Jamais traduit en France,
The Lonely Londoners avait connu un certain succès lors de sa sortie. Aujourd'hui, le livre est plus ou moins tombé dans les oubliettes, étant surtout connu parmi les amateurs de littérature des anciennes colonies britanniques.
Né à Trinidad,
Samuel Selvon aborde dans ce livre la vie des immigrés jamaïcains à Londres dans l'après-guerre. Il n'y a pas vraiment d'histoires, il s'agit plus de courtes scènes dans la vie de ces immigrés, une vie de pauvreté et de frustration. le génie du livre, c'est d'être écrit dans la langue vernaculaire de ses personnages. C'est d'ailleurs pour cela que le livre fut applaudi à sa sortie, et qu'il est encore aujourd'hui étudié dans les groupes s'intéressant aux livres écrits en vernaculaire. C'est peut-être aussi la raison pour laquelle le livre n'a jamais été traduit en français, ce style étant particulièrement difficile à retranscrire fidèlement.
Quand au livre en lui-même, il se lit bien. Sa langue est un peu surprenante au début, mais elle lui donne un charme particulier, et l'on s'y habitue rapidement. Les personnages sont bien écrits, et Selvon aborde à travers eux différents types d'immigrés, du jeune ambitieux au vieil aigri...Quelques répliques font mouche, notamment celles sur les raisons pour lesquelles les personnages sont venus à Londres et sur l'accueil qu'ils ont reçus, qui sont malheureusement encore de mise aujourd'hui.
Le seul point faible du livre, c'est un passage d'une quelque dizaine de pages, écrit Stream of conciousness, c'est-à-dire un passage sans ponctuation, un gros bloc de texte suivant les pensées décousues d'un personnage, à l'image de ce qu'à pu faire Joyce dans son Ulysses. Malheureusement, Selvon n'est pas Joyce, et non seulement ce passage, complètement décalé par rapport au reste, vient comme un cheveu sur la soupe, mais surtout il est difficile et pénible à lire.
Néanmoins, c'est là le seul majeur d'un livre qui est encore pertinent. Il suffit de remplacer les immigrés jamaïcains par des polonais ou des pakistanais...