Je suis un inconditionnel. Je ne m'en lasse pas.
L'édition poche de
Multiples intentions (hormis les dessins impossibles à réduire) trônait sur le comptoir de mes libraires préférés. Aussitôt vu, aussitôt emporté.
Ce fut un pur délice.
Ce volume tranche sur l'habituel. Il y a assez bien de texte, des contrastes grisés clairs et foncés ( trois pages couleurs aussi) et de la rosserie à décrire les petits et grands travers humains, plantés au musée, au resto, en
vacances, à l'église ou en rue.
À chaque fois, j'admire cet art inégalable d'imprimer sentiments et émotions à des silhouettes esquissées, tel ce pêcheur à mi-cuisses dans l'eau, dont on devine la tension du corps et la crispation sur la canne, tenu de réitérer les prises fabuleuses de la veille.
Sempé montrer également un talent certain lorsqu'il reproduit des immeubles vénitiens dans le détail ou l'atelier encombré d'un cordonnier.
Ce grand croqueur de l'âme humaine m'a paru plus féroce envers ses contemporains, les textes ciselés exprimant les névroses d'êtres égocentrés. Quelques saynètes muettes retiennent le regard, forçant à guetter l'intention sous-jacente.
Comme vous me manquez, cher
Sempé, tout comme votre cousin artiste,
Raymond Devos