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EAN : 9782952845175
345 pages
Chambre au Loup (26/12/2013)
2.88/5   4 notes
Résumé :
Chronique : qui prend la parole dans l’espace public ? Après avoir entendu des hommes parler de l’Histoire et de la société au masculin, on flâne à la recherche des voix de filles de l’humanité. Une lecture buissonnière de ce cahier de promenades sera la meilleure : aller au sommaire et choisir une causerie selon son envie et sa curiosité personnelle. Une vingtaine de causeries dont la musicienne Natasha Le Roux, la mathématicienne Laurence Broze et ses consoeurs,... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Débats pendant des soirées dénommées "Soirées Botul" ou au sein du groupe d'action féministe "La Barbe" dont fait partie l'autrice, également quelques thèmes choisis par l'auteure, sur différents sujets de société. Il faut être intéressé par les thèmes abordés pour apprécier ce livre. Ce n'était pas mon cas, ce qui n'enlève rien à la valeur des textes. Les inégalités hommes-femmes par exemple sont largement abordées à travers des exemples précis : l'absence relative des femmes en politique, l'absence des femmes aux postes de pouvoir, les discriminations sexistes, le faible nombre de femmes chefs d'orchestre, etc. Ceux et celles qui veulent enrichir leurs réflexions sur les inégalités trouveront de la matière.

J'ai retenu surtout le témoignage touchant de Dominique SELS sur ses tentatives de faire éditer son premier roman "Camarillo, adios les seventies" lorsque elle avait 20 ans, encore étudiante en fac. Elle était en bonne posture pour que son livre soit édité, après avoir été accueillie et bien reçue par une responsable de l'entreprise d'édition, femme bienveillante, jusqu'à ce qu'elle tombe entre les mains du Directeur Littéraire, un chef supérieur, qui a tenté d'abuser sexuellement d'elle. Chantage sexuel, "je t'édite si tu m'offres des faveurs sexuelles", droits d'entrée... pour l'un contre droit d'entrée comme auteure pour l'autre, comportements maintes fois dénoncés sur les réseaux sociaux avec Balancetonporc et Metoo.

Voir en Citations ce récit édifiant.

Dominique SELS a finalement réussi à publié ce récit de 1979 en... 2007 en créant sa propre Maison d'édition " La Chambre au loup".

