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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Gentleman au grand jour, Démon sitôt dans l'obscurité…

En juillet dernier, j'avais désespérément cherché « le Démon » d‘ Hubert Selby, Jr. dans ma médiathèque et, sans conviction, j'avais griffonné le titre de ce roman sur la liste des suggestions.

Début septembre, un Pelecanos à la main pour l'emprunter, je suis averti à la dernière minute que « le Démon » aux éditions 10/18 était réservé à mon nom. Divine surprise ! Brandissant comme un trophée ce roman tout neuf, encore chaud comme une bonne baguette de pain, je me dis que Pelecanos attendra bien quelques jours…

Rentré à la maison, discipliné comme un élève de 6ième, je mets à jour ma liste Babélio et reste interloqué sur la page du Démon. Les étiquettes de ce roman mettent en avant les mots « Sexe » et « sexualité » à coté du « roman » de « Littérature américaine ». Ciel ! On m'aurait menti. On m'avait « vendu » un polar culte et voila que je me retrouve avec un « Cinquante nuances de grey » des années 70.

Si voulez, c'est un peu comme si je commandais un fraisier dans ma boulangerie et que la vendeuse me rapporte, avec le sourire, un gâteau au chocolat en m'expliquant que faute de fraise, elle pensait que ce délice au chocolat ferait l'affaire. Franchement, le pâtissier aurait pu au moins ajouter des framboises en remplacement. (1)

Bref ! Vous comprenez mon désarroi comme l'élève Torless a pu l'être durant son premier rendez-vous avec une prostituée. Et contrairement aux grands critiques de lectures érotiques, je ne suis pas le dieu de la vigne, du vin et de ses excès pour me lancer dans de telles lectures ! (2)

Prenant mon courage à deux mains, je m'attaque donc au Démon paru en 1976 et écrit par l'auteur américain Hubert Selby, Jr.

Le héros du livre, Harry White, est un jeune cadre dynamique dans une société new-yorkaise en pleine expansion. Harry partage sa vie entre son travail et ses conquêtes d'un jour. En effet, son besoin de coucher avec des femmes, de préférence mariées pour éviter de s'attacher à elles, s'avère de plus en plus addictif et altère même sa concentration au bureau. Plus grave encore, Harry doit sans cesse consulter sa montre pour arriver au travail à l'heure ou après sa pause déjeuner. Une pause déjeuner souvent les jambes en l'air si vous voyez ce que veux dire…

Passant de moments d'euphorie intense à des périodes de déprime maladive, Harry réussit tout de même à cacher les apparences dans son entreprise et se laisse même séduire par Linda, une jeune secrétaire au bord d'une piscine lors d'une journée détente organisée par sa société pour galvaniser les troupes.

Malgré ses pulsions sexuelles, Harry va-t-il réussir à conquérir la belle Linda ? Pourra t-il poursuivre son ascension fulgurante dans sa société malgré un premier rappel à l'ordre sévère de son chef Wentworth ? Pourra t-il accéder au luxe d'une belle maison, d'une belle voiture, des plus grands restaurants ou de la carte du Country Club de golf réservé aux élites?

En somme, deviendra t-il quelqu'un d'important et de respecté comme il en rêvé toute sa vie malgré ses travers de plus en plus difficiles à dissimuler ?

Pour avoir réponse à toutes ces questions, je vous invite à découvrir ce roman pour le moins déconcertant, déversant des paroles crues et immondes en alternance avec de longues tirades superbement écrites. Stressé par l'heure qui tournait lors des pauses déjeuner d'Harry, j'ai vécu cette lecture comme une véritable épreuve exhortant Harry à cesser de franchir la ligne jaune à tout bout de champ. En vain, malheureusement…

Si je compare « le démon » à des ouvrages cultes de Jim Thompson, le roman de Selby laisse moins de place à la violence physique que dans « le démon dans la peau » (ou sa nouvelle traduction « L'assassin qui est moi ») et se rapprocherait plus de « Rage noire » pour le langage cru et la pulsion intérieure destructrice du héros du livre incapable de la maîtriser. Malgré tout, le Démon n'atteint pas du tout, selon moi, le génie des deux chefs d'oeuvre de Thompson.

