jouissif et passablement vertigineux l'histoire d'un premier homme qui se sert des découvertes des autres, hâbleur parfois et à l'esprit fort peu créatif, vaguant entre les guerres et les inventions et provoquant des catastrophes, un premier homme peu cernable aux contours incertains, un premier homme placé en notre temps et à toutes les époques, un premier homme dont on liste les services qu'il pourrait rendre, tous de haute importance - texte de fantaisie, de critique de notre monde, de nous éventuellement – un homme qui entre dans internet, bloque les données, et là ça devient instructif et épique, toujours polémique, et finalement philosophique - un régal
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Dans chaque rempart dressé d’après Vauban, dans chaque cathédrale hissée par les arts roman puis gothique, dans chaque caserne de chaque glacis, dans chaque musée sur chaque place pavée, dans chaque hôtel de ville, dans chaque château fort, bref dans chaque massif urbain, péri urbain et au-delà, fait de pierre de taille, se dissimule une pierre qu’Arthur Maçon usa de son front en la recevant de face, égratigna en tombant dessus achevé ou, longtemps après que son corps laissé pour mort tremble à nouveau, gratta en essayant de la soustraire au nouvel usage rentable qui lui avait été affecté, cimentée là, à jamais ; et pour certaines il y parvint.
Arthur Maçon, effrité, creuse un tunnel dans un mur épais qu’il a lui-même érigé, qu’il est lui-même, dans ce tunnel aspirant les particules il n’y a rien de l’Univers connu, cela se déplie dans une dimension ignorée – comme le carré de Flatland ne comprenant pas la sphère et devant sortir de ses deux dimensions pour visiter la troisième – Arthur Maçon est cette nouvelle dimension hors du Monde, il se déplie hors du mur qu’est le Monde
Ils ressortirent aussitôt en poussant des cris mécontents : Arthur Maçon avait sali leur grotte en mettant des traces de mains partout sur les parois. On sait que la génération suivante fut plus accommodante, vouant un culte et reproduisant ces traces, mais sans avoir idée qu’Arthur Maçon en était l’origine.
Arthur Maçon aime le contact métallique de l’encre numérique, son parfum séditieux de pixel – corps digital où les doigts glissent sur les mots ; votre chaleur transmise à Arthur Maçon.
C’est peut-être cette angoisse, le nom de cette angoisse : Arthur-Maçon.
Lecture de Joachim Séné lors de la soirée organisée au Centre Château-Landon (3ième partie)