons pas besoin d'aller danser. Je sais qu'il n'aime pas danser. Je porterai une jolie robe imprimée. Quelque chose de simple. Quelque chose de net et d'élégant. Vinnie? C'était Harry... Non. Non, je n'aurai pas besoin de m'habiller en femme. Nous défierons tout le monde, nous nous aimerons... Aimerons. Et on nous aimera. Et on m'aimera. Et l'oiseau viendra, et il chantera l'amour et nous volerons... Oh, cette salope... Je suis femme de façon bien plus convaincante que Lee quand je suis habillée. Elle ressemble à Chaplin. Et je danserai comme Melissa. Si seulement j'étais un petit peu plus petite. Et bien, nous lui avons montré à Miss Lee, pas vrai Vincent — (Georgette dansait tout autour de la pièce en fredonnant des chansons, vêtue d'un slip de soie et d'un soutien-gorge rembourré, et un type était assis nu, au bord du lit, de la sueur roulait sur son corps luisant, il touchait la soie quand Georgette passait près de lui, il jouait avec ses parties génitales, se léchait les lèvres, de la salive lui tombant de la bouche; puis elle ôta son slip et il le saisit, enfouit son visage dedans et tomba sur le lit en gémissant en se vautrant...) — Non. Non. C'est maintenant. Demain. Vinnie oui, oui. Vincennti. Vincennti d'Amore. Che gelida mania... oui, oui. J'ai froid, oh mon bien-aimé. Si me chiamano Mimi... Si, une bougie. La douce lumière des bougies... et je vais lire pour toi. Et nous boirons du vin. Non, il ne fait pas froid. Pas vraiment. C'est seulement la brise du lac. C'est si beau. Paisible. Regarde, rienque quelques petites rides à la surface. Et des saules. Oui. Si. Des saules majestueux qui se penchent pour se regarder dans l'eau; qui se courbent pour nous dire oui. Oui, oui, oui... Oh, Vincennti tiens moi. Plus fort. Vincennti d'Amore. O soave fanciulla. -- (Georgie est un de mes amis, il est prêt à me baiser à n'importe quel moment pour 25 cents ou) — Le Lac. Le Lac. Et la lune... oui... Regarde. Regarde. Vois-tu là-bas? Un cygne. Oh comme il est beau. Comme il est calme. La lune le suit. Regarde comme elle l'éclaire. Oh, quelle grâce. Oh oui oui oui Vinnie... Vincennti... Regarde. Regarde, il vient vers nous. Nous. Pour nous. Oh comme il est blanc. Oui. Il est blanc. Plus blanc que les neiges sur les montagnes. Et il n'y a plus d'ombres maintenant. Mais il brille, il étincelle. Le roi des oiseaux. Oui. Oh oui, oui, des violoncelles. Des centaines de violoncelles et nous glisserons dans le clair de lune, nous nous pencherons sur LE CYGNE et nous embrasserons sa tête et nous ferons signe aux saules et saluerons la nuit et ils nous rendront grâce... Ils nous rendront grâce et Le Lac nous rendra grâce et nous sourira et la lune nous rendra grâce et les montagnes nous rendront grâce et la brise nous rendra grâce et le soleil se lèvera doucement et ses rayons s'étendront et même les saules lèveront un peu la tête et la neige sera plus blanche et les ombres se lèveront des montagnes et il fera chaud... oui, il fera chaud... les ombres resteront, mais le clair de lune sera chaud (Danse, Ballerine Danse) Vinnie??? Le clair de lune sera chaud. Il fera plus chaud. Serre-moi Vincennti. Aime-moi. Aime-moi seulement. Mais les champs de fleurs sont si beaux au soleil. Dans le flot de lumière vive. Chaude et brillante. Et les hautes herbes fuient et se séparent et les couleurs éclatent et de petites gouttes de rosée brillent et tout est rouge et violet pourpre et vert et blanc... oui blanc, et or et bleu et rose, d'un doux rose et regarde les lucioles... comme des fleurs de la nuit... Oh oui, oui, des fleurs de la nuit. De petites lumières douces. De jolies petites lumières. Oh, j'ai si froid. La commèdia è finita. NON ! NON ! Vincennti. Oui, oui ma chérie. Si me chiamano Mimi. Pauvre petit Georgie. L'oiseau. Écoute Vinnie. Oiseau. Oh oui mon chéri, oui, oui. Je t'aime. T'aime. Oh Vinnie Vincennti. Ta bouche, tes lèvres sont si chaudes. D'Amore. Oh regarde comme les étoiles pâlissent le ciel. Oui, comme des bijoux. Oh Vinnie j'ai si froid. Viens, allons marcher. Sone andati. Oui mon amour, je l'entends. Oui. Il chante l'amour. L'amour Vinnie... il chante l'amour... non NON !