Si je devais énoncer une faiblesse, je déplorerais le milieu du roman trop long et répétitif contrastant avec une première partie tellement intense et lumineuse. Heureusement, la dernière partie est enlevée et se révèle à la hauteur d'un bon roman à la frontière du polar et sur la folie des hommes.

Et comme le dit si bien un proverbe indien, méfiez-vous : "L'homme est son propre démon."

Ps : J'oubliai la conclusion de l'histoire. J'ai bien eu un fraisier en fin de compte avec, il est vrai, de grosses pépites de chocolat sur le dessus fondant au bout d'un certain temps et des fraises un trop clairsemées à mon gout. A vous d'en déduire la fin du roman...

(1) Variante à la boulangerie pour les Belges exclusivement :

Si voulez, c'est un peu comme si je commandais une tarte aux pommes dans ma boulangerie et que la vendeuse me rapporte, avec le sourire, une tarte aux poires. Pas très content, je lui annonce qu'elle me prend vraiment pour la reine des pommes. En guise de réponse, elle m'explique que le pâtissier est belge et que faute de pommes, il s'est dit que je serais parfait pour être la reine des poires...

(2) voir la savoureuse critique de Dionysos89 sur les "Cinquante nuances de Grey"
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Une lecture jubilatoire. Plonger dans la démence la plus profonde, Hubert Selby Jr. ne prendra pas de pincettes pour vous décrire ce qu'est la folie à l'état pure. Un roman aussi puissant qu'un coup de poing en plein abdomen, vous adorerez ou vous détesterez, mais croyez moi, ce roman vous vous en souviendrez !

Dans la descente aux enfers de cet homme, on va croiser différents niveaux de folies. Des moments de pure allégresse, des moments d'oublis profonds. le tourmente d'un homme qui mène sa vie entre deux chemins : celui que son esprit l'oblige à réaliser, et celui que la société à modelé pour lui. Cet homme vit son pire cauchemar. Jours après jours, il subit les attaques de sa psyché qui tente de le détourner du bien et de lui prouver que sa vie se réalise dans le péché, toutes les formes de péchés ! On voit ces moments de paix et de tortures s'emmêler pour nous livrer un texte d'une folie pure.

La force d'un tel roman, est directement liée à la plume de son auteur. Hubert Selby Jr. n'a pas peur d'utiliser les mots crus qui nous font frissonner. Les paroles qui nous attaquent, qui nous touchent et nous laissent sans souffle au bord de la route. Ici tout est mis en oeuvre pour nous décrire au plus près la réalité cet homme terrible. Cet homme qui cesse de l'être, le moment où ses pulsions prennent le pas sur sa vie.

En résumé ce roman est un livre qui parvient à lier le sexe, la mort, le pouvoir ou encore l'autorité, ce qui va nous permettre de nous donner une vision complète et tourmenté de cet homme. Un homme qui n'arrive plus à faire les choses, un homme qui essaye coûte que coûte à maintenir sa vie « parfaite ». Une vie qu'il s'est donné tant de mal à obtenir.

J'avais ce roman depuis si longtemps que je ne savais plus à quoi m'attendre. Tant mieux, il doit être lu, de cette manière : sans arrière pensé, sans freins. Tout sera une affaire entre vous et cet auteur pour nous révéler la noirceur d'une âme perdu. Un homme persuadé, obligé de faire le mal pour pouvoir enfin aller bien. A la recherche de la jouissance absolue, il n'y parvient qu'en ayant assouvis les pulsions les plus sombres de son esprit.

