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Critique de Xialyd


En voilà un livre déroutant, prenant, déconcertant.
Ma meilleur amie adore cet auteur et m'en parle depuis un certain temps. J'ai fini par lui emprunté celui-ci un peu au hasard, un peu par choix, ayant toujours aimé l'univers d'Alice au Pays des Merveilles de Lewis Caroll et nombre d'adaptations.
Le résumé avalé, c'est vraiment avec curiosité que j'ai commencé à lire. Je ne m'attendais pas à "ça". Je savais que Patrick Senecal est un auteur de fantastique, d'horreur, d'angoisse mais là j'ai été chamboulée. En bien ? En mal ? Difficile à dire tant j'hallucinais moi-même durant ma lecture, sans pour autant être capable de lâcher le livre.
Nous suivons une jeune fille tout juste majeure, Alice, une fille sans histoire à première vue, qui semble bien dans son corps et dans sa tête, brillante étudiante et dépeinte comme curieuse et intelligente. Seulement, tout le long de cette "mésaventure aux pays des horreurs" on comprend qu'Aliss (le nom qu'elle se donne) ne va sûrement pas bien, justement. A quel degré ? Je ne sais pas. Elle est qualifiée de " petite bourgeoise", elle-même utilise ce terme pour se désigner et veut s'en détacher. Elle en a marre de sa vie rangée, d'être une petite fille sage ce qu'elle n'est pourtant pas, loin de là. Je dirais même que " délurée" adjectif utilisé dans le résumé de quatrième de couverture, est plutôt léger. Alice se cherche, comme pas mal d'ados, de jeunes au point de vouloir faire une pause dans ses études. Mais aussi intelligente soit-elle, elle n'a pas la maturité. Elle ne sait pas non plus comment expliquer cela à ses parents et c'est normal. Alors, elle part, mise à la porte par son père et c'est avec un orgueil mal placé qu'elle décide se trouver un appart et un job pour trois mois, pour tester, pour "voir".
C'est ainsi qu'en prenant le métro, elle débarque dans un quartier de Montréal inconnu de tous, un entre deux mondes, un univers parallèle, fantôme en sortant à une station inconnue, une espèce de quai 9 3/4 désertique et pas accueillant pour un sou. Elle se retrouve alors dans un coin mal famé et pauvre où elle arrivera avec une facilité déconcertante à se dégoter un appart et un job de serveuse, entourée de personnage plus fous et dangereux les uns que les autres.
Le parti pris de l'auteur est désarçonnant : Aliss, à la recherche de son moi intérieure va vite tomber dans la drogue, la débauche, les "vices" sans jamais réellement se dégouter ou alors apprécier. Aliss est déconcertante, témoin d'horreurs sans nom, elle va être outrée, terrifiée mais restera toujours à la recherche de réponse ou plutôt de LA question, alors qu'une personne normalement constituée craquerait complètement. Elle est forte ou se veut forte, elle veut être la "surfemme" comme l'est le "surhomme" de Nietzsche dans " Ainsi parlait Zarathoustra" qu'elle idolâtre sans réellement comprendre. J'ai eu par moment l'envie de lui coller une bonne tatane. On ne te demande pas de rentrer dans le moule, on te demande d'être logique alors que c'est ce que tu reproches à tous les gens du quartier ! Aliss, es-tu crédible ? Je ne sais pas. Et pourtant je comprenais son désarroi. Alors, si sont personnage me laisse complètement perplexe, j'ai adoré les adaptations des divers personnages de Lewis Caroll : Le Lapin Blanc (Charles) très touchant à sa façon malgré son passé trèèès discutable, le Chapelier Fou et le Lièvre de Mars ( Chair et Bone), chapeau bas à Verrue le Junkie (La Chenille), La Duchesse ( Andromaque) la faire parler en vers c'est juste génial (je ne connais rien à la poésie). La Reine Rouge par contre, son personnage casse tout. J'ai été extrêmement déçue. Alors c'est possible que ce soit voulu vu qu'Aliss en attend beaucoup, que là en serait tout l'intérêt mais, je n'ai pas pu.
Sinon tout ce petit monde de dégénérés qui gravite autour d'elle est vraiment réussi. Plus réussi à mon sens qu'Aliss.
Bémol : Trop plein sur le sexe, la drogue. Que veut démontrer l'auteur ? Veut-il dénoncer quelque chose ? j'en suis pas sûre mais par moment c'était dérangeant, surtout quand Aliss au final n'était elle-même plus dérangée par ça, trop accro à a drogue pour penser à sa propre dignité. Surtout à la fin, ça se termine pouf comme ça. Juste petit récapitulatif de ces proches des années après.
Et si comme dans l’œuvre original tout cela c'était passé dans sa tête? Sauf qu'au lieu d'un rêve c'était un très mauvais trip, qu'elle avait fait une overdose ? Qu'elle avait bien vécu des horreurs et qu'on l'avait bien passée à tabac et tiré dessus ? Mais pas tout à fait dans le même contexte ?
Elle a fait sa vie, elle a réussi par la suite mais on ne sait rien, elle n'a jamais parlé. A-t-elle été traumatisée ? Que se passe-t-il dans sa tête ?
Bref, on lit, on se demande ou on va mais on y va. Un peu comme Aliss en fait. C'est... illogique, c'est horrible mais on se laisse entraîné malgré soi jusqu'à la fin et c'est un peu là le tour de force de Senecal qui semble vouloir poser la question de la morale, de la vertu, du bien et du mal un peu facilement. Sommes nous "rangés", "sages", "niaiseux", parce qu'on suis un ordre moral établi ? Je ne sais pas trop s'il voulait faire une sorte de philosophie mais elle ressort un peu comme une philo de cuisine. Cependant elle a le bon côté de se faire poser quelques questions. Et si j'allais lire Nietzsche, tiens ?
Par la même occasion, je ne peux m'empêcher de faire le pendant avec le jeu " American Mcgee's Alice et Alice Madness Return où le côté sombre et fou est franchement bien amené sans besoin de débauche de sexe et de drogue.
Pour finir, je suis tout de même vraiment curieuse de lire ses autres romans.
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