Oh mon Dieu non!!! Vinnie m'aime. Il m'aime. Ce. N'était pas.
De la merde.
p. 77/78
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…les 10 ou 15 types saouls entraînèrent Tralala jusqu’à la voiture abandonnée sur le terrain vague de la 57ème rue, ils lui arrachèrent ses vêtements, la poussèrent à l’intérieur et quelques types se battirent pour savoir qui serait le premier et finalement il se forma une sorte de file d’attente chacun criant et riant et quelqu’un cria aux gars du bout d’aller chercher de la bière et ils partirent et rapportèrent des boites de bière qu’on passa à la ronde et les gars de chez le Grec s’amenèrent et quelques-uns des gars du quartier vinrent tout autour pour regarder et Tralala gueulait et leur fourrait ses seins en pleine figure et des boites de bière circulaient, on jetait les boites vides et des gars quittaient la bagnole et retournaient dans la file, buvaient quelques bières et attendaient que leur tour revienne et d’autres gars arrivèrent de chez Willies et un coup de téléphone passé à la base amena d’autres soldats et on rapporta de la bière de chez Willies et Tralala buvait de la bière pendant qu’elle se faisait baiser et quelqu’un demanda si on comptait les points et un autre cria personne ne sait compter aussi loin et le dos de Tralala était rayé de crasse et de sueur et ses chevilles la démangeaient à cause de la sueur et de la saleté sur les égratignures qu’elle s’était faites sur les marches et de la bière et de la sueur dégoulinaient des visages sur le sien, mais elle continuait à brailler qu’elle avait les plus gros nichons du monde et quelqu’un répondit bien sûr ma poule que c’est vrai et d’autres s’amenèrent, 40, peut-être 50, et ils la baisaient et retournaient dans la file, buvaient une bière et braillaient et riaient et quelqu’un cria que la voiture puait le cul, aussi on sortit Tralala et le siège et elle était étendue nue sur le siège et leurs ombres cachaient ses boutons et ses cicatrices et elle buvait, faisant sauter ses seins avec sa main libre et quelqu’un lui fourra la boite de bière dans la bouche et ils se marrèrent tous et Tralala jura et cracha un petit bout de dent et quelqu’un recommença et ils rirent et braillèrent et le suivant lui monta dessus et elle eut les lèvres fendues et le sang lui coula sur le menton et quelqu’un lui épongea le menton avec un mouchoir imbibé de bière et on lui tendit une autre bière et elle but et brailla encore au sujet de ses nichons et elle eut une autre dent cassée et la blessure de ses lèvres s’agrandit et tout le monde rit et elle but encore et bientôt elle fut complètement KO, ils lui donnèrent quelques gifles et elle grogna puis tourna la tête mais ils ne purent la réveiller aussi ils continuèrent à la baiser, elle inconsciente sur le siège de la voiture…
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Un jour, il avait vu une femme, pas mal du tout d’ailleurs, qui se penchait par la fenêtre pour parler à quelqu’un et un de ses seins avait glissé hors de sa robe de chambre. Elle ne savait pas qu’il regardait, alors elle ne s’était pas pressée de le rentrer. C’était un nichon de belle taille déjà. Des choses de ce genre pouvaient arriver à tout moment surtout quand le temps est chaud. Ça avait été une belle journée. Il avait été en forme toute la journée. Ça avait été aussi bon que de s’envoyer une nana. Il avait bandé toute la journée et quand Irene était revenue du boulot, il l’avait aussitôt entraînée dans la chambre et ils avaient baisé comme des dingues. Il l’avait faite asseoir sur lui et ses seins étaient tendus et il s’était enfoui la tête dedans et pendant tout le temps Irene avait frétillé et bon dieu ce qu’il avait pu bander. Ouais, ça avait été une sacrée journée. Bon dieu si seulement ça avait pu se reproduire. Plusieurs fois, il avait aperçu une gonzesse, une noire qui se baladait les seins à l’air, mais ça n’était pas pareil. Ça l’avait fait bander, mais pas de la même façon que le jour où il avait vu ce gros nichon blanc au bout rose. Voilà, c’était ça dont il avait besoin. Y’avait déjà un bon bout de temps qu’il n’avait pas baisé quelqu’un d’autre qu’Irene… A part deux ou trois fois au cours de partouzes mais ça c’était différent. Ça n’était pas pareil que de se taper une nana. Ça n’était pas qu’Irene n’était pas bien – non elle est bien foutue et elle a des nichons terribles – mais il commençait à se fatiguer de faire toujours la même chose avec la même bonne femme.
