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EAN : 9782246798224
256 pages
Grasset (09/05/2012)
3.21/5   42 notes
Résumé :
"La Vierge m'est apparue le 1er avril 2008. La date était mal choisie. Je sais qu'humour et spiritualité ne sont pas toujours antagonistes, mais sincèrement, j'aurais préféré le 31 mars."

Quand la Vierge Marie apparaît à Pierre Mourange, vétérinaire incroyant et morose, elle croit sans doute lui faire plaisir.
Elle aurait dû lui demander son avis.
Cocktail d'humour et d'insolence pour une subtile comédie d'Antoine Sénanque.
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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La Feuille Volante n° 1352 – Mai 2019.

Salut MarieAntoine Sénanque – Grasset

A lire le titre et la 4° de couverture, on a le choix entre le début d'une prière classique mais revisitée sur le mode osé et des salutations adressées à une femme. Pierre Mourange, vétérinaire de son état, veuf, 51 ans, hypocondriaque, écrivain manqué, catholique non pratiquant, a vu la Vierge lui apparaître, silencieuse, le 1° avril 2008 et même si la date ne fait pas très sérieux, il y croit mais cela l'inquiète. Il y a des précédents et, en principe, ensuite, on entre dans les ordres ce qu'il ne semble pas avoir envie de faire. Il s'en tirera avec un pèlerinage à Lourdes, à cause de son apparition sans doute, mais après une réflexion un peu lente et fumeuse sur la religion qu'il ne pratique pas, sur Dieu, sur l'au-delà... du coup des questions l'assaillent. Pourquoi lui? Est-ce une hallucination? Qu'est ce que cela signifie? Ne ce serait pas plutôt mauvais signe, genre peur de la mort pour lui ou rappelle de celle de son épouse et de l'amour qu'il lui portait… La conversation avec un prêtre et la fréquentation de psychiatres ne sont n'est pas vraiment de nature à le rassurer, pas plus que les examens médicaux, ou alors cela traduit-il simplement son besoin d'une femme. Lui, qui était plutôt solitaire depuis dix ans et la disparition de son épouse, devient d'un coup, pour toutes les grenouilles de bénitier de la paroisse, un véritable faiseur de miracles et un intercesseur. Puis, on s'égare un peu dans sa vie familiale et sentimentale d'ailleurs plutôt tristes et on revient à ses apparitions, parce qu'il y en a une autre, à l'occasion d'une rencontre avec Mariette, un diminutif de Marie, une veuve convertie aux médecines douces, aux soins palliatifs pour animaux et à la recherche spirituelle et qui ne lui est pas indifférente. Mine de rien, s'insère dans sa vie. Il n'en faut pas plus pour semer le doute dans son esprit !

Cette apparition embarrasse l'Église qui l'accueille avec scepticisme comme jadis elle les recherchait activement, et cela fait naître plus de doutes que de certitudes. Tout au plus y voit-elle une occasion de prosélytisme en invitant Pierre a plus d'humilité, de culpabilité et surtout à davantage de pratique religieuse en lui rappelant les dogmes, les mystères, les évidences qui ne le sont pas pour lui, pauvre mécréant. L'auteur en profite pour glisser quelques remarques de bon sens au sujet de cette religion qui ne peuvent pas ne pas avoir au moins effleuré tous ceux qui n'en sont pas des inconditionnels et personnellement je trouve cela plutôt bien.

Au début, cela menaçait d'être intéressant dans une période où les apparitions divines sont de plus en plus rares, que les églises se vident et que la hiérarchie catholique est quelque peu bousculée et que, dans d'autres religions, dieu se manifeste davantage, même si ce message inspire autour de lui meurtres et dévastations. Au lieu de cela le lecteur est plongé dans la vie familiale et sentimentale pas vraiment passionnante du narrateur, est amené à connaître pas mal de digressions loufoques que j'ai eu du mal à rapprocher du thème de ce roman, il est informé de ses états d'âme, de son évolution intérieure. Quant aux apparitions, on peut toujours y voir une occasion de réflexion même si la mort, le deuil, la dépression, l'envie de spiritualité, les relations familiales difficiles, sont aussi suscités.