Le chapitre 19 consacré à la chef d'orchestre Claire Gibault, qui, comme l'auteure avec sa maison d'édition, a créé son proche orchestre "Paris Mozart Orchestra" avec des règles de stricte égalité entre hommes et femmes, m'a particulièrement intéressé. Voir également en "Citations". A la fin du chapitre l'auteure Dominique SELS pose une question qui mérite vraiment débat car je ne partage pas personnellement la conclusion de al chef d'orchestre. Faut-il choisir comme conjoint un partenaire qui partage votre passion de l'art ou un compagnon que votre passion d'artiste indiffère ? La chef d'orchestre choisit la deuxième option...
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Tout d'abord je remercie Babelio et les éditions de la chambre au loup pour l'envoi de cette Masse critique.
Je dois avouer que je n'ai pas tout compris dans ce livre; le but, le sens de lecture, le lien entre le début et la fin...
Au départ nous entrons dans des salons qu'on peut qualifier d'intellectuels. Des personnages, plus ou moins célèbres, viennent s'y produire, ou plutôt s'y raconter. "On" leur pose des questions, "on" intervient. le lecteur ne sait pas qui est "on", moi parfois cela m'a gênée (comme le précise l'auteure dans sa préface), pas toujours.
Les histoires, les anecdotes, se succèdent. A chaque chapitre on change d'ambiance, de protagoniste, de récit.
Puis on entre réellement, doucement dans la vie de l'auteure: elle nous présente ses enfants, son mari. Et avec elle on entre dans ses interrogations féministes. Car ce n'est pas un combat, il n'y a pas de violence là-dedans, mais réellement des questionnements au fur et à mesure des rencontres et des actions qu'elle entreprend avec son groupe, La Barbe.
Cette deuxième moitié m'a bien davantage plu que la première, non seulement parce que le thème m'est cher, mais aussi parce qu'il est bien traité, avec chaleur, avec humour parfois et surtout sans haine, sans colère. Finalement ce sont des vérités qui sont énoncées.
En revanche, je trouve ce livre assez difficile à cataloguer, ce n'est évidemment pas un roman, un peu un témoignage, un peu une succession d'interviews voire de reportages... La plume est très précise, et invite à la réflexion, au questionnement, à l'approfondissement de pas mal de thèmes traités.
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Un livre assez hétéroclite dans ses 19 récits mis bout à bout mais avec en fil conducteur la parole au travers de ces 19 conversations de salon et la place des femmes dans cette parole détenue principalement par les hommes jusqu'au chapitre 9 : sept salons Botul, salon mensuel qui se tient à Paris, avec souvent un invité (y défilent le résistant Adolfo Kaminsky, une juge pour enfants, le président de Wikipédia France, Alain Caillol ex-gangster qui enleva le baron Empain, Régis Debray, Cédric Villani et Jacqueline Carroy); une chronique d'un hiver du groupe d'action féministe La Barbe ; pour finir quelques chapitre sur des femmes artistes….
Le livre se destine d'après l'auteur à des amis qui ne viennent jamais à Paris afin de leur offrir un aperçu, une vision personnelle de l'auteur des causeries publiques.
Des portraits intéressants, parfois enlevés avec une écriture qui varie tout au long du livre, selon les récits et les sujets portés par le chapitre. Au début un peu étonnée par la façon de procéder qui peut paraitre décousue et finalement le livre se lit avec enthousiasme, avec une réflexion et une profondeur que l'on ne rencontre pas souvent
Une expérience inédite et intéressante, entre nouvelles et réflexions philosophiques
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On découvre plusieurs conversations de salons publics organisés en six grands thèmes. Dés conversations très variées, sur différents sujets, avec des invités venant de tous les horizons tels que le président de Wikimédia France, un juge pour garçon, un chef d'orchestre... On assiste à la discussion à travers les pensées et les réflexions de l'auteure. le tout orienté sur le questionnement du rôle et de la place des femmes dans notre société.

Je n'ai pas l'habitude de lire ce genre de livre, ça a été un peu difficile pour moi de me plonger dans ces discussions car j'ai d'abord voulu lire ce livre comme un roman, de la première page à la dernière. Je pense qu'il vaut mieux piocher dans les sujets qui nous attirent le plus, puis revenir plus tard sur les autres. Certains sujet m'ont clairement ennuyés, d'autres ont nourri mes propres réflexions. Certains détails des rencontres ne me semblent pas pertinents, et parfois on reste un peu sur notre faim... Une découverte intéressante malgré tout.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Quand j’étais jeune fille j’avais écrit un bon roman sexuel. Pas un roman écrit pour provoquer le plaisir : de la littérature générale. A la fac, j’étais en année de maîtrise.

A Paris sur la rive gauche, une grande maison d’édition donne sur un cimetière. Et ces gens-là m’écrivent puis me téléphonent. J’y vais. Ils étaient enthousiasmés par le roman, J’avais comme interlocutrice une femme. Après un déjeuner auquel elle m’avait invitée, elle est allée se faire bronzer sur une tombe : c’était une femme originale, souriante et courtoise. Mon contrat était prêt. Ils m’ont fait venir plusieurs fois, et soudain au rendez-vous ce n’était plus elle, Mireille de Mun. Un monsieur, le directeur littéraire, me reçoit en tête-à-tête. Il me répète, votre contrat est prêt. Il lit devant moi en silence le premier chapitre du roman. L’atmosphère était soudain complètement ralentie dans ce grand bureau. « Bon, vous allez avoir votre contrat, il me dit. Je souhaite simplement que vous retravailliez un ou deux passages, je viendrai travailler chez vous, n’est-ce pas ? Je viendrai dîner chez vous pendant les vacances de Noël. »
Il me regarde d’un air lourd : « Vous êtes familière de la transgression, n’est-ce pas ? »
Il n’a pas eu de réponse. Je devais avoir l’air de ce que j’étais, une étudiante fauchée d’origine italienne, parce qu’il ajoute : « Vous me ferez des pâtes. »
Il n’a pas été reçu chez moi et je n’ai jamais eu le contrat.

