Il émane des illustrations de
Maurice Sendak une impression de justesse et de puissance. Délicates, elles vont à l'essentiel pour traduire une émotion ou une situation ; l'économie de couleurs leur ajoute une touche de séduction et de mystère. Des images qui donnent envie d'entrer dans le livre !
L'auteur de «
Max et les Maximonstres » est décidément doué pour explorer les sentiments troubles de l'âme humaine, les pulsions qui agitent l'enfance… Il le prouve avec « Loin, très loin », l'un de ses premiers albums publiés.
Le pitch de l'histoire est simple : mécontent que sa mère n'écoute pas sa question, un petit garçon part pour le pays du loin, très loin, un endroit où l'on répondra toujours à ses questions. En chemin, il croise un moineau, un cheval et un chat. Chacun a un sujet de mécontentement et rêve d'un pays loin, très loin, un pays idéal qui exaucera ses désirs : pour l'un, un pays où l'on puisse rêver ; pour l'autre, où l'on puisse chanter ; pour le dernier un pays où les gens sont raffinés. Ils partent ensemble et trouve une cave vide… le pays n'avait pas besoin d'être loin, du moment qu'on y trouve son bonheur ! Mais, rapidement, ça tourne au vinaigre, car les désirs de chacun ne sont pas les mêmes et empiètent sur le désir des autres ! Finalement, l'album semble dire que « La liberté s'arrête là où commence celle des autres » ! A ce compte-là, autant apprendre un peu la patience, le respect de l'autre, et l'on trouve facilement le bonheur à portée de main. le petit héros de cet album le savait au fond de son coeur car il repart auprès de sa
maman, un peu plus mature !
Un bel album, donc, qui n'explique rien mais fait ressentir en s'adressant, je crois, directement à notre psyché. L'histoire est abordable immédiatement, son propos voyagera et alimentera la réflexion et la discussion.