Ça tient sans doute à moi qui n'ai sans doute pas compris grand-chose peut-être parce que quand je lis un roman qui évoque cette religion, j'ai tendance à vouloir passer à autre chose mais le livre a bien souvent failli me tomber des mains. J'en ai poursuivi la lecture je me demande encore pourquoi. Pourtant cela se lit bien, le style est fluide, un tantinet caustique avec pas mal d'humour. Par les temps qui courent il vaut mieux rire de tout ! Ce qui finalement m'a plu le plus dans ce roman, c'est l'exergue « A Quinila, parce qu'elle est bien jolie ». Les écrivains devraient toujours dédier leur roman à une jolie femme !

©Hervé Gautier.http://hervegautier.e-monsite.com
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Après ma grosse déception et ma perplexité à la lecture de Croix de Cendres, j'ai eu envie de donner une deuxième chance à Antoine Sénanque en découvrant ce titre et son résumé dans sa bibliographie. Bien m'en a pris car j'ai beaucoup aimé ce roman amusant et délicat.

En lisant les critiques je constate qu'il suscite des réactions contrastées, pour ma part j'ai passé un excellent moment de lecture en compagnie de Pierre Mourange et de son entourage, bouleversés par l'apparition de la Vierge à ce vétérinaire quinquagénaire, veuf, déprimé et pas vraiment croyant.
Je précise que je suis catholique, les apparitions de la Vierge Marie me sont donc familières, et j'ai apprécié l'humour dont Antoine Sénanque se sert pour poser des questions assez justes, à mon sens, sur le rapport à la foi et le secours de la religion dans le processus du deuil et de la dépression.

Car Pierre Mourange est un homme sensible et comme éteint, frappé brutalement par le décès de son épouse il y quelques années, il ne trouve plus le sens de son existence. Partagé entre son travail de vétérinaire auprès des chiens, ses deux amis un peu atypiques, son frère qui lui est proche et lointain à la fois, et son père qui dérive dans le grand âge.
En lui apparaissant le jour du 1er avril, la Vierge lui fait elle une blague, ou lui donne t'elle l'occasion de regarder sa vie sous un nouveau jour ?

Le récit prend donc la forme d'une fable initiatique, émaillée de réflexions existentielles, Antoine Sénanque étant incontestablement doué d'une plume brillante et d'un humour acéré. de la même manière que dans Croix de Cendres, Ie lecteur peut être déstabilisé par le traitement par du sujet religieux, l'intention étant difficile à cerner, tant le propos démontre une grande profondeur dans la compréhension du christianisme, autant qu'une distance critique quant aux phénomènes de croyance.
Pour le roman traitant de Maître Eckhart, cela m'avait beaucoup gênée et semblé un peu malsain, mais dans le cadre de Salut Marie, j'ai trouvé ce positionnement fécond et très humain. Heureuse donc de ce petit "miracle"...
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Pierre Mourange, veuf quinquagénaire, vétérinaire, catholique non pratiquant, a vu la Vierge. le dire à son entourage est, évidemment, la principale question qui se pose au début du roman. Les conséquences de cette annonce et les événements à venir sont, par la suite, analysées non sans humour, grâce à une écriture caustique et agréable à appréhender pour le lecteur.



L'écriture de Arnaud SENANQUE est, dans ce roman, très intéressante à analyser. À travers une écriture régulièrement composée de longues phrases - incisives toutefois - le lecteur accède à la vision d'un homme désabusé, qui ne modère par ses propos, quant à ses pensées et jugements. de plus, les digressions régulières s'intègrent parfaitement au contenu et empêchent une certaine lourdeur stylistique. À la fois monologue intérieur et pamphlet public, ce roman invite le lecteur à rire, à s'irriter, à se poser des questions, et à appréhender les choses sous un angle différent. En témoigne la vision de la vérité du narrateur, qui n'hésite pas à affirmer l'hégémonie de la vérité empirique.



