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EAN : 9782251446417
280 pages
Les Belles Lettres (13/02/2017)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Comment diriger ? D'où vient la capacité de certains hommes à enthousiasmer ceux qui les suivent, tandis que d'autres semblent dépourvus d'autorité ?Mus par le sens du service ou une ambition personnelle dévorante, au prix d'un travail acharné et de mille peines, les grands chefs de l'Antiquité ? César, Cléopâtre, Périclès, Alexandre, mais aussi Cyrus, Zénobie ou encore Attila et Didon? ? ont poussé leurs hommes à se dépasser et les ont menés jusqu'aux confins du mo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"Brillant et instructif" (Le Figaro)
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Plutarque (45-125 apr. J.-C.)
Le petit traité des Préceptes politiques est un manuel pratique adressé aux membres de l’élite de son temps. Plutarque y oppose deux voies pour parvenir aux sommets de l’administration : la première, de débuter par une action d’éclat, et la seconde, plus sûre mais plus lente, de s’attacher à un mentor, tel le lierre autour de l’arbre – mentor qu’il convient d’ailleurs de choisir avec précaution.

LES DEUX VOIES DU POUVOIR
Il y a deux voies d’entrée dans la politique, l’une rapide, brillante et glorieuse, mais qui n’est pas sans risque, l’autre plus prosaïque et plus lente, mais plus sûre. Les uns s’élancent dans la politique en partant tout de suite, comme d’une pointe qui avance dans la mer, d’une action éclatante, remarquable, mais audacieuse, estimant que Pindare a raison de dire : « À toute œuvre qui débute il faut donner un front qui resplendisse au loin », car le peuple accueille avec enthousiasme celui qui débute, par une sorte de lassitude et de dégout pour les têtes habituelles, comme font les spectateurs pour un nouveau concurrent ; et l’autorité ou la puissance qui s’accroît brillamment et rapidement terrasse l’envie. Comme dit Ariston, le feu ne fait pas de fumée, la gloire n’excite pas d’envie, lorsqu’ils brillent d’un éclat vif et immédiat ; mais ceux dont l’autorité s’accroît peu à peu, lentement, sont attaqués de différents côtés. Aussi beaucoup voient-ils leur autorité se flétrir avant même qu’elle se soit épanouie à la tribune. Mais quand on peut dire d’un homme, comme on le dit de Ladas, « le claquement de la barrière était encore dans ses oreilles », que déjà « il était couronné », déjà il conduisait avec éclat une ambassade, obtenait le triomphe, menait une campagne, alors, après de tels succès, l’envie et le dédain n’ont pas la même force. […]
Mais c’est l’entrée sûre et lente qu’ont choisie bien des hommes illustres, Aristide, Phocion, Pamménès de Thèbes, Lucullus à Rome, Caton, Agésilas de Sparte. Car, de même que le lierre s’entortille autour des arbres pleins de force et s’élève en même temps qu’eux, chacun de ces personnages s’est attaché, quand il était encore jeune et inconnju, à un homme plus âgé et illustre, et peu à peu, s’élevant grâce à sa puissance et croissant avec elle, il s’est implanté et enraciné dans la vie politique. Aristide dut son ascension à Clisthène, Phocion à Chabrias, Lucullus à Sylla, Caton à Fabius Maximus, Pamménès à Épaminondas et Agésilas à Lysandre. Mais Agésilas, parce qu’il croyait Lysandre animé d’une ambition déplacée et de jalousie, ne tarda pas à rejeter d’une manière outrageante celui qui le guidait dans ses actions. Par contre, tous les autres ont, conformément à l’honneur et à la sagesse politique, respecté jusqu’à la fin leur protecteur et contribué à l’honorer, rehaussant à leur tour de leur lumière, comme les corps célestes qui sont tournés vers le soleil, la source de lumière qui les faisait briller, et joignant leur éclat au sien. Par exemple, les détracteurs de Scipion déclaraient qu’il n’était que l’acteur de ses exploits, et que son ami Lélius en était le véritable auteur ; mais Lélius ne s’enorgueillit jamais de ces propos et continua toujours avec zèle à seconder la valeur de Scipion et à servir sa gloire. L’ami de Pompée, Afranius, qui, malgré son humble origine, s’attendait à être élu consul, renonça à cette ambition parce que Polpée favorisait d’autres candidats, en disant qu’il y aurait moins de gloire pour lui à obtenir le consulat que de peine et d’amertume à l’obtenir contre la volonté de Pompée et sans son appui. En attendant seulement un an, il ne manqua pas d’obtenir la charge, et il conserva l’amitié de Pompée. Ceux qui sont ainsi conduits jusqu’à la gloire par la main d’autrui y gagnent d’obtenir la faveur de beaucoup de gens, et s’il se produit un événement fâcheux, d’être moins détestés. C’est pourquoi Philippe recommandait à Alexandre de se faire des amis tant que cela lui était possible, sous le règne d’un autre, en étant aimable et serviable.