Ce roman est à couper le souffle, tant par son sujet que par la manière dont le texte est rédigé. Mais il ne conviendra pas à tout le monde. Il fait partie de ces livres qui ne peuvent être adopté à moitié. Ici soit on aime, soit on le jette !
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Ce démon là n'a rien de fantastique, au sens imaginaire ou mystique du terme. C'est une peste, une folie croissante et vicieuse. le héros, Harry White, jeune cadre brillant, doit s'affronter dans un combat, un combat en solo de plus en plus pervers. Au début du roman, on le pense emporté par une "simple" frénésie sexuelle. Mais le développement psychologique de Harry et la descente violente dans son univers torturé, nous font vite prendre conscience de l'étendue de sa déviance.
D'un point de vue littéraire, le Démon est écrit avec brio. La tension croissante est suspendue par des plages faussement sereines, qui incitent le lecteur à ne pas lâcher le bouquin jusqu'à la prochaine rechute du héros. On note de longues pages avec pour seules ponctuations des virgules, qui rythment l'Enfer d'Harry, nous projetant dans le climat suffocant et incontrôlable du protagoniste. Certains passages sont criblés d'un humour cynique délicieux, gravant un sourire amer sur notre visage presque pétrifié, tant cette folie masquée pourrait être la notre. Une version plus glauque et dramatique d'American Psycho de Bret Easton Ellis.

Il n'y a pas à dire, Selby qui nous endeuillait il y a peu, doit être lu. Toute personne "normalement constituée" résidant dans une grande ville décryptera sans mal (et c'est là que c'est inquiétant) l'état d'esprit chaotique du bourreau et tout à la fois victime qui porte cet ouvrage. Et vous verrez.... Vous serez certainement moins sereins en prenant le métro. le Démon est fortement déconseillé aux personnes souffrant de paranoïa. Elles risqueraient de ne plus sortir de chez elles!

On ne se défait pas de ce roman, jusqu'au dernier souffle. A lire et à savourer, si toutefois votre coeur et votre santé mentale sont bien accrochés.
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J ai entamé ce roman polar sans connaître sa consistance comme la plupart de mes lectures. Je ne connaissais en fait que sa renommée.
Une fois fini ce que je peux dire c'est que ce livre m a beaucoup emballé autant sans son style, où l auteur alterne des passages crues glauques mais aussi des passages tendres romantiques où l écriture est fine et touchante, que dans le suspens dans la curiosité de voir l'évolution de notre principal personnage Harry garçon surdoué de sa génération à qui tout réussi et promis à un bel avenir, mais qui est sujet à des pulsions .Des troubles qui se transforment progressivement en démons indispensables à sa vie,sa survie comme un sportif de l extrême à besoin de l adrénaline que lui procure le risque de pousser toujours ses limites.
Un livre qui fait réfléchir aussi sur bien des sujets et notamment la complexité de l être vis à vis de ses buts de ses envies et des démons que l on peut renfermer même si bien sûr dans le livre ceux ci sont poussés aux extrêmes
.
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Harry White est un homme simple, qui a des amis, une famille, et surtout, un travail qu'il aime.
Mais tour bascule le jour où ses obsessions prennent le dessus. le sexe, le vol, le meurtre. Un homme qui descend aux enfers, incompris de tous, mais surtout de lui-même.

Ma première lecture de Selby Junior, et je ne suis pas déçue ! D'abord étonnée par le style assez direct de l'auteur notamment dans les termes sexuels, je me suis vite habituée à ce style choc, à mon plus grand plaisir.
Cette histoire de descente aux enfers, de la perte totale de sentiments par cet homme pourtant à l'allure banale.

Un roman choc, qui vous laisse pantois du début à la fin, mais dont personne ne sort réellement indemne.
Une très bonne rencontre avec cet auteur inconnu de ma part.
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États-Unis, pendant les années 70.
Harry White (tiens donc, un "white" man), doté d'un physique agréable et promis à un bel avenir professionnel, subit les assauts répétés de son appétit incontrôlable pour les femmes : peu à peu, sexualité féroce, cynisme et mensonge rongent sa vie.
Conscient que ce feu intérieur lui est néfaste, le roman raconte les nombreuses tentatives de Harry pour se remettre dans le droit chemin. Mais quel est exactement ce "droit chemin" ? En sourdine, le livre nous pose la question. Quel donc cet idéal auquel il essaie de coller ?

Hubert Selby Jr, enfant terrible des lettres made in USA, aborde un sujet délicat, distille le malaise tout au long de son roman secoué de formules crues et de libertés typographiques déroutantes.