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Vinnie et Mary ne seraient pas encore mariés s’ils ne s’étaient pas rencontrés. Mais finalement, cela s’était produit, alors qu’il avait 40 ans et elle 35, ils se marièrent et les deux familles s’en réjouirent. Dès qu’ils furent seuls la première nuit, Vinnie entraîna Mary au lit et se jeta sur elle, secouant le lit, la commode l’image de la Saint Vierge au-dessus du lit, jusqu’à ce que la fatigue empêche Mary de bouger et qu’il ne lui reste plus qu’à rester étendue sur le dos en gémissant et en LUI CRIANT D’ARRÊTER. Mais Vinnie continua de plus belle, en bavant et en CRIANT QU’ELLE ÉTAIT SA FEMME ET ILS CONTINUÈRENT A BONDIR SUR LE LIT (la Saint Vierge tremblait) A BAISER, BAISER, BAISER ET A CRIER. Cinq ans plus tard, ils avaient deux gosses et continuaient à crier.
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CINQUIÈME PARTIE. LA GRÈVE (111 pages)

« J’ai passé près d’un champ d’un paresseux,
Et près de la vigne d’un homme dépourvu de sens ;
Et voici que les chardons y croissaient partout ;
Les ronces en couvraient la surface,
Et son mur de pierre s’était écroulé. » Proverbes, 24:30-31

Il avala chaque verre qu'il buvait en deux gorgées et les gorgées étaient de plus en plus rapprochées. Il avait été heureux quand la grève avait commencé. Il avait été nerveux quand il lui avait fallu parler aux hommes au meeting au commencement de la grève, mais il avait été heureux aussi à ce moment-là ; et depuis il s'était senti heureux deux ou trois fois quand les gars étaient venus le voir et qu'ils avaient bavardé et bu et tout ce genre de choses; et il s'était senti vraiment quelqu'un quand les camions avaient explosé, ouais...ouais, il avait été vraiment heureux cette nuit-là et le lendemain avec la photo dans le journal... ouais, c'était à ce moment-là qu'ils avaient commencé à savoir qui il était réellement. Ils savaient qu'il était quelqu'un déjà avant, mais après ça ils l'avaient vraiment su. Ouais, c'était bath d'avoir du fric, de dépenser tout ce qu'on voulait, juste une feuille à remplir, exactement comme ces salauds de la compagnie et cette ordure de Wilson qui se prennent tous pour je ne sais quoi à se balader avec leurs chemises blanches et toutes ces conneries, mais il valait autant que n'importe lequel d'entre eux, il connaissait quelques combines et pouvait balancer un dollar sur le comptoir pour payer. Je leur dis merde à tous ces peaux de couilles. Ils ne pourraient plus l'emmerder... ouais, et j'emmerde Mary aussi. Qu'elle vienne plus me casser les pieds... c'est vrai, j'ai plus fait ce rêve depuis que la grève commencé. Qu'on fasse sauter encore un ou deux camions et c'est fini, je l'referai plus jamais. Bordel. De toute façon, il est parti.. et les choses seront différentes après la grève de toute façon. Bien sûr qu'elles le seront - il regarda à nouveau la tapette et quand elle le regardait aussi, Harry ne détournait pas la tête. Il continuait à regarder et son visage se décrispait lentement et il finit par sourire, de son sourire habituel, mais cette fois ce fut très près d'être un vrai sourire et le mignon sourit aussi et cligna de l'oeil - ouais, les choses se sont bien passées depuis la grève. Il aurait voulu voir cette ordure de Wilson et ce peau de couilles d'Harrington. Mr. Grossemerde - en train de suer. Ils ont dû en chier dans leurs frocs quand les camions ont sauté.
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Videos de Hubert Selby Jr (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hubert Selby Jr
Selby le rédempteur. Création radiophonique de Nicolas Judéléwicz et Nathalie Battus diffusée sur France Culture le 26 février 2014. Prise de son et mixage : Alain Joubert. Trente-six ans après sa parution « Le démon » d’Hubert Selby Junior (1928-2004) n’a rien perdu de sa puissance. Œuvre de contrastes violents : apparence, réalité, rêves, cauchemars, illusions, obsessions, lumière, obscurité, éclat, mort... elle révéla plus que nulle autre l’ambivalence du rêve américain confronté aux plus sombres instincts de la nature humaine... L’envers froissé en noir et blanc de l’Amérique technicolor des années 70. Le projet du compositeur Nicolas Judelewicz, est de concevoir une partition sonore, musicale, visuelle et interactive en plongeant au coeur de l’humanité brute et brutale du « Démon » d’Hubert Selby, Jr. Se glisser à la suite de son héros dans les entrailles tentaculaires de New York, univers kaléidoscopique de toutes ses dérives. Rechercher ses errances, ses marques, ses obsessions. Revivre et faire renaître les traces de son escalade dans une spirale désespérée et sans concession: de sa recherche inextinguible de plaisir, d’interdit puis de mort, à sa chute finale prévisible et inexorable.
Thèmes : Création Radiophonique| Création Sonore| Littérature Étrangère| Hubert Selby, Jr.
Source : France Culture
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