Celui qui débute dans la vie politique doit choisir comme guide non pas simplement un homme renommé et puissant, mais un homme qui le soit à cause de sa valeur. Car, de même que les arbres ne consentent pas tous à accepter et à supporter la vigne qui s’enroule sur leur tronc, et que certains l’étouffent et arrêtent sa croissance, de même, dans les États, les hommes qui ne recherchent pas le bien, mais uniquement les honneurs et le pouvoir, ne laissent pas aux jeunes gens l’occasion d’agir, mais, comme si ces jeunes gens leur ôtaient de la bouche la gloire dont ils se nourrissent, ils les accablent de leur jalousie et les font s’étioler. Ainsi Marius, après avoir obtenu grâce à Sylla de nombreux succès en Lybie puis en Gaule, cessa de se servir de lui parce qu’il supportait mal son ascension […] Sylla passa alors aux côtés de Catulus et de Metellus, qui étaient des hommes de valeur et des adversaires de Marius, et il ne tarda pas à chasser et à abattre Marius, qui, par la guerre civile, avait été bien près de causer la ruine de Rome. Sylla, au contraire, donna à Pompée de la grandeur dès sa jeunesse, se levant et se découvrant à son approche, et aux autres jeunes gens aussi il donnait l’occasion de se distinguer à la tête des troupes, il en poussait mêmes quelques-uns malgré eux, remplissant les armées d’émulation et d’ardeur. Il assura ainsi son pouvoir sur tous, en voulant être non pas le seul mais le premier et le plus grand au milieu de beaucoup d’autres, grands eux-mêmes. Voilà donc les hommes auxquels il faut s’attacher et s’unir, non pas pour leur dérober leur gloire, à la manière du roitelet d’Ésope, qui se fit porter sur le dos de l’aigle et qui soudain prit son vol et le devança, mais pour la recevoir d’eux, en toute bienveillance et en toute amitié, sachant qu’il n’est pas possible de bien commander, selon le mot de Platon, si on n’a pas commencé par servir correctement.
Œuvres morales. Tome XI. Préceptes politiques, 12, 10-12
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Plutarque (45-125 apr. J.-C.)
Le petit traité des Préceptes politiques est un manuel pratique adressé aux membres de l’élite de son temps. Plutarque y oppose deux voies pour parvenir aux sommets de l’administration : la première, de débuter par une action d’éclat, et la seconde, plus sûre mais plus lente, de s’attacher à un mentor, tel le lierre autour de l’arbre – mentor qu’il convient d’ailleurs de choisir avec précaution.

LES DEUX VOIES DU POUVOIR
Il y a deux voies d’entrée dans la politique, l’une rapide, brillante et glorieuse, mais qui n’est pas sans risque, l’autre plus prosaïque et plus lente, mais plus sûre. Les uns s’élancent dans la politique en partant tout de suite, comme d’une pointe qui avance dans la mer, d’une action éclatante, remarquable, mais audacieuse, estimant que Pindare a raison de dire : « À toute œuvre qui débute il faut donner un front qui resplendisse au loin », car le peuple accueille avec enthousiasme celui qui débute, par une sorte de lassitude et de dégout pour les têtes habituelles, comme font les spectateurs pour un nouveau concurrent ; et l’autorité ou la puissance qui s’accroît brillamment et rapidement terrasse l’envie. Comme dit Ariston, le feu ne fait pas de fumée, la gloire n’excite pas d’envie, lorsqu’ils brillent d’un éclat vif et immédiat ; mais ceux dont l’autorité s’accroît peu à peu, lentement, sont attaqués de différents côtés. Aussi beaucoup voient-ils leur autorité se flétrir avant même qu’elle se soit épanouie à la tribune. Mais quand on peut dire d’un homme, comme on le dit de Ladas, « le claquement de la barrière était encore dans ses oreilles », que déjà « il était couronné », déjà il conduisait avec éclat une ambassade, obtenait le triomphe, menait une campagne, alors, après de tels succès, l’envie et le dédain n’ont pas la même force. […]