Selon moi, la force du livre tient dans la finesse de la psychologie des personnages. L'auteur nous plonge notamment dans l'esprit torturé de son protagoniste, nous incitant à le comprendre, voir à le prendre en pitié. Il en résulte une lecture du roman à la fois vorace et craintive.
Bien entendu, Harry White est malade, mais plutôt que d'avouer ses maux, de recourir à une aide extérieure, plutôt que de sonder son passé et ses blessures, il choisira le mensonge et la destruction, aveuglé par les promesses d'un libéralisme sans vergogne.

Moderne, malsain, torturé à souhait, ce livre ne vous laissera pas indifférent, ne serait-ce que pour la charge violente qu'il dirige contre le rêve Américain, patrie de l'argent, de la réussite obligatoire.
Le livre est fortement misogyne, cruel, et dans les sujets abordés, dans sa manière de provoquer l'irrévocable chute de son héros dans une explosion de rage et de sang, je l'ai vu comme un livre précurseur au non moins sulfureux "American Psycho" de Bret Easton Eliis, 15 ans plus tôt.

"Le démon", c'est la fabrication de monstres, qui courent après un mirage, celui de la conquête, de la réussite, et qui pour y parvenir, choisissent de piétiner tout le reste, les concurrents, les faibles, les femmes, la morale, et le sens des réalités.
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Le Démon, c'est d'abord une première phrase incroyable ("Ses amis l'appelaient Harry. Mais Harry n'enculait pas n'importe qui. Uniquement des femmes... Des femmes mariées.") Puis c'est une tension dramatique et une montée en puissance extrêmement puissantes, qui vous poursuivent bien après que vous ayez refermé le livre. C'est enfin un incontournable de la littérature américaine de la seconde moitié du XXème, dans tout ce qu'elle peut avoir de noirceur, de fulgurance, de recherche stylistique, de représentation de l'échec dans la quête de soi... Un classique.
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Est-ce que Harry est Hubert, se gaussant de la déchéance de son personnage bio-cradingue, tout en ellipse typique de son écriture ?
Est-ce que Hubert est Harry, recrachant en typographie décalée sa religion ?
Bon sang, on croit entendre la maman d'Alex dans Orange Mécanique " fils, est-ce donc un démon qui te dévore le coeur ?"
Pour moi, Selby Jr est un style à lui seul, reconnaissable à chaque phrase, à chaque scène, chaque dialogue sans tiret, chaque descente aux enfers. Un grand !
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Roman très monolithique, centré sur Harry et son "démon". A ce titre, je l'ai parfois trouvé monotone. On y trouve aussi des lenteurs et de répétitions, qui en soi ne stimulent pas la lecture. Mais le texte connait des ruptures de rythme assez saisissantes, qui reflètent bien l'aspect lancinant des passions obsessionnelles d'Harry et les montées d'adrénaline qu'elles lui suscitent. Alors peut-être lenteurs et répétitions contribuent-elles à ce que ce monolithe soit si réussi !
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Jusqu'à plus de la moitié de l'ouvrage, je me suis demandé où l'auteur voulais m'emmener.

On suit pendant tout ce temps la vie ma foi fort banale d'un jeune homme qui apprécie la chaire et ne s'en prive pas. Il privilégie les femmes mariées, petit kif personnel.
Puis il rencontre une femme, puis il l'épouse, puis ils achètent un appartement, ont un enfant. Monsieur grimpe les échelons au travail, travail auquel il tient beaucoup. Quelle banalité ! Où est-ce que l'on va ?

Et puis quand sa femme ne lui suffit plus, il la trompe. Avec des femmes respectables, puis quand elles ne lui suffisent plus avec des cajots, des alcooliques, des prostituées de bas étages.

Et puis... ça ne lui suffit plus. Et cette chose qui le ronge lui demande plus, plus, toujours plus. Chaque fois qu'il trouve un moyen de combler son anxiété, très vite il a besoin de plus.

Ses besoins montent crescendo et le lecteur se demande où est-ce que ça va s'arrêter. Est-ce qu'il va trouver une solution ou ne serait-ce qu'un mot a attribuer à son mal ?

Bien que la fin soit attendue, le moyen pour y parvenir est grandissant. Et bien que le livre mette, à mon sens un moment à démarrer, on a du mal a le lâcher avant la fin.
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