Même pas mort !

Quels moments agréables! C'est loin d'être oublié! Autant la plume de l'autrice ne nous laisse pas le temps de poser le roman un seul instant, autant l'intrigue est prenante, captivante… et les personnages!?!...plus qu'attachants! A travers une quête de l'identité, c'est la visitation de trois continents qui révèle au même moment l'aspect inconnu du monde où nombre des faits n'ont qu'une seule incidence, la stupéfaction. En effet, on suit la vie d'un personnage étrange dont l'amnésie surprend un bon matin dans une chambre à Casablanca alors qu'il est blessé et détient une valise Luis Vuitton…

Mais quel livre extraordinaire : construction parfaite, écriture imagée, humour pince sans rire, personnage incandescent. Même pas peur ! de l'auteure belge Véronique Sels coche toutes les bonnes cases.
Son sujet ? Donner une seconde vie à Stéphane Mandelbaum, artiste trop tôt disparu. Ce peintre et dessinateur ultra doué a, en effet, été assassiné en 1985, à 25 ans, dans une affaire de tableau volé.

Quand le roman commence, un homme blessé est allongé dans une chambre à Casablanca. Il n'a plus aucun souvenir, ne sait plus qui il est. Tout au plus transporte-t-il une valise Louis Vuitton qui sera de tous ses voyages. Tout ce qu'on lui dit, est qu'il est poursuivi par la police. Atteint d'amnésie pathogène, Stéphane Mandelbaum, car il s'agit de lui, entame alors un périple picaresque autour du monde, qui l'emmènera de Casa en Afrique, des Etats-Unis à l'Amérique du Sud. Professeur de dessin au Zaïre, galeriste aux Etats-Unis, peignant sous un nom d'emprunt puis devenant faussaire, aimant les femmes avec passion, il fera mille métiers, empruntera différentes identités avant d'enfin se retrouver. Par-delà le fil rouge de la fiction, des coupures de presse, des portraits de proches de l'artiste émaillent le livre sans doute pour nous faire reprendre pied dans la réalité, mais aussi pour nous montrer combien la famille et les disparus de la Shoah ont nourri l'imaginaire de l'artiste.
Le roman aurait pu être complexe, il est au contraire d'une immense fluidité, les épisodes se fondant les uns dans les autres avec une logique qui tient apparemment tout au hasard. Mais en apparence seulement, parce qu'on perçoit très vite combien les dessins de l'artiste ont été des pistes pour l'écrivain.
C'est le premier livre que j'ai lu de cette rentrée littéraire d'août-septembre 2022, et il m'a habitée pendant plusieurs jours, tant il invite à la réflexion et aussi à la découverte des oeuvres de Stéphane Mandelbaum.
On savait que Véronique Sels avait du talent, on découvre avec Même pas mort ! qu'elle est un grand écrivain.

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Un adjectif pour définir le dernier roman de Véronique Sels ? Epoustouflant.
Sauf qu'il est impossible de n'en choisir qu'un tant le roman est complet sur le fond et sur la forme. On pourrait ajouter documenté, intelligent, enthousiaste, bourré d'humour, décalé, fertile, émouvant, érotique, démentiel.
Le rythme est soutenu du début à la fin, chaque page nous tient en haleine, nous transporte aux coins du monde à la vitesse de l'éclair. Mille péripéties nous attendent, mille fois nous nous surprenons à rire, grimacer, plisser les yeux et les écarquiller l'instant d'après.
Côté langage, l'autrice nous gratifie d'un vocabulaire riche, soigné, étoffé, travaillé. Les détails sont décomplexés, croustillants, crus, nous rappelant çà et là la verve de Stephen King.
On referme le livre en emportant l'histoire avec nous. Pour notre plus grand bonheur.

R.R.

Un homme se réveille à Casablanca. Il ne sait pas qui il est mais les circonstances l'empêchent de révéler son amnésie et le poussent à fuir. le voyage est éblouissant, le style entièrement maîtrisé, l'ensemble est nourri de dessins, d'articles de presse et de courts chapitres généalogiques. S'ajoute à la tensions narrative un élément important : le narrateur a réellement existé. Il s'agit d'un peintre belge au talent précoce, Stéphane Mandelbaum, assassiné à l'âge de 25 ans suite au vol d'un tableau de Modigliani. Et lorsqu'on google le monsieur en question et qu'on découvre ses dessins, on se rend compte qu'ils corroborent parfaitement l'histoire qui nous est racontée dans le livre, offrant à l'artiste parti beaucoup trop tôt un formidable supplément de vie. J'ai été littéralement emporté par ce livre. Il a la densité d'une épopée sans jamais être grandiloquent.