Mais c’est l’entrée sûre et lente qu’ont choisie bien des hommes illustres, Aristide, Phocion, Pamménès de Thèbes, Lucullus à Rome, Caton, Agésilas de Sparte. Car, de même que le lierre s’entortille autour des arbres pleins de force et s’élève en même temps qu’eux, chacun de ces personnages s’est attaché, quand il était encore jeune et inconnju, à un homme plus âgé et illustre, et peu à peu, s’élevant grâce à sa puissance et croissant avec elle, il s’est implanté et enraciné dans la vie politique. Aristide dut son ascension à Clisthène, Phocion à Chabrias, Lucullus à Sylla, Caton à Fabius Maximus, Pamménès à Épaminondas et Agésilas à Lysandre. Mais Agésilas, parce qu’il croyait Lysandre animé d’une ambition déplacée et de jalousie, ne tarda pas à rejeter d’une manière outrageante celui qui le guidait dans ses actions. Par contre, tous les autres ont, conformément à l’honneur et à la sagesse politique, respecté jusqu’à la fin leur protecteur et contribué à l’honorer, rehaussant à leur tour de leur lumière, comme les corps célestes qui sont tournés vers le soleil, la source de lumière qui les faisait briller, et joignant leur éclat au sien. Par exemple, les détracteurs de Scipion déclaraient qu’il n’était que l’acteur de ses exploits, et que son ami Lélius en était le véritable auteur ; mais Lélius ne s’enorgueillit jamais de ces propos et continua toujours avec zèle à seconder la valeur de Scipion et à servir sa gloire. L’ami de Pompée, Afranius, qui, malgré son humble origine, s’attendait à être élu consul, renonça à cette ambition parce que Polpée favorisait d’autres candidats, en disant qu’il y aurait moins de gloire pour lui à obtenir le consulat que de peine et d’amertume à l’obtenir contre la volonté de Pompée et sans son appui. En attendant seulement un an, il ne manqua pas d’obtenir la charge, et il conserva l’amitié de Pompée. Ceux qui sont ainsi conduits jusqu’à la gloire par la main d’autrui y gagnent d’obtenir la faveur de beaucoup de gens, et s’il se produit un événement fâcheux, d’être moins détestés. C’est pourquoi Philippe recommandait à Alexandre de se faire des amis tant que cela lui était possible, sous le règne d’un autre, en étant aimable et serviable.
Celui qui débute dans la vie politique doit choisir comme guide non pas simplement un homme renommé et puissant, mais un homme qui le soit à cause de sa valeur. Car, de même que les arbres ne consentent pas tous à accepter et à supporter la vigne qui s’enroule sur leur tronc, et que certains l’étouffent et arrêtent sa croissance, de même, dans les États, les hommes qui ne recherchent pas le bien, mais uniquement les honneurs et le pouvoir, ne laissent pas aux jeunes gens l’occasion d’agir, mais, comme si ces jeunes gens leur ôtaient de la bouche la gloire dont ils se nourrissent, ils les accablent de leur jalousie et les font s’étioler. Ainsi Marius, après avoir obtenu grâce à Sylla de nombreux succès en Lybie puis en Gaule, cessa de se servir de lui parce qu’il supportait mal son ascension […] Sylla passa alors aux côtés de Catulus et de Metellus, qui étaient des hommes de valeur et des adversaires de Marius, et il ne tarda pas à chasser et à abattre Marius, qui, par la guerre civile, avait été bien près de causer la ruine de Rome. Sylla, au contraire, donna à Pompée de la grandeur dès sa jeunesse, se levant et se découvrant à son approche, et aux autres jeunes gens aussi il donnait l’occasion de se distinguer à la tête des troupes, il en poussait mêmes quelques-uns malgré eux, remplissant les armées d’émulation et d’ardeur. Il assura ainsi son pouvoir sur tous, en voulant être non pas le seul mais le premier et le plus grand au milieu de beaucoup d’autres, grands eux-mêmes. Voilà donc les hommes auxquels il faut s’attacher et s’unir, non pas pour leur dérober leur gloire, à la manière du roitelet d’Ésope, qui se fit porter sur le dos de l’aigle et qui soudain prit son vol et le devança, mais pour la recevoir d’eux, en toute bienveillance et en toute amitié, sachant qu’il n’est pas possible de bien commander, selon le mot de Platon, si on n’a pas commencé par servir correctement.
Œuvres morales. Tome XI. Préceptes politiques, 12, 10-12
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