De ce fait, Salut Marie ! est aussi un roman aux traits philosophiques. Après cette première apparition, le narrateur s'interroge, entraînant ainsi le lecteur dans ses jeux d'esprit et dans sa logique presque scientifique. Ce même narrateur est simple est complexe à la fois. L'un de ses meilleurs amis n'hésite d'ailleurs pas à le lui dire : [...] tu es mou, Pierre, détaché, indifférent, défaitiste, décourageant. C'est, bien évidemment, ce caractère quelque peu blasé qui dirige les événements de l'intrigue. Cette psychologie de anti-héros - revêche sans être antipathique - va dénoter par rapport aux autres protagonistes, et ainsi faire sourire le lecteur à de nombreuses reprises.



Salut Marie ! est donc un roman qui semble abouti, tant par le narrateur que par le thème, orginal et traité avec habileté. Mélange d'essai philosophique, de roman fantastique (définit par T. Todorov comme un événement qui ne peut s'expliquer par les lois de notre monde familier (sic)) ou encore de journal, ce livre dénote et impose sans nul doute une certaine profondeur comique assez perspicace.
Lien : http://actulitteraire.canalb..
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En contrepoint de commentaires existants sur ce livre, j'avoue ne pas avoir compris l'intention de l'auteur.
Nous voilà en présence d'un véto quinquagénaire qui au début du roman avoue son désenchantement de la vie (il est en plein deuil de sa grand-mère), il est veuf, et il occit " en moyenne deux chiens par semaine, le mercredi".
Et la Vierge lui apparaît un premier avril. Pour moi ça c'était la bonne idée. Que fait-il? Eh bien consultation chez le médecin, le psy, puis le curé, l'évêque et enfin Lourdes. Au passage il se fait une paire d'amitiés improbables avec des fidèles, d'autres diraient des grenouilles de bénitier, qui lui glissent dans la poche leurs demandes privées, puisqu'il est en relation avec la Vierge. Émerge du lot Mariette plus humaine que les autres sans doute.
Au passage, il découvre qu'en fait la femme qui pourrait désormais combler le vide affectif de sa vie est son assistante Rose Marie (encore un jeu de mot?) après une scène de sexe lubrique dans son cabinet par la dénommée Louise qui ne fera qu'un passage éclair dans le roman.
Pierre aura trois apparitions de la Vierge, toutes muettes sauf une phrase sibylline dans la Grotte de Lourdes,mais à la seconde il lui lancera une pierre (jeu de mot?).
De retour à Paris, et après Lourdes, survient la mort de Mariette, sa bigote préférée, l'arrêt de sa psychothérapie qui lui coûte cher, et le début d'une nouvelle vie avec Rose Marie.
Le ton se veut humoristique, il y parvient parfois.
Bref je n'ai pas compris ce roman, ni son intrigue, ni son dessein. Dommage car sur le thème d'une apparition de la Vierge un premier avril, à mon sens il y avait un bel édifice littéraire à construire au lieu que ce roman vraiment très léger.
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Le quatrième de couverture ainsi que le bandeau rouge qui orne le livre donne bien le ton de ce roman.
Désopilant , drôle et décalé sont les adjectifs qui qualifient le mieux ce livre.
Perso, j'ai beaucoup aimé et j'ai souri à plusieurs reprises. Que ça fait du bien !
Des thèmes graves y sont abordés comme le deuil, la maladie, l'anorexie , la dépression et même l'euthanasie.
Cependant , Antoine Senanque à l'art de traiter ces sujets graves avec beaucoup de dérision et de légèreté.
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critiques presse (2)
Loin de toute dissertation sulpicienne, Salut Marie ! est un récit dense, habité par des personnages qu’Antoine Sénanque peint en styliste de premier ordre, distillant coups de griffe et de coeur, oscillant entre humour et chagrin.
Lire la critique sur le site : LeSpectacleduMonde