Un monsieur bien qui connaît cette histoire : Joël Schmidt est au courant, il connaît ce roman, Camarillo, il est l’auteur d’un des rapports de lecture, nous en avons parlé à demi-mot un jour, bien plus tard, en mangeant ensemble une tarte aux quetsches au Rostand. J’avais été très choquée de l’incident avec le directeur littéraire satyre parce que j’étais encore proche de l’enfance. J’étais d’une famille cultivée. Cette mésaventure m’est arrivée peu après que j’avais obtenu une licence de mathématiques, à l’âge de dix-neuf ans. Les mathématiques ne sont pas une chose qui vous sorte de l’enfance. Là, je me suis dit : mince, j’arrive dans les bas-fonds.
Dès lors le discrédit jeté sur la parole des éditeurs était tel que, peu importent mes imperfections, je devenais le maître chez moi.

J’ai grandi dans un village de l’Essonne où par hasard, il y a le manoir du patron de cette maison d’édition. Une belle demeure, comme un rêve, sur le chemin de l’école primaire. Et là, en même temps que j’atteignais un but que j’étais reçue dans la maison d’édition de Paris, le monde chancelait – puis devenait autre. Ensuite j’ai publié deux romans dans une autre maison, puis la personne qui a édité deux de mes titres est partie.
Je n’ai pas retrouvé ensuite, mon mari m’a vu bosser seule pendant dix ans ; il m’a dit bon, qu’est-ce que tu attends pour t’autoproduire, tu as tout à gagner, j’ai dit oui.
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* Claire Gibault quatre ans lorsque son père, avec lequel elle se promène, s’arrête brièvement pour parler à une dame souriante. Après quoi, le père demande à la fillette de taire cette rencontre. A la maison la maman n’en doit rien savoir. Enfant, Claire Gibault se consacre à la musique après cette interdiction de parler.
Ce début de livre m’a touchée, car j’y ai reconnu un certain non lien avec le langage, chez certains musiciens – des douves entre le langage et eux sont creusées, et certains, quand ils l’affrontent, le combattent, n’ont de cesse de l’amoindrir. Parler c’est presque le péché, il y a en tout cas une réserve, une timidité. L’usage de la parole frustre le musicien. Il semble que parfois on devienne musicien soit, comme ici, à la suite d’un interdit de parole, soit parce qu’on n’a pas convenance pour traiter avec le langage. Imparfaits, lourds de défauts sont les mots. Face à la musique, c’est pataud, impudique, les mots, insuffisamment nuancé, dégoûtant. Quand on dit des mots, on est à découvert : ils ne protègent pas ceux qui les prononcent.

* Lorsqu’elle a travaillé à Washington elle a signé un contrat dont le premier article interdisait le harcèlement sexuel exercé par le chef sur les musiciens.
- Je l’ai signé ! (Elle rit.) Un autre silence vient entre nous.
Je le lui avoue alors, dans son livre de nombreuses personnes peuvent se reconnaître, quant au choix de l’amant. D’abord on choisit un amant qui exerce le même art que soi, ou un amant que son métier associe étroitement à l’art qu’on exerce. D’où des joies aussi hautes que seront ennuyeuses les servitudes qui s’ensuivront. Dans un deuxième temps de la vie, le choix se porte sur un amant détaché de cet art. L’homme dont Claire Gibault partage la vie aujourd’hui ne tient pas à assister aux concerts qu’elle dirige.
- Que vaut-il mieux choisir : le type qui est proche de votre art, ou le type détaché ?
- Le deuxième ! sans aucun doute, répond-elle.
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La société est orientée en faveur des garçons. Donc l'état, la justice, s'occupaient des garçons qui allaient mal. Et de cela, je devais me soucier [...]
Est-il crédible qu'il n'y ait pas de délit de fille?...
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