AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de OverTheMoonWithBooks


Il m'a fallu un petit temps de "digestion" avant de rédiger cette critique, tant ce que Pinar Selek raconte est révoltant et totalement hallucinant.

Ce n'est plus un secret, sauf pour les aficionados d'Erdoğan, qu'il y a bel et bien eu un génocide des populations arméniennes d'Anatolie ordonné par le gouvernement des Jeunes Turcs. C'était il y a 100ans mais les farouches défenseurs d'une identité turque basée sur la religion, l'ethnie et la fidélité à la parole du dirigeant refusent toujours cette évidence.
La mort de tout un peuple est une chose difficile à cacher pourtant et le mensonge d'Etat et la propagande négationniste digne d'un Etat ultra-totalitaire et sans remord que décrit l'auteur a de quoi faire frémir.
C'est plus ou moins malgré elle que Pinar Selek analyse les mécanismes du processus négationniste et nous montre comment de "simples" paroles d'illuminés ultra-nationalistes se transforme en violence ; allant du simple dénigrement au mépris puis aux agressions physiques.

L'auteur livre tous ses souvenirs et ressentis comme le ferait une conteuse, mais avec une verve cynique et acerbe. Bien que sociologue de formation, ce livre est à mi-chemin entre la lettre ouverte et le témoignage plus qu'un essai. C'est un témoignage très sensible qui vient du coeur à n'en pas douter, seulement.. à force de déchaînement de passions, ce récit fini par être un peu fouillis lorsqu'elle nous parle de son engagement politique ou de son expérience en prison.

Malgré ce petit bémol, c'est une lecture que je conseillerai à l'approche des commémorations qui auront lieu à Erevan dans 12 jours - auxquelles Erdoğan n'assistera pas s'il campe sur ses positions et on voit mal ce qui pourrait le faire changer d'avis. Si ce n'est pour la question arménienne, il faut lire ce court récit pour l'écriture très poétique que Pinar Selek déploie lorsqu'elle fait une véritable déclaration d'amour à "son Istanbul : un Istanbul "underground" où l'on voit les cicatrices sous le fard du silence. le même Istanbul qu'affectionne Orhan Pamuk : celui où plusieurs communautés culturellement opposées se sont côtoyées et que L Histoire officielle voudrait oublier au profit des seules communautés musulmanes.
Commenter  J’apprécie          425



Ont apprécié cette critique (39)voir plus




{* *}