LesEchos
15 mai 2012
Oui, mais Sénanque, tu l'as vue la Vierge, ou pas ? Parce que nous, en attendant, on a bien ri.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
- Et qu'espériez-vous ? Une meilleure santé ? Un meilleur sort ? Une résurrection? Qu'est-ce qui différencie la Vierge du génie de la lampe qu'on frotte et qui nous exauce pour nous remercier ?
- A part son impuissance, rien.
- Si. Sa compassion. Si la Vierge partage mes douleurs, si Dieu compatit, cela me suffit. Je n'ai pas besoin qu'il me rende service.
- Vous lui demanderez de verser une larme sur vous ?
- Sur nous. Je ne veux pas vous inquiéter mais le monde spirituel vous a envoyé un message, pas un cadeau. Bernadette s'appelait soeur Marie Bernard au couvent de Saint-Gildard à Nevers où elle a fini ses jours avec la tuberculose, dans de grandes soufirances. La Vierge l'a laissée. La Vierge nous laisse. C'est un autre mystère, cet abandon de ceux qui ont été choisis. Pas de voyant heureux. La Vierge a été claire avec Bernadette: « Je ne vous promets pas le bonheur dans ce monde, mais dans l'autre. »
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Je me souviens que l'on m'a encouragé à "faire mon deuil". Je n'ai pas compris ce qu'on entendait par là. Faire mon deuil, j'ai l'habitude, j'ai un esprit doué pour le noir. J'enterre régulièrement tout un lot de rêves déçus, d'espérances inutiles et de désirs inaccomplis. Faire du deuil, c'est à la portée de n'importe qui. Le meilleur conseil serait plutôt de le laisser faire par quelqu'un d'autre, de le sous-traiter et d'encourager celui qui pleure à faire son espérance, celle que ne partage pas tout le monde, qui demande des capacités spirituelles et mène à la certitude qu'il est possible de retrouver les morts.
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Quand je viens, je vérifie que ma douleur est bien là. Je m'assure de la que fraicheur de mon chagrin. C'est avec lui que je rends visite à Blanche. C'est lui que je dépose à la place réservée aux ornements, aux dons pour embellir la pierre grise du tombeau. Je vérifie, car plus tard en vieillissant, on souffre avec plus d'ambiguité et pour soi seul. On finit par trouver de l'utilité à ses souffrances. Elles habillent les vieux remords, les maquillent, les rendent méconnaissables. On prie pour en être débarrassé, mais on y tient aussi et c'est pour cela que nos prières d'adulte ne sont jamais exaucées.
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C'est difficile d'aimer son frère. On y parvient. C'est un sentiment obligatoire que la vie finit par obtenir avec le temps, même auprès des couples les plus récalcitrants. Quand l'enfance n'a pas créé de lien, l'âge réussit parfois. L'amour arrive peu à peu à se sculpter dans le rien, en pierre d'absence, à force de retrouvailles aux sinistres cérémonies familiales, aux drames qui réunissent au café d'un hôpital ou d'un cimetière. Ça se passe difficilement, avec des mots quil faut remonter à la main, autour d'une boisson qu'on a commandée pour êre là, sans envie, sans soif. On a dans nos têtes les spectres perdus de notre enfance qui cherchent des corps à hanter, hésitant au bord des silhouettes qui leur ressemblent. On finit alors par aimer sans la personne, l'idée du frère, de la soeur, du familier. La fonction crée l'affection qui ne s'incarne plus.
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La nature a inventé deux artifices pour nous retenir sur cette planète : le plaisir afin de nous inciter à nous reproduire sans bâiller et la peur de la mort pour éviter qu'on ne s'y précipite. Ce sont des bases simples que nous avons perdues de vue. Le bonheur, création postérieure et humaine, n'était prévu par personne.
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